Les Lycanthropes
Chapitre Un : La Morsure
Harry courait à perdre haleine. Il trébuchait sur chaque racine un temps soit peu épaisses. La lune perçait par quelques rayons timides au travers des fines feuilles vertes des grands arbres de cette forêt devenue hostile. Les loups-garous approchaient, Harry le sentait, l'entendait, le voyait. Les hurlements se faisaient plus proches et les bruits des pattes de ces sales bêtes écrasant le sol de plus en plus rapidement se rapprochaient aussi.
Harry sentait le sang battre dans ses tempes et son cœur cogner ses sons sourds de plus en plus vite. Ses oreilles bourdonnaient, ses poumons étaient en feu et ses pieds commençaient à lui faire très mal. Son souffle était saccadé et il avait du mal à respirer.
Alors il vit une de ces choses surgirent d'un amas de terre derrière lui. Ses dents brillaient aux éclats de la lune pleine, ses babines dégoulinaient de bave et ses yeux étaient exorbités, fou et d'un jaune malade. Il était assez fort d'une carrure énorme et il devait mesurer près de deux mètre. Ses pattes puissantes raclaient le sol avec une force inouïe et il lui arrivait de glisser par moment. Ses griffes blanches étaient aussi tranchantes que ses canines acérées.
Sa langue pendait au vent, on eu dit un loup enragé. Il réduisit l'écart entre lui et Harry de un ou deux bonds et, Harry ne prit même plus la peine de se retourner. Au fond de lui, il savait déjà comme cela se terminerait. D'autres loups dévalèrent le tas de terre, une douzaine peut-être, tous aussi déterminés que le loup-garou qui poursuivait Harry.
Tout se passa le temps d'un éclair mais Harry crut tout voir se passer au ralenti. Les dents du loup plongèrent avec violence mais avec facilité dans les chairs du bras gauche de Harry, déchirant la peau, brûlant les nerfs et coupant les veines qui déversèrent bientôt leur contenu. Harry cria de douleur, se prit le bras et tomba. Les loups s'arrêtèrent et forent une ronde autour de lui. Certains claquaient des dents dans l'air, menaçants, tandis que d'autres hurlaient à la lune.
Harry s'évanouit, mais eu tout juste le temps de les voir reprendre forme humaine. Il ne sut que plus tard que Remus ainsi que d'autres Aurors du Ministère vinrent le chercher en transplanant pour le transporter à l'hôpital Sainte-Mangouste. Harry était tellement usé, fatigué, qu'il avait perdu l'usage de ses pouvoirs, et tant de sang s'était échappé qu'il aurait dû mourir s'il avait moins de chance.
Plus tard, trop tard, il se dira que ce jour-là, il aurait peut-être mieux valu qu'il n'ait pas cette chance…
- Harry ! Harry !
Cette voix, humaine et tendre, semblait faire partie de la brume glacée qui envahissait l'esprit et le ventre de Harry.
Il n'arrivait pas à ouvrir les yeux et en conclu qu'il était peut-être en train de rêver. Mais non. Le contact avec une surface douce et chaude lui révéla qu'il était bel et bien réveillé.
Et le froid qui vint fouetter lentement ses yeux secs lui prouva qu'il avait les yeux ouverts. Mais qu'il n'y voyait rien. Soudain, une sensation très désagréable vint le tordre en deux. Il avait très mal. La douleur était insupportable et elle irradiait tout son corps trempé de sueur. Il n'arrivait pas à détecter l'endroit précis d'où provenait ce mal.
Il se rendormit et lui sembla-t-il, ferma les paupières.
Lorsqu'il reprit connaissance plus tard, la douleur avait fait place à un manque très déplaisant : la faim. Il mourrait de faim. On l'avait nourrit, pourtant, mais il avait toujours faim. Alors un flash lui traversa l'esprit. Un flash rouge. Il lui fallait du sang. Beaucoup de sang.
Il se leva et se rendit compte que cette fois-ci, en ouvrant les yeux, il voyait parfaitement, et sans lunettes. Sa vue était très étrange. Il avait l'impression de voir la chambre d'hôpital dans laquelle il se trouvait, toutes les couleurs inversées.
Il se rendit compte alors que c'était la nuit. Mais il voyait réellement les murs en blancs, les éclats de la lune en noirs. La lune… Il ne pensait plus qu'à cet astre insolite…
Il la regarda durant des heures, obnubilé par sa force presque ronde, sa lumière que sa vision nouvelle rendait noire et d'autant plus belle. Il sourit. Une goutte de sang vint tacher sa couverture blanche.
Il s'était blessé à la lèvre. Comment ? Il se toucha les lèvres et arriva à des dents anormalement longues et pointues. C'était comme cela qu'il s'était tranché la lèvre.
Il se surprit à lécher avidement le sang qui coulait. Pris d'une pensée soudaine, il sorti de sa chambre. Non pas par la porte, mais par la fenêtre.
Il sauta, ou en tout cas, son corps sauta. Il tomba sans un bruit, agilement, sur les pavés mouillés de la rue déserte d'où il se trouvait maintenant. Et c'est en chemise et en pantalon blanc fournis par l'hôpital qu'il parcouru diverses rues, sans quitter la lune des yeux.
Un cris suraigu vrilla le ciel, suivi de plusieurs autres, lointains. Il en entendit soudain un autre, très proche. Cela réveilla en lui d'atroces souvenirs. Les loups. C'étaient eux, et ils avaient retrouvé sa trace.
Sans se retourner, il courra, et entendit très, très proche, le souffle, pareille à ceux de l'autre nuit. Alors il accéléra. Il courrait très vite, et ne le savait même pas. Les rues et routes défilaient.
Ils ne sait combien de temps il avait couru, mais jamais il ne s'était retourné. Il se tourna une fois, une seule fois. Il n'y avait personne. Absolument personne. Il tenta de crier, mais aucun son ne voulait apparemment sortir de sa bouche. Un loup hurla à la lune tout près.
Alors il transplana, avec les dernières forces qui l'habitait et se retrouva dans le seul endroit où il se sentait encore chez lui.
Il descendit la route qui quitte la forêt derrière le Terrier et arriva dans le jardin près du potager, le long de l'étang, qui donnait reflétait l'image, toujours noie pour Harry, de la lune.
Une ombre se dressait de l'autre côté du petit étang. Remus semblait avoir attendu Harry pendant toute la nuit. Il était, si cela est encore possible, encore plus gris, blessé et fatigué qu'avant. Mais il lui souriait.
Harry se précipita vers Remus, il n'arrivait pas à reprendre son souffle. Il suffoquait et avait très chaud.
- Remus , haletait-il, Remus, oh Remus , Ils m'ont retrouvés !
- Tu en es sûr, Harry ?
- Oui ! Ils m'ont suivis à Londres, à l'hôpital, je les ai entendus ! Ils étaient là !
- Non Harry, dit Remus en le menant vers l'eau qui miroitait. Regarde, le reflet…
Horrifié, Harry recula et perdit tous ses sens et le contrôle de lui-même. Son instinct lui dictait ce qu'il devait faire et son esprit était endormi.
Il voyait une grande silhouette musclée et poilue avec de grandes dents acérées qui le regardait, plus incrédule que menaçant.
- Ah ! Non, tu vois, y en a un !
Remus le regardant, un sourire désolé flottant le long de ses lèvres.
- Non, Harry… Tu le vois bien… C'est toi…
A suivre :
Chapitre Deux : La Lune
