Prologue

La radio du bar chante Placebo. Les notes dansent, s'enlacent, et viennent se noyer au fond de mon verre, qui semble être perpétuellement rempli d'alcool. Mes pensées vagabondent dans un brouillard, désordonnées. La notion de réalité devient de plus en plus floue et incertaine...Si les autres me voyaient...

Mais peu importe désormais. Je suis seul, je suis ivre. Et dans ma tête résonne inlassablement cette même phrase douloureuse. Lancinante. « J'ai échoué ».

J'ai échoué. J'ai été incapable d'empêcher le Tueur de réaliser ses fantasmes démentiels, d'assouvir ses pulsions sadiques. J'ai toujours eu un temps de retard sur lui. Ces corps brisés qu'il laisse en signature ne cessent de me hanter. Simplement malchanceux d'avoir un jour croisé sa route – et la mienne. Ils en sont morts, de mon temps de retard.

Mathieu en perdait le sommeil et l'appétit. Il se défonçait au café pour tenir, mais je voyais bien ses cernes qui lui dévoraient la visage un peu plus chaque jour. Gydias était aveuglé par son désir de bien faire, sa loyauté sans bornes. Ginger enrageait en silence. Que font-ils en ce moment ? Je l'ignore.

Je les ai tellement déçus.

La honte me terrasse rien que d'y penser. J'ai fui. J'ai quitté le navire alors qu'il coulait. L'eau glacée me coupe le souffle, raidit mes muscles, m'étouffe. J'étouffe.Des fois, je me réveille en pleine nuit, haletant, avec la sensation encore vivace de lui, d'elle, à côté de moi, bien portants, quand on n'était pas encore détruits par la colère, le chagrin, par un moment d'inattention peut-être. Impossible de me rendormir ensuite, bien sûr.

Je vous demande pardon.

Je n'aurais pas du vous laisser errer seuls.

Lorsque nous nous sommes battus pour de bon – après des semaines et des semaines de poursuite – j'ai cru mourir. Son sourire narquois s'était effacé, il ne restait plus que la bête sauvage, criminelle ; il était fort et déterminé. Un bref instant, j'ai cru que tout était fini. Mais je lui ai rendu chacun de ses coups, deux fois. La vie s'accrochait à moi telle une sangsue...Même en ayant tout perdu, même désespéré comme je l'étais – et dieu sait que je l'étais – c'est en l'affrontant que j'ai compris à quel point je voulais vivre.

Putain, comme j'aurais voulu vivre.

Les journaux nous ont désigné, un jour où le Tueur avait encore frappé, du « Commissariat maudit de Tierceville ». Sur le moment, cela m'a mis en colère, atteint dans mon amour-propre. Puis j'ai fini par en rire. Aujourd'hui, je ne suis pas loin de penser qu'ils avaient en fait tout compris.

J'ai échoué, et ils sont morts. Je n'en suis même pas étonné : tout ce à quoi je touche meurt inexorablement. Le Tueur est ce qu'il est, je ne peux le nier ; des dizaines d'âmes tombées aux mains de ce...malade. Et puisqu'il semble n'éprouver aucun remords, ma conscience porte ce nombre pour deux, en épitaphe.

J'aurais pu empêcher ce bain de sang à temps. J'aurais dû. Et pourtant je n'ai rien fait.

Ils sont morts, mais comment pourrais-je l'en accabler ?


Hé oui. Nouvelle fanfic.

Unknown Movies ne m'appartient pas. Mathieu, GingerForce, Gydias, François, et même aucun des personnages qui apparaitront au cours de cette fic ne m'appartiennent d'ailleurs. Je ne fais que reprendre leur image publique et vouloir leur nuire serait le comble.

Rythme de publication irrégulier. Comme d'habitude en fait x) Bonne lecture !