Bonjour, bonsoir~ Je débarque avec ma deuxième fanfiction, cette fois sur la série Teen Wolf et j'espère que vous apprécierez. Bien entendu, je ne lâche pas la première sur Harry Potter puisque j'avance les chapitres sur Word. Vu que je n'ai pas grand chose à dire, je vous souhaite donc une bonne lecture.
Disclaimer : L'univers et les personnages de TW ne m'appartiennent pas, seuls mon Original Character et l'histoire le sont.
Chapitre Premier
Assise sur l'un des quelques sièges de la salle d'attente mise à ma disposition, je tapotais machinalement et de façon automatique l'écran de mon smartphone, envoyant des textos par-ci et par-là et naviguant avec entrain sur les réseaux sociaux. D'après ce que je pouvais voir et lire, les nouvelles étaient plutôt glorieuses, surtout en ce qui me concernait pour être plus précise : en effet, mon petit numéro avait fait le tour du réseau du bahut, relatant mon incroyable et inattendue scène de ménage, dont je pourrais vanter les mérites pendant encore au moins plusieurs semaines. Un sourire dessiné sur mes lèvres, je sortis de mon sac une bouteille de soda avant de l'ouvrir et d'en boire une grosse gorgée. Même après ce que je venais de faire, je continuais encore et toujours de recevoir des messages et des notifications, admiratifs pour la plupart, mais par contre haineux et menaçants pour le reste. Et franchement, ceux-là, je m'en fichais comme de ma première couche-culotte. Comme on dit, on ne peut pas plaire à tout le monde et l'essentiel, c'est d'être au moins content de plaire à certains. Mais en tout cas, je ne regrettais pour rien au monde l'acte horrible et violent que je venais de commettre il y a de ça maintenant deux heures. Cette garce l'avait mérité après tout. Moi, je n'me laissais pas faire, surtout pas devant une fille à papa comme elle.
Tandis que j'envoyais d'autres messages, la cloche du lycée retentit enfin, annonçant les douze coups de midi. Là, je jetai un rapide coup d'œil à l'horloge de la salle juste histoire de confirmer l'heure, avant de soupirer comme une machine à vapeur, comme je savais si bien le faire. Mon estomac commençait sérieusement à crier à l'agonie et mes jambes n'en pouvaient plus de rester en position tailleur sur la chaise en bois. Par-delà la vitre qui donne sur le couloir, j'aperçus des centaines d'élèves sortir de leur salle de cours et qui se dirigeaient soit vers la cafétéria-self pour manger sur place, soit vers les sorties pour déjeuner à l'extérieur. Les veinards, je les enviais de pouvoir se tirer pour pauser et casser la croûte. Je soupirai une nouvelle fois et lèvai mes fesses du support en bois plutôt design avant de faire les cents pas dans la petite pièce, mon téléphone toujours en main. Dans le petit espace adjacent à la salle d'attente, je vis la secrétaire du lycée - une femme rousse en surpoids et qui avait rempli ses quotas niveau binocles et robes démodées – m'observer d'un regard plein de jugement et de reproche. Détestant ces airs de vieilles mégères, je lui tirai la langue avant d'éclater d'un rire franc. Choquée, elle détourna lentement le regard vers l'écran de son ordinateur, après avoir hocher négativement la tête et marmonner une phrase inaudible depuis ma position.
Je reportai ainsi mon attention sur la porte juste à côté, qui donnait sur une pièce que je connaissais bien. P'tain, mais qu'est-ce qu'ils foutaient à l'intérieur du bureau ces trois-là ? Ils se pelotaient dans la joie et la bonne humeur ou quoi ? Si c'était ça, j'espérais qu'ils en finissent bientôt et qu'ils m'imposent en chœur leur punition à la con, que je puisse enfin rentrer chez moi, bouffer et dormir. J'avais trop faim et il me fallait un bon burger et des frites illico s'ils ne voulaient pas que je fasse un autre massacre. L'envie me pris même de prendre mon sac et de filer dehors, tellement je n'en pouvais plus. Mais, en voyant que je m'étais dangereusement rapprocher de la porte de sortie de la salle d'attente, la mégère m'interpella fortement.
« Je vous rappelle, mademoiselle Sigurd, que vous êtes interdite de sortie pendant le rendez-vous entre monsieur le Proviseur et vos parents. Je vous conseille donc de vous rasseoir et d'en attendre la fin. »
Elle haussa ses lunettes et me fixa, la voix intransigeante. Je reculai et me tournai de nouveau dans sa direction, avant de lui faire une horrible grimace en mimant mollement ses paroles.
« Ouais ouais, grognai-je. Décompresse la vieille, j'comptais pas sortir de toute façon. Mais dis-moi, tu ne pourrais pas m'apporter un truc à me mettre sous la dent ? J'ai vraiment les crocs. Tu serais un ange. »
Yep. Mes vieux étaient bien dans le bureau du Proviseur du lycée Lawton West High School, monsieur Carlton. Un rencard plus ou moins impromptu vu les circonstances, et qui m'avait valu d'être coincée ici souffrant d'une intense famine. Mais enfin, j'imaginai que ce que j'avais fait avait nécessité une convocation express, surtout que, avouons-le, je n'étais pas la victime de l'histoire selon les faits.
Bien évidemment, la mégère grincheuse ne me répond pas et vaque à ses occupations sur son ordi, en me surveillant toutefois du coin de l'œil. Je pariai qu'elle est en train de s'éclater sur un jeu de carte ou sur un démineur au lieu de faire ce pour quoi on la paye, c'est-à-dire faire la paperasse quotidienne. Sinon, on dirait que le room service, c'était trop demandé ici. Dommage : j'aurais pu l'apprécier juste pour ça.
Je remarchai tranquillement vers mon siège – tellement confortable que j'en avais mal au derrière – et me rassis, encore calme pour le moment. Je rapprochai mon sac bien customisé de moi et je vérifiai à l'intérieur si je n'avais pas des trucs à grignoter. Mais malheureusement pour moi, je ne trouvai qu'un morceau de pomme à l'air pourri et un bout de gâteau qui datait probablement des années 80 vu son allure. Merde… Et puis je n'avais plus non plus de cigarettes. Et voilà que le karma me faisait défaut. Là, la température de mon « happymètre » dégringola fortement et frôla dangereusement les moins un degré, ce qui était très mauvais signe pour mon humeur d'ogre.
Néanmoins, la sonnerie de mon téléphone, directement tirée d'un morceau des Red Hot Chilli Pepper, se mit à retentir et me fit un peu oublier mon malheur, l'espace d'un instant. J'esquissai un sourire en découvrant l'appelant et me levai avant de répondre. J'enlevai même un moment mon bonnet noir et passe une main dans ma crinière violette avant de répondre. Justement, c'était la première personne qu'il me tardait d'entendre aujourd'hui.
« Allô, Andréa' ?
- Kat ! M'écriai-je en me mettant en tournoyer dans la pièce, portable en main. Bordel ça me fait trop plaisir de t'entendre ! T'es où ? Qu'est-ce que tu fabriques ?
- Je suis au Burger King pas loin du bahut avec les potes. Et toi ? qu'est-ce que tu fais, on t'attend nous ! Se moqua gentiment la voix féminine à l'autre bout du fil.
- Pff, coincée devant le bureau du proviseur. Tu sais bien… c'est à propos de ce qui s'est produit ce matin. J'ai l'impression que je vais passer un sale quart d'heure. Comme d'hab' quoi. Mais je vous rejoins dès que c'est fini, promis !
- Ah oui, c't'histoire ! Oh là là, le pin que tu lui as mis à la Brittany ! Je crois même qu'elle a le nez cassé. Bref, tu fais notre fierté, giiiirl !
- Haha, merci. Comme ça cette idiote y réfléchira à deux fois avant de m'énerver. Ça m'a fait un bien fou.
- J'te comprends. Sinon, niveau sanction, tu as une idée de ce qui va t'arriver du coup ?
- Hm… franchement non, même si je penche plutôt pour le renvoi temporaire d'une ou deux semaines, à tout cassé. »
Pendant ce qui semblait être une bonne vingtaine de minutes, je continuais de discuter avec ma meilleure amie Katerine Park, dite « Kat' » pour les intimes. Une fille tomboy tout aussi folle que moi que j'ai connu dès mon arrivée dans ce lycée. C'est quelqu'un de chouette et j'adore être avec elle. On est comme les mousquetaires et les doigts d'une main… sauf qu'on est deux. Et bien sûr, notre passe-temps principal est de profiter de la vie et d'en élucider les mystères en faisant les quatre cents coups.
Et tandis que lui parlais tranquillement, j'entendis un bruit derrière moi. Surprise, je tournai la tête vers la porte du bureau de Mr. Carlton. Sur le seuil, celui-ci me fit signe de rentrer à l'intérieur et de couper mon téléphone au passage.
« Désolé Kat, je vais devoir te laisser, dis-je à ma vis-à-vis à l'autre bout du fil en jouant avec une de mes mèches de cheveux. Superman et mes parents m'attendent dans le bureau. Je te rappelle quand j'ai fini.
- Okay pas de problème. A plus tard. »
Sur ce, je raccrochai et rangeai mon portable dans la poche de mon short complètement « destroy » en prenant quand même soin de le mettre sur silencieux pour cette entrevue. J'étais peut-être violente mais je savais quand même quand il fallait – absolument – que je fasse preuve d'un minimum de respect, surtout lorsqu'il ne fallait pas envenimer les choses.
Je me dirigeai nonchalamment vers la chaise sur laquelle j'étais assise un peu plus tôt et je prends mon vieux sac à dos plein de graffitis et de badges en tout genre que je mets sur une épaule. Puis, je marche en direction du bureau.
En entrant, je tirai immédiatement une expression dégoûtée, avant de lâcher un léger « beurk » en voyant la décoration. Décidément, les goûts de Carlton laissaient toujours autant à désirer. Ça se voyait bien qu'il essayait de se donner un air de dirigeant de grande école réputée avec ses meubles antiques et ses statuettes en or factice. Mais là… c'était ridiculement moche.
En voyant mes parents assis devant le bureau, je détournai le regard d'un air « je-m'en-foutiste » et posa mon postérieur sur le troisième fauteuil libre, au milieu de mes deux piquets de parents. Peu de temps après moi, le proviseur pris place en face de nous. D'un air faussement désolé, il joignit ses mains sur le bureau et me regarda silencieusement. En ce qui concernait ma mère, elle avait l'air vraiment triste et préoccupée. Mon père, quant à lui, paraissait être dans le même état. C'est marrant mais je pressentais que cette fois-ci, je n'allais pas m'en tirer aussi facilement.
« Mademoiselle Andromeda Sigurd, commence le directeur d'un air on ne peut plus sérieux. Vous savez pourquoi vous êtes ici, n'est-ce pas ? »
Je fis mine de réfléchir en levant les yeux vers le plafond avant d'avoir un semblant d'illumination.
« Pour le thé et les biscuits ? Quelle chance, j'avais justement hyper faim !
- Andromeda ! Me reprit ma mère d'un ton extrêmement réprobateur.
- S'il te plaît Andréa', ajouta mon père. N'empire pas ta situation. »
Je ris encore une fois avant de me calmer quelques minutes après, sous les yeux honteux de mes parents. J'étais vraiment la seule que ça amusait cette histoire ? Il semblerait bien que oui vu le visage de mes compagnons.
Quand je cessai enfin de rire, je lançai une expression emplie de malice et d'insolence à monsieur Carlton. Ce-dernier secoua légèrement et négativement la tête, signe que je le désespérais sans doute profondément et qu'il ne pouvait plus rien faire pour moi. En le voyant comme ça, je lâchai un léger « tss' » avant d'enfin lui répondre.
« Oui, monsieur Carlton. Je sais pertinemment pourquoi je suis ici, face à vous et entourée de mes vieux, déclarai-je en plantant mes pupilles dans les siennes et plaçant un coude sur son bureau. Je suis ici parce que j'ai foutu une beigne a une garce imbue de sa personne qui m'a insulté et importuné sans raison valable, accompagnée en plus de ses trois esclaves personnelles qui la suivent partout. Elle a même osé me toucher et résultat… mon poing est allé lui dire bonjour de plus près. Et… je ne regrette pas le moins du monde ce qui je lui ai fait. Il était grand temps de mettre fin au règne de miss Brittany et de lui apprendre à descendre un peu de sa haute tour de vanité. »
Trop fière de mon petit récit, j'étirai un énième sourire et me reculai jusqu'à poser mon dos sur le dossier du fauteuil. Et encore, là, j'avais été d'une politesse exemplaire selon mes critères, et ce même malgré ma faim.
Brittany McKnight était l'ultime garce populaire de Lawton West High School. Une vraie petite peste riche, capricieuse, autoritaire et arrogante que Kat et moi on haïssait par-dessus tout et qui ne pouvait pas s'empêcher de traiter les autres plus bas que terre alors qu'elle avait déjà tout ce qu'elle voulait et dans la minute. Oui, ça la divertissait de jouer les princesses casse-burnes et d'ennuyer ceux qu'elle considérait comme n'étant pas à la hauteur, comme moi ou Katerine par exemple. C'était mon ennemie jurée en quelque sorte, même si tant qu'elle ne me harcelait pas, je ne la calculai pas le moins du monde. Mais là, aujourd'hui, elle avait sorti l'insulte de trop et la tarte était partie. P'tain, ça avait été tellement satisfaisant de la voir se prendre mon punch en pleine poire, tomber à la renverse et commencer à saigner du nez. Je lui aurais d'ailleurs asséner d'autres coups dans la face si des élèves et un surveillant n'avaient pas fait rempart. La princesse cheerleader s'était mise à chialer et avait filé tout raconter à ses parents friqués adorés. Haha, elle ne s'y était pas attendue à celle-là. Personne ne lui avait dit qu'il ne valait mieux pas me sortir de mes gongs ?
Alors que je ramenai ma main juste devant mon visage pour voir si mon vernis couleur aubergine tenait encore la route, j'entendis ma mère chuchoter un « oh mon dieu » et mon père murmurer un « ce n'est pas possible. ». Oh là là… dramatiser pour ce tout petit discours. Il ne fallait pas qu'ils en fassent toute une histoire non plus.
L'âgé proviseur se racla la gorge, quelque peu décontenancé par mes mots. Puis, il prit en main les quelques papiers qui avaient été déposé un peu plus tôt, relatant toute l'histoire selon divers témoins. Il les relut une fois de plus avant d'à nouveau se concentrer sur ma personne.
« Selon monsieur et madame McKnight, reprit Carlton, Brittany aurait effectivement le nez cassé. Mais heureusement, ils ne déplorent pas d'autres blessures et elle s'en remettra, d'après les médecins.
- Dommage, sifflai-je entre mes dents d'un air vachement déçue.
- Andromeda ! S'écria à nouveau ma mère d'une voix presque cassée. Encore une fois…Je… Nous… Nous sommes profondément désolés de cet incident monsieur Carlton. Comme nous vous l'avons expliqué un peu plus tôt…, notre fille est de nature plutôt sanguine ces derniers temps. Nous regrettons vraiment ce qu'il s'est passé.
- Je ne peux qu'être d'accord avec ma femme, appuya mon père en m'observant d'un air désolé. Ainsi, nous acceptons tout-à-fait votre sanction expéditive.
- Quoi ?! m'exclamai-je en me redressant soudainement, faisant virevolter mes yeux tour à tour sur ma mère, mon père et le proviseur. Une sanction expéditive ? Ça veut dire quoi ça ? Où est-ce que vous voulez en venir ? »
Un silence de mort régna dans le grand bureau, silence qui fut par la suite briser par un nouveau raclement de gorge de Carlton. Il lut rapidement un autre papier, avant de se recentrer sur moi. Prise au dépourvue, j'abordai une expression pleine d'incompréhension, pas du tout rassurée. Moi qui penchait un peu plus tôt pour le renvoi temporaire, je changeai de suite d'avis pour imaginer une sentence bien pire encore. Bon sang, qu'est-ce qu'on me réservait là ?
« Mademoiselle Sigurd, débuta le proviseur après s'être gratter la tête. Suite à des nombreux petits délits de votre part dans notre établissement tels que la dégradation des murs et de la cour avec de la peinture, une baignade dans la piscine olympique à une heure hors-limite, un chahut inimaginable dans la bibliothèque, le transport d'alcool dans son enceinte, des insultes et des gestes déplacés envers vos professeurs et camarades ainsi que… ce regretté acte de violence en l'encontre de la jeune Brittany McKnight… »
J'inspirai et expirai fortement, souhaitant entendre au plus vite ma punition « expéditive » comme il se plaisait si bien à le dire. Je m'accrochai littéralement au accoudoir de mon fauteuil, attendant le verdict, qui n'allait pas me plaire, j'en étais certaine.
« Je me vois dans le regret de vous renvoyer du lycée Lawton West High School. Pour être plus précis, suite à un accord mutuel avec vos parents ici présents, vous serez transférer dans un autre établissement scolaire. Vu qu'ils s'inquiètent encore et toujours pour votre avenir, pour votre bien, je ne relaterai aucun fait incriminant au proviseur de votre nouvel établissement. Vous avez d'ailleurs de la chance que les McKnight n'ai pas choisi de poursuivre tout cela devant la justice pour obtenir réparation. »
Là, mon sang ne fit qu'un tour. Folle de rage, je sautais d'un bond sur mes pieds et tapa du poing sur le bureau en acajou. Alors c'est comme ça que ça se passait ? Une fois de plus la bécasse s'en tirait et c'était moi qui en payait les pots cassé alors que c'était elle qui l'avait cherché. Pff, mais en même temps, ça ne m'étonnais même pas d'un côté. Ses parents étaient de riches représentants, qui n'hésitaient pas à faire des « dons » au lycée, de manière tout-à-fait « innocente ». Et là, je connaissais très bien la chanson.
« Pardon ?! Gueulai-je. Vous me renvoyez ?! C'est encore la blondasse qui s'en tire ?! Ah oui c'est vrai, excusez-moi ! J'oubliais que pour pouvoir continuer d'assurer votre petit confort, vous êtes prêts à baiser les pieds d'ses parents à la con ! C'est totalement injuste et injustifié !
- Calmes-toi Andréa', m'adressa mon père en me tenant le bras pour m'inciter à me rasseoir.
- Nan, je ne me calme pas ! Lui criai-je aussitôt en envoyant valser sa main. La fortunée gagne encore, hein ?! Pff, c'est vraiment n'importe quoi ! Bah tiens ! Vous savez quoi ?! Finalement, c'est cool : j'aurai plus à revoir sa sale gueule, ni la vôtre et celle de votre lycée espèce d'hypocrite ! »
Sans plus de cérémonie, je prends mon sac à dos et le met sur mon épaule avant de sortir prestement du bureau. Derrière-moi, j'entendis ma mère m'interpeller mais je ne daignai même pas me retourner, claquant la porte derrière moi. En repassant devant la salle d'attente, je manquai de renverser madame mégère en la bousculant, qui revenait tranquillement dans son petit bureau. Vu son visage après que j'ai quitté la salle, j'étais sûre qu'elle avait deviné sans le moindre mal ma punition.
Là, j'avais vraiment besoin d'une douche froide pour apaiser ma colère, ou plutôt d'un peu d'eau en plein visage afin de pouvoir penser correctement et encaisser la nouvelle. Tout en bousculant d'autres étudiants, j'avançai rapidement, mes jambes me guidant jusqu'aux toilettes des filles.
D'un geste violent, je sortis mon portable et envoyai tout aussi vite un sms à Katerine, pour l'informer de cette triste et révoltante nouvelle. Ensuite, j'allumai le robinet d'un des lavabos et en profitai pour me verser de l'eau sur le visage et sur les cheveux à l'aide de mes deux mains après avoir enlevé et jeter mon bonnet. Après cinq bonnes minutes d'arrosage intensif, je coupai l'eau et examinait mon reflet dans la glace d'une humeur complètement minée. Ma longue chevelure teinte d'une couleur violette, habituellement ondulée, était à présent lisse et imbibée d'eau. Mon eyeliner noir avait coulé de partout et une partie de mon fond de teint avait foutu le camp. Mon rouge à lèvres sombre, lui par contre, était toujours là. Le haut de mon débardeur aux imprimés militaires était lui aussi mouillé, et pareille pour le fil qui reliait mon pendentif dotée d'une pierre d'améthyste au fermoir. Heureusement, mon short et ma ceinture cloutée avaient été épargnés par la lavage, tant j'avais mis de l'eau partout par terre puisque mes Doc' Martens noirs s'étaient prises des gouttes. Et bien sûr, à cause de mes cheveux, ma peau hâlée ruisselait légèrement d'eau. Ouais, si on pouvait décrire mon style vestimentaire, beaucoup le définirait par les mots « bohémienne », « hipster » et « scene ».
Juste histoire de réfléchir un peu, je me laissai tomber en position assise devant l'une des portes de cabine, ramenant mes jambes contre moi. Bordel, ça m'énervait vraiment et ce n'était pas le simple fait que la conne est gagnée qui alimentait ma haine profonde. En fait, c'était surtout le fait de devoir être séparée de mon semblant de petit confort, de mes amis, de Kat et même de Los Angeles qui me chagrinait le plus. J'adorais cette fichue ville où on pouvait quasiment tout faire et s'éclater en permanence. J'aimais bien me savoir proche des stars d'Hollywood et tout le reste. Et voilà que maintenant…
« … Je perds tout à cause d'un coup de poing mérité. »
Je ne savais même pas où est-ce qu'on m'envoyait, dans quel patelin pommé j'allais vivre, dans quel nouveau lycée j'allais être. Rien que l'idée de penser à tout ça me saoulait en fait. J'allais devoir m'y reconstruire une vie sociale et tout ça, repartir sur de nouvelles bases et ça me fatiguait déjà. Sans parler du fait que je serai à mon avis loin de Kat' et des autres et que ce serait comme dans l'émission « Trip in the jungle » pour la revoir. Raah, je cogitais tellement que je commençai à avoir la migraine et à me sentir…curieusement mal.
Quelques minutes plus tard, je me décidai enfin à me relever malgré ma grosse migraine et remis mon sac et mon bonnet avant de prendre le large. J'en avais assez de l'ambiance des toilettes et je ne voulais pas qu'on me voie aussi déprimée. Une dernière fois, je m'auscultai dans le miroir et corrigea un peu mon maquillage, dans le but de ne rien laisser transparaître. Je mis ensuite mon casque audio sur les oreilles et activa mon Ipod avant de sortir. D'un pas lent, je marchai en direction du parking, où mes parents m'attendaient déjà à côté de la voiture familiale. A l'intérieur, je distinguai même ma grande sœur, qui avait dû terminer ses cours entre-temps. Mais alors que je voulais pousser la porte, je sentis une main sur mon épaule. Surprise, je tournai la tête mais mon visage s'éclaircit aussitôt en voyant de qui il s'agissait.
« Madame Morell, m'exclamai-je avec un sourire. Ça me fait plaisir de vous voir ! »
La femme à la peau mate et la chevelure noire se tenait debout devant moi, un léger sourire dessiner sur ses lèvres. S'il y avait bien une seule personne à part Katerine que j'appréciais beaucoup dans ce bahut, c'était bien elle : Marine Morell, mon professeur de français en option et psychologue à temps partiel au lycée Lawton West High School de L.A. La seule enseignante qui ne m'endormait pas pendant ses cours et qui n'hésitait jamais à me prêter une oreille attentive quand j'en avais besoin. Je la trouvai vraiment aimable et elle avait su me transmettre son intérêt pour la langue française. De plus, j'adorai parler d'occultisme et de paranormal avec elle vu que j'étais une véritable passionnée de ce genre de sujet.
« Andromeda…ou plutôt Andréa comme tu veux qu'on t'appelle, se corrigea-t-elle d'elle-même. Comment est-ce que tu vas ? J'ai appris la nouvelle au sujet de Brittany… et de ton renvoi. Comment est-ce que tu te sens ?
- Bof, ça peut aller, mentis-je en détournant le regard et en me grattant la tête. Je m'en remettrai… sans doute.
- Andréa… Je t'avais pourtant recommandé d'essayer de réprimer ta colère lorsque cette fille te provoque. Et puis je vois bien que tu es un peu chamboulé par tout ça.
- Je sais je sais. Mais elle a dit la chose qu'il ne fallait pas dire et elle m'a touché. Du coup, ma main est comme…partie en freestyle complet. Sur le moment, je ne m'étais même pas rendue compte que je l'avais cogné. Mais juste après, je me suis sentie bien et ravie en voyant le résultat.
- Tu ne t'en es pas… rendue compte, répéta doucement la professeure, pensive. Dans tous les cas, ne t'avais-je pas dit que la violence ne résout rien ? Tu viens de t'abaisser à son niveau et ce n'est pas une bonne chose… pas une bonne chose du tout.
- Oui oui, ça j'ai compris, râlai-je. Maintenant, je m'en rends bien compte vu que je suis exclue, et ce définitivement. Karma de malheur. Bref, dans tous les cas… vous allez me manquer Madame Morell, vous et vos cours de français si passionnants. »
Marine Morell s'approcha de moi et contre toute attente, m'enlaça tendrement avant de me serrer la main. On dirait que la perspective de ne plus me revoir l'attristait un peu elle aussi.
« Andréa, je te souhaite beaucoup de bonnes choses, notamment en ce qui concerne tes études. Dans mon cours, tu étais ma meilleure élève. D'ailleurs, je crois savoir qu'avant d'entrer au lycée, tu étais tout aussi douée dans les autres matières, voire même brillante si je puis dire. Tu avais même… un tout autre mode de vie sociale. C'est comme si… tu étais devenue une tout autre personne après ton arrivée à LWHS.
- Il faut croire que les gens changent, rétorquai-je gentiment en lui faisant un clin d'œil.
- … Si tu le dis, Andréa. Si tu le dis. »
Un coup de klaxon provenant de la voiture qui m'attendait retentit, ce qui voulait dire que je devais filer. Je fis un petit signe à mon père au volant pour lui dire que j'arrivai de suite mais je tournai une dernière fois vers mon professeur.
« Madame, je dois vous laisser. Promettez-moi de m'écrire, d'accord ? Je ferai de même. Vous avez toujours mon e-mail. J'espère vous revoir très bientôt, si on ne m'envoie pas étudier en Sibérie ou à l'autre bout de la planète. »
Je lui serrai de nouveau la main et courus presque vers la sortie du lycée, dévalant les petits escaliers pour enfin arriver sur le parking. Les adieux, je n'aimais pas ça et j'espérais vraiment revoir Madame Morell. D'un air mélancolique, j'ouvrai la portière arrière et montai à l'intérieur de la Toyota Yaris rouge, juste à côté de ma sœur. Une fois ma ceinture mise, le véhicule démarra.
« Oh crois-moi Andréa, nous nous reverrons très bientôt. »
... Hein ? C'était moi où je venais d'entendre une voix, celle de Madame Morell ? Curieuse, je retirai mon casque audio et posa mon regard sur l'entrée nord du LWHS tandis que la voiture roulait hors de parking. A travers la vitre, je pus voir que Madame Morell n'était plus là. Est-ce que je délirais maintenant ?
Finalement peu alerte, je haussai les épaules et retournai à ma musique. Et de même, au passage piéton du parking, je ne remarquai même pas l'homme grand, brun et malvoyant qui traversa devant nous à l'aide de sa canne pour se rendre dans l'enceinte de l'établissement.
Fin du Premier Chapitre~
