Dans un des quartiers les plus miteux de la ville, se trouvaient diverses maisons à l'aspect minable. Les humains en général, sont attirés par tout ce qui brille et ces pauvres habitations ne pouvaient donc captiver leurs regards. Pourtant, un homme se tenait entre deux maisons, les numéros onze et douze du Square Grimmaurd. Elles ne présentaient rien de plus que les autres, étaient tout aussi banales. L'homme les regardait malgré tout avec une lueur intéressée dans les yeux. Son visage était plutôt beau mais, recouvert de longues et fines cicatrices, effrayait quiconque le regardait. Il ne paraissait pas très âgé, mais des mèches de cheveux blancs le vieillissaient prématurément. Avec ses habits usés et rapiécés en divers endroits, il semblait pauvre et fatigué.
Sortant un bout de parchemin de sa poche, l'homme le lut à voix basse puis repensa à ce qu'il venait de lire. Aussitôt, une porte ainsi que des fenêtres apparurent devant lui. En quelques secondes, une nouvelle maison venait d'apparaitre sans que personne ne s'en aperçoive. L'homme aux vêtements raccommodés s'approcha de la porte, tourna la porte et ouvrit en grand la porte.
Il tira un long bout de sa poche et chuchota « Lumos ». Aussitôt, un petit faisceau de lumière jaillit de la baguette. L'homme scruta le hall dans lequel il se trouvait. Constatant qu'il n'y avait rien de menaçant, il s'avança dans le couloir, sans pour autant baisser sa baguette. Il se rendit dans le sous-sol, aménagé en cuisine. Une longue table entourée de chaises ainsi qu'une cheminée éteinte tenaient lieu de meubles. L'atmosphère de la salle était glaciale et malgré la légère lumière que produisait sa baguette, il ne remarqua pas la silhouette adossée contre le mur de pierre. Poussant un léger soupir, il s'assit sur une des chaises. Il était prêt à enfin se détendre quand, tout à coup, une douce voix se fit entendre.
« Bonsoir Rémus »
Le dit Rémus sursauta légèrement et brandit sa baguette dans la direction de la voix. Il écarquilla alors les yeux en reconnaissant les petits yeux malicieux et le magnifique visage en cœur de la jeune femme. Elle portait une petite jupe noire ainsi que des collants de la même couleur déchirés par endroits. Son débardeur et ses courts cheveux d'un rose criard rajoutaient un peu de couleur à sa tenue. Elle le regardait avec un petit sourire et ses yeux brillaient d'une lueur étrange. L'homme déglutit à sa vue mais se ressaisit très vite.
« Tonks ! Que fais-tu ici ? »
Nymphadora Tonks ne répondit pas tout de suite. Elle s'approcha de la cheminée et prononça « Incendio ». De longues flammes se mirent aussitôt à danser dans l'âtre. Elle contempla un moment le feu puis se tourna vers Rémus Lupin qui la contemplait toujours. Elle s'avança doucement vers lui, puis monta sur la table et s'assit en tailleur.
« Sirius m'a laissé la maison pour quelques jours pendant qu'il partait en mission pour Dumbledore. - Quoi ? Il est parti en mission ? Mais c'est pourtant lui qui m'a demandé de venir ici... »
Tonks le regarda avec un petit sourire puis se pencha vers lui et murmura : « Rémus... J'aime beaucoup ta naïveté. Tu n'avais donc pas remarqué ma petite écriture maladroite ? Oui, c'est moi qui t'ai envoyé cette lettre. C'est moi qui t'ai demandé de venir ici, seul, parce que j'avais des révélations à te faire. »
Elle fit une courte pause et lorsqu'elle reprit la parole, sa voix s'était fait beaucoup plus sensuelle.
« Et en effet, j'ai beaucoup d'aveux à te faire. »
Rémus la regarda comme s'il la voyait pour la première fois. D'un mouvement brusque, il repoussa sa chaise et se leva. Quand il parla, sa voix s'était faite sévère :
« Tonks! Tu ne comprends pas ou quoi ? Je te l'ai expliqué des centaines de fois. Je ne suis pas fait pour toi. Je... Je suis trop vieux pour toi, trop pauvre et bien trop dangereux ! Regardes-moi ! Je suis un loup-garou, un être immonde ! JE NE PEUX PAS T'AIMER, NYMPHADORA ! »
Il avait hurlé ces derniers mots et la regardait avec un mélange de colère et de tristesse dans les yeux. Tonks avait les larmes aux yeux. Elle s'était attendue à cette réaction et pourtant, les mots qu'il venait de prononcer lui firent l'effet d'un coup de couteau en plein cœur. Malgré tout, elle ne voulait pas paraître faible devant l'homme qu'elle aimait. Elle décida de refouler ses pleurs et essuya d'un air rageur les larmes traitresses qui avaient coulé de ses yeux. Lorsqu'elle répondit à Rémus, ce fut d'une voix basse mais déformée par la rage.
« Je croyais t'avoir dit de ne pas m'appeler Nymphadora. Mon nom est Tonks ! TONKS ! Tu t'obstines à penser que tu es trop vieux, ou trop pauvre... Tu te cherches des excuses. Tu pourrais en trouver de bien meilleures si tu le voulais vraiment. Mais je vois ce regard que tu poses sur moi quand tu penses que je ne te vois pas. Il est brulant. Fiévreux. Je ne sais pas pourquoi tu continues à faire semblant de ne rien ressentir... Serait-ce trop dur pour toi, Rémus Lupin, de succomber à tes désirs et de penser d'abord à toi ? Tu n'es un loup-garou que parce qu'IL t'a mordu. Mais tu es avant tout Rémus Lupin. Un homme bien. Quand vas-tu te décider à comprendre ? »
Tandis qu'elle parlait, elle s'avançait doucement vers le loup-garou, qui reculait. Soudain, ses jambes rencontrèrent la chaise contre le mur et il fut obligé de s'assoier. Il ouvrit la bouche pour répondre à Tonks mais celle-ci ne lui en laissa pas le temps. A l'aide de sa baguette, elle dessina en l'air un symbole étrange. Aussitôt, une corde apparut et s'enroula autour du torse de Lupin pour l'attacher à la chaise. Elle fit un deuxième mouvement gracieux du mouvement et un bandeau noir se posa sur les yeux du lycanthrope. Tonks se pencha vers lui et murmura à son oreille :
« J'en ai assez que tu dérobes, Rémus Lupin. Nous allons donc jouer à un petit jeu, toi et moi... »
Rémus ne put s'empêcher de frissonner. Le souffle de la jeune femme contre son oreille lui faisait l'effet d'une douce caresse. Sa voix était si suave, si sensuelle... Il ouvrit la bouche pour parler mais il sentit aussitôt un doigt fin sur ses lèvres.
« Chut. Ne parle pas. Je ne veux pas t'entendre. Pour l'instant, tu te laisses faire. Tu te laisses uniquement guider par ce que tu ressens. Je vais te détacher. Mais tu garderas ton bandeau car il est essentiel pour le petit jeu auquel nous allons jouer. »
Elle détacha les cordes qui le retenait. Mais Rémus ne pensa même pas à s'enfuir. Son instinct lui soufflait de rester assis sur cette chaise, et attendre pour voir ce que la jeune femme allait faire. Ne pouvant plus se fier à sa vue, il sentit ses autres sens se développer. Ainsi, en tendant l'oreille, il entendit le pas léger de Tonks qui s'éloignait. Quelques minutes plus tard, elle revint vers lui. Elle se pencha vers lui et son léger souffle frôla sa joue. Il frissonna à nouveau tandis qu'elle lui chuchotait à l'oreille :
« Je veux que tu ouvres la bouche, que tu sentes ce qui va te toucher le palais, et que tu me dises ce que c'est. Chaque fois que tu me donneras un réponse correcte, tu auras droit à une récompense. D'accord ? »
Rémus hocha doucement la tête et ouvrit la bouche, un peu inquiet. Elle posa sur sa langue un petit aliment rond. Il avait un goût fruité et agréablement sucré. L'homme entreprit de le savourer avant de répondre :
« Raisin »
Elle posa délicatement sa petite main sur sa joue et la caressa tendrement. Il gémit doucement au contact de sa peau contre la sienne. Elle lui glissa à nouveau quelque chose dans la bouche. Cette fois-ci, le goût était totalement différent. Plutôt salé mais extrêmement moelleux, il fondit sur sa bouche. Il s'écria presque :
« Fromage »
Cette fois-ci, il sentit les lèvres de la jeune femme contre sa joue droite. Ses lèvres si douces et si chaudes l'effleurèrent et il sentit sa peau devenir brulante à l'endroit où elle l'avait embrassé.
La jeune femme glissa dans sa bouche un petit objet rond. Il sentit un goût sucré mais légèrement acide. Cet aliment était plus difficile à trouver mais il tenta : « Carotte »
Il faillit sursauter quand il sentit les dents de la jeune femme mordiller doucement son lobe d'oreille. Elle chuchota à nouveau. « Bravo, mon petit lapin. Allez, dernier test. »
Lorsqu'elle posa le dernier aliment sur sa langue, des milliers de sensations montèrent à son cerveau. Ce goût sucré, si enivrant et voluptueux... Il croqua le petit morceau et le savoura, laissant la douce saveur fondre dans sa bouche. Enfin, d'une voix un peu tremblante, il murmura : « Chocolat... »
Les lèvres de la jeune femme aux cheveux roses se posèrent alors sur les siennes. Elles avaient un léger goût de menthe, qui se mélangea au chocolat qui restait dans sa bouche. Ces saveurs mélangées étaient encore meilleures que le goût du chocolat pour Lupin. Un grognement rauque s'échappa de sa gorge.
Il sentit l'animal qui était en lui prendre le dessus. Il voulut crier à Tonks de s'échapper, de courir loin, très loin de lui. Au lieu de ça, il plaqua la belle jeune femme contre le mur. Il la regarda d'un regard brulant de désir et posa ses lèvres brulantes sur les siennes...
