Une nouvelle fiction que j'écris en parallèle de Sous Protection. Plein d'idées fleurissent dans ma tête donc peut être qu'une autre encore arrivera d'ici peu... J'espère qu'elle vous plaira...
Je cours… toujours plus vite… ne pas s'arrêter. Je fuis l'enfer dans lequel je vis, ou plutôt survis, depuis plus de trois ans. D'habitude je subis, en silence. J'attends qu'ils en aient fini avec moi et quand enfin il me laisse prostrée sur le planché, je vide toutes les larmes de mon corps, seule dans ma chambre. Ou ce qui me sert de chambre. Elle ne doit pas faire plus de 5m².
Je pleure mes parents, morts lorsque j'avais 6ans je pleure mon frère jumeau que l'on m'a arraché le jour de nos 11ans, après avoir vécu 5ans à l'orphelinat. Nous avions réussi à resté ensemble jusqu'à ce que la nouvelle directrice décide que l'on prenait trop de place et que s'il fallait nous séparer pour pouvoir se débarrasser de nous, alors elle n'hésiterait pas. J'ai donc étais dans trois familles d'accueil différentes pendant les trois années qui on suivit et je correspondais par lettre avec mon frère jusqu'à ce que j'atterrisse chez les Gigandet.
Nous étions des jumeaux très fusionnels et lorsque nous avons été séparés, j'ai ressenti comme si l'on m'avait arraché une partie de moi-même. Je n'ai plus parlé depuis ce jour et les Gigandet y ont trouvé une raison supplémentaire pour me faire du mal. Nous avons réussis à correspondre jusqu'à ce que je débarque dans mon enfer personnel même si je n'ai plus entendu sa voix.
Depuis, je ne vis plus. Les seuls moments où je me sens un peu mieux, sont lorsque j'arrive à m'échapper quelques heures par ma fenêtre, quand ils sont au travail ou au lycée. Parce que évidement, je n'ai pas pu retourner en cours depuis trois ans. Durant ces moments, je vais dessiner et jouer un peu de piano chez la vieille Maria à quelques kilomètres. J'ai toujours réussis à lui cacher ce qu'il se passait, ne venant pas lorsque mes bleus étaient trop visibles. Je ne pense pas qu'elle soit dupe et lorsqu'elle me questionnait, j'arrivais miraculeusement à ne plus arriver à communiquer.
C'est là que je me rends. Je ne sens plus mon corps. L'adrénaline due à la peur et le désespoir coule dans mes veines, ce qui inhibe la douleur qui je sais, reviendrait dès le moment où je m'arrêterais. C'est pourquoi je cours, encore et toujours. Je n'ai pas pris le temps de me chausser dans la précipitation et mais pieds doivent être en sang. J'évite de regarder de peur de ne pas tenir. Je dois également avoir plusieurs fractures, étant donné ce que j'ai subit pendant plus d'une heure. De plus, j'ai fuis par ma fenêtre du second étage, où se trouve ma chambre, et sous la douleur, j'ai glissé avant de toucher le sol. Cette fenêtre est toute petite. Un adulte ne pourrait pas passé mais je suis tellement maigre que ça ne m'a jamais posé de problèmes. Je ne me suis plus regardée dans un miroir depuis un long moment mais je dois être affreuse. La fracture mal réparée de mon genou qui date de l'année dernière commence à me faire souffrir et les autres douleurs se réveillent lorsque l'aperçois enfin la maison. Je pleure de soulagement et de douleur et m'effondre presque sur la porte. Il doit être 3h30 du matin et je dois frapper à plusieurs reprises avant que je n'entende du bruit à l'intérieur.
La porte s'ouvre enfin.
-Madre de dios ! Mi querida qu'est-il arrivé !
Je la suppliai du regard avant de m'effondrer dans l'entrée, accueillant à bras ouverts l'inconscience, le noir libérateur, la fin. La fin de mon enfer ou la fin de ma non vie je ne le sais pas. Une seule certitude, je mourrai si je devais retourner là bas.
