PROLOGUE

-Mais de quel droit tu fais ça, Quil Ateara ?

La question avait claquée, sèche, méprisante, et remplie d'impuissance.

Elle me haïssait.

Je le savais. Je le sentais au plus profond de mon être. Quelque part au fond de ma poitrine, mon cœur se brisa.

Encore une fois.

Et toujours avec la même intensité. Une douleur aiguée et sourde à la fois me rongeait de l'intérieur, comme un feu latent. Comme du poison.

« Elle me hait, elle me hait, elle me hait… »

Ces mots résonnaient dans ma tête comme une litanie, fracassant toute pensée cohérente sur leur passage.

-Claire, murmurai-je.

Je fermai les yeux, alors que tout mon corps me hurlais de tomber à terre, de me rouler en boule et de faire taire la douleur intolérable.

Faire taire la mienne, mais surtout la sienne.

Rien n'avait plus d'importance qu'elle.

-Claire, répétai-je doucement. Je fais ça parce que…

« Parce que je suis égoïste. Parce que je t'aime tellement. Parce que si tu pars, je pars. Et je ne peux pas partir. La tribu a besoin de moi. Ils ont besoin de nous tous. Si tu pars, Claire, si tu pars sans moi, je ne résisterais pas longtemps. Je le sais. On a déjà essayé une fois. Tu te souviens ? »

J'inspirai profondément et la regardai dans les yeux. Ses yeux noirs, pailletés d'argent, qui me fixaient avec une haine silencieuse.

-Il y a des chosent qui parfois nous dépassent, Claire, mais qu'on ne peut pas changer. C'est pour ça que tu ne peux pas t'en aller. Pas maintenant. Pas comme ça.

Elle me contempla, et ans son regard, l'impuissance se mua en incompréhension. Elle ne savait rien à notre sujet. Les loups garous n'étaient pour elle qu'une légende et les vampires, que des masques qu'on sortait pour Halloween.

Dans son monde, j'étais celui qui l'avait élevé depuis la mort de ses parents. J'étais celui avec qui elle avait passé des heures à jouer, à pleurer, à se confier. Aujourd'hui, j'étais celui qui l'empêchait de s'élancer en avant. Qui l'empêchais de vivre. J'étais celui qu'elle haïssait plus que tout à présent.

A cette pensée, un gémissement jaillit de ma poitrine.

Rauque.

Puissant.

Désespéré.

Claire ne l'entendit pas: elle était déjà loin.

Cette fiction, je l'ai commencée parce je trouve qu'il n'y en a pas assez sur les loups garous, encore moins sur Quil et Claire, parce que cette idée me trottait dans la tête depuis longtemps, parce qu'il est minuit, parce que je ne devrais pas le publier maintenant, ce chapitre, en sachant pertinemment que la suite ne sera pas pour tout de suite, parce qu'il y a un délicieux goût d'interdit dans cet écrit que je vous fais lire aujourd'hui…

Parce que j'aime écrire, tout simplement.

Morgane