Une tasse de thé ?

Part one : Entre nous

Hermione Granger pressait le pas dans un couloir du troisième étage. Elle passa tout près d'un tableau où des moines bénédictins jouaient aux cartes, et ceux-ci levèrent leurs verres à son passage. En montant les escaliers de pierre menant au quatrième étage, elle se fit la réflexion que les garçons de Poudlard n'étaient plus aussi indifférents, ou en tout cas, ne l'abordaient plus que pour obtenir ses devoirs. Elle n'avait pas tant changé, pourtant. Elle avait prit un ou deux centimètres, mais restait d'un physique petit. C'était plutôt des petits détails qui avaient changés. Ses vilains cheveux frisottés avaient prit la tangente, et se fondaient à présent en boucles souples, ou même parfois se contentaient d'onduler gentiment. Elle avait également renoncé aux pulls sac-à-patates. Mais ça, elle ne pouvait pas vraiment s'en attribuer le mérite ; sa mère avait tout simplement tout découpé pour en faire des chiffons, sa manière à elle de signaler à sa fille qu'elle était une fille, justement, et non un sac poubelle sur pattes.

Hermione restait pourtant campée sur ses positions. Si elle acceptait de porter des vêtements normaux, il n'était pas question qu'elle se mette à porter des talons ou des bas couleur chair comme le font certaines filles. Elle se sentirait mal à l'aise, et en plastique. Non, elle restait sagement avec ses bas nylon et ses ballerines, mais s'autorisait un peu de mascara, qui rendait ses yeux irréels, ses si beaux yeux, d'un marron doré, que personne ne remarquait jamais, avant.

Oui, Hermione avait pas mal changé physiquement, même si cela tenait à des petits riens. Cependant, en elle, des choses avaient changé. Parce que les choses autour d'elle changeaient, aussi.

Enfin, elle s'arrêta devant un tableau représentant une très jeune fille et sa dame de compagnie.

- « Les gens ont besoin de vivre ensemble », récita-t-elle.

- Oui, approuva la dame d'honneur. Pourtant votre... ami n'est pas encore rentré.

« Tant mieux » pensa Hermione en entrant dans la salle. C'était leur salle commune, à elle et à Malefoy, le deuxième préfet en chef. Cela faisait déjà deux mois qu'ils occupaient une salle commune, et pourtant les seuls affrontements étaient les disputes pour la salle de bain. Malefoy passait le plus clair de son temps dans sa chambre, et ne cherchait pas la bagarre. Ce n'était même plus amusant.

Hermione s'assit dans le divan, car, elle, elle aimait beaucoup rester dans la salle, et prit un livre. Un livre qu'elle affectionnait beaucoup, qui parlait des créatures magiques, avec de superbes photos. Hermione le parcouru, puis s'assoupi.

3 novembre.

Je m'appelle Drago Malefoy. Et je n'ai jamais eu l'intention d'écrire un journal intime, ni même quelque texte personnel. Je n'aime pas ma vie, je ne m'aime pas, je n'aime rien. J'aimerais aimer quelqu'un, parce que selon ma mère, ça aide à aller mieux. C'est ce qu'elle m'a dit quand Rogue lui a annoncé que père ne reviendrait pas. Elle m'a dit d'aimer, d'aimer pour ne pas se tuer.

Je ne savais pas que c'était si important. Je n'ai jamais aimé, et je me portais très bien. Mais avoir le cœur noir le rend lourd, et tout seul à porter tout ça, c'est trop, lourd.

Ce soir, je suis rentré dans la salle commune. La salle commune de Granger et moi. Elle était là, mais pas là à me lancer des regards pas en dessous, elle était là, endormie sur le canapé, un livre ouvert sur la poitrine. Un jour, ils vont la tuer, ses livres. Je m'en suis saisi, et je l'ai posé sur une table à côté. Ce serait bête qu'elle meure étouffée, avec ma tête d'innocent, on penserait tout de suite que c'est moi.

Pour une fois qu'elle ne m'inspectait pas des yeux, j'en ai profité, et j'ai commencé à faire mes devoirs en silence, sur le canapé d'en face. Après chaque paragraphe, je ressentais l'envie irrésistible de lui jeter un coup d'œil, comme pour vérifier qu'elle ne bougeait pas, ou pour constater qu'en fait, elle ronchonnait déjà.

J'arrivai finalement au bout de mon travail sans qu'elle se réveille, et pourtant, je n'avais pas envie de partir. Je suis resté là, comme un imbécile, à regarder Hermione Granger dormir.

Granger, elle a un peu changé, maintenant que je regarde. Il faut dire que j'ai passé ces eux derniers mois à l'éviter, parce que Potter à dû lui raconter ce qui s'est passé sur la tour, et que je n'avais pas envie qu'elle me le remette dessus. Elle est plus jolie, plus fille, quoi. Elle ressemble moins à une pauvre petite vendeuse d'allumettes. J'ai entendu un conte comme ça, je crois. Une petite vendait des allumettes, et les allumait pour avoir un peu d'espoir. Quand elle a épuisé ses allumettes, elle est partie. Partie comme j'aurais voulu partir. Je me souviens de ce conte, même si je l'ai probablement entendu il y a des années. Il y a eu si peu de contes qui me furent racontés.

Granger commença à bouger, et moi, là, je restait là. Là juste tout près d'elle. Elle ouvrit un œil.

- Qu'es-ce que tu regardes ?

- Une Gryffondor ronchon.

- Crétin peroxydé.

- Râleuse entêtée.

- Tu veux du thé ?

- Oui.

Elle se leva, et, s'étirant comme un chat, se dirigea vers la mini cuisine, dans un coin de la salle commune. Elle prépara le thé sans rien dire, et je n'en dis pas plus. J'étais conscient de l'importance de ce moment sans doute bientôt perdu, de ce moment précieux que je tenais entre mes mains. Es-ce qu'un seul moment, une seule tasse de thé peut tout changer ?

Elle revient vers moi, et me tendit une tasse fumante. Elle s'assit par terre, en face de moi, les jambes croisées sagement. Elle avait de beaux cheveux. De longues boucles. D'un joli caramel. J'adore le caramel. Ca colle aux dents.

-Qu'es-ce que tu regardes ? Me demanda Hermione pour la seconde fois.

-Toi.

Elle ne trouva rien à redire, cette fois. Le silence était loin d'être lourd, le silence faisait du bien. Le silence entre nous était bon, sentait le caramel et me rendait heureux.

-Tu as déjà aimé ?

Je relevai la tête. L'étrangeté de la question et sa soudaineté m'avait surprit. Elle rougit un peu, et replongea dans sa tasse.

- J'aurais bien voulu.

- Moi, j'ai aimé, dit Hermione.

Je restai silencieux. Je me sentais mal à l'aise. Gêné de ne pas être digne de ces paroles. Hermione semblait ne plus me voir, et avait le regard perdu, quelque part au niveau du ciel. Elle posa un instant ses yeux sur moi avant de répondre.

- Ron. J'ai déjà aimé. Je voudrais aimer encore.

Elle avait fini son thé. Sans un mot, elle ramena sa tasse à la cuisine, hésita un instant, puis parti finalement vers sa chambre. Comme moi, elle pensait qu'il était préférable d'écourter ce moment, de peur que nous le gâchions, comme nous avons gâché les autres.

Moi aussi, je voudrais aimer.

Hermione ne dormi pas beaucoup, cette nuit-là. Non seulement, elle avait déjà dormi deux heures dans l'après-midi, mais en plus, elle ne cessait de penser à Malefoy. A Drago. Aux deux.

Elle pensait à Malefoy, le Malefoy qui la traitait de sang de bourbe, celui qui tentait de tuer Dumbledore. Elle pensait à Drago, celui qui n'a pas pu, celui avec qui elle avait bu un thé bouillant, un thé comme les autres et si différent. Un thé autour duquel elle avait avoué avoir aimé Ron.

Ron, elle n'a su qu'elle l'aimait que lorsque qu'elle ne l'aimait déjà plus beaucoup. Au fil des jours, elle remarquait qu'elle ne cherchait plus son ombre à ses côtés, elle remarquait qu'elle ne cherchait plus sans cesse son regard. Elle remarquait qu'ils s'affrontaient moins. Le temps emporte tout, et si elle ne s'en rendit compte qu'après, l'amour fait mal. Elle se complaisait à croire que Ron l'aimait aussi, et qu'ils étaient juste deux jeunes amoureux timides. Elle croyait qu'elle l'aimait trop alors qu'il l'aimait encore plus. Une nuit d'été, peu après le mariage, elle était sortie, pieds nus, dans l'herbe humide du jardin du Terrier. Ron l'avait rejointe. Ils avaient besoin de parler. Il lui avait avoué fiévreusement l'avoir aimée, et avoir eu peur de le lui dire. Pour Ron, elle était la reine de coeur, et il était le valet de pique. Ce soir là, ils se sont quittés, songeant tout deux au baiser qu'ils avaient tant désiré et qui finalement ne viendrait jamais.

Hermione finit par s'endormir, à ressasser ses pensées et ses regrets. Les regrets nous occupent plus qu'ils ne nous font réfléchir, et plutôt que de penser que la vie est courte et qu'il ne faut pas attendre que le bonheur nous tombe dessus, Hermione songeait à tout ce qu'elle aurait dû faire, et qu'elle n'a pas fait.

Un oiseau d'humeur particulièrement bruyante la tira d'un sommeil lourd. Elle se leva pourtant rapidement, pour ouvrir les rideaux et laisser rentrer le soleil. Sa mère une fois lui avait dit qu'elle fonctionnait à l'énergie solaire. C'était un peu vrai. Après un rapide passage dans la salle de bains (Hermione détestait passer trop de temps à se préparer ; ça la rendait nerveuse) elle descendit vers la Grande Salle sans avoir croisé son collègue. De toute manière, ils avaient une ronde ce soir. Le fait que cette perspective lui mettait un peu de baume au cœur l'amusa. Qui l'eût cru ?

Elle repéra facilement Ron et Harry. Il était fort tôt et il n'y avait que peu de personnes attablées. Elle ne pu également s'empêcher de noter un éclat blond platine à son extrême gauche. Drago était là. C'était bien lui, et pas Malefoy. Malefoy aurait ricané. Drago ne disait pas un mot. Drago parlait peu.

- Hé ! Lança Ron.

- Bonjour, Dit Hermione en étouffant un bâillement. Je n'ai pas raté grand-chose, remarqua-t-elle en voyant que Ron déchiquetait littéralement son hareng fumé.

- Assied-toi, dit Harry. J'ai une mauvaise nouvelle.

- Vas-y. J'ai le cœur bien accroché, dit Hermione, tout en pensant intérieurement que son cœur devait avoir été conçu en verre.

- Slughorn va nous emmener près du lac pour cueillir des ingrédients. En novembre. C'est Padma Patil qui me l'a dit. Ils ont eu la séance hier. Elle a été étonnée qu'il n'y pas eu de morts.

- En plus, on est avec les Serpentard, maugréa Ron. Brr, si je vois Parkinson en maillot, je sens que je n'y survivrais pas.

La matinée s'écoula, interminable pour Hermione qui ne songeait qu'à faire sa ronde du soir. Pourtant avant cela, il y avait le cours de potions. Elle redoutait de devoir se mettre en maillot devant lui.

Heureusement, comme elle pu le constater en arrivant près du lac, Slughorn avait prévu des tenues de plongées, c'est-à-dire des combinaisons étanches. Il n'y avait pourtant aucune bombonne d'air.

Elle était l'une des premières à arriver, et se faufila une chemin vers le professeur de potions.

- Ah, miss Granger, dit celui-ci d'un ton bourru. Vous tombez bien.

- Oui, professeur ?

- Voilà. En fait, je...

Il lui lança un coup d'œil rapide.

- Hum. Voilà. On nous a toujours dit de valoriser l'entente inter maisons, pas vrai ? Bon. Pour cet exercice, je voulais travailler en binôme. Et je me suis dis, et si, heu, je mélangeais les maisons ? Mais voilà, je pensais que pour ne pas trop vous forcer la main, j'ai pensé que peut-être, eh bien, vous pourriez choisir votre partenaire... dans une autre maison. C'est... une bonne idée, vous croyez, miss Granger ?

- Oh, oui, oui, dit celle-ci. C'est très bien, je trouve. Du moment que personne n'essaye de noyer son partenaire.

- Oh, oh, s'étouffa le vieil homme. Ahem. Bon, j'ai une faveur à vous demander.

« Nous y voilà » Songea Hermione.

- Comme vous êtes préfête-en-chef, ce serait bien que vous commenciez à choisir, non ?

- Oh, répondit Hermione, surprise d'une demande aussi simple, oui, oui, bien sûr.

- Heum, et je pensais que, kof, vous pourriez, AREUMH, choisir, hum, monsieur Malefoy, kof.

- Pardon ?

Slughorn lui lança un coup d'œil suppliant.

- S'il vous plait... Je n'ai pas envie de protestations bruyantes, et si on voit que vous faites un effort, ça va les motiver...

- Vous croyez ? Ironisa Hermione.

- S'il vous plait...

- ...

- Dix points pour Gryffondor ?

- Ca marche.

- Vous voyez, on peut toujours s'arranger, ajouta le professeur avec un clin d'œil fripon.

Ainsi, lorsque tout le monde fut rassemblé sur la rive du lac et que Slughorn annonça la couleur sous un concert de hurlements, Hermione, un sourire charmant peint sur le visage, attrapa le bras de Malefoy et l'entraîna pour se choisir une combinaison.

- Dites donc mademoiselle Granger, on a succombé à mon charme ?

- Absolument pas. J'ai été soudoyée, ni plus, ni moins.

- Je ne vous crois pas une seconde, dit Malefoy avec une moue coquine.

Harry ouvrit de grands yeux. Hermione et Malefoy ne l'avaient pas remarqué, mais il était derrière eux, avec Ernie MacMillan, et avait entendu toute la conversation, et surtout, surtout, avait vu le sourire que Malefoy avait adressé à son amie.

Sans signaler sa présence, Il les suivi discrètement jusqu'au rivage, restant prudemment deux mètres en retrait. De toute façon, ils ne souciaient pas de baisser la voix.

- Comment on met ce truc ? Demanda Malefoy.

- C'est comme une grenouillère, fit Hermione qui était déjà ficelée dans sa combinaison et prête à plonger.

- Hermione, la dernière fois que j'ai enfilé une grenouillère, je devais avoir cinq mois. Alors ça m'aide franchement pas...

Harry haussa un sourcil à l'entente du prénom de son amie. Celle-ci arrondi un peu les yeux. C'était sans doute la première fois qu'elle entendait son prénom de sa bouche. Elle lui conseilla d'introduire ses jambes dans les poches prévues à cet effet, et ferma la tirette dans le dos avant que Malefoy ne déchire tout à se contorsionner comme un crétin.

- Eh ben, dit Ernie, c'est du joli. Granger et ce crétin blond. On aura tout vu.

Harry était trop étonné pour répliquer. Il jeta un coup d'œil à Ron, mais celui-ci était bien assez absorbé par sa partenaire, Pansy Parkinson, qui shootait dans sa combinaison avec un rictus satisfait.

-T'es prêt ?

-Et comment, je fais, moi, pour respirer sous l'eau, hein ?

-On t'a jamais appris à regarder ? Tout le monde fait le sortilège de Têtenbulle.

-Ah, ben, oui, évidemment, ça j'avais remarqué.

Hermione lança un regard peu convaincu à son partenaire. Ils étaient chargés de ramener diverses algues et fleurs marines pour Slughorn, et le groupe qui ramènerait tout en premier serait, d'après lui, très bien récompensé.

- Prête, Granger ?

-Ca fait cinq bonnes minutes que je t'attends.

Ils étaient sous l'eau depuis déjà cinq minutes, et n'entrevoyaient pas la moindre algue recherchée par Slughorn, à croire que celui-ci les avait lancés sur les traces d'espèces exotiques. Les jurons que lançait Malefoy devenaient, au fil du temps qui s'écoulait, d'une rapidité et d'une originalité grandissantes. Hermione tentait de garder son self-control, son calme, son flegme...

- Mais putain !

- On se calme Granger, dit Malefoy qui proférait des obscénités diverses et variées depuis qu'ils avaient plongé.

- Mais c'est pas possible ! Il les a inventé, ces fleurs ? Vociféra la brune.

Harry Potter, lui, ne faisait même pas mine de chercher la moindre fougère aquatique. Planqué dans un buisson bourré d'hippocampes, Harry avait semé Ernie et épiait les moindres mouvements de cils d'une certaine Gryffondor avec un certain Serpentard.

En effet, ils avaient l'air de s'entendre plutôt bien. En tout cas, Malefoy n'étranglait pas Hermione avec une algue, ce qui n'était déjà pas mal, mais pourtant, la brune ne semblait pas de bonne humeur. Elle grinçait des dents, et massacrait toutes les plantes aquatiques à portée.

- HEY ! Venez par ici !

La voix de Blaise Zabini avait troué le silence moribond qui régnait sur les profondeurs du lac. Hermione et Malefoy, alertés, se mirent sur sa trace, et finalement débouchèrent sur une espèce de cuvette, tapissée de petites fleurs violettes. Hermione nagea rapidement vers Blaise, rapidement suivie par Malefoy.

- Il se passe quoi ?

- Regardez !

La « cuvette » regorgeait de toutes les algues, plantes, fleurs, fougères et autres que Slughorn cherchait. Hermione poussa un cri de victoire et se mit à tout cueillir.

Le clin d'œil complice que Zabini échangea avec Malefoy n'échappa pas à Harry, qui fronça les sourcils. Il sentait l'arnaque plus qu'il ne la voyait venir. Pourquoi Zabini offrait-il son aide à Hermione ? Ca n'avait pas de sens. Pourtant celle-ci ne semblait pas se méfier, elle remplissait joyeusement sa besace. Le compte y était, ils avaient tout.

- Malefoy ? On remonte. Merci, Zabini.

- De rien !

Après un nouveau clin d'œil en direction du Serpentard, Zabini s'éloigna lentement. Harry renifla d'un air mécontent. Il n'aimait pas ça, mais alors pas du tout. Hermione attrapa Malefoy par la manche, et donna un grand coup de pied sur le sol. Ils s'élevèrent, battant furieusement des jambes. Harry prit une décision et se dirigea lui aussi vers la surface.

4 novembre

Je bats l'eau de mes jambes pour remonter. Je commençais à en avoir ma claque, moi, des algues, des fleurs et des conneries aquatiques. J'avais fini par me demander si Blaise allait se décider à appeler. Pourtant, quand on en avait parlé, il semblait avoir compris.

Puis il avait fini par crier, comme convenu, qu'il avait trouvé les plantes. Je ne sais pas comment il a fait pour toutes les rassembler en un même endroit, mais poser la question aurait éveillé la méfiance d'Hermione, et ça, ça aurait été bête, parce que j'aurais parlementé pendant deux plombes pour rien.

Après avoir beaucoup réfléchi (car contrairement à ce que Potter pense, j'en suis capable) je m'étais décidé à aller voir Blaise. Après tout, c'était l'un de mes meilleurs amis, il saurait m'aider.

Car le matin même, Slughorn, débordant de fierté et de vanité mal contenues, nous avait révélé ce que l'on gagnait à rapporter les herbes qu'il voulait.

Zabini, malgré ses airs de crétin, n'en était pas un. Il était même plutôt doué.

- Et pourquoi tu veux la récompense ? Avait-il ricané lorsque je lui demandais son aide. Des projets en cours, Malefoy ?

- C'est un peu ça, ouais...

- Tu sais que si elle s'en rend compte, elle t'amochera bien comme il faut.

Zabini semblait soudain effrayé. Sans que je lui aie donné ses intentions, il les avait comprises.

- Tu prends des risques, tu le sais, ça ?

Oui, je le savais. Mais ça en valait la peine. Blaise avait fini par se laisser convaincre. Et ça avait diablement bien marché. La phase deux, par contre, ne dépendait que de moi.

Enfin, j'émergeai à l'air libre. D'un geste synchronisé, Granger et moi conjurons le sortilège qui nous emprisonnait la tête.

- Eh bien, eh bien, se dandina Slughorn. On a trouvé toutes les plantes ?

- Oui, dit Hermione avec un sourire triomphant.

- Vous êtes sûre ? Sinon vous êtes disqualifiée.

Je lui jetai un regard inquiet. Mon destin dépendait de ces herbes pourries. Quelle ironie.

- J'en suis sûre.

- Vous ne voulez pas vérifier ? Insista Slughorn.

- Non.

Le professeur émit un son entre le soupir et le meuglement. Je suis sûr que ce veau ne s'attendait à ce qu'on trouve toutes ses bricoles si vite. Vraiment, Zabini est un génie.

-Eh bien, eh bien, répéta Slughorn après avoir examiné une à une les babioles qu'on avait amenées, oui, le compte y est, je crois, dit-il d'un air où perçait un peu la déception.

Je ne pu retenir un sourire victorieux. Phase un accomplie !

-On tient nos gagnants, annonça Slughorn une fois que tout le monde fut remonté et à moitié séché. Venez, venez, dit-il en attirant Hermione et Malefoy près de lui. Voici vos récompenses !