SPOILERS : 4x23, "Always". Ceux qui attendent de voir la version française et qui ont réussi, par je ne sais quel miracle, à échapper à toutes les fuites de la saison 4 et du début de la saison 5, passez votre chemin et ne lisez pas la suite!
Bon, ben voilà.
Rien de bien original là-dedans, le concept a été traité des centaines de fois.
Mais je n'ai pas pu m'empêcher de coucher sur papier, moi aussi, MA version du morning after...! En attendant celle de notre vénéré Marlowe dans quelques semaines, bien sûr!
De la romance, un brin d'humour... Ma première fic Castle est sous le signe de Gentil Bisounours! Mais qui imagine autre chose pour leur premier matin ?!
Rien de l'univers Castle ne m'appartient... Même pas Richard.
Un léger pli vint froncer ses sourcils.
Etait-ce dû au frémissement pailleté du soleil, filtrant à travers les rideaux pour venir frôler les courbes de son visage, ou à cette étrange et diffuse sensation de nouveauté qui s'insinuait délicieusement en elle ?
Encore engluée dans les limbes du sommeil, Kate Beckett s'interdit d'ouvrir trop rapidement les yeux. Son corps enfin reposé lui murmurait de savourer l'instant présent. Sans bouger, elle se prélassa un moment, goûtant la douce chaleur des draps qui caressaient agréablement sa peau. Elle ne chercha pas à fuir le rai de lumière qui venait amoureusement réchauffer sa joue, son cou et le sommet de son épaule. Au contraire. Elle se laissa envahir par ce bien-être qui emplissait la chambre, et qui enveloppait son corps et son âme tout à la fois. A cet instant, elle n'était plus qu'une victime consentante.
Cette idée fit ressurgir, par vagues, quelques flashes de la nuit précédente. Un sourire ténu effleura ses lèvres lorsqu'elle sentit les papillons que ces souvenirs faisaient immanquablement naître dans sa poitrine. Elle avait touché du doigt ce que pouvait être la quiétude absolue. L'apaisement complet de soi. Et elle le touchait peut-être encore. Car elle sentait confusément que quelque chose avait à jamais changé : elle avait fait la paix avec elle-même. Et cela n'avait pas de prix.
Son sourire s'élargit de lui-même au moment où des effluves de café chaud vinrent lui chatouiller les narines.
Ne pas briser le rêve trop vite.
Se laisser du temps.
Le temps de mesurer sa chance.
Le temps de profiter de cette enivrante sérénité.
De se laisser séduire, une fois encore, par tout ce qui s'était subitement engouffré dans sa vie.
De succomber à tout ce qui était lui.
De se noyer en lui.
Lui qui avait répondu présent quand elle avait — enfin — décidé de franchir la ligne.
Qui l'avait fait se sentir plus qu'elle-même le temps d'une nuit.
Qui l'avait réconciliée avec ses démons intérieurs.
Peu importe ce qui arriverait désormais. Elle avait une certitude, celle de lui être éternellement redevable de ce qu'il lui avait offert cette nuit.
Elle prit alors une lente et profonde inspiration, comme si elle émergeait d'une longue léthargie.
Puis elle ouvrit les yeux. Et constata la place vide à ses côtés. Mais la chaleur de son compagnon y subsistait encore, ténue, et les draps froissés lui tirèrent un profond soupir de contentement.
Elle reprit peu à peu pied dans la réalité. Sa réalité.
Elle autorisa son regard à balayer le coin de la pièce qui s'offrait à elle, allongée sur le côté, et qu'elle n'avait pas eu le loisir de découvrir jusque là. L'ensemble était chaleureux, meublé et décoré avec goût, sans ostentation. A l'image, finalement, de ce qu'était vraiment Richard Castle : un homme appréciant les choses de qualité, mais aussi quelqu'un de simple, et discret. Une petite étagère accueillait des dizaines de livres — probablement ses préférés, et elle se jura d'y jeter un œil — ainsi que divers objets et bibelots dépareillés ; un sofa confortable sur lequel un plaid semblait négligemment jeté trônait à côté ; et, flanquées de chaque côté du grand lit, deux tables de chevet où régnait un joyeux désordre. Manifestement, il se servait des deux ! Sur la plus proche était posé un cadre abritant une photographie d'Alexis et de son père. Kate l'examina un long moment. Elle datait de quelques années, quatre, peut-être cinq ans : la jeune fille présentait un visage plus rond et juvénile qu'aujourd'hui, et Castle ressemblait davantage à l'homme qu'elle avait rencontré pour la première fois à cette soirée de lancement du dernier roman de Derrick Storm. Il enserrait sa fille par derrière, le visage presque au niveau du sien. Ils partageaient le même sourire franc et éclatant, les mêmes yeux pétillants, les mêmes joues rosies par le froid. C'était là que résidait le caractère inhabituel de l'image : elle n'avait rien des clichés ensoleillés et retouchés pour lesquels le sujet aurait posé longuement — comme il devait en posséder à la pelle — mais elle respirait la spontanéité et le quotidien de vacances aux sports d'hiver. Alexis arborait un cache-oreilles rose bonbon et une étole assortie sur laquelle s'étalait sa chevelure de feu, et son père avait modestement revêtu un épais chandail écru, de ceux que l'on peut attraper au vol dans le placard de la maison familiale au moment de sortir, et sur le devant duquel se dessinaient néanmoins d'élégants motifs noirs. Il avait noué une grosse écharpe autour de son cou, et s'était affublé d'un drôle de bonnet à pompon. Derrière la décontraction apparente que trahissait une barbe de deux jours, Kate reconnut l'homme de goût qu'il était : même dans une situation aussi anodine, il avait trouvé le moyen de choisir des accessoires noirs, pour rappeler discrètement les arabesques de son pull.
Elle sourit tendrement devant ce mélange d'enfantillage et de séduction qui le définissait. Comment avait-elle pu offrir tant de résistance, et pendant si longtemps ? Kate se perdait dans la contemplation du cliché. Il était clair qu'il tenait à Alexis plus qu'à la prunelle de ses yeux. Elle devait avouer qu'elle ressentait également une forte sympathie à l'égard de la jeune fille, et, confusément, un besoin de la protéger à son tour. Après quatre années passées à côtoyer les Castle, elle se sentait presque comme un membre à part entière de cette famille insolite, qui l'avait si bien et si naturellement accueillie dans son univers.
Kate se retourna lentement sur le dos, fixa le plafond sans le voir. Il était temps de mettre le quotidien à l'épreuve.
C'était son premier matin.
Leur premier matin.
Elle considéra à peine l'horizon de la routine qui se profilerait un jour au loin, tout en s'attendrissant déjà devant cette hypothèse. Si la routine s'installait, cela prouverait que leur couple avait résisté au temps et qu'il était fait pour durer…
Elle s'étira avant de s'asseoir au bord du lit. Dans son mouvement, son sourire rêveur disparut soudain pour faire place à une grimace de douleur. Courbatures aux muscles adducteurs et aux triceps. Pas étonnant après l'exercice physique qu'elle avait fourni ces dernières heures… Le rouge lui monta aux joues sans même qu'elle s'en rende compte. Pourtant, ses entraînements réguliers en salle de sport auraient dû suffire à éviter cette situation !
A moins que… ce ne soit… ça.
Son violent corps à corps avec Maddox.
Plus rien de sensuel là-dedans. Mais de la brutalité pure. Vengeance et plaisir de frapper contre impuissance et perte de contrôle.
Une vague de panique se forma au plus profond de ses entrailles.
Mais elle refusa fermement de la laisser croître. Elle se passa des mains presque tremblantes sur le visage et expira longuement pour reprendre le dessus sur ses émotions. Sur elle-même.
Il serait largement temps, plus tard, d'y repenser. Elle en parlerait à Castle. Il l'écouterait. Il comprendrait. Il l'avait déjà comprise depuis longtemps, d'ailleurs.
« Comment suis-je supposée retrouver mes repères alors que des gens veulent ma mort ?
– En ne les laissant pas vous voler votre vie. »
Pour le moment, elle devait suivre son conseil. Elle devait réapprendre à vivre normalement. Une seule personne pouvait l'y aider. Et cette même personne était justement en train de préparer un petit-déjeuner dans la cuisine.
Elle se leva et se dirigea vers la salle de bains attenante, un peu apaisée. Elle le fut complètement lorsqu'elle remarqua que ses vêtements de la veille étaient soigneusement pliés sur un coin de meuble. Il avait même pris le temps de faire ça… Attentionné ? ou peut-être maniaque… Elle sourit intérieurement en constatant qu'elle était déjà en train de faire le procès de ses défauts, comme on le ferait d'un conjoint dont on partagerait la vie depuis un certain temps.
Enfilant rapidement son shorty en dentelle noire, elle rechigna à l'idée de remettre ses habits encore un peu humides du violent orage qu'elle avait affronté pour venir jusque chez lui.
Elle embrassa la pièce d'un regard et ne mit qu'un bref instant à se décider quand elle tomba sur la chemise brune que Castle avait portée — jusqu'à ce qu'elle l'aide à l'arracher dans un élan de désir. Avant de la passer, elle s'autorisa un geste d'adolescente amoureuse qui lui aurait habituellement fait lever les yeux au ciel d'agacement : elle enfouit son visage dans le tissu souple et incroyablement doux et inspira son parfum à lentes bouffées — non sans avoir vérifié qu'aucun intrus ne risquait de la surprendre dans ce coupable emportement.
Elle s'étourdit de longues secondes dans cette odeur masculine et les souvenirs persistants de son cou, de son torse contre lequel elle aimerait désormais se lover, ou de ses bras puissants dans lesquels elle pourrait maintenant trouver l'apaisement et le réconfort. Tout était si simple avec lui.
Le rythme cardiaque un peu plus rapide qu'à l'accoutumée, elle fit glisser ses bras sous le tissu soyeux avant de le boutonner et de retourner plusieurs fois les manches, bien trop longues. Elle daignait bien apparaître à ses yeux dans une tenue plus que légère et insolite, mais pas au point de se confondre avec un pingouin.
Elle expira résolument pour se donner du courage. Et, avec une démarche qui avait perdu l'assurance qu'elle dégageait naturellement, elle sortit de la chambre et traversa le salon.
En attendant le deuxième et dernier chapitre (dans quelques jours...!), soyez gentils : un petit clic, un petit pianotage, et hop, on laisse une review! Ca prend peu de temps, et ça fait plaisir!
