Que peut-on ressentir lorsque même entouré on se sent seul. C'est peut-être trop dur d'être comme ça. Ils ne me comprennent pas , elle ne me comprend pas... mais elle veut m'aider. Comment lui dire ça? C'est impossible. Je souffre, on ne me comprend pas, laissez-moi tranquille.
Je me rapproche encore de cette porte, pourquoi? Je devrais plutôt fuir au lieu de toujours vouloir la voir, rester près d'elle. J'ouvre doucement sans m'annoncer, une habitude que j'ai malencontreusement prise.
-T'es là?
Elle est penchée à sa fenêtre et contemple le soleil qui décline dans le ciel. Elle se retourne vers moi, un peu surprise. Il est vrai que ces derniers temps je l'ai évité.
-Qu'est-ce que tu fais là, tu t'es décidé à me parler?
Là, c'est mauvais. Non, pas ces yeux-là, j'ai horreur de ces yeux, soit plus douce, s'il te plaît.
-Alors?! Elle s'impatiente.
-Je voudrais te parler, (elle fronce les sourcils), sérieusement.
Son regard change, chargé de curiosité.
-C'est à propos de... la semaine dernière. Je suis désolé, mais j'avais besoin d'être seul. Je...
-T'aurais pu me le dire, je me suis inquiétée moi.
-Désolé. Je...
Je m'arrête brusquement, une vague de frisson m'envahit.
-J'aurais dû te le dire avant. (Je m'assois sur le lit) Depuis que je sais que mon frère est contre moi, qu'il a été ainsi manipulé, ça me fait mal.
Je lui fait signe de s'asseoir à côté de moi, elle hésite un instant, me rejoins.
-Pourquoi tu ne m'as rien dis?
-Je voulais pas t'embêter avec ça.
Son odeur, pourquoi je lui ai dit de me rejoindre! Je suis qu'un idiot! Quelle idée j'ai eu. Non, la touche pas, la touche pas.
-Aïe !!
-Quoi ?!
-Je me suis mordu la langue !
-Pfff, t'es vraiment pas doué !
-Désolé, dis-je en essayant d'esquisser un petit sourire en vain.
Malheureusement elle pose sa main sur mon épaule. Je perds le contrôle et l'allonge violement sur le lit, elle est surprise, qui ne le serait pas.
-Zero !! Qu'est ce que tu fais ?
- T'inquiète pas je veux pas te faire de mal !
-…Dis-le moi si tu veux du sang !
Elle délivre son cou de son petit col montant en le tirant légèrement, je lui prends la main.
-J'ai pas soif !
Ses yeux sont si beaux, ils brillent tellement. Je ne peux plus résister, boire son sang n'était qu'un avant-goût. J'approche mon visage du sien, elle ne comprend pas. Je l'embrasse.
Ses lèvres sont si douces. Je m'attends à ce qu'elle me repousse bizarrement, non… Elle me rend mon baiser !! Elle a pris un coup sur la tête en tombant ou quoi ? Et voilà qu'elle pose ses bras sur mon dos, qu'elle retire aussitôt pour placer ses mains sur mon torse et rompre notre baiser. Je m'écarte d'elle, évitant de la regarder. Peine perdu elle prend mon visage dans ses mains, elle semble heureuse.
-Yûki ?
-Je t'aime. Zero, je t'aime. Elle me surprend de plus en plus.
-Je croyais que c'était Kaname dont tu étais amoureuse.
-…Je l'aime aussi mais c'est pas le même amour. Lui, c'est…
-C'est…
-Tu promets de ne dire à personne, sinon je risque ma vie dès que je sors de cette pièce.
-Quoi, qu'est-ce que c'est que cette histoire ?
-Promets-moi !
-Promis !
-J'aime Kaname, mais c'est différent. C'est pas le même amour. C'est mon frère.
-Ah, d'acco… Quoi ?! C'est ton frère. Mais c'est pas possible il est vampire de pur-sang comment toi tu peux ne pas en être…une.
- Je ne suis pas une vampire. Enfin, c'est une longue histoire.
Je me rassoit sur le lit, un peu choqué. De un Kaname est son frère de deux elle m'aime, c'est trop en un jour. Je sens qu'elle se relève, elle glisse ses bras autour de mon cou.
-Zero, ça ne va pas ? Tu ne m'aimes ?
-Je… Bien sûr que je t'aime, je t'ai toujours aimé et à vrai dire j'étais jaloux de Kaname.
-Tu croyais qu'il allait te prendre la place.
Elle rigole.
-C'est pas marrant, j'avais juste peur que tu ne partages pas mes sentimeeennn….
La fin de ma phrase est absorbée par la surprise lorsque Yuki me tire pour que je m'allonge sur le lit. Elle pose sa tête sur mon torse.
-Yûki ?
-Reste tranquille.
Je reste immobile un moment, je demande à Yuki pour qu'elle se lève, elle s'est endormi. Pas moyen de bouger, je m'endors à mon tour.
Le soleil commence à pointer dans le ciel violacé et rosé. Mes yeux s'habituent peu à peu à l'obscurité qui va en décroissant. Yuki dort toujours sur moi, elle n'a pas bougé d'un pouce si ce n'est sa main qui agrippe ma chemise comme elle a l'habitude de le faire avec son coussin.
Sauf que moi, je suis bien mieux que cette abas de plume et de coton, moi je peux la protéger ; je peux l'aimer, rester auprès d'elle à jamais, l'aimer encore plus et la protéger contre tous les dangers.
Elle se réveille enfin, se dégageant de mon étreinte. Sans me regarder elle se lève et sort de la chambre. Je la suis des yeux, immobile sur le lit. Quelques instants plus tard elle revient, elle était parti se laver, de ses cheveux encore humides l'eau coule en fines gouttelettes. Je me relève, son parfum empli la pièce et me fait vaciller. Je suis entré dans le jardin d'Eden et si j'y reste je finirais par croquer dans la fameuse pomme interdite. Mais comment faire quand cette pomme est si belle qu'on ne peut pas la quitter des yeux ; quand elle nous dit, sans qu'elle y pense, de s'approcher d'elle, quand sa voix douce nous appelle, quand sa robe rouge invoque en nous un sentiment que nul autre peut procurer. Je veux goûter à cette pomme même si c'est interdit, même si je veux y résister, je la veux pour moi, moi seul. Mes yeux se perdent en elle, je la regarde sans la regarder perdu dans mes songes. Sa main se pose sur mon épaule, je sursaute mal préparer à ça. Elle me sourit. Ne souris pas jolie pomme, tu veux me tenter c'est ça. Serais-tu un démon dans un corps d'ange? Le pire c'est qu'elle continue à me provoquer, elle s'assoit sur mes genoux et enlace mon cou, ses yeux plongés dans les miens. Elle dépose un baiser furtif sur ma joue, comme si elle était gênée de faire ça. C'est encore à moi, de faire le premier -deuxième- pas, je l'embrasse et là elle n'est plus gênée du tout, elle se laisse faire. L'impression d'un baiser éternel effleure ma conscience. Elle rompt une fois de plus cet instant magique.
-Zero, je t'aime, reste ici, encore.
Elle resserre son étreinte, enfouie son visage dans mon cou. Aurais-je vendu mon âme à cette démone angélique ?
-Je ne partirais pas Yûki, pourquoi partirais-je d'ailleurs ? Je serais toujours avec toi, pour toujours, je te protégerais, je t'aimerais encore plus… Ma vie, Yûki, je te la donne, je t'offre aussi mon cœur, c'est tout ce que je peux faire.
-C'est bien assez, mon cœur t'appartiens aussi. Je me veux pas te perdre, je ne pourrais pas le supporter.
-Serais-tu Juliette et moi Roméo ?
-Qui sait, un Roméo vampire qui se nourrit du sang de sa Juliette, c'est beau, non ?
-C'est surtout glauque j'dirais !
-T'es pas marrant !
-Hey, t'essayes de faire quoi là ?
-De te mordre !
-Petite fille, on joue pas dans la même cour, t'y arrivera pas !
-C'est ce qu'on va voir !
Je ne sais pas ce qui se passait dans sa tête à ce moment là, mais elle est vraiment capable de me mordre, sans aucun remord. Elle me mordilla le lobe de l'oreille avec ses dents de petite pomme démone !
-Aïeuh… ça fait mal !
-Alors j'en suis pas capable ?
-C'est bon t'as gagné.
J'hésite quelques instants, mais même si je hais cette partie de moi, il faut que j'accepte, au moins pour elle.
-J'ai soif !
Elle s'éloigne un peu de moi et relève des quelques mèches qui cachent son cou, elle pose sa tête sur mon épaule et attend. Je pose ma main sur l'arrière de sa tête et j'enfonce mes satanés dents de vampires dans son cou. Je m'abreuve de son sang, il a vraiment un goût de fruit… Un goût de pomme, cette petite pomme rouge que j'aimerais dévorer.
Rassasié, je m'éloigne de Yûki, elle ne dit rien, je me relève et l'assois sur le lit et vais chercher quelques pansements pour elle.
Elle se laisse faire alors que je la soigne, perdue dans ses pensées, je lui ai peut-être pris trop de sang, lui aurais-je fait trop mal ?
-Yûki ça va ? Je t'ai fais mal ?
-…Hein ? Non ça va ? Je me demandais pourquoi tu étais si pensif.
-Pensif ? (Il valait mieux pour moi que je taise sa comparaison avec une pomme, elle m'aurait sûrement frappé ou pris pour un dingue.
-Oui, dis moi à quoi tu penses ?
-A toi, à ton regard et à ton goût de pomme…
Oups, c'est sorti tout seul ça, Réfléchis avant de parler, idiot. Je fais quoi maintenant, elle va me tuer. J'ose lever les yeux sur elle, elle est aussi rouge qu'une pivoine mais à savoir si c'est de colère ou de gêne il va falloir attendre qu'elle dise quelque chose.
-J'ai un goût de pomme…
-Euh… oui, un très bon goût de pomme.
Et en plus faut que j'en rajoute, je vais vraiment mourir. Si c'est pas elle qui me tue, je me suicide pour ne plus jamais sortir d'idiotie pareille.
-Contente que ça te plaise !
C'est ironique çà ou pas. Je sais plus trop où me mettre, bien dommage que je sois pas une souris mais ici je n'aurais même pas le temps de me cacher que Yûki m'aurai tué…adopté en fait, elle adore ces petites bébêtes, va savoir pourquoi !
Elle s'approche de moi et s'accroche à mon cou.
-Zero, tu veux bien me prendre dans tes bras.
Ca sent l'infarctus tout ça, mais bon je suis suicidaire, y'a peut-être une place pour moi en Enfer.
Je la soulève comme si c'était une plume, elle est tellement légère, et je la serre contre moi, elle enfouit sa tête au creux de mon cou, je m'assois une fois encore sur le lit. Elle est légère certes mais je vais pas rester 116 ans debout comme une statue. Je lui caresse les cheveux, ils sont si doux malgré leur humidité qui va en s'estompant.
