Le labyrinthe du destin
Disclaimer: Remercions les deux créatrices ainsi que les studio MAPPA pour cet anime du paradis, mes enfants.
Genre: Romance, Univers alternatifs
Rating: K (pour le moment)
Personnages/Couple: Viktor x Yuuri (Viktuuri)
Résumé: La vie n'est qu'un des nombreux chemins qu'elle emprunte. Ils ne font pas exception, et leur histoire aurait put être toute autre, du plus petit détail au changement drastique de leur monde.
Note: On tente des trucs... Je suis quelqu'un qui a énormément d'idée d'histoire mais qui n'arrive jamais à les appliquer alors pour pallier ma frustration, j'ai décidé de "résumer" ces idées sous la forme de petites histoires alternatives. Certaines sont inspirées de fics UA qui existent déjà d'ailleurs dans le fandom (j'ai fait quelques clin d'oeil). N'hésitez pas à vous en inspirer pour écrire vos propres histoires d'ailleurs, peut être que moi-même j'écrirais sur certains de ces thèmes. Egalement me proposer des thèmes ou vos propres histoires.
Bonne lecture ~
1ère vie
Ils se connaissaient depuis leur plus tendre enfance.
La famille Katsuki avait décidé de déménager à Saint-Pétersbourg afin d'ouvrir une nouvelle auberge spécialisée dans le Japon. Cette originalité doublée de l'esprit typique de leur pays n'avait pas manqué d'attirer des clients, à la fois locaux mais aussi des expatriés. Leur petit dernier, Yuuri, vit le jour dans cet environnement Russo-Japonais, apprenant la culture de son pays d'origine auprès de ses parents, et celle du pays slovaque dès qu'il allait à l'école. Puis il se découvrit une passion pour le patinage artistique, et décida de commencer à fréquenter la patinoire de la ville.
La même que Viktor Nikiforov, un jeune garçon de quatre ans son ainé déjà prometteur.
Le jeune Japonais, comme tous les autres, avaient vu le talent qu'il dégageait, et cela ne l'encouragea que davantage à s'entrainer afin de devenir aussi doué que lui. Même s'il restait toujours cet écart entre eux, le jeune homme russe le tirait vers le haut en lui donnant différents conseils afin qu'il progresse vite. Yuuri avait piqué sa curiosité dès leur première rencontre -pendant laquelle le Japonais l'avait confondu avec une fille d'ailleurs-. Très vite, une complicité s'était installée entre eux au point qu'ils devinrent inséparable.
"Je fais mon entrée dans les Juniors l'année prochaine. J'ai hâte que tu m'y rejoignes" S'était enthousiasmé le garçon.
"Je ne pense pas rentrer aussi tôt que toi, j'ai encore des lacunes et puis..."
"Yuuri! Tu me laisserais faire la compétition tout seul? S'il te plaît, ait un peu plus confiance en toi. J'ai envie qu'on s'affronte, tous les deux. Promets-moi de tout faire pour qu'on patine ensemble."
"... C'est promis."
C'est cette promesse entre enfants qui avait incité Yuuri à continuer et persévérer dans le patinage, afin de rester avec Viktor sur la glace.
12ème vie
Il n'avait pas besoin d'amour, juste de passion.
Viktor Nikiforov était un homme qui s'ennuyait tellement que n'importe quelle distraction aurait fait l'affaire. Après cinq médailles d'or consécutives, il avait besoin de nouveau pour se donner de la motivation. Il avait besoin d'excitation. Yuuri Katsuki lui était totalement inconnu; il s'était éclipsé du banquet très rapidement, bien avant d'assister à son spectacle d'ivrogne, pour s'enivrer d'un autre délice avec son meilleur ami; Christophe Giaccometti. Le temps d'oublier un soir le fait qu'il était épuisé delà compétition.
Alors il avait décidé de prendre sa retraite et de vivre sur l'or de son empire de glace. Et puis il avait vu la vidéo.
Ce serait mentir de dire que la manière de danser du japonais ne lui avait pas fait quelque chose. Sinon il ne s'y serait jamais attardé après tout, et cela lui donna une nouvelle idée de distraction; pourquoi pas l'entrainer? Puisque ce garçon semblait si fan de lui au point de reproduire sa chorégraphie à la perfection, il pourrait bien en profiter pour lui apporter son savoir-faire. Et s'amuser en même temps. Au pire, ça ne fonctionnerait pas et il repartirait en Russie. Au mieux, il se découvrait une nouvelle carrière de coach en laissant l'autre faire le travail.
Et puis, Yuuri Katsuki n'était pas désagréable à regarder. Cela aussi lui donnait de la motivation pour se pointer du jour au lendemain chez lui, malgré la surprise de découvrir un porcinet qui calma immédiatement sa libido. Du moins jusqu'à ce que son futur poulain perde ses kilos en trop. Étrangement, son excitation pour l'entraîner était revenue sitôt. C'était terriblement superficiel, en effet mais après tout...
Il n'avait pas besoin d'amour, juste de passion. Il n'avait jamais été sérieux, dès le départ. Qu'avait-il à perdre? La confiance d'autrui? On lui apportait déjà tellement peu de crédit qu'il s'en fichait. Et pourtant, en voyant comment ce patineur si timide s'impliquait de toute son âme dans sa danse, Viktor ne pouvait nier que lui aussi commençait à être touché par la flèche. Quand elle le transperça entièrement, il se rendit compte qu'il s'était engagé dans bien plus qu'une distraction.
Et qu'il allait devoir le prouver pour arrêter d'être repoussé dans ses avances.
26ème vie
Tout avait bifurqué quand il avait appris l'état de Vicchan.
La veille du Grand Prix final de Katsuki, ce dernier eut deux options; revenir chez lui pour être aux côtés de son chien, ou tenter quand même la compétition en se sachant dans les pires conditions qui soient. Il avait décidé de rentrer, parce qu'au final, il savait qu'il n'avait pas les épaules pour affronter une telle pression. Il déclara forfait et prit le premier avion en direction du Japon en même temps que le début des programmes courts. Les regrets étaient là, mais d'une certaine manière, il était aussi soulagé.
Soulagé de ne pas devoir affronter les autres, mais aussi sa propre faiblesse.
Le deuil fut moins lourd à passer, car il était arrivé à temps pour les derniers moments de son fidèle compagnon à quatre pattes.
Après cela, il passa les nationaux avec une médiocrité sans pareil, confirmant le fait qu'il avait bien fait de rentrer. De toute façon, la saison avait été terminée dès lors qu'il s'était retiré du Grand Prix.
"Et maintenant, tu vas faire quoi?" Lui avait demandé sa grande soeur. "Arrêter le patinage."
"Je ne sais pas... peut-être pas..."
Il n'avait pas participé au Grand Prix, il n'avait même pas pu affronter son idole sur la glace. S'il arrêtait maintenant, ses regrets auraient été plus amers que s'il avait tenté, même s'il se serait planté. Ce qui le détermina à persévérer, ce fut lorsque Viktor Nikiforov, lui, déclara prendre sa retraite. Après avoir été médaillé d'or cinq fois, il décidait de partir, comme ça? Sans même lui avoir laissé le temps de l'affronter d'égal à égal et réaliser un de ses rêves?
Cela n'allait pas se passer comme ça.
Cette saison, je vais tout donner, je vais décrocher la médaille d'or, battre son record et le forcer à revenir sur la glace pour m'affronter!
C'est avec cette nouvelle motivation qu'il commença un nouvel entrainement. À commencer par un régime, parce qu'il n'avait fait que s'empiffrer de Katsudon depuis qu'il était revenu en décembre!
34ème vie
Parfois l'amour est capricieux, parfois il est généreux. Et parfois, il ne suffit simplement pas.
Qu'est-ce qui avait mal tourné? Qu'est-ce qui avait transformé leur idylle en cauchemars? Comment eux, qui n'arrivaient pas à passer plus d'une heure sans la présence, ou même le contact de l'autre, désormais ne supportaient plus de se retrouver dans la même pièce? Les mots doux transformés en paroles acerbes. Les séances d'entrainement devenant séances de torture. Les regards languis devenus regards noirs. Les sourires devenant grincement de dents. Les caresses devenant rejets.
L'amour devenant haine.
Ils étaient tous les deux en faute. Viktor refusait de reconnaître que leur problème dépassait ses compétences de coach, qu'il déformait tout ce qu'il voyait dans le patinage de Yuuri pour y impliquer son propre désir. Et surtout, qu'il regrettait de ne pas être celui qui pouvait exécuter ce programme pour lui montrer à quel point il avait faux. Yuuri était trop têtu pour écouter ses conseils, n'arrivait pas à composer avec ses sentiments et s'aveuglait sur les raisons d'une telle tension qui existait chez son coach et fiancé à chaque fois qu'il évoquait le ne leur a pas fallu plus de deux ans pour que ça se dégrade et autant d'échecs que de conflits. Mais après l'ultime dispute sur un bête saut raté, ce fut la goutte d'eau.
-Cette fois, c'est trop Yuuri!
-C'est la première fois que je suis d'accord, Viktor! Puisque tu tiens tant à me montrer à quel point ce que je fais est mauvais, tu n'as qu'à y retourner, sur ta foutue glace! Comme ça tu pourras parader, comme toujours, et arrêter de m'emmerder avec tes reproches jours après jours!
-Parce que monsieur refuse de s'améliorer alors que j'ai quitté le patinage exprès pour lui! Tu m'as faits perdre du temps, pour rien! J'ai sacrifié ma carrière pour au final un ingrat!
-Barre toi alors! Fous le camp d'ici! Je ne veux plus jamais te revoir! Et ne compte pas sur moi pour revenir te voir, je ne veux plus jamais entendre parler de patinage jusqu'à la fin de ma vie.
-Très bien, je suppose que nous n'avons plus rien à nous dire.
Sur ces mots glacés, Viktor enleva l'anneau doré de son doigt et le jeta aux pieds de son désormais ex-fiancé qui le regarda partir. Sans aucun regret à part celui de ne pas avoir fait cela plus tôt pour s'éviter toutes cette souffrance. Ils en avaient fini, enfin. Avec bien plus de larmes et de douleur à persévérer en se disant que le lendemain irait mieux.
Viktor revint sur la glace, Yuuri n'y retourna plus jamais.
41ème vie
Leur histoire n'avait pas vraiment changé. Le contexte, si.
Les médias, leur pays, leur entourage, leurs amis et même leur famille. Quand Viktor se montrait trop tactile ou trop proche de Yuuri, il n'était pas rare que Yuuko-chan, quand ce n'étaient pas les parents de Yuuri eux-mêmes, lui donne un regard désapprobateur. Ils ne savaient pas de ce qu'il en était dans son pays, mais ici, ça ne se faisait pas. D'une manière générale, le couple Katsuki aurait préféré que leur fils s'intéresse à un sport plus... masculin. Comme le football par exemple. Ils eurent également droit à beaucoup de remarque de la part de leurs collègues patineurs qui trouvaient leur relation louche et ambigüe.
Quand Yuri Plisetski ne déclarait pas simplement les trouver "dégueux", et pas seulement parce qu'ils étaient un peu trop mièvres ensemble...
Yuuri avait bien fait comprendre à Viktor que même si le Japon était moins extrême dans sa manière de traiter les homosexuels que la Russie, ce n'était pas pour autant que c'était permis de l'afficher publiquement. Et surtout pas dans le monde du patinage artistique. Le champion du monde comprit, malgré sa déception. Après tout, il avait été la cible de nombreuses remarques lui aussi, et Yakov lui avait expliqué que s'il espérait continuer en tant que professionnel, il allait devoir cacher ses penchants. Dans un pays comme le sien, cela pouvait rapidement devenir une question de vie ou de mort!
Les seuls qui semblaient ne pas avoir de problème avec leurs relations étaient Pichit et Chris -qui lui-même était homosexuel mais qui le cachait un peu mieux-.
Pour ne froisser personne, Viktor se retint d'étreindre Yuuri afin de l'encourager lors du championnat du Japon, et il sentit bien les regards insistants quand il se contenta d'appliquer du baume sur ses lèvres. Le japonais lui offrit une étreinte en lui tapotant le dos pour essayer de le réconforter, mais il sentait sa frustration. La même qu'il eut lors de sa conférence de presse quand il expliqua maladroitement le thème de sa saison. Comment aurait-il pu dire que l'amour qu'il représentait était celui qu'il portait envers Viktor sans s'attirer les foudres médiatiques?
Pichit comprenait aussi cela, et ne publia pas la photo de Viktor ivre enlaçant Yuuri, à moitié nu sur Instagram, sachant qu'elle pourrait leur porter préjudice, surtout en Chine où c'était considéré comme un crime. De même que le russe attendit d'être aux vestiaires pour donner à Yuuri le baiser qui l'avait tant surpris. Tout comme ils prirent soin de rester à distance lorsque les caméras étaient braquées sur eux pendant les compétitions, sans aucune accolade ou messes basses.
D'une manière générale, tout se passait en privé, et jamais en public, afin d'éviter d'attirer l'attention des médias qui pourraient en un tour de main ruiner leur carrière de patineur à tous les deux.
C'est pourquoi Yuuri décida de patiner seul son programme d'exhibition après avoir reçu sa médaille d'argent. Il aurait tant aimé pouvoir le faire en compagnie de celui qui l'avait créé, mais il savait qu'on ne le permettrait pas. Cela ne passerait pas. Alors il demeura seul sur la glace, envoyant ce message d'amour à son coach qui gardait leur anneau de fiancaille secrêtement échangés la veille du Grand Prix sous ses gants. Il le regardait danser sur son programme avec un sourire tendre mais terriblement dépité.
Même si tous devaient se douter de quelque chose, tant qu'ils ne l'affichaient pas en public, tout irait bien.
Car leur amour n'était pas normal aux yeux des autres.
53ème vie
Le patinage se pratiquait de tant de façon.
La passion n'avait pas pris le coeur de Yuuri le jour où Yuuko lui montra la vidéo de Viktor Nikiforov. Certes, il était doué, gracieux et très beau, mais sans plus. De la même indifférence que Takeshi, il laissa donc Yuuko s'extasier seule sur les exploits du russe et il n'en entendit parler que par ses échos. Le goût de la compétition n'avait donc jamais fait partie de lui, et le patinage resta un loisir qu'il pratiqua occasionnellement, bien qu'il se montrât assez doué pour se voir proposer une carrière professionnelle par Minako. Il refusa.
La seule carrière dans laquelle il se lança, c'est d'être un professeur de patinage à l'Ice Castle pour donner un coup de main à Takeshi et Yuuko-chan.
Un beau jour, un étranger arriva dans leur joyeuse ville d'Hasetsu et demanda à Yuuri de lui donner des cours de manière assez passionnée. Pour le japonais, c'était sans doute sa nationalité qui expliquait un tel engouement envers sa personne. Pour le reste du monde, il n'y avait aucun doute que cet homme en pinçait pour le professeur et ne demandait des cours uniquement pour passer du temps avec lui. Même si d'apparence, des cours ne semblait pas de refus vu comment il était mauvais.
Du moins jusqu'à ce que Yuuko-chan découvre qu'il avait assez de médaille dans sa vitrine pour tenir sur la glace sans avoir besoin de chaise.
67ème vie
Dans cette vie-là, leur corps n'était pas forcément en adéquation avec leur coeur.
Les longs cheveux argentés flottaient au vent, et pourtant ces jambes si musclées portaient l'artiste et l'athlète dans une carrière de patinage prometteuse. Mais dans quelle catégorie? Les hommes ou les femmes? Catégories qui ne lui étaient jamais allé de toute façon, alors par dépit, le prodigue qui se faisait appeler Viktor Nikiforov était allé chez les hommes. En était-il un? Tout le monde se posait la question. Une bonne partie des discussions était à moitié autour de son talent, à moitié autour du fait que "il" pourrait en fait être "elle". Même si "elle" ne le disait jamais, "il" jouait dessus sans cesse dans ses programmes de patinage et laissait planer le doute.
Tantôt des costumes féminins, tantôt des costumes masculins. Tantôt des coiffures féériques, tantôt des coiffures épiques. Tantôt des douces notes de piano, tantôt des rythmes endiablés. Tantôt des déhanchés aguicheurs, tantôt des postures de conquérant. Tantôt la jupe, tantôt le pantalon. Tout cela mélangé dans une beauté sans pareil. Une fluidité d'identité selon son envie et selon son inspiration qui troublait d'autant plus ceux qui avaient des idées traditionnelles. Mais à chaque fois, sa danse et sa force faisaient l'unanimité.
Quand Yuuri avait découvert l'artiste, et non la personne qui se cachait derrière cette combinaison au genre ambigüe, il avait plongé dans ce nouveau monde où la binarité n'était plus.
Un monde où le prince charmant cachait peut-être une ancienne princesse. Il était fan de Viktor Nikiforov, le patineur, puisqu'homme et femme n'étaient que des mots assignés à sa naissance, d'autres questions et d'autres passions envahirent ses pensées. La société remettait en question son identité d'homme. En était-il un? Il n'était personne pour juger, et personne ne l'était d'ailleurs. Seul le principal concerné devait le dire, et il le disait d'ailleurs très bien. Il n'était ni l'un, ni l'autre. De nouveaux choix en plus du patinage s'ouvrirent à lui, et alors qu'il regardait dans le miroir son corps encore peu formé, il se dit;
"Moi non plus, je ne me suis jamais senti à l'aise avec les cases dans lesquelles on nous force à rester."
Malgré ce que lui inspirait son modèle, Yuuri Katsuki resta un homme. Tout du moins aux yeux de la société, et aux yeux de la compétition du patinage.
Mais aux yeux de Viktor, iel était simplement l'amour de sa vie.
75ème vie
L'amour n'était pas venue une fois, mais deux fois.
La première fois, ce fut quand il était encore un enfant et qu'il avait rencontré cette demoiselle si jolie qui l'avait initié au patinage. Une élève qui partageait les mêmes cours de ballet que lui chez Minako-Sensei, et lui avait proposé de la rejoindre. Il avait accepté, en partie parce qu'elles l'y avaient toutes les deux encouragés, mais aussi parce qu'il avait envie d'impressionner la seule fille qui semblait lui prêter attention. Et il devait l'avouer, d'un an son ainée, elle ne le laissait pas indifférent; de beaux yeux roses pétillants, des cheveux châtains souples et une gentillesse rare.
Mais aussi un caractère assez affirmé pour le défendre contre un garçon plus grand qui voulait l'embêter.
Cet autre garçon qui semblait aussi l'avoir remarquée, mais qui ne disait rien par fierté. Alors Yuri se rapprocha d'elle; Yuuko-chan. Elle lui fit découvrir Viktor Nikiforov et ensemble, ils partagèrent alors cette nouvelle passion pour le patinage et cette idolâtrie pour le russe. Se retrouvant pour recopier ses chorégraphies, échangeant dans les vestiaires les derniers potins sur leur idole, tout en se rapprochant petit à petit. Takeshi ne dit rien, malgré la jalousie qui le rongeait légèrement en voyant la fille qu'il aimait si complice avec un autre.
C'est son silence qui donna assez de courage à Yuuri pour se déclarer;
-Yuuko-chan, écoute-je... Après le lycée, je vais aller étudier aux États-Unis. Il y a un centre de patinage là-bas où je pourrais m'entrainer avec un vrai professionnel.
-C'est incroyable, Yuuri-kun! Tu vas faire un pas de plus vers l'affrontement avec Viktor!
-Oui. Mais... mais je ne voulais pas partir sans te le dire; Yuuko-Chan, je t'aime. Je te trouve incroyable depuis qu'on s'est rencontré et tu m'a fais découvrir beaucoup de choses alors... voilà...
La concernée eut un moment de silence, se mettant la main devant la bouche, visiblement surprise. Yuuri qui était si timide, si réservé, venait de lui avouer ses sentiments. Même si actuellement, le concerné semblait vouloir se cacher dans un trou tant il transpirait la gêne. Elle se devait d'y répondre proprement et honnêtement, elle n'eut pas besoin de réfléchir longtemps. Certes, elle avait aussi un faible pour Takechi-kun, mais ce dernier s'était tellement éloigné d'elle sitôt qu'elle avait intégré Yuri qu'elle finit par lâcher prise. Yuuri était doux, gentil, mignon et ils partageaient la même passion.
Cela ne pouvait que fonctionner.
Alors ils avaient entamé une relation à distance dès lors qu'il partit à Detroit. Elle ne se maria pas, elle n'eut pas d'enfant et fut très souvent frustrée de ne pas voir son petit ami plus souvent, mais jamais elle ne lui fut infidèle. Même si, étrangement, à partir de ce moment, Takeshi devint plus attentif avec elle. Yuuri revint pourtant autant de fois qu'il put pour la voir (ainsi que sa famille et son chien), peut-être au détriment de son entrainement et de sa carrière. Tout du moins au début. Puis les visites se firent de plus en plus espacées et la flamme naissante commençait déjà à s'éteindre.
Pour autant, aucun des deux n'y mit fin, même quand il rentra après sa défaite au Grand Prix final. Parce qu'au final, ça leur allait bien malgré tout, cette relation platonique et la peur de voir une amitié se briser renforçaient cette passivité. Peut-être qu'avec son retour au bercail, ils en profiteraient pour enfin entamer une véritable relation de couple. Oui, ils espéraient, malgré le fait qu'ils vivaient désormais dans deux mondes différents.
L'arrivée de Viktor Nikiforov en tant qu'entraineur décida que non.
Ce jour-là, sans le savoir, Yuuri vit l'amour se présenter devant lui pour la deuxième fois. Et chambouler ce qu'il avait tenté de construire avec Yuuko-chan.
86ème vie
Ils se détestaient.
Yuuri Katsuki avait décrété que Viktor Nikiforov était le pire des enfoirés à partir du jour où il s'était ouvertement moqué de lui après avoir gagné sa médaille d'or chez les juniors. Il était encore jeune et innocent, il avait eu la chance d'approcher celui qu'il considérait comme un dieu vivant. Un dieu vivant qui n'était aussi encore qu'un enfant, et qui n'avait pas su mesurer ses mots en lui répondant. Mais le mal était fait, il avait blessé une estime de soi déjà faible.
Et d'un orgueil blessé en avait découlé une haine féroce. Un carburant dans lequel il puisa afin de s'entrainer sans relâche, nuit et jour afin de rejoindre le si grand Viktor Nikiforov. Et le détrôner de son arrogante place de roi. Un chemin semé d'embûche et de frustration quand il n'arrivait pas à décrocher la place qu'il voulait. Le bronze en Junior, puis l'argent? Trop insuffisant. Le bronze pour l'international? Trop insuffisant. L'or ratée de justesse d'un point? Trop insuffisant.
Trop insuffisant pour faire ravaler à ce type sa condescendance.
Viktor n'était pas sans pareil, se demandant ce qui lui valait une telle colère. Il était habitué, bien sûr, à avoir du mépris de ses concurrent, mais pas à ce point. Pourtant, voir quelqu'un se propulser aussi vite pour le rattraper et le talonner de si près à chaque compétition lui donnait une nouvelle motivation pour se surpasser. Il ne lâcherait pas l'or aussi facilement, et peu importe à quel point Yuuri Katsuki pouvait le haïr, ça ne serait pas suffisant pour le battre. Il allait devoir faire mieux. Beaucoup mieux.
Ce qui était sûr, c'est que leur rivalité alimentait beaucoup internet, au point que des vraies "teams" s'étaient mise en place et se battaient régulièrement sur les réseaux sociaux pour défendre leur favori.
"Tu me répugnes!" Avait balancé une fois le Japonais. "Tu peux juste utiliser ta tronche pour t'attirer des points ou tu sais faire autre chose?"
"Ne pas me planter quand je fais un quadruple, par exemple?" Lui avait répondu le russe d'un ton piquant.
"Tu te foutras moins de moi quand j'aurais battu ton record!"
"Grand bien t'en fasse. On se retrouve sur le podium~"
Yuuri serra les dents à cette provocation, retenu de peu par Pichit. Aucun ne remarqua le sourire en coin qu'avait fait Georgie, un autre compétiteur russe qui était venu soutenir son homologue. Un sourire qui voulait dire; Il y a de l'amour dans l'air.
99ème vie
Le destin a voulu qu'ils restent inconnus l'un pour l'autre durant toute leur vie.
Ni amour, ni haine, ni liens. Il n'y avait que du vide entre eux. Peut-être un nom de célébrité mentionnée à la télévision pour l'un, mais un nom qui restera le nom d'une personne habitant dans un autre pays, parlant une autre langue avec qui il n'avait rien à faire. L'autre ne savait sans doute même pas qu'il existait quelque part une personne avec qui, dans un autre monde, il aurait partagé une éruption de sentiment.
Non, tous deux l'ignoraient, puis qu'ils s'ignoraient.
Ils passèrent ainsi leur existence sans la présence de l'autre, un étrange vide dans leur coeur. L'un resta sans amour, l'autre sans passion. Mais ce n'était pas grave. C'était leur vie, et ils étaient heureux quand même. À leur manière. Ils auraient été malheureux s'ils avaient su qu'ils auraient pu vivre autre chose. Qu'ils seraient tombés amoureux d'une personne si incroyable qu'elle serait devenu leur source d'inspiration. Qu'ils auraient rencontré quelqu'un sans qui ils n'auraient pu vivre.
Heureusement, ils ne le savaient pas, et c'est pour cela qu'ils supportaient cette absence.
Même s'ils n'espéraient tous les deux que dans une autre vie, ils vivaient quelque chose de différent.
