Voici enfin la suite de "Panne de chauffage » qui est également la dernière partie de notre duo de choc.
Nous sommes dans un Johnlock établi. Cette fois, changement d'ambiance, les méchants débarquent ! Nos héros vont en voir de toutes les couleurs : De l'action, du suspens, de l'horreur, de l'angoisse, du drame, de la romance… tels sont les ingrédients de cette histoire qui contient 7 chapitres.
Pairings : (couple et threesome) John/Sherlock - John/Sherlock/Mycroft - John/Moran - John/Moran/Moriarty. Les personnages peuvent paraître ooc (il est difficile de respecter le canon dans certains moments).
Disclamer : Je rappelle que les personnages ne sont pas à moi. Je ne fais que les emprunter.
Info : Cette fiction a été cataloguée et commentée sur le site Ficothèque Ardente.
La version intégrale des 4 histoires est disponible en e-book via mon site perso dont le lien se trouve sur ma page facebook (voir Profil).
Réécriture le 20/12/2016 : Cette dernière partie de l'histoire est celle qui a été la plus modifiée. Outre les corrections habituelles – orthographe, concordance des temps, reformulation de phrases pas très français et incompréhensibles… – j'ai modifié de nombreux passages, détailler davantage les actions et rajouté toute une partie manquante dans l'histoire. Sans vouloir spolier pour ceux qui ne l'ont pas encore lu, je vous invite à relire cette histoire avec un nouvel œil.
Je tiens à remercier Dravic (pas présente sur le site) qui a su m'aiguiller dans cette correction et me faire comprendre comment éviter des erreurs et m'améliorer dans mes futurs écrits.
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WARNING À LIRE AVEC ATTENTION !
Il est question dans cette histoire de coups et blessures, kidnapping, séquestration, viol et soumission chimique. J'ai préféré censurer cette histoire pour vous éviter certaines scènes trop dures qui pourraient choquer un grande nombre. Néanmoins, tous les chapitres contiennent des passages assez déstabilisants de viol et d'attouchements. Je vous prie donc de lire avec la plus grande prudence ou de ne pas lire du tout !
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Bonne lecture !
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La première réunion de la journée entre le Premier Ministre et son cabinet regroupant les principaux ministres du Gouvernement de sa Majesté, devait statuer sur des problèmes inhérents à la Corée du nord. Pourtant, un petit contre-temps chamboula le déroulement de l'ordre du jour.
— C'est hors de question ! clama haut et fort le Premier Ministre. Il est inconcevable de prendre en compte ce genre de menace. Il s'agit très certainement d'un petit plaisantin comme il y en a tant qui espèrent se faire remarquer.
— J'insiste, Monsieur. Cet homme est loin de n'être qu'un plaisantin…
— Et quand bien même ! Imaginez si je devais prendre au sérieux toutes les menaces que je reçois et mobiliser tout un service pour rien… Non, Mycroft ! Oubliez ces courriers ridicules. Vous avez plus urgent à faire.
Mycroft se tut, n'espérant pas pouvoir convaincre davantage cet homme qui, de toute évidence, n'écoutait rien.
— Bien ! Où en étions-nous restés la dernière fois… Ah ! Le transfert avec la Chine du…
La réunion reprit son cours normal.
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L'été était bien installé. Juillet commençait tout juste qu'une vague de chaleur s'abattit sur le pays – une atmosphère lourde et étouffante qui perdurait de jour comme de nuit. Londres fut vidé de sa population qui préféra la campagne et les abords de l'eau au confinement du béton de la ville. Seuls quelques résidents résistaient encore en investissant les fontaines et les parcs pour trouver un peu de fraîcheur.
C'était un matin devenu coutumier. John s'éveillait d'une courte nuit peu réparatrice.
La veille, Sherlock et lui avaient dévalé les rues à la poursuite d'un criminel qui sévissait dans le quartier des prostitués. Plusieurs femmes avaient été retrouvées sans vie dans les ruelles sombres. Leur piste les avait conduits dans un vieux bâtiment désaffecté à l'est de la ville où il put être appréhendé, non sans difficulté. L'homme armé avait donné du fil à retordre aux deux associés qui durent user de toute leur ruse pour en venir à bout. Le temps que la police de Scotland Yard, dirigé par l'inspecteur Lestrade, arrive en renfort pour embarquer le criminel inconscient, ils purent rentrer au 221B Baker Street aux environs de deux heures du matin.
Depuis plusieurs semaines, les affaires s'enchaînaient, laissant peu de répit au médecin qui devait concilier les enquêtes et son travail à la clinique.
John s'étira de tout son long avant de rouler sur le côté. Il sourit à la vue de son voisin de chambrée. Ses bras s'enroulèrent autour du corps endormi à côté de lui.
Depuis l'affaire de l'aphrodisiaque, sept mois plus tôt, Sherlock et lui étaient officiellement en couple. Enfin, officiellement n'était pas le mot approprié vu que seuls Mycroft – qui sait toujours tout – et madame Hudson étaient au courant. Et encore, il avait fallu que Sherlock, sur une envie capricieuse, eût attrapé un John, sortant tout juste de la douche, vêtu d'une serviette, et l'eût pressé contre la table de la cuisine, tout en l'embrassant. Madame Hudson, entrant à ce moment-là, déclara, émerveillée : « Ah, enfin ! Ce n'est pas trop tôt ! » devant un Sherlock indifférent et un John cramoisi.
Son compagnon émit un léger gémissement, mais ne semblait pas encore décidé à se réveiller. John appréciait qu'il fasse de plus longues nuits. Depuis leur première nuit ensemble, le détective passait beaucoup plus de temps au lit et John appréciait ses efforts – bien qu'il n'y allât pas toujours que pour dormir. Par contre, son alimentation restait épisodique malgré tous ses efforts, mais il avait déjà en tête plusieurs plans d'action.
Ce matin, le blond se sentait d'humeur joueuse. Dans ces moments, il faisait preuve d'une grande tendresse, le type d'affection d'habitude destiné aux femmes qu'il séduisait. Il avait constaté que Sherlock y était très réceptif comme s'il était en carence affective. C'était une facette de lui qu'il avait découverte au cours des mois précédents alors qu'il se dévoilait progressivement. Faire tomber les barrières d'appréhension de « Monsieur-le-sociopathe-de-haut-niveau » s'avérait peu aisé. Sherlock ne se montrait pas du genre à s'épancher sur les sentiments.
John commença à embrasser la nuque de son amant, remontant jusqu'à son oreille dont il entreprit de mâchouiller le lobe, ce qui arracha un frisson à son compagnon. Il lui caressa les cheveux emmêlés d'une main, appréciant toujours leur toucher doux.
Sherlock ouvrit les yeux, mais attendit le temps d'émerger complètement de son sommeil. Il sentait contre lui les douces caresses prodiguées par son cher docteur. Il se retourna pour se retrouver face à lui, et, pour lui souhaiter le bonjour, lui déposa un doux baiser sur les lèvres. Il savait que John aimait beaucoup ces moments de douceur et de romantisme.
Depuis leur toute première fois non préméditée, qui s'était avérée extrêmement torride et sauvage, Sherlock veillait à contenter John de toutes les manières possibles pour qu'il ne trouve aucune raison de le quitter, bien que cette hypothèse soit peu probable. Il surveillait tout de même les femmes qui l'approchaient de trop près, n'oubliant pas la véritable nature de ses harpies avides de lui voler son bien le plus précieux, pourvu d'un charme évident qui attirait le beau sexe.
Depuis que Sherlock avait dévoilé ses sentiments, il ressentait une divine plénitude. Avant cet épisode, il affirmait que les émotions constituaient une faiblesse qui ne pouvait que ralentir ses facultés et lui embrouiller l'esprit. Pourtant, il constatait à présent que ce n'était pas le cas, et d'ailleurs rien ne changea : ses déductions et ses raisonnements étaient au sommet de ses capacités et bien sûr, toujours égal à lui-même avec son entourage, il se montrait exécrable envers tous ces gens ordinaires et stupides. Pourquoi changer les bonnes habitudes ?
Paradoxalement, en privé, sa façade se fissurait et il s'étonnait lui-même face à son propre comportement, mais pour John, il soulèverait des montagnes. Il lui était devenu indispensable au quotidien. Une drogue douce et sans conséquence pour la santé dont il ne pouvait et ne voulait plus se défaire. Cela devait être ça de tomber éperdument amoureux.
John s'attaqua à sa gorge maintenant accessible et lui suça la peau avec voracité, ce qui lui laisserait certainement une marque, en plus de toutes celles dont son corps était parsemé. John ne faisait jamais dans la demi-mesure et n'hésitait pas à marquer son territoire. Il émit un ricanement. Il semblait s'amuser.
Sherlock étira son cou, lui donnant un meilleur accès.
Le blond le fit basculer pour se retrouver sur lui. Sherlock gloussa. Celui-ci balada ses mains sur la peau douce et ferme de son amant, faisant naître des frissons dans son corps pendant que John l'embrassait langoureusement.
D'un mouvement de hanche, le brun inversa leur position. Il posa sa tête au creux de son cou et se frotta contre le blond tel un gros chat et ronronna. Il avait envie de câlins et rien d'autre. John l'entoura de ses bras et l'embrassa sur le front. Ils restèrent quelques minutes à savourer le contact de l'autre.
Puis, comme toutes bonnes choses amènent à une fin, John annonça comme une fatalité :
— Je dois me lever, mes patients m'attendent.
Et bien entendu, Sherlock grommela.
Le médecin prit sa douche et s'habilla. Après avoir terminé son petit-déjeuner, il s'avança derrière Sherlock, habillé de son éternelle robe de chambre grise, assis devant le bureau, à surfer sur le net avec son ordinateur, encore une fois piraté par les talents du détective, passa ses bras par-dessus ses épaules et le serra fort en lui donnant un baiser sur la tête.
— À ce soir !
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Peu de clients franchirent la porte de la clinique ce matin. Seuls quatre patients se présentèrent pour le docteur Watson et guère plus pour ses confrères ; deux dames d'un certain âge présentant une sévère déshydratation et peu enclines à écouter les conseils du médecin, un petit garçon qui s'était foulé le poignet en tombant et un homme qui se plaignait de douleurs articulaires.
À l'heure du déjeuner, Sarah entra dans son bureau pendant que John finissait de remplir ses papiers.
— John, ça te dit de sortir manger avec moi ?
— Bien sûr ! Donne-moi juste deux minutes le temps de finir cette feuille de soin, répondit-il, sans même la regarder.
Depuis quelques mois, Sarah observait des changements dans le comportement de John. Il semblait plus mystérieux, moins enclin à parler de lui ni même s'intéresser aux autres. Quand ils sortaient encore ensemble, il se montrait beaucoup plus séducteur bien qu'un peu maladroit dans ses démarches. Mais ils étaient attirés l'un vers l'autre.
Le seul détail qui faisait de l'ombre au couple qu'ils tentaient de former s'appelait Sherlock Holmes, le colocataire de John. Ce type était un détective taciturne, désagréable et arrogant. John, qui participait parfois à ses enquêtes, se faisait souvent solliciter pendant leurs rencards ce qui au final brisa leur couple. Maintenant, il gardait beaucoup plus de distance et se comportait comme n'importe lequel de ses collègues : aimable, courtois, mais sans plus.
Ils choisirent de se rendre dans un snack. Pendant le trajet, ils croisèrent quelques belles femmes, mais John ne leur accorda aucun regard. Ce détail intrigua Sarah, mais elle songea néanmoins qu'elle pourrait peut-être lui parler pour tenter de recoller les morceaux.
Ils s'installèrent au fond de la salle pour être tranquilles et commandèrent leurs plats.
— Alors John ? Y a-t-il du nouveau dans ta vie ?
— Du nouveau ? Oui et non…, amorça-t-il, pas très certain de ce qu'il pourrait dire.
— Je me disais que j'ai été peut-être un peu dure avec toi en te laissant tomber et je pensais, enfin si tu en as envie, qu'on pourrait reprendre là où on s'est arrêté…
John grinça des dents. Alors qu'il avait tout fait pour la reconquérir sans succès, c'était seulement maintenant qu'elle se décidait.
Il soupira de lassitude.
— Écoute, ne le prend pas mal, mais aujourd'hui, ce n'est plus possible.
— Tu as rencontré quelqu'un ? dit-elle une pointe de déception dans la voix.
— Oui.
John ne souhaitait pas trop s'étendre sur le sujet, peu décider à assumer au grand jour sa relation avec un homme, qui plus est Sherlock.
— Je comprends. Après tout, un bel homme comme toi ne pouvait pas rester seul très longtemps.
John fronça les sourcils à « bel homme ». Il ne se trouvait pas spécialement beau. Il était petit, carré avec un léger surpoids, ridé, ce qui le faisait vieillir de quelques années, maladroit… Non. S'il devait comparer, Sherlock était un bel homme, grand, élégant, svelte bien qu'un peu maigre et un corps parfait, des lèvres douces et pulpeuses… Il se frappa mentalement. Ce n'était pas le moment de penser à lui.
— En tout cas, je te souhaite sincèrement de trouver le bonheur, tu le mérites ! Enfin en espérant que ton colocataire ne s'immisce pas dans ta relation.
John manqua de s'étouffer, mais se reprit de justesse en toussant dans son poing et en se raclant la gorge. Il n'était vraiment pas prêt à lui avouer la vérité.
L'après-midi n'apporta qu'un seul patient pour le renouvellement d'une ordonnance. John s'ennuyait. Ses papiers étant à jour, il tournait en rond. Dans ces moments, il regrettait qu'une affaire ne leur tombe pas dessus. Il décida de rentrer chez lui un peu plus tôt. Il souhaita le bonsoir à ses collègues et quitta la clinique.
Il était 18h20. Le soleil continuait sa progression en direction de l'ouest. Il devrait encore faire jour au moins trois heures. L'atmosphère lourde et suffocante n'annonçait aucun signe de vent ou de pluie.
John poussa un soupir. Il sortit une bouteille d'eau de son sac et but une bonne rasade, appréciant la fraîcheur qui descendait dans son gosier. Il ne portait qu'un chemisier à manche courte et pourtant, le garder sur lui semblait une torture tant la transpiration dégoulinait dans son dos, s'infiltrant dans le tissu qui lui collait à la peau. Il desserra sa cravate, déboutonna deux boutons à son col et sortit le pan de la chemise de son pantalon en le secouant pour faire entrer un peu d'air. Il paraîtrait débraillé, mais il s'en fichait complètement.
La nuit, la température ne descendait pas beaucoup ce qui l'empêchait souvent de dormir. Un soir, il força Sherlock à monter sur le toit de leur immeuble pour lui montrer un beau spectacle. On pouvait voir, sous le ciel nocturne, des éclairs de chaleur qui illuminaient la voûte céleste aux couleurs arc-en-ciel. Bien entendu, le brun trouvait ça ennuyeux jusqu'au moment où John avait commencé à se dévêtir et, ne portant que son boxer, s'était allongé pour apprécier la voie lactée, malgré la pollution lumineuse qui restreignait une partie du ciel. Sherlock avait tôt fait de le rejoindre non pas pour regarder les étoiles dont il se moquait totalement, mais pour savourer un moment de quiétude avec son homme.
Plutôt que de prendre le métro étouffant, il décida de rentrer à pied. Après tout, il devait rester en forme pour pouvoir suivre le détective dans leurs courses poursuites endiablées. Il coupa par différentes ruelles pour raccourcir son parcours, car Baker Street se situait assez loin de son lieu de travail. Alors qu'il marchait depuis un petit moment, il entendit des crissements derrière lui, des pas un peu plus rapides que les siens. Il se retourna légèrement et aperçu trois hommes baraqués. Sans trop s'en formaliser, il accéléra tout de même le pas, au cas où.
Soudain, tout bascula. Les trois hommes se mirent à courir et John voyant leurs airs menaçants, prit ses jambes à son cou pour leur échapper. Il bifurqua entre les voies jusqu'à ce qu'il tombe dans un cul-de-sac. Une grille, malheureusement trop haute à escalader, lui barrait le chemin vers la liberté. Au bout de la ruelle se trouvait une artère où de nombreuses voitures circulaient.
Il frappa la grille du pied, rageur. Les pas s'arrêtèrent juste derrière lui. Il était pris au piège. Il se retourna pour faire face à ses assaillants. Il observa chacun d'eux : d'abord, le géant, une armoire à glace de deux mètres. Ses muscles saillaient sous son tee-shirt. Le second devait être boxeur aux vues de ses mains bandées, son short de sport et son débardeur. Le troisième ressemblait à un militaire avec son pantalon de treillis et son tee-shirt kaki, mais pas moins musclé que les deux autres.
— Si c'est mon argent que vous voulez, prenez-le !
Les hommes ricanèrent.
— On n'en veut pas d'ton fric, rétorqua le troisième.
— Qu'est-ce que vous me voulez ? demanda John, d'une voix légèrement hésitante.
— On veut juste s'amuser un peu, pas vrai les gars ?!
— Ouais ! dirent-ils en s'esclaffant.
John recula contre la grille alors qu'ils avançaient vers lui, puis il lâcha son sac médical qu'il gardait toujours avec lui et se mit en position de défense : il n'allait pas se laisser agresser sans se battre.
Le militaire lança un coup franc que John n'eut aucun mal à éviter en le contournant. Le boxeur l'attrapa par les épaules, mais John se baissa légèrement et donna un bon coup de coude dans les côtes de son adversaire qui grogna de douleur. Il esquiva à nouveau le militaire qui toucha malgré tout son bras. John se le tenait, sentant son sang pulser dans ses veines. Il ne remarqua pas le géant lui envoyer un coup de poing dans son flanc droit, le faisant vaciller, un genou à terre.
Alors qu'il tentait de se redresser, le géant le frappa au visage, l'envoyant s'écraser contre la grille. John sentit son visage palpiter sous la violence du dernier coup reçu. Il n'avait plus la force de continuer ce combat inégal. Il s'accrocha tant bien que mal aux barreaux et hurla : « Au secours ! », mais sa voix se perdit dans les bruits de la rue.
Il ressentit un coup violent dans le dos qui le mit à genoux. Ensuite, une main le prit à la gorge, l'étouffant presque pour que John lâche les barreaux et le projeta à terre. Le géant plaça ses bras sous ses aisselles pour le soulever et le maintenir debout.
Alors que l'un d'eux s'apprêtait à lui asséner un coup de poing, John profita de sa séquestration pour soulever ses jambes et frapper l'homme devant lui en plein thorax. Ce dernier vacilla, toussant. Quand il se fut ressaisi, il lui envoya une droite au visage. La tête de John se projeta contre le torse du géant. Il était sonné, mais pas encore dans les vapes. Du sang coulait d'une de ses narines.
— Eh mec, calme-toi ! Il ne faudrait pas le tuer.
— Je sais, mais il est coriace. Il ne faut pas le sous-estimer. Je voulais juste le calmer un peu.
Il le frappa au ventre à plusieurs reprises. John sentait qu'il ne résisterait plus très longtemps à ce traitement. Le géant le lâcha. Il s'écroula sur le bitume où il reçut d'autres coups sur plusieurs parties du corps. Il se protégea la tête avec ses bras. Après quelques secondes de mauvais traitements, ils s'arrêtèrent. John était couché en chien de fusil et ne bougeait plus. Il avait perdu connaissance.
— Qu'est-ce qu'on fait de lui ?
— On le laisse ici, notre mission est terminée.
Lorsque John revint à lui, la nuit était presque tombée. Il tenta de se relever, mais une douleur fulgurante l'assaillit. Il se tâta avec hésitation, deux côtes cassées à l'évidence. Ses jambes avaient également morflé ce qui l'empêchait de se lever.
— Et merde ! ragea-t-il.
Il retira son portable de la poche de pantalon, heureusement, toujours en parfait état. Il annonçait 21h38. Plusieurs messages s'affichèrent en provenance de Sherlock. Apparemment, il s'inquiétait qu'il ne soit toujours pas rentré et qu'il ne réponde pas. John regardait les bâtiments autour de lui, mais il ne trouva pas ce qu'il cherchait : des caméras. « Dommage, sinon Mycroft aurait déjà eu vent de ma mésaventure », songea-t-il.
Il regarda son répertoire : appeler Sherlock ou Lestrade ? Vu qu'il avait été victime d'une agression, Lestrade était le plus indiqué. Mais d'un autre côté, il voulait rentrer et ne pas inquiéter son compagnon plus longtemps.
Il composa le numéro. Le destinataire décrocha immédiatement.
— John, je m'inquiétais de ne pas te voir rentrer.
— Excuse-moi, Sherlock, peux-tu venir me chercher ? Je… je me suis fait agresser et je ne peux pas bouger…
— Où es-tu ?
Sa voix était sèche, mais John décela une pointe d'inquiétude.
— À mi-chemin entre la clinique et Baker Street. Dans une ruelle qui est proche d'un grand axe. Une grille me bloque le chemin et…
— Je vois où elle se trouve, reste où tu es !
Et il raccrocha.
Aucun risque qu'il ne bouge.
L'avantage avec Sherlock, c'était qu'il connaissait la ville comme sa poche, il avait besoin de peu d'éléments pour trouver un lieu alors qu'en appelant Lestrade, il lui aurait fallu plus de temps pour le rejoindre d'autant qu'il ne pouvait dire lui-même où il se situait exactement.
Dix minutes plus tard, son colocataire arriva de l'autre côté de la ruelle. Il escalada la grille avec agilité pour retomber de son côté. Il s'avança vers John assis et immobile contre un mur. Sherlock se pencha sur lui, prit son visage à deux mains et le scruta avec un air renfrogné. De toute évidence, il était contrarié. Son visage devait être salement amoché vu la tête qu'il faisait.
— Est-ce que tu peux te lever ?
— Je vais essayer.
John tenta de se hisser, Sherlock le soutenait en prenant un bras par-dessus son épaule et glissa l'autre sous ses aisselles, mais il se tordit de douleur. Il était clair qu'il ne pourrait pas marcher. Le brun le reposa doucement.
Il pianota sur son portable.
— J'ai contacté Mycroft, il va nous envoyer une voiture pour t'emmener à l'hôpital.
— Ça n'aurait pas été plus simple d'appeler une ambulance ?
— Je n'ai pas leur numéro.
John leva les yeux au ciel. Mauvaise excuse, il aimait juste le côté pratique et la rapidité de réaction de Mycroft.
La limousine entra dans la ruelle par laquelle Sherlock était arrivé plus tôt. Le chauffeur descendit de la voiture et ouvrit la grille. À croire que le Gouvernement britannique possédait toutes les clés de la ville.
Quelques minutes plus tard, ils arrivèrent à l'hôpital St Bart.
Pendant que John était en auscultation, Sherlock attendait dans le couloir. Mycroft arriva peu après.
— Que s'est-il passé ?
— John rentrait de la clinique à pied. Trois hommes l'ont suivi et passé à tabac. Apparemment, c'était un acte purement gratuit d'après ce qu'il avait compris d'eux.
— Difficile de croire qu'on puisse battre un homme au hasard juste pour se défouler.
— C'est bien ce que je pense aussi. John n'a pas d'ennemis. Par contre, s'en prendre à lui pour m'atteindre serait plus que probable. On a au moins leur description, ils sont assez atypiques, les retrouver ne devrait pas être difficile. J'ai déjà envoyé l'info à Lestrade pour qu'il commence à chercher.
John sortit de la salle de consultation quelques minutes plus tard, il semblait aller un peu mieux.
— Comment vous sentez-vous, John ? s'enquit Mycroft.
— Ça pourrait aller mieux, mais je devrais rester immobilisé pendant trois semaines le temps que les os se ressoudent.
Les deux hommes l'observaient avec insistance : son apparence les inquiéta.
— C'est bon les gars, je ne suis pas en sucre, ça ira !
— Je vous tiens au courant dès que j'ai plus d'informations. Ce forfait ne restera pas impuni, John.
— Merci, Mycroft, j'apprécie votre aide.
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De retour dans leur appartement, John se dirigea vers la cuisine pour se faire un thé.
— Jusqu'à quel point as-tu mal ?
— Au point que les câlins seront proscrits quelque temps.
— Pourquoi n'as-tu pas pris le métro ?
— Parce que j'avais envie de marcher, je ne pensais pas que je me ferais attaquer en chemin. Je suis parti plus tôt de mon travail, c'est pour ça que je ne pense pas que ce soit prémédité. J'étais au mauvais endroit au mauvais moment, voilà tout.
Sherlock resta perplexe, mais ne répondit pas.
Durant la nuit, chacun resta de son côté du lit. Le torse de John était solidement bandé et le moindre mouvement le faisait gémir de douleur. Son corps était parsemé de contusions pas très belles à voir. Sherlock ferma très peu l'œil. Il veillait sur son compagnon. Il était prévenu que le blond ferait sûrement une poussée de fièvre dans la nuit suite au traumatisme. Le brun avait récupéré un gant de toilette et une bassine d'eau pour éponger son visage couvert de sueur. La nuit était particulièrement étouffante. Il en profita pour lui rafraîchir tout le corps pour qu'il puisse dormir tranquillement.
Au petit matin, Sherlock se leva de très bonne heure. Lestrade lui avait envoyé un message avec une photo concernant l'un des trois agresseurs, celui en tenue de boxeur. John devait l'identifier, mais il préféra le laisser dormir pour le moment. Il chercha sur Internet les différents clubs de boxe de la ville.
Quelqu'un sonna à l'entrée. Il entendit madame Hudson râler contre le visiteur qui ne laissait pas les honnêtes gens dormir. Celui-ci monta directement à l'étage. Sherlock reconnut le pas souple et appuyé de son frère.
— Bonjour Sherlock, as-tu du nouveau ?
— Peut-être bien. Lestrade m'a envoyé une photo à faire identifier à John, mais là… il dort.
— Tu faiblis. D'habitude, tu le réveillerais pour bien moins que ça. Quand j'entends vos bruits de succion lorsque vous vous bécotez à n'importe quelle heure du jour et de la nuit, je peux comprendre qu'il ait besoin de sommeil.
— En même temps, tu apprécies la vue. Pourquoi ne te joindrais-tu pas à nous, lâcha-t-il avec désinvolture.
— Serait-ce une invitation ?
— …
Ils se toisèrent un moment, mais aucun ne céda.
— Concernant ces hommes… Je n'ai malheureusement pas de caméra dans tous les recoins de la ville, mais j'en ai plusieurs entourant le quartier en question et je suis venu t'apporter les photos prises à l'heure approximative de l'agression.
Sherlock les consulta et il reconnut le boxeur accompagné de deux autres hommes, sur deux d'entre elles.
— Face à eux, John n'avait aucune chance de s'en sortir. C'est heureux qu'ils ne l'aient pas davantage esquinté, voire tué, conclut Mycroft.
— Je sors ! Peux-tu garder un œil sur lui ? annonça-t-il en se levant brusquement.
— Aucun problème, je n'ai rien prévu d'important ce matin.
Sherlock prit sa veste et sortit.
Mycroft s'installa sur le fauteuil de Sherlock et téléphona à Anthéa pour annuler tous ses rendez-vous de la matinée. Il entreprit d'envoyer ses derniers rapports urgents qui ne pouvaient attendre.
Le jour commençait à éclairer le salon. Mycroft se leva et se dirigea vers la chambre de son frère prendre des nouvelles de John. Il resta un moment appuyé au chambranle de la porte. John était allongé sur le dos, son torse fermement maintenu par des bandages. Le drap s'arrêtait au niveau de ses hanches et laissait apercevoir un boxer rouge, apparemment le seul vêtement qu'il portait. Sa respiration, lente et régulière signifiait qu'il était profondément endormi.
Mycroft s'approcha du lit et s'assit sur le bord du matelas. Il l'observa un moment. Puis, parce qu'il l'avait maintes fois rêvé, il lui caressa la joue. Une barbe naissante le gratta légèrement. Il passa ses doigts sur les lèvres douces. Il se lécha les siennes à cette sensation. Sa main descendit, effleurant les bandages et se dirigea plus au sud. Il frôla le boxer et dans une tentation presque animale, il glissa un doigt dessous, sentant les poils qui descendaient vers quelque chose de bien plus excitant.
Tout à coup, John se mit à bouger. Sa jambe droite se replia, sortant de sous le drap, sa main gauche remonta au niveau de sa tête qui pivota légèrement sur le côté. Il était toujours endormi, mais sur le point de se réveiller. Mycroft sursauta et quitta précipitamment la pièce avant de se faire surprendre en mauvaise posture.
Le soleil filtrait derrière les rideaux. John s'éveilla doucement quelques minutes plus tard. Il essaya de relever le buste, mais grimaça. La douleur était toujours bien trop vive. Il y renonça. Il tourna la tête du côté de son voisin, mais la place laissée vide de son amant était froide.
— Sherlock ? appela-t-il.
Personne ne répondit. Au bout d'un moment, il entendit un bruit de pas qui s'approchait.
— Bonjour, John, comment allez-vous ce matin ?
John était surpris de trouver le frère de Sherlock dans l'appartement.
— Mycroft ? Que faites-vous ici ? Euh… je vais bien.
Il avisa ce que l'aîné des Holmes avait dans les mains.
— Oh ! Vous m'apportez mon petit-déjeuner ?
— Je me suis dit qu'il vous serait difficile de vous lever et je pense que vous devez avoir faim.
Il posa le plateau sur la table de nuit. Au même moment, un gargouillement se fit entendre. John eut un sourire gêné.
— Je vais vous aider à vous relever.
Il prit John délicatement par les aisselles pour le faire asseoir pendant que celui-ci s'aidait de ses pieds. Ce dernier était un peu déconcerté. Déjà la veille, Sherlock l'avait aidé à s'allonger avec beaucoup de douceur et Mycroft faisait de même. Avant d'être en couple, celui-ci n'aurait même pas levé le petit doigt et auraient laissé John se débrouiller tout seul. Les Holmes n'étaient pas frères pour rien. Il avait constaté au fil du temps que tous les deux prenaient soin de lui à leur façon. Il était devenu leur centre d'intérêt. Non pas que ce soit désagréable, mais d'être constamment surprotégé n'était pas dans ses habitudes. Il évitait d'ailleurs d'afficher ce genre de faiblesse en présence d'une tierce personne. Son côté viril en prendrait un coup.
Il constata que son drap avait glissé sur ses cuisses. Il rougit devant sa quasi-nudité, car il ne partageait pas la même intimité avec Mycroft. Mais celui-ci lui remonta le drap jusqu'à la taille et il lui en fut reconnaissant. Ensuite, il posa le plateau sur ses genoux pour qu'il puisse manger : un thé, des scones à la fraise et du bacon, tout ce qu'il aimait. « Comment a-t-il deviné ? » s'étonna-t-il. En même temps, c'était un Holmes et Sherlock lui avait dit un jour que son esprit était encore plus aiguisé que le sien.
— Sherlock est sorti ? le questionna-t-il.
— Oui. J'ai pu obtenir des photos de l'endroit proche où vous étiez et on y voit clairement vos agresseurs que vous nous avez décrits. D'ailleurs, regardez ces photos et confirmez-moi que ce sont bien eux.
John hocha affirmativement la tête.
— Sherlock est parti retrouver l'un d'entre eux et je pense qu'il a fait appel à Lestrade en renfort.
John soupira de contentement. S'ils arrivaient à les arrêter, il se sentirait plus tranquille.
Il remarqua que Mycroft le dévisageait. Il avait souvent du mal à soutenir ce regard perçant qu'il lui lançait parfois, n'arrivant pas à deviner ses pensées. Il détourna les yeux le premier.
— Heu… Je suis désolé pour le dérangement… Vous avez sûrement des choses plus urgentes à faire et ça m'ennuierait de vous faire perdre votre temps.
— Ne vous en faites pas pour ça. J'ai promis à Sherlock que je veillerais sur vous jusqu'à son retour. J'ai un peu de temps libre et ça me fait plaisir de le passer en votre compagnie. Je vais vous laisser manger tranquillement. Appelez-moi quand vous aurez terminé.
Depuis que John était en couple avec Sherlock, il était le centre de toutes ses attentions. Certes, son compagnon manquait de pratique, mais il apprenait vite. Et voilà qu'un matin, Mycroft avait débarqué et leur avait dit de but en blanc qu'il était ravi pour eux deux. Ce qui, pour sa part, était tout à fait inattendu alors que Sherlock n'avait pas relevé ce détail. John avait soupçonné Mycroft d'avoir remis des caméras et pas que dans le salon. Du coup, quand il lui lançait parfois des regards scrutateurs et appuyés d'un léger sourire suffisant, il ne pouvait s'empêcher de penser qu'il était observateur de leurs moments les plus intimes et ça le mettait vraiment très mal à l'aise d'être l'objet de voyeurisme. Mais il n'avait pas voulu aborder le sujet avec Sherlock. Il se faisait peut-être de fausses idées. Après tout, le comportement des Holmes restait un vrai mystère pour lui et ce qui paraissait inconvenant pour le commun des mortels, était tout à fait normal pour eux. Donc, pourquoi s'inquiéter outre mesure ?
Son repas terminé, il décida de se lever. Étant déjà en position assise, le plus dur était fait. Il prit sa robe de chambre, sachant qu'il lui serait impossible de s'habiller. En entrant dans le salon avec son plateau, Mycroft, assit sur le fauteuil de Sherlock, pianotait sur son portable – du temps libre, mais beaucoup de travail. En le voyant debout, Mycroft le gronda, mais John rétorqua qu'il n'avait pas envie de rester coucher toute la journée.
Il appela la clinique, annonçant à Sarah ce qu'il lui était arrivé – en omettant certains détails pour ne pas l'effrayer – et son incapacité à venir travailler pendant quelque temps. Elle lui proposa d'en profiter pour prendre des vacances juste après sa convalescence en raison d'un mois d'août qui présageait de peu d'activité à la clinique.
Ils passèrent la matinée, chacun assit en face de l'autre. John avec son journal le Times et Mycroft avec son portable. De temps en temps, Mycroft observait le blessé. Sur son visage, sa joue était violacée et il arborait de nombreuses coupures. Le haut de sa robe de chambre baillait laissant voir son torse enveloppé telle une momie et ses jambes croisées dont l'ouverture avait laissé sortir l'une d'elles visible jusqu'au-dessus du genou.
Mycroft aimait beaucoup John au point d'être parfois jaloux de son frère d'avoir trouvé le colocataire idéal. Dès le premier jour, cet ex-militaire l'avait intrigué, tant dans son comportement complètement imprévisible que par sa personnalité simple. Il l'avait donc « invité » à le rencontrer et ce fut non sans une pointe de curiosité qu'il avait tenté de percer à jour ses intentions. Le besoin de le toucher fut quasi immédiat tant il était charmant. Sa loyauté envers son frère, à peine rencontré, le convainquit qu'il était l'homme qu'il leur fallait à tous les deux : aussi bien pour refréner le comportement incontrôlable et destructeur du détective (et alléger ainsi son fardeau par la même occasion), qu'une autre manière de parlementer avec ce dernier, quel que soit le sujet, avec toute la diplomatie et la patience du médecin en soutien (bien que parfois, John les laissait se débrouiller entre eux quand la cause n'en valait pas la peine) ; il était conquis !
Le soir où ils avaient trouvé John aux prises avec l'aphrodisiaque, il s'était vraiment inquiété sur son état instable. Quand il avait vu que Sherlock l'avait quasiment forcé à coucher avec lui, son cœur avait raté un battement, mais finalement, John céda sans trop de difficulté. Il était tout de même curieux de la manière dont son frère s'y prendrait face à cet ancien militaire plus habitué des femmes conventionnelles. Il avait fait mettre une caméra dans sa chambre. Le spectacle l'avait époustouflé.
Il ne connaissait de John que le côté rigide et sous contrôle digne du militaire qu'il avait été. Jamais il n'aurait pu croire qu'il pourrait se lâcher autant. Il était magnifique, sa peau luisante de sueur. Ses gémissements, ses cris, ses halètements, ses soupirs l'avaient fait frissonner et avait fait monter en lui un désir qu'il croyait inexistant. Il aurait donné n'importe quoi pour être à la place de son frère. Mais la réalité brisa ses illusions. John avait fini par reconnaître qu'il était tombé amoureux de Sherlock bien avant cette histoire, à son grand dam.
Il se contentait donc de l'approcher le plus souvent possible. Sherlock, ayant compris son petit manège, avait retiré la caméra de sa chambre, mais il lui arrivait parfois de la remettre, le lui signalant au passage. Il ne voyait que leurs instants de tendresse innocent ou leurs nuits paisibles, blottis l'un contre l'autre… Rien de sulfureux. Sherlock voulait garder les meilleurs moments juste pour lui.
John et Mycroft déjeunèrent ensemble. Le blond s'avérant être un bon cuisinier, Mycroft lui avait apporté très peu d'aide. Ils passèrent un bon moment en tête-à-tête. Chacun trouvant l'autre de bonne compagnie.
Sherlock revint avec Lestrade vers quinze heures, la mine déconfite. Apparemment, ils avaient fait chou blanc.
Mycroft prit la parole pendant que Sherlock balançait rageusement sa veste sur le porte-manteau avant d'aller s'asseoir sur son fauteuil.
— Qu'est-ce que ça a donné ? les questionna Mycroft.
— Nous sommes allés à la salle de boxe que l'un des agresseurs, Stuart Jones, fréquente régulièrement, raconta Lestrade. Il se trouve que ce type possède déjà un casier assez lourd – trafic de stup', agressions, vol à main armé – et apparemment, ses complices seraient de la même trempe.
« En arrivant là-bas, nous avons demandé à le rencontrer, mais avant même d'avoir la réponse, il s'enfuyait par la porte du fond. À peine avons-nous franchi le seuil de la porte que nous l'avons perdu de vue. C'est alors que Sherlock nous a fait remarquer que la plaque d'égout avait été soulevée puis remise en place. Nous nous sommes engagés à l'intérieur. Pendant un moment, nous avons suivi ses traces puis nous sommes arrivés à une intersection qui, semble-t-il, avait été souvent empruntée pour brouiller les pistes et c'est là que nous avons perdu sa trace. Nous avons bien essayé d'emprunter les différents chemins, mais chacun menait à d'autres intersections, c'est un vrai labyrinthe là-dessous. On a passé plusieurs heures à tenter de retrouver sa piste sans succès.
« Nous sommes allés ensuite à son domicile, mais l'appartement était vide. Quant aux deux autres, nous n'avons trouvé aucun indice pour leur mettre la main dessus. Nous sommes de nouveau à la case départ.
John était assis devant la table de la cuisine tout en écoutant le monologue de Lestrade. Le souvenir de son agression revenait à son esprit. Sa gorge se noua.
— John, ça va ? demanda Lestrade.
Le blond sursauta, émergeant de ses pensées. Il constata que tout le monde avait les yeux rivés sur lui.
— Je vais bien… Ne vous inquiétez pas, j'en ai vu d'autres, les rassura-t-il.
— Je retourne au bureau. Je vous appelle dès que j'ai du nouveau.
Après son départ, Sherlock se leva et se posta devant la fenêtre. Un silence pesant s'installa dans l'appartement.
— Bon, je ne peux pas rester plus longtemps, j'ai une réunion dans une heure. Reposez-vous, John, la priorité pour le moment, c'est votre rétablissement, dit Mycroft, en posant une main amicale sur son épaule.
Puis il s'en alla.
Sherlock ne décrocha pas un mot. John se leva et s'approcha de son compagnon. Il passa ses bras autour de sa taille, posant sa tête contre son dos.
Pendant un moment, il ne réagit pas. Puis il se détendit, se retourna et embrassa le docteur.
— J'ai peur de te perdre, avoua le détective.
— Pourquoi me perdrais-tu ?
— J'ai le pressentiment que cette histoire n'est que la surface de l'iceberg.
— À mon avis, tu te fais de fausses idées, mais j'ai confiance en toi pour résoudre le problème.
— L'avenir nous le dira.
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Dans une chambre d'hôtel, dans le quartier pauvre de Londres, trois hommes entrèrent dans la pièce occupée par un homme en costume et un autre à l'allure militaire.
— Nous avons été débusqué, nous ne pouvons plus retourner dans nos planques. Sherlock Holmes est sur nos traces comme vous vous en doutiez. Mais nous avons fait comme vous nous l'avez dit, il ne remontra pas jusqu'à vous.
— Bien, la première partie de mon plan est en marche. Laissons passer un peu de temps que les esprits se calment. Ensuite, nous nous occuperons de lui.
Au même moment, on entendit au loin les sirènes des bateaux arrivant au port.
