Bonjour, bonjour !

Voici un petit OS m'ayant été inspiré lorsque je visionnais les OAV d'Hadès Sanctuary et comme j'aime beaucoup les Béliers de Saint Seiya, je me suis tout de suite lancée !

Bonne lecture à vous et merci de prendre le temps de lire. ^^


Dans la pénombre du temple du Bélier, une ombre se faufilait à allure vive à travers l'édifice, dansant sur les murs peu éclairés. L'enfant se glissa tel un serpent dans une des pièces et s'arrêta brusquement dans l'entrée. Kiki resta un instant planté à contempler le bureau de Mu. Jamais il n'était venu dans cette partie du temple car son maître avait décrété que ce n'était pas un endroit pour jouer. Kiki l'avait compris, ce lieu n'était pas à prendre à la légère et maintenant, ce bureau devenait le sien.

Le petit Atlante avança doucement, caressant les meubles de bois ornés de motifs tibétains sur son passage. Nous étions au lendemain de la Guerre Sainte et pourtant, la présence de Mu lui manquait déjà. Son regard scrutait la pièce de fond en comble et finit par s'arrêter sur un bout de papier qui trônait sur le bureau parfaitement rangé. L'enfant prit le document dans ses mains avant de le déplier délicatement.

Le garçon ne put s'empêcher de remarquer que l'encre avait coulé dans le sillage des larmes versées par l'auteur de cette lettre. Des traces de sang indiquaient concrètement où la lettre avait été tenue. Kiki pencha son nez au dessus du papier et plissa les yeux, rapprochant ses points de vie du fait du peu d'éclairage dans la pièce. En regardant de plus près, cette écriture n'appartenait pas à Mu et le jeune apprenti, piqué par la curiosité ne put s'empêcher de la lire.

OoO

Mon cher Mu,

Nous voilà enfin réunis après treize longues années de séparation et pourtant, je n'ai su faire bonne impression envers toi. Je fus incapable de te renvoyer cette image réconfortante que je te projetais lors de cette douce époque où tu étais encore un enfant. Mais là n'est pas le sujet

Mu, je t'écris cette lettre aujourd'hui du fait que je suis conscient que notre destinée à tous les deux va être profondément modifiée, et que ce lien unique qui nous a toujours lié risque de ne plus être le même à présent. Lorsque tu découvriras cette lettre, la Guerre Sainte sera déjà terminée depuis longtemps et le réel sens de notre mascarade t'auras été dévoilé. Même si je sais, qu'au fond, tu l'avais compris depuis bien longtemps.

Mais je ne peux m'empêcher de m'en vouloir pour ce que tu as pu ressentir, car cela ne me laisse pas indifférent. Car je l'ai vu Mu, je l'ai vu dans ton regard. J'ai vu cette tristesse t'envahir lorsque tu avais enfin réalisé que j'étais de retour sous les ordres d'Hadès parmi le commun des mortels. Tu n'as pas voulu y croire et quand bien même, c'était réellement cette triste réalité qui s'étalait devant toi. Et pourtant, tu es resté fort et tu as exercé ton devoir jusqu'au bout, même si tu n'avais pas saisis l'intégralité de la situation. Je dois dire que je t'envie pour cela. Mais je suis certain qu'à l'heure actuelle, tu as finalement compris le sens caché de cette histoire.

Pardonne-moi Mu. Pardonne-moi de ne pas t'avoir expliqué en quoi consisté mon plan. Parce que oui, tu es quelqu'un de confiance pour moi et tu méritais de savoir. Mais je ne pouvais pas te le dire... Je t'en prie, ne te fâches pas Mu. Je me rappelle que l'on se devait de tout se raconter, c'était même toi qui avait instauré cette condition. Il n'y avait aucuns secrets entre nous et nous étions heureux ainsi, mais là je ne pouvais tout simplement pas... Me comprendras-tu un jour ? Je voulais que tu saches que mon cœur avait ressenti un pincement lorsque ton sourire s'est effacé de ton si beau visage. Ta peine est également la mienne Mu, nous avons toujours tout partagé, jusqu'à nos propres ressentis. Pour moi, tu es comme un livre ouvert devant mes yeux et je peux aisément lire à l'intérieur et décoder chacune de tes réactions.

Je sais pertinemment qu'une question te taraude l'esprit du fait qu'elle soit toujours en suspend. Que serait-il arrivé si Dohko n'était pas intervenu ? Pour être tout à fait franc, j'ignore moi-même la réponse. Mais une chose était certaine, jamais je n'aurai lever la main sur toi et encore moins te tuer. La preuve en est que depuis le début, je n'ai fait que t'immobiliser et rien de plus.

Mais ce ne sont que de simples mots et tu es libre de me croire ou non.

Nous nous quittons à nouveau mon cher Mu, et je n'ai toujours pas réussi à te dire ce que je voulais te confier il y a treize ans mais je vais te le révéler à présent. Sache que j'ai toujours été fier de toi et que je le serai toujours. Car même si la situation actuelle laisse supposer le contraire, mon affection à ton égard n'a toujours pas changé et je peux t'assurer que mon désir de te prendre dans mes bras, comme à cette époque où tu étais encore un enfant brûle intensément en moi. J'aurai voulu que tu réchauffes mon cœur mort et glacé par les événements. J'aurai voulu revoir ton sourire si tendre pour que tu me prouves que je reste le même à tes yeux. Afin d'être rassuré. Afin d'apaiser ma conscience.

J'aurai également voulu rencontrer ton apprenti dont tu es si fier pour qu'au moins, je vois de mes propres yeux à quel point l'avenir qu'il forgera sera resplendissant. Mais je ne peux réaliser ce qui m'est cher, le temps m'est compté et si je veux sauver Athéna je dois me hâter.

Ce fut dans les larmes et le sang que j'ai pris le temps de t'écrire cette lettre. J'espère que tu me pardonneras, pour qu'au moins, j'ai l'impression d'être aimé. Rien qu'une dernière fois dans ma longue existence.

Adieu Mu. Adieu mon fils.

Ton maître Shion.

OoO

Kiki retint ses larmes de dévaler sur ses joues et tenait fermement la lettre entre ses mains tremblotantes, la chiffonnant quelque peu. Ce Shion, il ne le connaissait que de nom et pourtant, il savait combien il était important pour son défunt maître. Mu ne cessait d'en parler et c'était toujours avec un pointe d'émotion dans la gorge qu'il lui racontait quelques anecdotes. Kiki n'avait d'ailleurs qu'une vague image de cet homme en tête, mais suivant les dires, seule une image paternelle lui revenait. Un peu comme celle que Mu avait laissé. Ce dernier n'avait d'ailleurs pas eu le temps de lire cette précieuse lettre qui lui était adressée. Il n'avait pas eu le temps de prendre conscience des regrets de l'ancien Pope et encore moins de cette tendresse qui l'animait depuis plus de deux cent ans.

Kiki se mordit la lèvre inférieure jusqu'à la faire saigner et le goût ferreux qui s'imprégnait dans sa bouche le fit revenir à la réalité. Une dure réalité en somme qui se soldait par des larmes et de l'amertume pour tous. C'était bien connu, lorsqu'il y a rencontre, il y a forcement séparation. Bien qu'elle soit difficile, elle reste inévitable.

Ce fut sur ce fondement que la destinée des Béliers s'était tracée.