Disclamer : Les personnages de Numb3rs sont la propriété exclusive de Nicolas Falacci et Cheryl Heuton et je ne tire aucun bénéfice de leur mise en scène dans la présente histoire.
Attention: Bien que comportant une majorité de scènes tout public, j'ai opté pour le rating M car cette histoire comportera certaines scènes difficiles: violences, abus sur mineur de plus de quinze ans et un passage très explicite de relations sexuelles. Chacun des chapitres comportant ces scènes sera clairement identifié.
L'histoire est séparée en sept parties comportant un titre particulier, mais le chapitrage est continu à travers les sept parties.
Les commentaires sont les bienvenus.
PARTIE UN : L'INVITATION
Chapitre 1
« Salut ! C'est moi ! Vous êtes où ? »
Comme à son habitude, Don venait de franchir la porte en claironnant haut et fort son irruption, comme si sa présence risquait de passer inaperçue sans cette annonce.
Rien ne lui répondit. Sans doute Charlie était-il plongé dans l'une de ses équations interminables, quant à son père, qui pouvait savoir où il avait bien pu passer ? Don n'aurait jamais imaginé qu'on était si occupé à la retraite ! Demi-retraite, corrigea-t-il aussitôt, comme son père le faisait systématiquement lorsqu'on tenait ce type de propos devant lui. Même s'il pouvait se permettre le luxe de choisir les dossiers qui l'intéressaient, l'urbaniste était quand même très régulièrement sollicité pour donner son avis ou établir des plans d'aménagement d'espaces urbains. Si on ajoutait à ça ses cours de mécanique, son travail bénévole au centre des sans-abri et ses parties d'échecs interminables avec Larry, il était finalement tout aussi débordé par moment que lorsqu'il était en activité. Parfois Don se demandait si cette débauche d'occupations ne servait pas à combler le vide laissé par Margaret. Mais après tout, le principal, c'était que son père soit heureux : tant que sa santé n'en pâtissait pas, ses fils n'avaient rien à dire. Ils auraient d'ailleurs étaient bien mal venus de lui reprocher son manque de disponibilité ponctuel, dans la mesure où le leur était régulier, tous deux accaparés par leurs professions respectives.
Tandis que ces pensées lui traversaient l'esprit, Don consultait la pile d'enveloppes qui s'entassaient sur la table du salon. Parfois il pensait qu'il serait plus que temps qu'il fasse un changement d'adresse auprès du bureau de poste, de manière à recevoir son courrier chez lui, mais c'était tout de même plus simple comme ça. Finalement, il passait plus de temps ici que chez lui : il y prenait la plupart des repas qu'il ne prenait pas au bureau, et y dormait assez régulièrement. Sauf, bien sûr, lorsqu'il voulait un peu d'intimité avec Robin. Mais il ne se souvenait pas de la dernière fois où il avait pris un vrai repas chez lui. Pourtant, lorsque, quelques jours plus tôt, son père avait de nouveau abordé la possibilité qu'il revienne s'installer avec eux, il avait réitéré sa volonté d'avoir « sa petite sphère privée », indispensable à son équilibre. Et puis, il trouvait que la maison était déjà bien occupée avec Larry, vivant quasiment à demeure, et Amita qui, même si elle n'avait pas emménagé officiellement, ne passait guère de soirées ailleurs. Et justement, si son petit frère devait enfin vivre en couple, ce n'était pas le moment de débouler dans ses pattes ! Il tenait trop à son intimité pour aller forcer celle des autres.
Il passait en revue les enveloppes, mettant de côté celles qui lui étaient adressées. Il n'y en avait que quatre qu'il saisit. Puis il alla se chercher une bière dans la cuisine et revint s'installer dans le salon pour ouvrir son courier. Les deux premiers plis étaient des factures : loyer et électricité, la barbe ! Le troisième l'informait qu'il avait gagné un magnifique cadeau qu'il n'avait qu'à demander en envoyant simplement trois dollars pour les frais de port.
Un sourire désabusé vint fleurir sur ses lèvres à la lecture de la lettre : et dire qu'il y avait des gens assez naïfs pour se laisser prendre à ce type d'escroquerie ! Après tout, qu'est-ce que c'était que trois dollars pour la majorité des Américains ? Mais en multipliant cette somme par le nombre de correspondants à qui était adressé le même avis, on pouvait récolter une somme rondelette. Et il était bien placé pour savoir qu'en matière d'escroquerie, il y avait toujours des pigeons pour se laisser ligoter avec les ficelles les plus grosses. Il se contenta de rouler en boule la lettre et de la jeter dans la cheminée : même si, au plus profond de lui, son esprit d'équité aurait aimé qu'il puisse poursuivre les impudents qui pensaient pouvoir rouler dans la farine un agent du F.B.I., il savait que c'était peine perdue. D'une part, remonter la filière de ce type d'arnaque prenait un temps considérable, d'autre part ce n'était pas de la grande criminalité et le bureau avait bien assez à faire comme ça, et puis, de toute façon, pour un de ces escrocs arrêtés, il s'en trouvait dix pour reprendre le business le lendemain.
La quatrième lettre retint son attention. L'enveloppe portait le logo de son ancien lycée. Don eut un moment d'hésitation, comme si le fait d'ouvrir cette missive allait le replonger des années en arrière. Il sourit en se rendant compte qu'il avait exactement la même répugnance à la vue de l'oblitération de l'enveloppe, que lorsqu'arrivait son bulletin de notes où une lettre dont il savait qu'elle émanait du proviseur suite à la plainte d'un professeur envers lui. Combien de fois ce type d'envoi lui avait-il valu des entretiens orageux avec ses parents ? En tout cas, cette fois-ci, c'était à lui que la lettre était adressée, et puis il avait passé l'âge des incartades et des punitions qui s'ensuivaient. Il finit donc par décacheter l'enveloppe et se plongea dans la lecture du papier qui s'en échappa. Au fur et à mesure qu'il lisait, l'étonnement se peignait sur son visage.
Laissant là sa bière, il garda le papier à la main et se dirigea vers le garage où il était certain de retrouver Charlie.
Chapitre 2
- Salut Charlie !
Le mathématicien, profondément accaparé par sa ligne de calcul, sursauta violemment à l'interpellation de son frère. Celui-ci eut un petit sourire narquois à cette réaction qu'il attendait, ce n'était pas pour rien qu'il avait pris une voix de stentor pour saluer son petit frère.
- Bon sang Don ! Est-ce qu'une fois dans ta vie tu pourrais…
A la vue du visage de son frère, la colère de Charlie fondit comme neige au soleil et il sourit à son tour, comprenant la plaisanterie.
- En tout cas, je te préviens, si je ne parviens pas à retrouver le fil de mon raisonnement, tu t'y colles mon vieux !
La grimace horrifiée qui déforma alors le visage de son aîné le vengea largement : œil pour œil, dent pour dent !
- Papa n'est pas là ? interrogea Don.
- Non, je crois qu'il devait passer chez un architecte qui lui a demandé des plans pour une résidence de luxe qui se construirait vers Hollywood boulevard.
- Ho ho ! Notre cher père urbaniste des stars ! Diantre, quel honneur !
- Oui, bon, on n'en est pas encore là.
- En tout cas, j'étais en train de penser que pour quelqu'un à la retraite il était bien occupé, ça ne semble pas aller en s'arrangeant.
- Que veux-tu ? Papa déteste être inoccupé. Et comme il le dit lui-même, vu que ses deux fils sont toujours par monts et par vaux…
- De toute façon, tu le verrais, toi, cantonné à nous attendre pour nous servir de bons petits plats et prendre soin de notre linge ?
- Pas vraiment, c'est sûr. Par contre, si tu lui avais fait trois ou quatre petits enfants, il aurait largement de quoi s'occuper.
- Eh là ! Et pourquoi ce serait à moi de lui faire des petits-enfants ? Je te signale que tu es censé être tout aussi apte que moi sur ce plan. A moins, ajouta-t-il perfide, que l'abus de mathématiques ne provoque une altération des spermatozoïdes.
- Attention à ce que tu dis Don, parce que tout agent du F.B.I. que tu es, je pourrais bien t'en flanquer une !
- Tu pourrais toujours essayer oui. Quant à y arriver, c'est une autre paire de manche ! se moqua l'aîné.
- Je te signale que j'ai suivi un stage d'entraînement aux techniques de combat !
- Je te signale que je m'entraîne régulièrement aux techniques de combats et que, de plus, je les emploie aussi bien souvent, donc… Mais si tu y tiens, rendez-vous demain au gymnase du F.B.I. : on verra ce que tu vaux frangin.
- Demain, impossible, j'ai cours toute la journée, s'empressa de préciser Charlie.
- Tiens donc, je l'aurais juré ! ironisa son frère.
- Bon, trêve de plaisanterie. Qu'est-ce que tu fais-là à cette heure-ci ? Tu as un problème ?
- Ben non, pas de problème. Pourquoi ? Je ne suis le bienvenu ici que lorsque j'ai un problème ?
- Ne sois pas stupide ! Tu sais très bien que c'est chez toi ici. Non, je m'étonnais juste de te voir à…, il consulta rapidement sa montre, …ah oui, quand même !
- Dis donc, frangin ! On dirait que tu n'as pas levé les yeux de tes calculs depuis un moment. Ca fait combien de temps que tu es là ?
- J'avais l'impression que ça ne faisait pas plus d'une heure, mais visiblement le temps a passé beaucoup plus vite que prévu.
- Si je comprends bien, il n'y a rien de prêt pour le dîner puisque papa n'est pas là et que tu sembles avoir totalement oublié les basses contingences matérielles.
- Qu'est-ce que tu veux ? Quand ça vient, je ne peux pas m'arrêter. Sauf quand un sombre crétin vient me hurler dans les oreilles bien sûr ! acheva-t-il, rancunier.
- Et je suppose que le sombre crétin en question c'est moi, sourit Don.
- Non, pourquoi ? Qu'est-ce qui peut bien te le faire croire ? répliqua Charlie, l'air innocent.
- Tu ne perds rien pour attendre mon vieux. Mais tu as de la chance, ce soir je suis de bonne humeur.
- Ah oui ? En quel honneur ?
- Nous venons enfin de coffrer notre violeur en série. Ca fait une ordure de moins dans les rues. Ce soir, les femmes de cette ville seront un peu plus en sécurité.
Charlie regarda longuement son frère : ça lui ressemblait tellement ce genre de réaction. Certains de ses collègues faisaient ce métier pour la gloire, pour la décharge d'adrénaline, pour l'impression de puissance que leur procurait leur action. Pour Don, rien de tout ça. Tout ce qu'il voulait, c'était rendre service, se rendre utile, mettre des criminels hors d'état de nuire et faire de son mieux.
- Quoi ? A quoi tu penses ? questionna Don, devant le mutisme de son frère qui se contentait de le regarder avec un sourire affectueux aux lèvres.
- A rien de précis.
Il savait très bien que son frère serait gêné de savoir quelles pensées venaient de lui traverser l'esprit. Il n'était pas à son aise avec les compliments, même si, paradoxalement, il avait une assez haute opinion de lui-même. Mais c'était une chose que d'être conscient de sa réelle valeur, c'en était une autre que de savoir accepter avec naturel les louanges auxquelles il avait droit.
- Rien de précis ? Tu m'étonnes. Ton petit cerveau génial serait-il en panne ?
- Mon petit cerveau génial, comme tu le dis si bien, a, pour le moment, besoin de se sustenter. Ensuite, il pourra refonctionner normalement.
- On en revient au problème que je soulevais : qu'est-ce qu'il peut bien y avoir à manger dans cette maison ?
- On va faire une descente dans le frigo. Et puis, on pourra toujours commander une pizza le cas échéant.
- Brillante idée professeur Eppes !
(à suivre)
