Voilà, c'est mon recueil pour la nuit du FoF du sept décembre (et oui, y'en a qui écrivaient pendant que vous regardiez Miss France, feignasses é.è)

Cet os est écrit pour un jeu du FoF, il fallait le rédiger sur le thème Poussière en une heure. J'avais voulu faire un truc un peu original, et parler de Poudlard pendant la guerre, et... Et au final je me suis un peu perdue par rapport au thème, je crois. Puis, c'est plus un ensemble de drabble qu'un one-shot mais bon. Enjoy ?


Fumseck toussa.

Il se sentait mal. Sa voix avait changé en quelques mois : elle était devenue rauque, rocailleuse, à cent lieues de son chant mélodieux usuel. Il ne pouvait pas le montrer, mais cela l'humiliait. La fierté du phénix, c'est sa voix : sans elle, ils ne peuvent pas s'accoupler. Peu importe les plumages radieux de certains rapaces, c'est la mélodie qui s'écoule de leur bec qui leur fait mesure de parade de séduction. Dans le temps, il était un vrai séducteur : il avait pas moins de deux œufs cachés dans le monde, dans cette vie. Il en était très fier.

Ce petit garçon, qui est entré, que faisait-il ici ? Personne n'était autorisé à venir. C'était le bureau d'Albus Perceval Wulfric Brian Dumbledore, enfin. L'oiseau tenta de pousser un cri menaçant, mais le seul bruit qui s'échappa de son gosier fut un râle faible.

Fumseck toussa à nouveau. Il se sentait mal, vraiment, et ce petit garçon, là, il parlait et il sentait qu'il allait...

Le phénix toussota.

Il leva la tête en clignant éperdument ses deux grands yeux myopes. Il voyait flou, ce qui était étrange, car il se souvenait vaguement que, dans son ancienne vie, sa vision était parfaite. En plus, il était recouvert de poussière épaisse et poisseuse. De cendres. Il avait peur. Que se passait-il ? Cela lui était déjà arrivé auparavant, mais dans sa petite tête, les pensées s'entremêlaient, confuses. Il paniquait. Il était perdu.

Et puis une voix retentit. Pas une voix, sa voix. Une voix grave, un peu chevrotante, mais forte et dénotant tant d'amplitude que cela paraissait presque imperceptible. La voix d'Albus. Albus était là, et il allait tout arranger, comme lorsqu'il l'avait recueilli alors que son aile était brisée. C'était encore un jeune homme alors, ambitieux jeune homme, prometteur. Si cela n'avait pas été le cas, le phénix se serait juste enfui une fois soigné. Il s'était cependant reconnu dans cette fierté un peu prétentieuse. Il se relaxa. Tout se passerait bien.

''Fumseck''. C'était lui c'était son nom. Une fois ce mot mis sur son essence même, l'enveloppe fluide qui semblait l'emprisonner fila comme de l'eau vive entre ses serres.

Fumseck toussa. Tout irait bien.

Fumseck toussa.

Il y avait une drôle d'odeur ici. Dumbledore aurait déjà dû rentrer il lui avait promis en partant. Et cette stupide horloge ! Tic-toc.

Il s'agita à nouveau, dans sa cage dorée. Il en avait assez d'attendre. Il voulait son maître ici. Non, pas son maître- son ami. Et tic-toc.

Le parfum qui exhalait des fenêtres... Il avait toujours eu un instinct supérieur à celui des hommes. C'était un parfum de mort. Tic-toc, encore.

Ça sentait la mort, ça sentait le sang, ça sentait la guerre, les larmes et la poussière. Quelque chose se tramait. Tic-toc sans arrêt.

Il devait sortir. Il commença à becqueter le verrou. Et à le griffer, aussi. Il ne voulait pas partir... Il ne partirait jamais il était chez lui. Tic. Toc.

Un bout du verrou était tombé.. Il poussa la port avec toute sa force. Il était sortit. Il voulut pousser un cri fort, mais seul une toux sortit de sa gorge. Tic. Toc.

Stupide horloge qui pouvait agir sans tousser. Avant de s'enfuir par la fenêtre, il la transperça. Un coup de bec acéré : alors qu'il s'envolait, il ignorait le tic-toc persistant malgré le verre brisé.

Il ignora encore une poignée de secondes que son ami gisait là, désarticulé, son corps dans une position grotesque à cause de la chute. Puis la souffrance, déchirant sur cœur aimant de volatile en deux. Fumseck avait passé des années à transporter un cœur qui n'était amoureux que de la liberté. Il n'était pas préparé à la perte. Il ne connaissait pas ça. Il pleura, encore.

Et il chanta. Pour honorer Albus, qui ne pouvait pas voler. Pour honorer tous les morts qui suivraient, parce que dorénavant, sur Poudlard, il y avait le parfum poussiéreux de la mort et le bruit sourd de la guerre.