Harry Potter et les Enfants des Dieux
Prologue
Par une nuit sans lune, quelque part dans des montagnes, un fort vent soufflait sur un château à l'aspect inquiétant. Ce lieu était entouré par une épaisse forêt et des ravins. Une rivière silencieuse s'écoulait lentement. Différents animaux hurlaient souvent. Le château était difficilement visible et accessible. Il n'y avait pas de ponts pour l'atteindre. Vu du ciel, il semblait boucher l'encastrement d'une ancienne cascade. Et pourtant quelques lumières, disparates, illuminaient certaines fenêtres. A l'une d'elles, un jeune homme se tenait droit et fixait cet environnement inhospitalier.
C'était un jeune homme avec des yeux verts, une couleur de cheveux mordorés et une carrure imposante. Il était vêtu d'une robe qui lui tombait jusqu'aux pieds. Il tenait dans sa main droite un morceau de bois qu'il semblait affectionner tout particulièrement. Regardant par la fenêtre, ses yeux montraient l'intense concentration de ses pensées. Il songeait aux mille dernières années écoulées. Cela faisait mille an qu'il était mort officiellement. Il avait accompli de grandes choses, et plus particulièrement la création de l'école de sorcellerie de Poudlard. Ce jeune homme était effectivement un sorcier, l'un des fondateurs de Poudlard, la célèbre école de magie d'Angleterre. Son école avait survécu, et il en était fier. De puissants sorciers en étaient sortis, même s'il se désolait que certains aient choisi la voie des ténèbres. Cette école avait réalisé son rêve de voir que tous les sorciers, quelques soient leurs origines, soient admis dans cette école. Cependant il regrettait de n'avoir pas pu lui-même participer à l'évolution de son école. Effectivement il n'avait pas de descendants. Et là, il était revenu miraculeusement la vie il y a de ça soixante ans. Il avait été éduqué par les Enfants des Dieux, puis endormi à l'âge de dix-huit ans. Il n'avait été tiré de son sommeil que depuis deux ans. Personne ne lui avait caché qu'il était en réalité un clone d'un des quatre fondateurs de Poudlard. La seule chose qu'il ne comprenait pas, c'était pourquoi l'organisation avait besoin de lui, ou plutôt de sa puissance magique. Même son professeur n'avait pas répondu à cette interrogation. Malgré le fait que son professeur lui ait expliqué que les Enfants des Dieux voulaient créer un monde où les moldus et les sorciers pourraient vivre ensemble, il ne comprenait pas pourquoi ils avaient besoin de sa puissance. De même qu'il ne comprenait pas pourquoi ils avaient soutenu Voldemort. Ce mage noir avait une telle haine des moldus. Il se rappelait comment lui-même, à l'époque de ce qu'il connaissait de sa vie, il avait soutenu le fait que les enfants moldus ayant des capacités magiques soient accueillis dans la monde de la magie. La magie était un prolongement de la variété de la nature, et elle pouvait apparaître sous différentes formes. Mais depuis quelques temps, il avait appris que la magie pouvait se transmettre dans les gênes. Cette révélation l'avait profondément troublé. A son sens, il trouvait dommage que la magie soit ainsi cataloguée suivant des règles scientifiques imaginées par les moldus. Et pourtant il devait admettre qu'il était admiratif devant les progrès des moldus. Et si la magie et les progrès moldus pouvaient coexister. C'est l'une des principales raisons qui l'ont poussé à rejoindre les Enfants des Dieux, cette possibilité que la magie et les découvertes moldus puissent fusionner. Ainsi un nouveau monde naîtrait où les sorciers n'auraient plus à se cacher. Ce rêve pouvait sembler une utopie, mais la possibilité, si infime soit-elle, que cela se réalise mettait de côté bien des doutes sur les véritables intentions du groupuscule mystique. Il ne se berçait pourtant pas d'illusions sur les motivations des Enfants des Dieux. Il était presque convaincu que ceux-ci voulaient régenter le monde suivant leur façon de voir. Mais pouvait-il s'y opposer ? Ils l'avaient fait revenir à la vie, et il avait vu les progrès du monde. Peut-être que le véritable espoir résidait en ce jeune homme qu'il avait vu à la fin Juin dans son ancienne école. Malgré les épreuves, il avait décelé en lui cette part d'innocence dû à une trop grande souffrance. Cet Harry Potter avait aussi une puissance magique qui l'avait fortement impressionné. Il était de loin beaucoup plus puissant que ce que lui-même avait été à son âge. Il avait une maturité et une expérience qui l' avaient saisi.
Le jeune sorcier fut interrompu dans ces pensées par l'arrivée d'une jeune femme brune qui semblait à peine à plus âgée que lui.
- Et bien Godric, tu me sembles bien songeur par une si belle nuit, dit la jeune femme.
- Ce n'est rien Diane, répondit évasivement le jeune sorcier. C'est juste ce paysage qui me rend un peu triste.
- Il ne sert à rien de me cacher tes pensées. Tu penses à ta rencontre avec ce jeune Harry Potter.
Godric Gryffondor esquissa un léger sourire.
- J'admets que cela est vrai. Ce jeune sorcier a fait une forte impression sur ma personne. Je me suis revu quand j'avais son âge.
- Tu vis encore dans le passé. Bien que ton temps ait été révolu, il te faut t'adapter à cette époque. Entre ta magie d'avant et celle de maintenant, il y a tout un monde.
- Et pourtant, quand j'analyse les derniers événements, je ne trouve pas que cela ait réellement changé. Les mêmes problèmes subsistent, et de nouvelles guerres sont apparues.
- Et c'est pour cette raison que nous voulons que ce jeune sorcier nous rejoigne. Il est un symbole d'espoir pour sa communauté magique. Il est le lien permettant de créer un pont entre le monde moldu et celui de la magie puisqu'il est un sang-mêlé. Il est l'aboutissement de ton rêve de fondateur.
- Peut-être, répondit dubitativement Godric. Mais je pense que nous ne devrions pas essayer de le contraindre à nous rejoindre. Sa puissance magique est phénoménale, et je ne vois pas pourquoi les Enfants des Dieux en auraient besoin si notre but est de créer un pont amical avec les moldus.
- Nous ne voulons pas sa puissance pour nous-mêmes, nous voulons lui apprendre à la canaliser pour éviter qu'elle n'effraie les moldus.
- Mais il me semble qu'il y a d'autres moyens. Ne m'as-tu pas dit que les différents ministres ou présidents moldus sont au courant de notre existence ?
- Si, bien sûr, mais ce sont des hommes avides de pouvoir qui chercheront par tous les moyens à nous détruire ou à nous contrôler au mieux de leurs intérêts. Pourquoi penses-tu que nous nous intéressons tant à leurs avancées technologiques ou scientifiques ? C'est pour tenter d'avoir une longueur d'avance. Mieux nous connaîtrons leur façon d'évoluer, mieux nous serons en mesure d'adapter un dialogue pacifique. Mais si un sorcier trop puissant apparaît, nous risquons de les effrayer. C'est pour cela qu'il est essentiel que le jeune Harry Potter nous rejoigne.
Godric Gryffondor avait l'impression de revivre pour la énième fois la même conversation. Bien que les arguments de Diane rejoignent un peu ses propres conclusions, il sentait dans ce discours quelque chose qui ne lui inspirait pas tout à fait confiance. Fixant intensément la jeune femme, il essaya de déterminer ce qu'elle lui cachait en vain. Diane était une jeune sorcière d'une vingtaine d'années. Elle avait des cheveux couleurs de nuit, un visage assez allongée et de magnifiques yeux bleu perçants. Elle avait la peau mate et était bien faite de sa personne. Elle était de taille moyenne mais paraissait plus grande que ce qu'elle en avait l'air. En sa présence, Godric se sentait toujours gêné car il avait l'impression qu'elle était toujours plus vieille que ce que suggérait son apparence. Il n'arrivait pas à comprendre cet étrange malaise, de même qu'il ne comprenait comment cette jeune sorcière pouvait autant l'attirer. Durant sa vie, il avait connu différentes aventures sentimentales, mais il ne s'était jamais attaché car il n'avait pas su trouvé la femme qui aurait pu le contenter pleinement. Et là, Diane répondait à cette attente. Non, il ne comprenait pas. Elle continuait à lui sourire, un sourire franc et confiant. Le sorcier préféra se retourner vers la fenêtre et continuer à observer le paysage. La jeune femme comprit que l'entretien était terminé et s'en alla silencieusement. Elle referma la porte derrière elle. Godric souffla légèrement. Ces conversations l'agaçaient au plus haut point. Il était avant tout un homme d'action et n'appréciait pas les choses cachées. Il songea aux sorciers qui avaient été capturés il y a maintenant une quinzaine de jours. Ceux-ci ne révèleraient pas grand-chose car ils souffraient d'un sortilège d'amnésie particulièrement virulent qui durait grâce à l'effet d'une drogue injectée dans leur sang. Cette drogue avait été mise au point par des savants moldus. Le sorcier en ignorait le fonctionnement mais les résultats étaient probants. Leur agent au Ministère de la Magie britannique leur avait confirmé que les sorciers capturés ne se souvenaient absolument pas de ce qui leur était arrivé depuis les deux dernières années. Ils avaient été soumis au Veritaserum dans le plus grand secret, mais rien n''en était ressorti. Le ministre, Kingsley Shacklebolt, ne comprenait pas comment cela se faisait. Il dut pourtant remettre à plus tard ces investigations car la reconstruction de la communauté magique lui demandait beaucoup de son temps. Préférant laisser de côté ces pensées, Godric décida de sortir de sa chambre pour se consacrer à un projet qui lui tenait particulièrement à cœur, se reforger une épée. Il avait décidé de laisser son ancienne épée à Poudlard, mais il sentait qu'il devait en reforger une nouvelle. Il descendit donc vers les sous-sols du château où une forge à l'ancienne avait été installée. Il voulait bénéficier des nouvelles avancées pour se forger une nouvelle arme. Il désirait aussi réaliser un vieux rêve qui lui tenait à cœur, fusionner sa baguette et son épée. A son ancienne époque, la chose avait été impossible. Il avait pourtant demandé l'aide des gobelins, mais ceux-ci s'était révoltés contre son projet car ils auraient été obligés de lui révéler leurs secrets de fabrication. Il forgeait lui-même son épée, comme la dernière connue. Cependant il n'arrivait pas à trouver le métal adéquat pour réussir. Il aurait dû quitter le château pour partir en quête du métal rare, mais il avait reçu des consignes émanant directement du Trio qui dirigeait les Enfants des Dieux. Il soupçonnait Diane d'en faire partie mais il n'avait aucune preuve. Personne à sa connaissance ne les avait jamais vus, et pourtant ils étaient une centaine de sorciers à vivre ici côtoyant aussi une vingtaine de moldus. La plupart des moldus étaient des scientifiques qui avaient pour eux toute une aile du château. Godric avait tenté de se lier avec eux, cependant il avait été rejeté car ces scientifiques étaient imbus de leur savoir, à l'image des gobelins. Ils étaient cependant servis par des elfes de maison qui étaient attachés à leurs personnes. Ils bénéficiaient d'une attention toute particulière. Le jeune homme n'avait jamais pu pénétrer dans cette aile qui leur était réservée. Il avait demandé à son elfe, Klodric, de se renseigner, mais celui-ci n'avait rien pu tirer des autres elfes. Il atteignit enfin sa forge.
La chaleur était étouffante et suffocante. Un feu magique alimentait la forge dont les braises ardentes flambaient. Godric adorait cette forge. Il était le seul sorcier à l'utiliser. Ses congénères trouvaient son idée absurde mais personne ne le lui disait ouvertement. Le sorcier avait remarqué leurs regards amusés mais il ne s'en offusquait pas. Cette forge était son lieu de silence et de paix, là où tous ses ennuis disparaissaient momentanément. Il se consacrait à son travail avec ardeur. Il n'était aidé dans sa tâche que par son fidèle elfe de maison. Il regarda la lame brûlante que son elfe faisait rougir avec attention. L'elfe la sortit pour la plonger dans un grand seau d'eau fraîche. De la vapeur s'échappa. Avec un sort de sa conception, l'elfe se mit à faire étinceler la lame et la tendit à son maître. Godric la prit et fendit l'air avec l'arme. Le métal ainsi forgé était éclatant. Le sorcier fit deux passes d'armes avant de jeter la lame au loin. Sur son visage était peinte sa déception.
- Maître, Klodric est désolé.
- Ce n'est pas ta faute, le rassura le sorcier. Dans cette époque, il est difficile de trouver de bons matériaux. Les moldus ont beaucoup usé les ressources de la Terre d'après ce que j'ai compris.
- Il est regrettable en effet que les non sorciers ne sachent pas entretenir leur Terre.
- Tu me sembles bien au courant, mon cher Klodric. Aurais-tu par hasard suivi des informations provenant du monde moldu ?
L'elfe se mit à devenir plus vert s'il était possible.
- Tu peux me répondre ne toute franchise. Je me doute que vous devez suivre parfois les informations via la télévision puisqu'une antenne de relais a été installée.
- Maître, n'en veuillez pas au pauvre Klodric. Il n'a fait que tomber par hasard sur cette merveilleuse invention des non sorciers.
Le sorcier se mit à rire fortement.
- Ne t'inquiète pas je ne dirais rien. Et si cela te dit, j'installerais l'une de ces inventions dans ma chambre. Je reconnais que moi-même cela me fascine. Leurs moyens de communication sont très ingénieux et font gagner beaucoup de temps. Pas besoin de hiboux ou autres intermédiaires magiques. Il faudra aussi que je pense à me procurer l'un de leurs téléphones portables, c'est assez sympathique, et puis aussi un ordinateur. Ce siècle est plus intéressant du point de vue moldu que de celui des sorciers.
Cette dernière phrase était plus une réflexion profonde pour lui-même que pour son elfe qui l'écoutait attentivement.
- Bon, remettons-nous au travail. Il faut que j'arrive à créer une épée digne de moi si je veux réussir mon projet.
- Et quel est-il maître ?
- C'est une surprise mon cher Klodric. Surtout si je dois un jour affronter cet Harry Potter. Il a une grande puissance en lui, et je ne suis pas encore de taille pour l'affronter.
- Mais maître, d'après ce que j'ai compris, il a réussi à vaincre le plus puisant mage noir de tous les temps.
- Je le sais. Mais s'il veut un jour vaincre les Enfants des Dieux, il lui faudra une autre sorte de puissance. Il a réussi à vaincre Voldemort en réunissant les artefacts de la Paix que nous avions laissés derrière nous après notre mort, mais pour vaincre les pères de ce groupuscule, il lui faudra une arme digne de ce nom.
- Mais vous venez de dire que vous vouliez forger une épée pour le vaincre.
- Je sais. Mais je veux que cette arme serve aussi pour les vaincre, ou du moins pour en sauver une personne, dit mystérieusement le jeune sorcier.
L'elfe de maison regarda son maître bizarrement, ne comprenant pas ces paroles énigmatiques. Godric sourit et se remit au travail. Il avait une parfaite idée de l'épée qu'il voulait forger. Mais pour réussir dans son projet, il devait s'échapper de sa cage dorée. Il lui faudrait sans tarder parler à Diane. Il devait en même temps en profiter pour confirmer ses soupçons.
