Merci à mon essentielle bêta Chrismaz66 et merci surtout à choup37 sans qui cette histoire n'aurait pas été écrite et qu'elle a gentiment accepté que je lui emprunte son idée et sa scène dans "Un pas après l'autre"! Thank you dear! :)
Depuis qu'il avait dit «oui», Ianto se demandait quand Jack allait honorer sa proposition. John, ce diable de type était « enfin » parti. Mais depuis son départ, Jack avait changé. En apparence, pas tellement, certes, mais Ianto, qui le connaissait plutôt bien, avait senti la différence d'attitude. Sa nonchalance était forcée, ses sourires étaient faux et ses blagues sonnaient creux. Et, quand il ne se croyait plus observé, son visage trahissait une profonde détresse, une grande tristesse.
Ianto maudissait ce John à plus d'un titre. Pour s'en être pris à ses équipiers, à lui -même. Son insolence l'avait exaspéré, bien sûr, et surtout, c'était un ex de Jack qui semblait, à sa manière, l'aimer encore. Et maintenant, cette tristesse.
Et c'est un nom qui avait déclenché tout ça. Gray.
Owen avait essayé d'en savoir un peu plus, et Jack avait botté en touche. Le reste de l'équipe avait renoncé aussitôt, trop heureux de s'en être tiré tous. Mais Ianto se demandait qui était ce Gray qui plombait son capitaine. Un capitaine qui lui devait leur premier rendez-vous.
Ianto respecta le silence et le besoin de solitude de son patron qui s'enfermait souvent seul dans son bureau. Surtout le soir, quand tout le monde partait. Alors, avant de partir à son tour, Ianto mettait un point d'honneur à lui préparer son meilleur café et le déposait, avec un chocolat aux épices, sur son bureau, à son attention. Il savait qu'il aimait ça.
Cela faisait 5 jours que John était parti. Ce soir-là, Ianto avait procédé à la vérification mensuelle des codes de la base et, donc, avait terminé un peu plus tard. Il n'avait pas vu Jack depuis quelques heures. Peut-être monté sur les toits… Ianto prépara son café avec application, prit le chocolat, et monta au bureau de Jack. Il ouvrit la porte sans hésiter et faillit renverser son précieux nectar. Jack était là. Effondré sur son bureau, la tête dans les mains, les épaules secouées de sanglots. Ianto se reprit assez vite.
– Oh ! Pardon… Je croyais que vous…
Jack sursauta et leva les yeux vers le jeune homme qui reçut le visage ravagé par les larmes comme un coup de poignard au cœur.
– Je vous amenais juste votre café… Je… J'y vais…
Jack poussa un lourd soupir et passa les mains sur son visage pour y effacer les traces de larmes, tandis que Ianto déposait le café et le chocolat sur le bord du bureau. Le voir dans cet état lui faisait réellement mal au cœur. Il effectua un mouvement de retrait, puis s'arrêta sur un faible murmure.
– Ianto, s'il te plaît…
Ianto se retourna, surpris. Faible et presque suppliante, la voix de Jack était presque inaudible. Jack lui montra le siège en face de lui.
– Assied-toi.
Jack prit le mug et le chocolat tandis que Ianto obéissait. Il vit Jack prendre le temps de savourer le café et la friandise. Il était content que sa petite attention soit si bien accueillie. Jack apprécia le silence qui lui permit de se reprendre un peu. Ianto seul savait que cela lui était nécessaire parfois, et surtout, savait quand se taire. Il lui était précieux pour ça… Et autre chose.
Jack lui montra le mug. Il n'avait pas encore repris le contrôle total de sa voix.
– Merci.
– Avec plaisir…
Jack prit encore le temps de boire quelques gorgées, déposa ensuite le mug sur le bureau et se renversa sur son siège. La présence de Ianto l'apaisait plus que n'importe quelle autre présence. Quelques instants plus tard, Ianto le vit fermer les yeux.
– Vous devriez aller vous coucher, Monsieur, dit-il doucement.
– Jack.
– Comment ?
– Vous devriez aller vous coucher, « Jack ». Arrête avec le « Monsieur »…
Malicieux, Ianto déclara :
– Bien, Monsieur.
Ce n'était certes pas bien malin. Au moins arracha-t-il un vrai sourire à Jack.
– ça ne change rien, Ianto. Je n'arrive pas à dormir… fit-il d'un air las.
– ça, j'avais pu le remarquer.
Jack surprit son regard faussement réprobateur.
– Ianto, s'il te plaît, je ne suis vraiment pas d'humeur à tenir une conversation.
Ianto se leva et vint s'asseoir sur le bureau, près de lui.
– Je sais, fit-il doucement.
Et il lui prit la main.
– Qu'est-ce que tu fais ? Je n'ai pas du tout la tête à ça non plus…
– Laissez-vous faire... dit Ianto, très calme, en commençant à masser doucement le creux de la paume.
– Ianto... protesta faiblement son chef.
– Fermez les yeux et détendez-vous, Jack... Essayez de ne penser à rien...
– C'est bien là le problème, crois-moi...
– Alors focalisez-vous sur une pensée agréable, et laissez-moi faire...
– Je peux me focaliser sur toi, alors? Ne put s'empêcher de lancer Jack, déjà presque vaincu par les massages du jeune homme qui se mit à rire.
– Si vous voulez... Si c'est agréable...
Jack sourit.
– Toujours.
– Ne vous laissez pas distraire. Fermez les yeux.
Jack obéit, beaucoup trop fatigué pour émettre une seule protestation. Ianto roulait les muscles de sa main entre les siennes et cela dénouait des tensions en lui. Les idées coquines n'eurent pas le temps de s'installer dans son esprit, il sombra assez vite dans un sommeil enfin réparateur.
Ianto cessa son massage et sourit devant Jack endormi. Il prit soin de le couvrir du plaid jeté sur le fauteuil et d'éteindre ordinateur et lampe. Il prit le mug vide et s'éclipsa doucement. Mais il ne pouvait se résoudre à laisser Jack comme ça, cette nuit. Il prépara un oreiller et une couverture, enleva chaussures, ceinture, veste et gilet, dégrafa sa chemise puis s'installa sur le canapé du hub.
Le sommeil le cueillit assez rapidement, fort heureusement.
