Titre : Ecchymoses.

Disclamer : Tous les personnages appartiennent A. Horowitz et E. Kitsis, même si j'essaie toujours de garder Regina dans mon lit. Le reste est tout de moi.

Pairing : Emma/Regina.

Bon, c'est mon premier SwanQueen, écrit à 1h00 du mat, à peine relu donc pas taper pour les fautes, soyez gentils. La scène prend place après le retour d'Emma et Snow à Storybrook, quand Cora n'est pas encore là. Elle ne contiendra sûrement que deux chapitres, mais croyez-moi, c'est déjà beaucoup contrairement à ce que j'écris habituellement. Le titre n'a aucun rapport avec l'histoire, je trouve juste que c'est un beau mot. Le PDV change régulièrement, on oscille entre Regina et Emma, parce que je les trouve toutes deux trop intéressantes pour ne m'intéresser qu'à une seule. Sur ce, des bisous, et n'hésitez pas à laisser des reviews, ça fait toujours plaisir.


Regina. Regina qui gémissait contre sa bouche. Regina brûlante de désir entre ses draps. Regina agrippant ses hanches nues, lacérant son dos, mordant son cou. Regina, Regina, Regina. Emma en perdait la tête, à se réveiller chaque nuit en sueur, tremblante d'ébats imaginaires avec la Reine. Et après ces réveils soudains, elle pouvait encore sentir le parfum délicat de pomme qui émanait de la chevelure de Regina et si elle fermait bien les yeux Emma pouvait aller jusqu'à ressentir sa peau contre la sienne. Alors parfois, elle se levait et se perdait dans une douche froide, son corps réclamant cette illusion, et elle ressassait les souvenirs brumeux de ses rêves. Elle mordait ses lèvres
pour se contenir, s'abandonnait à un plaisir éphémère, une main crispée sur le rebord de la baignoire.
Ce devait aujourd'hui être la quatrième fois qu'Emma vivait ça. Ou peut-être la cinquième. Ou sixième. Etendue au fond de la baignoire, la tête sous l'eau Emma n'entendit pas sonner son téléphone la première fois, ni la deuxième.
Elle se perdait dans ses pensées. C'est Mary-Margaret qui le fit sursauter en tambourinant à la porte en lui faisant remarquer que bien qu'elle adore la sonnerie du téléphone, il était quatre heures du matin et qu'elle aimerait dormir. Emma se rua hors de la baignoire en s'excusant, enfila un vieux peignoir rose et saisit son téléphone. Un air étonné pris place sur son visage lorsque le nom de Regina Mills s'afficha, et elle hésita un instant avant de décrocher. Puis son pouce coulissa le long de l'écran tactile, et elle répondit d'une voix qu'elle voulut fatiguée.
"Shérif Swan, j'écoute."
"Emma, je... Emma. Venez. Emma, s'il te plait." Sa voix était empreinte de peur, de confusion, et l'esprit embrumé d'Emma ne lui permit pas d'analyser les mots ou l'intonation du maire. Elle semblait... Différente. Comme ce jour où Henry s'était retrouvé coincé dans la mine. Ou cette soirée où elle s'était excusée. A cette pensée, la blonde eut un léger sourire, qu'elle effaça vite. Il était fou de voir à quel point ses pensées pouvaient se multiplier lorsqu'elle songeait à Regina.
"J'arrive."
Sans poser plus de questions, elle raccrocha, saisit son jean de la veille resté sur le dos d'une chaise, un t-shirt au hasard dans son armoire, puis elle revêtit son habituel veste en cuir rouge. Elle l'aimait bien cette veste, elle l'avait acheté avec Ruby peu de temps après être arrivé à Storybrooke. Ca lui rappellait Henry, ça lui rappellait Ruby. Elle avait bien aimé partager son lit, mais bien vite elles s'étaient toutes deux rendues comptes que leur amitié était plus importante. Et Ruby avait trop souvent la tête ailleurs. Si Emma et elle avaient le même désir de liberté, la serveuse était trop insousciante. Peut-être aussi qu'elles étaient trop amies. Parfois, elles échangeaient un baiser passioné dans les cuisines, à l'abri des regards, mais cela n'allait plus aussi loin qu'avant. Ca n'intéressait plus Emma.
Cette dernière enfila des bottes prises au hasard, en prenant soin de faire le moins de bruit possible pour ne pas réveiller Henry ou ses parents. Elle se sentit comme une enfant qui fait le mur pour rejoindre ses amies en boite, et elle en esquissa un sourire. Elle avait tout juste 28 ans, et pourtant elle se sentait encore comme une adolescente parfois. Elle était heureuse d'avoir enfin retrouvé ses parents, et ça lui redonnait un sentiment d'enfance. Elle aurait voulu que Gold, ou même Regina puisse créer un sort ou une potion pour la ramener à ses 15 ans. Regina... Emma secoua vivement la tête, ramenant ses cheveux emmêlés en arrière, saisit ses clés sur la table et quitta la pièce.

Regina ne supportait plus l'attente, la solitude. Assise sur son canapé de cuir, un verre de scotch à la main, elle fixait la grande fenêtre. Plus précisément, elle se concentrait sur ce qui se trouvait dehors. Une gorgée, longue. Puis une seconde. Elle ne pouvais plus attendre de voir deux phares percer la pénombre ambiante, et l'habituelle coccinelle jaune pétarader en s'arrêtant au bout de l'allée. Regina en tremblait, et elle s'en trouva stupide. Elle reprit une gorgée. Ses pensées étaient flous, confuses.
"Une Reine ne tremble pas." chuchota-t-elle au verre.
Mais plus personne ne l'appellait comme ça. Plus personne ne dit qu'elle est Reine, ou alors il la désigne comme la méchante Reine, celle qui collectionnait les coeurs, endormait les gens. Mais elle n'a jamais été la méchante Reine, ce sont eux qui ont ajoutés méchante. Ce sont tous ces paysans qui l'ont désignés comme méchante. Oh oui, des mauvaises choses, elle en avait faite, mais elle n'est pas... Méchante. Regina se forçait à penser ça, et elle reprit une gorgée. Se penser elle-même comme une bonne personne l'aidait.
Elle sentit l'alcool lui tourner à la tête lorsqu'elle se resservit un verre. Ses mains tremblaient, et elle ne savait déjà plus pourquoi elle avait appellé Emma. Elle n'aurait même pas pu dire ce qu'elle avait fait 5 minutes auparavant. Elle ne sentait que la peur s'insinuer sous sa peau, et la solitude. Parce que Regina était si seule. Partout. Tout le temps. Elle était même seule à cette soirée, entourée de tous ces gens. Même Henry l'avait laissé, il n'y avait eu qu'Emma pour lui courir après, la rattraper. C'était peut-être la personne que Regina avait le plus haït après Snow, et pourtant elle était son dernier espoir. Elle reprit une gorgée, et fixant le liquide au fond de la coupe, elle revoyait les longs cheveux dorés d'Emma qui tombait dans un tourbillon violet. Pour la sauver, elle, Regina. Elle reprit une gorgée. Termina finalement tout le verre pour s'en resservir un. Mais bon dieu, que faisait Emma!
"Je suis certaine qu'elle s'est rendormie." murmura-t-elle au vide qui l'entoure.
Elle reprit une gorgée, et se replia sur elle-même dans le fond du canapé. La douleur vive dans sa poitrine reprit de plus belle. Elle n'avait aucun plaisir à boire. A vrai dire, la Reine faisait ça comme par automatisme. C'était tragique, de finir ainsi à boire seule dans le salon d'une grande maison vide. Elle aimait bien le tragique. Ca la faisait rire, alors Regina se mit à rire seule, et son rire fou se répercuta partout, la ramenant à sa solitude. Elle ferma les yeux, elle sentait sa tête tourner, et n'avait plus conscience de ce qui l'entourait. Son esprit se perdait dans toutes sortes de pensées, c'est comme s'il avait quitté son corps, comme si un mangeur d'âme était passé par là. Elle avait vu une sorte de mangeur d'âme dans un autre monde. Ils étaient grands, noirs, et glissaient plutôt que courir. Elle se souvint que leurs baisers arrachaient les âmes. On les appellait les détraqués, ou quelque chose comme ça. Regina pensait à ces autres mondes qu'elle avait visiter avec Jefferson. Il devait être avec Grace à cette heure-là. Il devait être heureux. Et Regina se sentit soudainement coupable de leur avoir arracher le bonheur. Oh une partie d'elle avait adoré ça. Regina avait adoré faire mal, et aujourd'hui encore elle était fière de ce qu'elle avait accompli d'un point de vue magique. Mais elle ne pouvait nier une part de regret. Henry apparut à son esprit. Henry puis Emma. La claque qu'elle prit lui fit comprendre que non, Emma n'était pas une apparition.
"Regina Mills! Mais vous êtes ivre morte!" cria la blonde, la voix tremblante. Regina ne saurait dire si c'était de rage ou de peur, mais elle esquissa un rictus malsain.
"Non. C'est pas vrai. C'est faux. TOTALEMENT faux."
Elle vit Emma lever les yeux au ciel comme face à une enfant, et ça la fit rire. Pas un rire méchant. Un rire simple. Le rire de quelqu'un qui a trop bu.

Et ce rire pétrifia Emma. Ce rire elle l'avait tellement entendu dans ses rêves. Il la hantait parfois le jour. Parce que c'était un rire de Regina heureuse. Pas de méchante Reine, pas de maire cruelle. C'était juste Regina. Et ce soir, elle la sentait fragile, au bout du gouffre, elle pourrait presque voir vaciller l'étincelle dans ses yeux.
"Regina, allongez-vous..." tenta-t-elle d'une voix douce.
"Non." La réponse était froide, claquante comme une gifle.
"Ca vaut mieux pour vous."
"Non. Je veux que tu me tutoies." Les mots étaient ceux d'une enfant, mais le ton employé ne laissait entrevoir aucun refus. Emma releve des yeux interrogateurs sur le visage délicat de la Reine, et elle lui offrit un sourire sincère. Dans ses rêves, elles se tutoyaient toujours. Surtout avant l'amour. Parfois, elles se disaient des choses, mais Emma les oubliait toujours. Ou elle se forçait à les oublier, parce que ça faisait mal de ne jamais les voir sortir des lèvres rouges de Regina.
"Allonge-toi, Regina." Alors la brune s'exécuta, et des papillons vinrent s'entrechoquer dans le bas-ventre d'Emma. Ces mots avaient un tel sens pour elle, elle en ferma les yeux quelques longues secondes. Encore une fois, ses pensées allaient à tout allure, c'est toujours ainsi quand Regina est là. Emma pensait que c'était un coup de pression, alors elle s'assit sur le rebord du canapé, et elle demanda simplement en posant sa main sur la joue de Regina.
"Tu as bu beaucoup?"
"Je ne sais plus. Des verres."
"Ca ne m'aide pas beaucoup."
Regina rit doucement, et son regard chaleureux croisa celui d'Emma. Jamais la Sauveuse n'aurait pu imaginer les yeux de Regina être aimables, et pourtant. Dieu que cette femme était belle, ivre. Ses yeux brillaient plus que d'habitude, ou peut-être était-ce l'esprit d'Emma qui jouait avec son imagination. Elle ne pouvait s'empêcher d'observer chaque détail du visage de la Reine. Emma l'appelait souvent comme ça dans sa tête. A ses yeux, elle restait la Reine, la méchante Reine certes, mais une Reine avant tout. Et elle trouvait que personne ne pourrait être une Reine plus fière que Regina. Elle trouvait que ça lui allait extrêmement bien. Elle trouvait même ça très excitant.
"Pourquoi tu m'as appelé?"
Elle vit Regina hausser les épaules, et faire une moue qu'elle jugea adorable en répondant.
"Je n'en sais rien. J'étais... Seule. Seule, et je voulais pas. C'est dur d'être seule. Et... Pardon, j'ai dû te réveiller. Mais. Non. Seule."
"Non, Regina, c'est bon, ne t'inquiètes pas... Je suis là."
Elle vit des larmes perler dans les yeux de l'ex-maire, ou peut-être était-ce encore son imagination. Peut-être qu'elle voulait voir ces larmes. Emma savait parfaitement que tout était confus pour elle, qu'elle n'avait pas de capacité de jugement sur Regina ou même sur elle-même par rapport à Regina. Tout était trop compliqué. Mais une chose était sûre, c'est que la Reine venait de s'asseoir précipitamment et avait saisi ses mains.
"Tu es mon amie?"
Encore une fois, les mots semblaient enfantins. Emma pensa que Regina non plus semblait ne pas avoir eu d'enfance. Et elle se rendit compte qu'elle ne savait rien de son passé. Ca lui fit un pincement au coeur, alors elle offrit son plus beau sourire à la brune.
"Tu m'as sauvé la vie après tout."
Emma songea qu'elle hantait aussi ses nuits, mais elle évita de le mentionner. Ce moment était trop intense, trop beau pour qu'elle se permit de le rompre. Regina pourrait penser qu'elle est amoureuse. Mais non, ce n'est pas ça. Non, Emma ne voulait, ne pouvait pas même concevoir cette éventualité. Elle ne voulait pas aimer.