Titre : La proie

Auteur : Rieval

Rating : R – SLASH.

Résumé : un chasseur après sa proie, l'idée semble simple mais encore faut-il savoir qui est le chasseur et qui est la proie.

Pairing : tadaaaaaa, surprise ! Vous n'avez qu'à lire.

Spoiler : début saison 2.

Disclaimer : si seulement, si seulement …

L'amour qui ne ravage pas, n'est pas l'amour.

Omar Kayyâm, poète et mathématicien persan, 1048-1122

oOo

Fic' écrite pour et dédicacée à Alphératz9 pour nous avoir montré le chemin du « y'apasquelemcshepdanslavie », merci mademoiselle !

oOo

Je cours. Je n'ai jamais cessé de courir.

Certains pourraient trouver cela curieux, ce besoin constant de courir, de ne jamais rester en place, ce désir de fuite. Ils ne peuvent pas comprendre ce que je suis, ils n'ont pas vécu ce que j'ai vécu.

Je cours et je sens leur regard sur moi, toujours. Un regard tantôt suspicieux, tantôt emplis de pitié. Je les comprends, ils sont différents, ici tout est différent, et pas seulement parce que nous sommes sur la Cité des Ancêtres, non, parce que ses occupants actuels ne sont pas d'ici : leur histoire est différente de la mienne, de celles des peuples de Pégase.

Pégase. Le nom qu'ils donnent à notre galaxie, une galaxie qu'avant de les connaître, je pensais être unique.

Pégase, le cheval ailé. Elisabeth Weir a pris le temps de m'expliquer un jour cette légende et pourquoi cette galaxie porte, pour les gens de la Terre, le nom de Pégase. Je n'ai pas eu le courage de lui dire que j'ignorais ce qu'était un cheval. Des étrangers dans un univers étrangers, voilà ce qu'ils sont, et c'est aussi ce que je suis sur Atlantis.

Mon monde n'est plus qu'un souvenir, un mauvais souvenir …

oOo

J'arrête de courir pour reprendre mon souffle et je l'aperçois.

Il est en train de discuter avec ce drôle de petit bonhomme, le docteur Zelenka.

C'est amusant cette diversité chez les terriens. L'accent du docteur Beckett n'a rien à voir avec celui du docteur Zelenka. Pays différents. Pays ? Aucune idée de ce que c'est. Teyla m'a dit que les terriens étaient divisés en différentes terres et que chacune avait son histoire, sa culture, sa langue. Des pays. Bizarre. Et puis, il y a cette étrange manière dont les hommes et les femmes sont, ou plutôt ne sont pas divisés. Sur ma planète, les hommes sont des guerriers, les femmes non. Simple. Sur terre, hommes et femmes choisissent leur destin, militaire, scientifique, politicien. Tellement étrange.

Je m'accroupis. De là où je suis, je surplombe le hangar à Jumpers. C'est Sheppard qui m'a emmené ici la première fois. Nous avons couru ensemble, enfin, j'ai couru et lui traînait derrière comme un vieil homme. Depuis, je viens ici régulièrement, en fait surtout depuis que j'ai découvert que ces passerelles traversaient tout Atlantis et que grâce à elles je pouvais l'observer.

oOo

Je cours depuis des années, depuis si longtemps que je pense parfois que j'ai passé ma vie entière à courir. Mais lorsque je le vois, je m'arrête, je ne peux pas m'en empêcher.

J'ai envie de lui, envie de le prendre, de le faire mien, de le marquer.

Pourtant, le sexe n'a jamais été pour moi une préoccupation particulière. J'ai eu des femmes, des hommes aussi, jeunes, âgés, beaux, laids, j'ai toujours eu ce que je voulais, qui je voulais. Sur ma planète les choses de l'amour sont … étaient simples : en tant que guerrier vous avez toujours le dernier mot et non, il n'y a jamais de viol, juste un don de soi, comme pour remercier ceux qui vous protègent au péril de leur vie. Et bien sûr, il y a aussi comme le dirait si subtilement Sheppard « le prestige de l'uniforme ».

Avoir une vie sexuelle lorsque vous essayez d'échapper aux wraith est un luxe dont vous apprenez rapidement à vous passer. Il ne vous reste que votre main pour vous satisfaire et les cris que vous poussez en pleine jouissance sont juste ceux d'une bête. Le sexe est devenu pour moi le moyen de relâcher la tension, notamment après avoir échappé à l'un de mes poursuivants, voir un geste de victoire. Il m'est arrivé de huiler ma main avec le sang du wraith que je venais d'abattre juste avant de saisir mon sexe. Sept ans que je ne sais plus ce que c'est que faire l'amour, jusqu'à ce que je le vois.

oOo

Cette première rencontre avec les terriens avait tout de mémorable. Le docteur Beckett avait de nouveau fait de moi un homme libre, Sheppard me proposait de faire de moi un homme utile, mais ce qui restera gravé dans mon esprit c'est cette figure orange se balançant au bout d'une corde.

Il essayait de saisir sa cheville, mais il y avait fort à parier que sa ceinture abdominale n'était pas des plus en forme vu qu'il arrivait à peine à toucher son pied. Il poussait des gémissements et des grognements et puis il a fini par m'apercevoir. Il était terrifié, je pouvais le lire dans ses yeux. Il faut dire que je venais de sortir mon couteau de chasse, pas le genre « couteau de cuisine » toujours selon Sheppard. Il était terrifié et j'étais sûr de ce qui allais se passer après. Il était pathétique et je l'aurais bien laissé là mais quelque chose me disait que mes nouveaux amis n'apprécieraient peut-être pas alors j'ai avancé vers lui. Et j'ai attendu. J'attends encore. Il aurait du crier, les hommes dans son genre ne savent pas faire grand-chose à part cela, hurler, pleurer, se plaindre. Mais là, rien. Il avait peur mais il ne criait pas. Il a même fini par regagner suffisamment de maîtrise pour me fixer dans les yeux et là, il a fait ce que je n'aurais jamais cru possible. Il m'a salué. Juste ça. Je me rappelle encore de ce qu'il m'a dit. « Hey, salut, euh, que diriez vous de me descendre de la, hu ? ». Et j'ai obéi. J'ai obéi, moi le Runner, le guerrier, j'ai obéi, sans réfléchir, juste comme ça. Parce qu'il n'a pas pleuré. Parce que j'étais intrigué.

La suite ? La suite est encore plus étrange. McKay est tout ce que je déteste chez un homme : arrogant, égoïste, gros et lent. Mais il est aussi tout ce que j'aime le plus chez un homme : courageux, intelligent, humain. C'est surtout cette humanité que j'aime.

Certains croient McKay faible, incapable de se protéger et plus encore de protéger les autres. Ils voient ses récriminations et multiples complaintes comme la preuve de cette faiblesse. Moi, j'appelle cela de l'humanité. Le faible est celui qui ne sait pas écouter son cœur et son esprit. Les guerriers qui ne savent rien faire d'autres que viser et tirer, pourfendre et détruire, voilà les faibles. Je le sais, j'en suis un. Je tue, je massacre à la demande. Je n'ai jamais peur, je n'ai ni chaud ni froid. Je ne suis plus un être humain depuis longtemps, bien avant les wraith. McKay est plus homme que je ne le serais jamais : il pleure, il gémit, il rit. Il est en vie, et moi, moi Ronon Dex de Sateda, je suis mort. Du moins, je l'étais. Je sais qu'avec lui je pourrais retrouver, je ne sais pas un souffle, un peu de cette humanité qui me fait défaut.

oOo

J'ai parlé de ce que je ressens à Sheppard. C'était au petit déjeuner. J'ai bien cru qu'il allait falloir faire venir le docteur Beckett. S'étouffer avec sa tasse de café aurait été une fin peu honorable pour le sauveur d'Atlantis. Sheppard a fini par se remettre et il m'a posé une question, une seule. Cette question n'était pas celle que j'attendais. J'ai cru comprendre que les relations entre partenaires du même sexe n'étaient pas très bien vues chez les terriens, surtout chez les militaires, sur Sateda, l'honneur de se donner à un guerrier est partagé par tous. Pourtant, il ne m'a fait aucune remarque sur le fait que je souhaitais un homme comme partenaire sexuel, non, il m'a juste demandé pourquoi lui, pourquoi McKay.

Je sais qu'ils sont tous persuadés que j'éprouve quelque chose pour Teyla. Ils ne comprennent pas. Teyla est comme moi, un guerrier. Un tueur. Comment pourrais-je m'éprendre de mon propre reflet ? Le simple fait qu'il s'agisse d'une femme et d'une Athosienne semble décider de la nature de notre relation. Les terriens sont si simplets dans leurs idées sur l'amour.

oOo

McKay et le petit bonhomme ont terminé leur discussion. McKay se lève. J'en fais autant. Je vais le suivre.

J'aimerais ne pas être moi, être … je ne sais pas, un fermier, un technicien, un anonyme. Ce serait plus facile mais je ne suis rien de tous ça, juste un guerrier, je ne sais pas être autre chose. Je ne sais pas courtiser, apprivoiser.

Alors je cours. Je n'ai jamais cessé de courir rien n'a changé sauf que tout a changé parce qu'aujourd'hui, je ne suis pas la proie mais le chasseur.

Un jour, oui, un jour, j'aurais Rodney McKay.

Un jour, je redeviendrais un homme grâce à lui.

Bon, là, je sais pas trop. Si vous voulez une suite pour ce petit RodDex (bah ouais ça sonne bien ça, non ?) avec pourquoi pas, un petit lémon, je me lance, sinon, bah « fin ».

Oh et sinon, petit sondage : ayant une ou deux fic en cours (comment ça plus qu'une ou deux ? Hey, vous connaissez le dicton, quand on aime …) et n'ayant pas du tout le temps de travailler sur toutes, je vous laisse choisir laquelle vous voulez que je bosse cette semaine.