Après avoir longuement hésité, je me suis décidée à gonfler le nombre de fic francophones sur le château de Hurle. Me voici donc avec ma maigre collaboration (en espérant que d'autres auteurs oseront eux aussi sortir de l'ombre pour partager leur talent avec nous autre fans)

Evidemment, tous les personnages appartiennent à DWJ (mais je négocie dur pour avoir leur garde à sa mort).

L'histoire se déroule à la suite du livre et vous devriez retrouver à peu près toute la joyeuse bande de drilles totalement frapadingues. Mais je vous préviens, le récit est focalisé sur les soucis très féminins de Sophie XD. Vous allez comprendre.

Bon, et maintenant…la fic:

Sophie se sentait égarée. Dernièrement, les évènements s'étaient enchaînés à une vitesse fulgurante, et c'était à peine si elle parvenait à prendre leur mesure. Il lui semblait que les derniers mois n'étaient qu'un amas sauvage de disputes entre Fanny et Hurle, Lettie et Hurle, Calcifer et Lettie, Lettie et Fanny, Martha et Hurle, Hurle et Calcifer et pour finir Hurle et le prince Justin qui se mêlait un peu trop des affaires d'autrui. Il était clairement apparu qu'une jeune demoiselle de dix-huit ans ne pouvait pas partager le foyer d'un tristement célèbre coureur de jupons. Fanny l'avait exprimé avec une netteté un peu crue, qui avait fait monter le rouge aux joues de Sophie. C'est pourquoi, sans prendre la peine de lui demander son avis, Hurle lui avait-il passé la bague au doigt, et officiellement épousé Sophie Chapelier dans un secret relatif. Dès lors que le mariage fut statufié, Fanny s'en était allée harceler d'autres jeunes filles innocentes, notamment Lettie qui était visiblement contrariée qu'on vienne bousculer son idylle avec le magicien Suliman.

Sophie était donc la bienheureuse femme du magicien Hurle. Du moins, en théorie.

La jeune fille se remit à repriser sa robe (qui avait passé entre les crocs du bouledogue royal), habitée de sombres pensées. Le premier problème qui s'était posé après son mariage avait été de convaincre Hurle qu'elle ne partagerait jamais sa chambre, vu l'état désastreux dans lequel ladite chambre se trouvait. Après des négociations houleuses, Hurle avait abdiqué et laissée nettoyer de fond en comble. Sophie ne pouvait tout de même pas continuer à coucher sous l'escalier.

Mais enfin, ce n'était pas un lit commun qui faisait un heureux ménage. En réalité, ses relations avec Hurle n'avaient pas énormément évolué. Bien que ses connaissances fussent limitées à l'étude des récits qui circulaient parmi la gente féminine, Sophie sentait confusément qu'il manquait quelque chose…elle pouvait compter sur ses doigts les moments intimes passés avec son époux, et leurs caresses étaient restées tout ce qu'il pouvait exister de pur et chaste. Et cela, pour une jeune mariée, était quelque peu irritant.

Sophie lâcha un cri de douleur. Dans son agitation, elle s'était piquée le doigt. La jeune fille quitta son travail de couture pour marcher de long en large devant l'âtre de la cheminée. Hurle était très occupé ces derniers temps. Un peu trop à son goût. Le roi pouvait bien se reposer sur l'autre magicien royal après tout. Mais le prince Justin était un peu trop empressé à éloigner Hurle de son foyer.

Sophie se sentait horriblement désoeuvrée. Hurle avait insisté pour qu'elle laisse Michael s'occuper de la boutique aujourd'hui et promit « une petite surprise pour son adorable fouineuse ». Sophie entreprit de rouer de coups de pieds la chemise que Hurle avait laissé traîner par terre.

« Sophie ? Qu'est-ce que tu fais ? » grésilla la voix de Calcifer.

La jeune fille interrompit son activité à vertu apaisante.

« Je m'occupe. » répondit-elle hargneusement.

« C'est Hurle qui te met dans des états pareils ? » demanda-t-il d'un ton compréhensif.

Sophie ne répondit pas et fixa le sol d'un air borné.

« Tu sais, je ne comprends pas ce qui t'as prit de te marier avec cet imbécile irresponsable. » crépita le démon d'une voix docte.

Sophie tira un fauteuil face à l'âtre de la cheminée pour discuter à son aise.

« Calcifer, je ne sais pas trop quoi faire. » avoua-t-elle piteusement. « Hurle se comporte avec moi comme avec…une enfant. Il m'embrasse sur le front avant de partir au palais, et le soir venu, c'est à peine s'il prend le temps de me serrer dans ses bras avant de dormir comme une souche. »

« Tu veux dire que vous..vous…vous n'avez pas encore consommé votre mariage ? »

Sophie rougit violemment. Calcifer s'emmura dans un silence songeur, ce qui lui laissa le temps de réfléchir. En réalité, elle était absolument terrifiée à l'idée de passer à l'acte. Cette angoisse tirait sa source des histoires peu ragoûtantes que lui racontait sa cousine Gloria lorsqu'elle était jeune, et ses propres observations du monde animal. Mais elle aurait bien aimé que Hurle témoigne de son affection de manière plus explicite. Quelque chose la frappa alors.

« Calcifer, Hurle ne m'a jamais dit qu'il m'aimait…depuis les deux mois que nous sommes ensemble, il ne m'a rien dit de tel ! »

Sophie sentait que ce n'était pas tout à fait normal pour un homme marié. Apparemment, Calcifer n'était pas très impressionné.

« Je sais. Sophie, ce n'est pas à moi de régler tes problèmes conjugaux. Tu dois en parler avec Hurle, ou vous n'arriverez à rien. »

Sophie dû convenir qu'il n'avait pas tort. Elle occupa le reste de la matinée à préparer le déjeuner et à réfléchir au meilleur moyen d'aborder cet aspect épineux du mariage avec son conjoint, sans qu'il ne cherche à s'enfuir de quelque manière que ce soit.

Aux alentours de midi, la porte d'entrée laissa passer la silhouette de Hurle. Il se dirigea vers Sophie, qui fut aussitôt enveloppée dans sa fragrance de lilas.

« Comment vas-tu ? » demanda-t-il en déposant un baiser aussi fugace qu'une brise d'été sur les lèvres de Sophie.

Elle hésita à lui balancer au visage tout ce qu'elle avait sur le cœur, mais elle se contenta de répondre par un « Bien, merci. » très neutre. Hurle haussa un sourcil perplexe face à l'air peu convaincu de la jeune fille. Il l'attira à lui et plongea un regard interrogateur dans ses yeux. Sophie sentit son cœur prendre ses jambes à son cou et son estomac effectuer une chute libre pour les abîmes de la béatitude. Bien. Elle ne pouvait pas nier l'effet que lui faisait Hurle.

Hurle glissa ses doigts dans la chevelure de Sophie avant de l'embrasser avec douceur. Ce baiser eut pour effet de bourrer le crâne de la jeune fille de coton et de sucre rose. Lorsqu'elle quitta ses bras, elle titubait un peu et avait totalement oublié ce qu'elle s'était promit de lui dire. Le magicien prit place à table et se servit copieusement, sous le regard perdu de Sophie.

« Le prince Justin est fou. » affirma-t-il abruptement. « Il m'a demandé de construire une tour de cristal et d'or dans le Désert. J'ai dû lui rappeler courtoisement qu'au vu des moyens dont je dispose, cela me prendrait au bas mot la moitié de mon existence, mais il n'avait pas l'air de s'en soucier le moins du monde. Au contraire, il semblait content… »

Sophie écoutait Hurle se plaindre stoïquement. Plus exactement, elle était trop occupée à clamer les battements de son cœur pour prêter plus qu'une oreille distraite à son charabia. Décidément, pensa-t-elle, il a vraiment des yeux étonnants. Soutenant sa tête d'une main, elle se mit à détailler son physique méthodiquement.

« Sophie ? » finit par dire Hurle d'un voix plaintive. « J'ai l'impression que tu n'écoute rien de ce que je raconte. »

Sophie s'obligea à quitter des yeux le torse de son époux pour les lever vers son visage. Malgré son intonation larmoyante, il avait l'air amusé.

« Si, je t'écoute. » lui assura-t-elle sans rougir.

« Sophie, tu es ma femme, mais tu ne te soucie même pas de mon bien-être ! » s'exclama-t-il en levant les bras au ciel, théâtral au possible.

« N'importe quoi ! » s'indigna Sophie.

« Et moi qui pensait prendre une semaine de congé afin que nous nous consacrions à notre couple… »lâcha Hurle, désinvolte.

« C'est vrai ? » bondit Sophie.

Elle apprécia moyennement sa voix un peu trop implorante. Hurle, en revanche, se fendit d'un large sourire.

« Au moins tu as l'air d'apprécier. » dit-il avec satisfaction.

Sophie ne se donna pas la peine de répondre, et se jeta au cou de Hurle. Il eut heureusement le temps de s'agripper à la table avant qu'elle ne les précipite tous les deux à terre. Sophie s'assit sur les genoux du magicien et entreprit de lui communiquer son allégresse par un baiser très explicatif. Mais au bout d'un moment, alors que ses caresses se faisaient plus audacieuses, Sophie sentit son époux la repousser. Il mit tendrement fin à leur étreinte et lui tapota la joue.

« Je dois d'abord faire ma demande au roi. J'essayerai d'être persuasif. »

Il avala une dernière bouchée avant de se diriger vers la sortie, et planter là son épouse pleine d'espérances pour la semaine à venir.