Comptines sous la lune


Disclaimer: L'univers appartient à JK Rowling, ainsi que les personnages que vous connaissez. Seuls les inconnus m'appartiennent.

Merci: A Angharrad qui a rêvé de la forêt, m'a corrigée il y a quatre ans. A Oceanna qui m'a relue, critiquée, et relue encore.

On n'oublie jamais les gens qu'on a rencontré. On a juste du mal à s'en souvenir (Le voyage de Chihiro – Hayao Miyazaki)


Prologue : Au Clair de la Lune

Il est des soirées d'été qui laissent présager l'automne. Le soleil couchant apporte une brise plus fraîche qu'à l'accoutumée, qui fait frissonner sous un chandail. La température ambiante devient moins étouffante. La tranquillité des bords de mer annonce la fin des vacances scolaires. Les ombres s'étirant deviennent plus menaçantes qu'elles ne l'avaient été jusque là. La rosée pointe le bout de son nez à la nuit tombée. Il est des soirées d'été qui laissent présager l'automne.

Sylvana Winblow aimait cette période. Elle aimait marcher seule sur la plage désertée et laisser ses pensées vagabonder. Elle aimait observer le ciel qui s'enflammait, le soleil qui jouait avec les nuages comme avec des prismes, laissant éclater la moindre nuance rosée ou orangée. Elle aimait sentir le vent soulever l'épaisse toison châtain qui lui servait de chevelure, lui caresser le visage, s'engouffrer sous sa longue jupe, lancer le sable à l'assaut de ses pieds nus. Elle aimait la fraîcheur du soir qui lui hérissait les poils dans un agréable frisson. Sylvana aimait cette période.

En cette fin août 1983, elle profitait pleinement de toutes ces sensations, plus encore que les années précédentes, car elle jouissait du plus long été de sa vie, celui qui clôturait sa vie d'écolière et entamait celle d'étudiante. Il s'agissait aussi de son dernier été dans la baie de Saint Margaret. Une fois septembre arrivé, elle s'envolait pour Londres, de nouvelles études et une collocation avec sa meilleure amie revenue de pension.

Ce paysage fabuleux lui manquerait : la falaise blanche, la forêt qui la surplombait et la mer à perte de vue avec, elle le savait, la France à une trentaine de kilomètres, terre des droits de l'homme et de l'amour courtois, que l'on pouvait apercevoir par temps clair. Ce cadre serait d'ailleurs la seule chose qui lui manquerait. A dix-huit ans, elle avait un farouche besoin d'indépendance, de quitter des parents aimants mais trop protecteurs. Et cette envie d'entreprendre des études loin de chez elle tenait plus de la fuite que de l'acte réfléchit et motivé par la qualité de l'enseignement fourni dans la capitale. Partager cette expérience avec Cassandre Bach était un atout supplémentaire.

Toute à ses joies futures et à sa communion présente avec l'univers, Sylvana ne se rendit pas compte du chemin qu'avaient pris ses pieds, et quand elle le réalisa, il était trop tard pour y faire quoi que ce soit. Elle se trouvait au milieu de cette forêt surplombant la falaise. Cet endroit avait mauvaise réputation et jamais elle n'y avait mis les pieds. Les anciens parlaient de fantômes, les plus jeunes d'exhibitionniste ou de violeur. Entre mythe et légende urbaine, personne ne s'en approchait. Maintenant qu'elle y était entrée, elle se devait de regagner la plage au plus vite. Mais plus elle cherchait un moyen de s'extirper de cet endroit, plus elle s'y enfonçait. La forêt devenait un labyrinthe, et Sylvana était persuadée que les arbres bougeaient après son passage.

Les derniers rayons du soleil ne traversèrent bientôt plus les plus hautes branches. Heureusement, la lune éclairait suffisamment le sentier qu'elle avait emprunté pour qu'elle puisse éviter les rochers et les ornières. Elle ne put dire combien de temps elle marcha, les pieds lacérés par les ronces, au milieu de hurlements de loups et de cris de chouettes. La marche, les arbres baignés par le clair de lune, le tracé linéaire du sentier, tout cela avait quelque chose d'hypnotique et peu à peu, elle plongea dans un état second. Quand elle aperçut le manoir, elle ne se demanda pas ce que faisait un manoir au milieu des bois. Elle s'y sentit irrésistiblement attiré. Elle gravit quelques marches et arriva sur le perron. La lourde porte en chêne s'ouvrit avant même qu'elle ait à la pousser. L'entrebâillement de cette porte était une invitation qu'elle ne pouvait refuser. Elle entra.

Elle fut réveillée par le chant des oiseaux. Couchée sur un lit de feuilles mortes, la tête posée sur une pierre, elle ouvrit les yeux. Elle se trouvait à l'orée du bois, non loin de la plage. Elle n'aurait su dire ce qu'elle faisait là. Les souvenirs revinrent par bribes : la lune, les loups, le manoir, et une image qui s'imposa à elle sans qu'elle puisse lui donner un sens : deux grands yeux dorés.


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