King's Cross, à Londres, a le secret de non pas être une gare, mais 2 gares en une. Evidemment, l'une d'elle est cachée et réservée aux individus que nous appelons les sorciers, soit les non-moldus. Moldus étant le terme utilisé par les personnes ayant des pouvoirs magiques pour désigner leur compères n'en ayant pas. Ma mère, Anastasia Rizzoli en fait partie. A mon grand étonnement, elle n'avait pas été plus surprise que tant en apprenant mon admission à Poudlard, lors de l'année de mes 11 ans, il y a de cela 5 ans. Je m'en souviens comme si c'était hier.

C'était un 17 juillet, 3 mois après mes 11 ans. J'étais absolument impatiente d'avoir terminé l'école primaire et d'enfin aller au collège avec les grands. J'allais pouvoir retrouver mes 2 grandes soeurs déjà au collège et mieux comprendre lorsqu'elles m'expliquaient leur journées, remplies de fous rires. J'avais déjà en tête de devenir une grande archéologue et de voyager autour du monde pour découvrir notre histoire. A l'école, j'étais une très bonne élève, ma maman mettant un point d'honneur à ce que je ramène de bonnes notes. J'ai toujours été une des meilleures élèves de ma classe et cela me rendait particulièrement fière, d'autant plus que cela ne m'a jamais demandé un travail considérable, contrairement à une de mes grandes soeurs, Cécilia. Ce n'est pas qu'elle était plus bête ou quoi que ce soit, elle semblait seulement avoir moins de facilité et une chose en engendrant une autre, elle n'aimait pas l'école plus que ça. L'entente entre la fraterie était correcte, ponctuée de rires et d'engueulades qui rendaient parfois ma mère complètement folle. Comprenez-la, 3 filles à élever quasiment seule n'est pas une mince affaire. Bien sûr, mon père était là, mais je ne le définirais pas comme un père modèle, ni même comme un père. Mon ainée, Annie, était âgée de 16 ans, prenait tranquillement son indépendance tout en donnant des cheveux blancs à ma mère. Effectivement, Annie avait tendance à désobéir pour sortir avec ses amis et s'habiller autrement que comme le désirait ma mère. Cécilia s'était liée d'amitié avec la fille du directeur du Collège d'Oxford, ce qui lui permettait de faire des bêtises en classe sans risquer de trop grosses punitions. Puis il y avait moi, Willow, avec mes bizarreries et mon côté garçon manqué. Ok, j'avoue, il y a carrément certains jours où je rêvais littéralement d'être un garçon. J'aurais pu jouer au football, me rouler dans la boue et tout cela sans que ça ne dérange ma mère. Effectivement, en tant que fille ma maman refusait que je fasse partie de l'équipe de foot, du coup j'avais grandi avec un violon dans les mains. Je n'aimais pas en jouer plus que tant, mais ma mère était tellement fière de m'y voir que je n'osais pas lui dire la vérité, tout comme Cécilia et son accordéon et Annie et son piano. Fort heureusement pour nous, nous avions dû hériter d'un don de nos grand-parents, tous musiciens, car nous avions toutes les 3 une réelle facilité. Souvent, avec le recul, je réalise que si j'avais été passionnée et que j'avais travaillé plus dur, j'aurais pu percer, mais voilà, l'envie n'a jamais éclot en moi. Je sais que ma mère m'en veut un peu d'avoir abandonné après 10 ans, tout comme mon professeur qui disait, je cite, que c'était du talent gaché. Pour en revenir à mes bizarreries, je dirais qu'elles étaient relativement rares. Mais je préfère ne pas trop me fier à ma mémoire et à ses défaillances, étant donné que j'ai quasiment tout oublié de mon existence entre ma naissance et mes 14 ans, mis à part quelques flash. La première fois qu'un événement spécial a eu lieu, c'était quand j'avais 7 ans et que je refusais de finir mon assiette. Maman avait cuisiné des pommes de terre et des carottes, aliments que je n'appréciais guère à l'époque. Ma mère m'avait donc mise à la cave et je devais y rester tant que je ne terminerai pas mon repas. J'étais en colère et je pleurai. (J'ai toujours été une pleureuse, ma foi). Quelle ne fut pas ma surprise quand 2 heures plus tard lorsque ma mère est revenue me voir, mon assiette a lévité jusque devant ses yeux avant d'exploser à son visage en une purée de patates et de carottes. Je crois qu'elle est restée tellement surprise qu'elle ne m'a même pas punie, à mon grand soulagement. Au fil des ans, ce genre d'événements étranges n'ont eu cesse d'avoir lieu ponctuellement, parfois à l'école, dans la cour de récréation, chez mes grands-parents ou à la maison. Un des derniers événements de ce genre avait eu lieu quelques semaines avant de recevoir le courrier qui changerait ma vie, alors que ma maman répétait avec moi mes exercices de violon. Elle me faisait répéter encore et encore la même ligne de notes, ce qui pour changer m'agaçait terriblement. Tout à coup, les 4 cordes de mon violon ont cassé avant de s'enrouler entre elles jusqu'à former une grosse boule qui a, ensuite, détruit mes partitions en s'abbatant dessus comme un boulet de canon. J'ai regardé ma mère horrifiée, craignant sa réaction. Encore une fois, elle n'a rien dit. Elle est sortie de ma chambre et a été boire un verre d'eau, comme si cela allait l'aider à reprendre ses esprits. C'est donc sans grande surprise que lorsqu'un hibou, en plein jour, est venu m'apporter ma lettre d'admission à Poudlard, ma maman a soupiré de soulagement. Elle n'avait pas d'hallucinations et moi, je n'étais pas la seule petite fille à faire des choses étranges sur cette terre. La nouvelle auprès de la famille avait plus ou moins bien passé, mes proches étaient partagés entre fascination et dégoût. Mes grands-parents, oncles et tantes n'ont jamais été fanatiques de tout ce qui sortait de l'ordinaire. Pour eux, le plus important est de se fondre dans la masse et de faire ce que la société "normale" demande. Mais ils ne m'ont pas renier pour autant, même si je ressens bien une différence de traitement par rapport aux autres membres de la famille. Mon père, lui, n'a pas supporté la nouvelle et a profité de ce prétexte pour se tirer avec une autre femme 2 fois plus jeune que lui, laissant ma mère dans la pagaille. Un vrai héros des temps modernes.

Aujourd'hui, je vais faire ma 6ème rentrée à Poudlard. J'appréhende, encore bien plus que les autres années car cette fois, tout est différent. Ou du moins, je suis différente. Durant mes premières années, j'étais très souvent malade. J'ai hérité, bien malgré moi, d'une rare maladie orpheline génétique qui me faisait souffrir d'affreux maux de tête, fatigue, et j'ai même failli perdre la vue d'un oeil. Les médecins moldus m'ont donné des médicaments qui me soulageait énormément, malheureusement les effets secondaires se sont montrés particulièrement néfastes. Effectivement, j'ai pris beaucoup de poids, ma croissance a été bloquée et mon humeur était des plus lunatiques. Pas évident de gérer cela en étant en pleine adolescence, je vous l'avoue. Mais cet été, j'ai rendu visite à un médecin italien qui soigne grâce aux plantes. J'ai changé de traitement pour le sien, et puis j'ai repris vie. Mon corps a changé, me rendant plus femme, j'ai grandi, minci et je ne souffre plus du tout. Une nouvelle vie commence. J'ai profité de ces changements positifs pour commencer à faire du sport et je dois dire que les résultats m'ont étonnée. Moi qui ai toujours rêvé de jouer au quidditch, cela ne me semble plus aussi impossible qu'avant. Mon corps est devenu athlétique, j'ai une meilleure endurance et bien plus de force. Je n'ai qu'une hâte : voir jusqu'où je peux repousser mes limites. Il y a un avantage non négligeable d'avoir grandi dans la douleur, c'est qu'après, rien ne semble insurmontable. Tout cela pour dire que je craignais la réaction de mes camarades. En 2 mois, je suis presque méconnaissable. C'est fini de subir les railleries de mes camarades. Je ne me laisserai plus faire comme auparavant. Car oui, bien que j'ai toujours eues quelques amis, j'ai toujours subi des moqueries de la part des filles "populaires", mais également de la part des garçons. Et quoi qu'on puisse en dire, 4 années à se sentir honteuse et ridicule, ça laisse des traces.

Il est 10h57 et, comme chaque année je cours à travers King's Cross pour atteindre la voie 9 3/4, priant pour être à l'heure. La ponctualité n'a jamais été une de mes qualités, pourtant ce n'est pas faute d'avoir essayer. Je monte à bord du Poudlard Express quelques secondes avant le coup de sifflet, essoufflée et complètement décoiffée, les joues rougies par ma course effrennée. Bravo Willow, bon début. Après avoir parcouru le wagon, je tombe finalement sur le compartiment que je cherche. D'un geste décidé, j'ouvre la porte et remarque 3 visages se tourner vers moi.

- Will ! C'est bien toi ?! S'exclame Clara, ma meilleure amie. Tu n'as pas menti dans ta lettre, quand tu m'as dit que tu avais changé ! Cette année, les gars n'ont qu'à bien se tenir !

Je rougis à sa remarque, lui faisant remarquer qu'elle disait n'importe quoi. Effectivement, je m'étais améliorée mais je ferai toujours pâle figure à côté de Clara Hopkins et son physique de mannequin. Une poitrine à en faire baver plus d'un, des jambes fines et interminables, un sourire parfait et de longs cheveux noireauds faisant ressortir ses yeux verts, Clara était simplement belle. Moi, je suis quelconque. Ni belle, ni moche. Banal en soi, avec mes petits yeux bruns, ma crinière brune ondulée et incoiffable, mon nez droit voire légèrement aquilin, des sourcils bien fournis, à peine 1m70, une poitrine presque inexistante quoi qu'en amélioration ces derniers mois. Mes origines italiennes sont flagrantes, mais banale est vraiment l'adjectif le plus approprié.

- Clara dit vrai, tu es mé-co-nnai-ssable Willow ! Tu n'as plus rien à envier à ses pestes d'Emily Abbott et de Gloria McKernan, ajouta Jane Sanders, mon autre amie. J'ai hâte de voir leurs réactions !

Je mis un terme à la discussion en m'asseyant et en leur demandant de me raconter leurs vacances. Le trajet se passa sans encombre, dans les rires et la bonne humeur.

L'ambiance se dégrada une fois parvenues dans la Grande Salle, alors que nous attendions avec imaptience l'arrivée des premières années et de la répartition. Pour ma part, c'est surtout mon estomac qui hurlait à la mort sa famine.