Bonjour/Bonsoir !
Je ne suis pas morte, non ! Cette année, je suis tout simplement en 1° année de médecine et donc je passe 99% de mon temps à travailler et l'autre pourcent à survivre, c'est pourquoi je n'écris plus/ne review pas les fics que je lis (désolée !). Toutefois, voici un (très long) OS que j'ai concocté ces derniers jours, très inspirée par les dernières scènes de tournage que nous avons eu de Glee pour Klaine.
Chapitre : OS divisé en 2 parties pour la longueur
Pairings : Klaine, Fabrummel (majoritaire) ; Seblaine, Kandler, Blaine/OC, Kurt/OC, Hummelberry (mineur/mentionné)
Rating : T pour le vocabulaire
Genre : Amitié, Romance, Fluff, Univers Alternatif
Résumé : L'hiver a enveloppé New York dans son manteau glacial et enneigé, plongeant Blaine Anderson dans une période de Noël qu'il a appris à ne plus aimer au fil de ses années de galère dans la Grosse Pomme. Il suffira d'une soirée dans Central Park pour changer sa vision des fêtes de fin d'année et réchauffer son coeur solitaire.
Disclaimer : Comme d'habitude, Glee appartient à RIB, et rien de ce qui est mentionné dans cette histoire ne m'appartient.
Vingt jours avant Noël
Se passant la main dans ses cheveux, ses doigts courant dans ses boucles indisciplinées, Blaine Anderson tira la langue et la pinça entre ses lèvres tandis qu'il s'acharnait sur les lacets incroyablement longs de ses patins à glace. Voilà bien cinq minutes qu'il essayait de les nouer correctement, et pourtant, il finissait encore et toujours par faire un nœud ou rater un crochet.
Cela faisait au moins une dizaine d'années que le jeune homme n'était pas allé à la patinoire, et il constatait avec effarement que son manque de pratique se voyait même dans son incapacité à nouer les lacets de ses patins. Depuis qu'il s'était installé à New York, à la fin de ses années de lycée, il y a cinq ans, Blaine n'avait jamais trouvé le temps de s'arrêter dans sa course folle aux petits boulots pour se faire plaisir et s'offrir une demi-journée d'hiver à Wollman Rink, la plus belle patinoire de New York à ses yeux. Et après avoir enfin décroché un travail suffisamment bien payé pour se permettre un petit extra comme celui-ci, Blaine s'était enfin décidé à chausser à nouveau des patins en espérant ne pas trop se ridiculiser sur la glace. C'était apparemment mal parti.
Le jeune homme poussa un soupir de victoire quand il réussit enfin à nouer correctement ses patins, et se leva du banc, confiant ses chaussures au loueur et rangeant ses effets personnels dans un casier. Rajustant son manteau et son écharpe pour se protéger du froid mordant de l'hiver New Yorkais, Blaine posa timidement un pied sur la glace, s'accrochant de toutes ses forces à la rambarde et priant pour ne pas tomber comme un idiot. Il se félicita intérieurement en commençant à patiner doucement, restant près de la rambarde, espérant que ses souvenirs de patinage enfouis depuis dix ans resurgiraient rapidement. La piste n'était pas si remplie que ça, ce qui était plus qu'appréciable. La nuit commençait à tomber sur la ville qui ne dort jamais, et déjà les gratte-ciels illuminaient le plafond nocturne, la pointe de l'Empire State Building dépassant au loin tous les autres buildings, tel un phare pour guider la population New Yorkaise dans la nuit. En cette soirée d'hiver, à l'approche des fêtes de Noël, et en pleine semaine, il était apaisant de ne pas avoir à se soucier de se prendre en pleine figure un patineur imprudent, ce qui, vu sa malchance, serait certainement arrivé à Blaine s'il s'était décidé à sortir un samedi soir. Même les touristes semblaient vouloir profiter de la chaleur d'un théâtre de Broadway plutôt que de se geler dehors à tourner en rond sur la glace.
Blaine observa les patineurs autour de lui. Un groupe d'adolescents, apparemment tous issus de la haute société de New York vu leurs manteaux griffés, faisaient la course le long de la piste, riant aux éclats et criant les uns sur les autres. Quelques couples patinaient paresseusement, main dans la main, et Blaine sentit une grande vague de solitude l'envahir devant ce tableau. Il avait eu un petit-ami en arrivant à New York, mais ça n'avait pas duré bien longtemps. Pas après que le bouclé ait trouvé Peter dans les bras d'un autre gars, complètement éméché dans un bar miteux du Bronx. Il ne savait même plus comment il avait atterri là, vivant dans Brooklyn.
Au centre de la piste, deux jeunes gens, un garçon et une fille d'apparemment son âge, faisaient diverses figures dont Blaine ne connaissait absolument pas les noms, ne s'étant jamais vraiment intéressé au patinage artistique, même quand il regardait les Jeux Olympiques à la télévision. Malgré son ignorance en la matière, il voyait combien les figures étaient difficiles à réaliser et ne put s'empêcher d'admirer le couple de sportifs répéter l'enchaînement sur lequel ils travaillaient. Il n'y avait aucun doute sur le fait que les deux jeunes adultes étaient des patineurs professionnels, ou alors d'un très haut niveau pour quelqu'un qui pratiquerait juste pour le plaisir. Continuant ses tours de pistes, Blaine observa le couple de patineurs avec une certaine admiration, s'extasiant devant leurs mouvements complexes, gracieux et si précis. Ses vieilles habitudes de patinage revenaient peu à peu, et il patinait de plus en plus loin de la rambarde, se rapprochant peu à peu du centre de la piste sans pour autant déranger les deux sportifs. Il tourna largement autour d'eux, essayant d'éviter le groupe d'adolescents qui manquèrent de le renverser à un moment.
Son regard croisa un moment celui du jeune homme qui prenait de l'élan pour réaliser une pirouette sur lui-même, se dressant sur la pointe des patins, et ce qui devait arriver arriva. Blaine s'égara dans les deux orbes bleus qui le regardèrent, l'inconnu lui adressant un sourire timide, et le bouclé perdit l'équilibre, tombant avec autant de grâce qu'un éléphant sur les fesses, son pantalon se mouillant au contact de la glace, le faisant frissonner de la tête aux pieds. Quoiqu'il n'était pas sûr que ce frisson est vraiment quelque chose à voir avec la température glaciale. Il entendit un éclat de rire à sa gauche, qui résonna comme un tintement de cristal à ses oreilles. Avant qu'il n'ait le temps d'enregistrer ce qui venait de se passer, une ombre se projeta sur lui et Blaine leva les yeux vers l'inconnu.
– Rien de casser ? lui demanda le jeune sportif.
Le bouclé mit un certain temps à comprendre qu'il s'adressait à lui, et saisit la main tendue et gantée qui l'aidait à se remettre debout.
– Hm, je crois que ça va, répondit Blaine en se massant les fesses, une légère douleur le brûlant.
Il regarda le jeune garçon et se surprit à détailler son physique. Il semblait sortir tout droit d'un magazine de mode. Ses cheveux châtains, clairsemés de quelques mèches blondes, étaient impeccablement coiffés par une fiche couche de laque, si haut que Blaine se demandait si le produit capillaire n'était pas conçu pour résister à la gravité terrestre. Ses joues et le bout de son nez étaient colorés d'une délicate teinte de rouge à cause du froid, et le bouclé ne put s'empêcher de trouver cela adorable, la couleur détonnant en contraste avec la peau pâle du garçon. Ses lèvres étaient légèrement rosées, sans doute grâce au baume que le châtain avait appliqué pour éviter d'avoir les lèvres gercées. Sa tenue de patineur, sous son manteau ouvert, semblait elle aussi sortir d'un défilé de grand couturier, ou alors était-ce la façon dont elle était portée par le jeune homme qui la rendait si sophistiquée, avec les quelques accessoires judicieusement ajoutés. Même ses patins à glace auraient pu passer pour l'œuvre de Chanel.
Blaine fut sorti de sa contemplation indiscrète du garçon par l'arrivée gracieuse à ses côtés de la jeune fille blonde qui patinait avec lui, vêtue uniquement d'une courte robe à manches longues, laissant apparaître ses longues jambes fines, la jupette s'agitant sur le haut de ses cuisses. Le bouclé se demanda sincèrement comment elle faisait pour ne pas mourir de froid dans cette tenue légère.
– Tout va bien, Kurt ? demanda-t-elle en jetant à Blaine un regard suspect.
Le patineur, Kurt, tourna son regard vers elle et lui sourit.
– Oui, oui. J'ai apparemment tellement subjugué ce monsieur par mes figures qu'il en est tombé par terre.
Kurt rit, et Blaine se mit à rougir violemment. La blonde lui adressa un regard amusé, et prit la main du châtain, l'emmenant patiner avec elle à nouveau. Kurt adressa un sourire d'excuse à Blaine – pourquoi, il n'en savait rien – et fit tourner sa petite-amie. Légèrement déçu de ne pas avoir eu l'occasion d'échanger plus de mots avec le mignon sportif, Blaine reprit son patinage en solitaire en évitant la bande d'adolescents déchaînés. Au bout de plusieurs minutes à tourner en rond sans but, observant discrètement Kurt et sa petite-amie enchaîner des figures de plus en plus complexes avec la plus naturelle des aisances, Blaine quitta la piste, les jambes en compote. Il s'assit sur un banc, défaisant ses patins et allongeant ses jambes, et frictionna ses mains gantées pour les réchauffer. Il regarda Kurt soulever sans aucune difficulté sa partenaire, la faisant tournoyer dans les airs tandis qu'il tournait lui-même à une vitesse folle, le tout dans une grâce et une finesse impressionnante. Il laissa son esprit quitter Central Park et le couple de patineurs en fermant les yeux, la brise glaciale du mois de décembre rafraichissant ses joues en feu. Il rouvrit les paupières quelques minutes plus tard, sentant une présence à côté de lui. Blaine tourna la tête vers sa droite et croisa le regard bleu et perçant du jeune patineur, qui l'observait avec un petit sourire, avant de se détourner en rougissant.
– J'ai remarqué que tu n'arrêtais pas de nous regarder, ma partenaire et moi, dit-il finalement au bout de quelques secondes. Tu aimes le patinage artistique ?
– Pour être franc, je n'y connais absolument rien. Mais c'est très joli ce que vous faîtes, répondit Blaine en regardant la jeune fille blonde tourner plusieurs fois sur elle-même.
– Merci. C'est la première fois que tu viens ici ?
Blaine hocha la tête, regardant Kurt.
– Je suis surpris qu'il y ait si peu de monde, en fait. Je veux dire, ce ne sont pas les touristes qui manquent à cette période de l'année, à New York.
– C'est parce qu'on est mercredi. Et en ce moment, West Side Story est joué au Majestic Theatre à Broadway tous les mercredis soirs.
– Et… ?
Kurt se tourna vers lui comme s'il était devenu fou.
– Et c'est la comédie musicale la plus connue et appréciée ! Personne ne raterait une représentation de West Side Story à Broadway !
– Alors qu'est-ce que tu fais là ce soir ? demanda Blaine en haussant les sourcils.
Kurt semblait apparemment fan de la comédie musicale, à en juger par l'excitation contenue dans sa voix quand il avait évoqué le spectacle.
– Quinn et moi nous entraînons pour notre championnat. On profite du fait qu'il n'y ait pas grand monde pour ne pas être déranger. Même si ce groupe de gosses de riches commence à me taper sur les nerfs. L'un d'entre eux a failli me faire rater mon porté tout à l'heure, et je ne peux pas me permettre de blesser Quinn. On travaille sur ce championnat depuis quatre mois, et pour rien au monde je ne changerai de partenaire. Je n'ai même pas le temps de changer. Le championnat est dans un mois.
– Je suis sûr que vous allez tout déchirer, assura Blaine. Vous êtes impressionnants, tous les deux. Ça se voit que vous êtes en couple, il y a tellement d'alchimie entre vous deux.
Kurt éclata de rire et le bouclé se demanda soudain s'il n'avait pas dit une bêtise.
– Quinn n'est pas ma petite-amie. C'est juste ma partenaire de patinage, et ma meilleure amie en quelque sorte. Je suis gay, à vrai dire.
– Oh, fut la seule chose qu'arriva à dire Blaine, se sentant soudainement idiot.
– Mais merci. Ceci dit, tous nos concurrents sont très forts, même plus que nous.
Blaine sourit au châtain et lui tendit sa main.
– Blaine, se présenta-t-il en serrant la main du jeune homme.
– Kurt.
– Ça fait longtemps que tu fais du patinage artistique ?
– Depuis mes cinq ans. Depuis que j'ai vu l'épreuve aux Jeux Olympiques, j'ai tout de suite voulu en faire. C'est très élégant comme sport.
– Sauf quand on s'appelle Blaine Anderson et qu'on se casse lamentablement la figure devant un patineur professionnel avec autant de grâce qu'un mammouth.
Kurt rit à nouveau et s'installa de sorte à faire face à Blaine, s'asseyant à califourchon sur le banc. Le regard du bouclé ne put s'empêcher de s'attarder sur son buste, sa tenue moulant son torse qu'il devinait finement musclé, malgré l'obscurité, ainsi que sur son entrejambe. Blaine redressa rapidement le regard, les joues rougissantes, et honteux de se retrouver en train de mater un garçon qu'il ne connaissait absolument pas. Mais il ne put s'empêcher de remarquer avec une certaine satisfaction que les fesses de Kurt étaient absolument incroyables dans la faible lumière. Il se demandait même quelle sensation cela lui procurerait de toucher son corps et… Il devait absolument arrêter de penser à ça histoire de ne pas avoir un léger problème après.
– J'ai trouvé ça plutôt mignon, personnellement, avoua Kurt en lui adressant un sourire timide.
Blaine rougit et baissa la tête pour cacher le rouge sur ses joues, évitant soigneusement du regard une certaine partie de l'anatomie du châtain. Il était certain que Kurt l'avait surpris à le reluquer, et sentit soudainement le besoin de se frapper la tête contre un mur pour être si peu discret.
– Si tu veux, une fois que le championnat sera passé et que Quinn et moi seront revenu de Paris avec la première place, je t'apprendrai à patiner un peu mieux que ça. Parce que, je ne veux pas te vexer, mais il y a du boulot.
Blaine réprima un gloussement en entendant le ton si confiant de Kurt. Il avait envie. Il voulait que le châtain lui prenne la main, le tirant sur la glace, tandis qu'il ferait semblant de tomber sur lui pour que Kurt le rattrape et le prenne dans ses bras. C'était affreusement romantique, et il détestait ce genre de niaiseries d'habitude, mais il avait vraiment envie de vivre ce genre de cliché avec le jeune New Yorkais en face de lui.
– Oui, bon, je sais que je suis nul, rit Blaine en se passant la main dans les cheveux. Ça fait au moins dix ans que je n'ai pas patiné. Pas beaucoup de patinoire à Westerville, Ohio.
– Il y en avait une à Lima, heureusement.
Blaine leva les yeux et le dévisagea.
– Attend. Tu es de Lima ?
Kurt acquiesça avec un léger sourire aux lèvres. Il posa ses pieds sur le banc et s'assit en tailleur, cachant ses mains dans les poches de son manteau pour les réchauffer.
– Les Warblers étaient vraiment bons à ton époque. Tu méritais bien ta place de soliste principal.
– Je… Comment est-ce que tu sais que j'étais dans les Warblers ?
– Il se trouve que je me souviens de toi, Blaine Anderson, ex-soliste des Warblers. J'étais dans les New Directions, au lycée. On a concouru l'un contre l'autre.
Blaine n'y croyait pas. C'était une bien drôle coïncidence. Il n'avait jamais fait vraiment attention aux membres des chorales que les Warblers avaient affrontées lors des compétitions, mais il se souvenait que les New Directions les avaient battus par deux fois aux Régionales, jusqu'à ce que les Warblers mettent hors course les champions nationaux aux Communales, lors de son année de terminale.
– C'est incroyable ! s'exclama-t-il. Désolé, mais je ne me souviens pas de toi, ajouta-t-il, se sentant un peu penaud que Kurt le reconnaisse et pas lui.
– Normal, dit Kurt en haussant les épaules comme si ça importait peu, et ça importait aux yeux de Blaine. Je n'ai jamais eu de solo. Tout allait à Miss Rachel-je-suis-meilleure-que-tout-le-monde-Berry.
– Oh, une rivale ? taquina Blaine en esquissant un sourire moqueur.
– Non, ma meilleure amie. Du moins, avant que je ne quitte le lycée. Elle est actrice à Broadway maintenant. Notre relation s'est dégradée après que le succès lui soit un peu trop monté à la tête à la fin de sa première année à la NYADA. Heureusement, j'avais Quinn avec moi… On se connait depuis l'enfance, on était dans le même cours de patinage, puis au même lycée, au Glee Club, les cheerleaders… Je la connais depuis toujours, presque. C'est comme une petite sœur pour moi. Après ses quatre ans d'études à Yale, elle est venue me trouver à New York, et m'a proposé de faire des compétitions de patinage artistique ensemble. J'ai accepté en parallèle de mon travail à temps partiel chez Vogue. Et me voilà !
– Attend, attend. Tu étais cheerleader ?
– Ça m'a protégé de l'intimidation, et puis ce n'était pas si mal, de pouvoir s'asseoir à la table des gens populaires. Même si notre coach était terrifiante. Mais je pense qu'elle m'aimait bien.
Blaine copia la position de Kurt, croisant les jambes en tailleur et posa son menton sur ses mains jointes sur ses genoux.
– Mon histoire n'est pas si intéressante en comparaison.
Kurt haussa les épaules. Il adressa un sourire satisfait à Blaine et tendit sa main, claquant des doigts devant son visage.
– Passe-moi ton téléphone, ordonna-t-il.
Blaine ne sut pas vraiment pourquoi il accepta si vite de confier son portable à quelqu'un qu'il connaissait si peu, et qui lui claquait des doigts au nez, ce qui était grossier à ses yeux, mais il plaça le smartphone dans la paume ouverte du châtain. Celui-ci tapa à toute vitesse sur l'écran tactile, puis rendit le téléphone au bouclé avec son même sourire satisfait.
– Je dois retourner m'entraîner avec Quinn, mais appelle moi un de ces jours. J'adorerai entendre ton histoire qui m'a l'air passionnante. Je connais un bon café pas très loin d'ici.
Blaine hocha la tête et regarda le nom de Kurt s'afficher dans ses contacts, tandis que ce dernier relaçait ses patins avec beaucoup plus de facilité que Blaine. Il adressa un signe d'au revoir au patineur et laissa un sourire rêveur s'étaler sur son visage. Un garçon mignon venait de lui proposer un rendez-vous, et ça faisait bien trois ans que ce n'était pas arrivé.
Le bouclé observa Kurt descendre sur la glace et patiner avec aisance jusqu'à Quinn, l'attrapant par la taille pour se stopper dans sa course, la faisant sursauter. Il entendit le rire des deux patineurs résonner jusqu'à ses oreilles et soupira. Il aurait bien voulu patiner avec eux, même au risque de se ridiculiser devant leur talent, mais ne voulait pas les déranger dans leur entraînement. Blaine regarda l'heure sur son téléphone. 19h14. A quoi bon rester à patiner en solitaire, dans le froid, quand il pouvait s'enrouler dans une couverture en laine dans son appartement situé dans Brooklyn Height, une tasse de café brûlante dans les mains, à regarder de la mauvaise télé-réalité. Ou un blockbuster. Au choix.
Blaine se leva et fourra les lacets de ses patins à l'intérieur de la chaussure pour éviter de se prendre les pieds dedans. Il s'approcha de la rambarde et s'accouda dessus, regardant Quinn patiner sur un pied, faisant un espèce de grand écart à la verticale, autour de Kurt qui tournait sur lui-même, recroquevillé, sa jambe droite tendu devant lui, ses mains crispées sur son talon. Blaine remarqua qu'il s'était débarrassé de son manteau, laissant au bouclé le loisir d'admirer le haut de sa tenue couverte de paillettes, d'un délicate couleur bleu ciel, comme ses yeux. Le jeune homme n'avait pas remarqué dans l'obscurité tout à l'heure, mais Kurt portait le pantalon le plus serré qu'il ait jamais vu, et il se demandait honnêtement comment il était possible d'avoir autant d'aisance dans quelque chose d'aussi serré, ou si c'était même bon pour la santé. Sous les projecteurs de la patinoire, la tenue de Kurt brillait de mille feux et s'accordait parfaitement à celle de Quinn, qui était du même bleu que la veste du châtain, dégradant vers le blanc sur les volants de la jupette. Les deux patineurs formaient une harmonie parfaite, et Blaine se sentit soudain une envie de chercher des vidéos des compétitions du couple. Il ressemblerait peut-être à un stalker en faisant cela, mais les deux jeunes gens dégageaient une aura qui hypnotisait son regard. Ils étaient tout en grâce et en délicatesse, malgré la façon dont ils attaquaient la glace chaque fois qu'ils posaient un patin sur le sol. C'était un mouvement ferme et confiant, mais pas brusque.
En se redressant, tournant toujours sur lui-même, Kurt prit de la vitesse, levant les bras au-dessus de sa tête, rejetant sa tête en arrière, jusqu'à s'arrêter doucement, pour finir face à Blaine. Il lui adressa un sourire et patina jusqu'à lui, le rejoignant près de la barrière.
– Il y a quelque chose, Blaine ? demanda-t-il sans perdre son sourire éclatant, et Blaine remarqua les fossettes que cela creusait sur ses joues, et c'était la chose la plus adorable au monde.
– Hm… Vous vous entraînez quels jours ? dit le bouclé en passant sa main derrière sa nuque, massant son cou comme à chaque fois qu'il était nerveux.
– Le lundi matin, le mercredi soir et le jeudi matin, mais on va à Bryant Park le jeudi, pour l'instant, pourquoi ?
– Oh, comme ça.
Avec un sourire malicieux, Blaine fit un clin d'œil au châtain – un clin d'œil, sérieusement, Blaine ? – et tourna le dos à la patinoire pour rendre ses patins au loueur. Il jeta un regard en arrière pour voir Kurt, la bouche légèrement entr'ouverte, le regard confus, mais un petit sourire sur le visage, les joues rosies par le froid.
Treize jours avant Noël
– Hey, Blaine, n'oublie pas que tu as deux leçons de piano demain matin ! cria son patron en rangeant la caisse.
– Je sais, les jumeaux Spencer et la petite Madison. J'oublie pas.
Blaine rangea sa guitare dans son étui et la plaça dans la réserve, fermant la porte à double tour.
– Allez, grouille, j'ai faim, et ma femme m'attend pour le dîner.
– Ouai, ouai…
Il ferma son manteau et sortit du magasin de musique, son patron fermant le rideau métallique à double tour. La nuit était déjà tombée sur New York, et pourtant la ville restait illuminée par les phares des taxis jaunes et les lumières des innombrables gratte-ciels.
– T'as prévu quelque chose ce soir ? demanda Bill en rangeant les clefs du magasin dans son portefeuille.
– Pour la première fois depuis longtemps, ouai, répondit Blaine avec un sourire rêveur.
– Oh, un rendez-vous galant ? taquina son patron.
– Pas vraiment. Juste une surprise.
– Quoi, tu vas enfin offrir à ta mère les billets pour ce spectacle de Broadway que tu lui as promis il y a deux mois, et regarder cette comédie musicale niaise ?
Blaine lui jeta un regard mi-amusé, mi-confus. D'où est-ce que Bill lui sortait un truc pareil ? C'est vrai qu'il avait promis à sa mère d'aller voir une comédie musicale pour son anniversaire, mais comment avait-il été mis au courant ? Le bouclé se contenta de supposer que son patron l'espionnait derrière son dos.
– Tout d'abord, c'est West Side Story, et ce n'est pas niais ! C'est… romantique.
– Donc niais.
– Chut. Non, je vais à la patinoire.
– Qu'est-ce que tu vas foutre dans un endroit pareil ? demanda Bill d'un ton bourru, clairement surpris.
– Je te l'ai dit : une surprise. J'ai envie de surprendre le garçon que j'ai rencontré là-bas.
– J'avais raison, un rendez-vous galant.
– Ce… Ce n'est pas un rendez-vous ! On ne sort pas ensemble ou quoi que ce soit…, souffla Blaine en rougissant violemment.
Bill lui jeta un regard qui disait clairement : « On me l'a fait pas à moi ». Blaine soupira, resserrant son écharpe autour de son cou, et fourra ses mains dans ses poches, les gardant au chaud.
– Bon, ok. Il est super mignon. C'est un patineur professionnel et, franchement, j'ai jamais vu quelqu'un comme lui. Il est incroyable, par son physique, par son sens de la mode, son caractère, même si j'ai pas eu l'occasion de lui parler bien longtemps, par tout.
– On dirait que t'as un petit béguin, Blaine.
– Oh, tais-toi.
Blaine frappa amicalement son patron sur le bras. C'était étrange d'avoir une relation si proche avec un homme qui avait le double de son âge, qui était son supérieur par-dessus le marché, mais Bill avait insisté sur le fait que Blaine le tutoie et ne se comporte pas comme l'un de ces « employés BCBG avec un balai coincé dans le cul jouant au chien avec leur boss riche » comme il le définissait si gracieusement. Alors, Blaine avait fini par s'habituer au côté rustique de son patron, et une amitié un peu spéciale s'était installé entre eux. Généralement, leurs conversations se résumaient à des pics lancés l'un à l'autre.
– Bon, et bien… Amuse-toi bien avec ton patineur. Moi, je vais retrouver Emily, mes gosses et le bon gigot qu'on m'aura amoureusement préparé.
Blaine adressa un sourire à Bill et le regarda s'éloigner vers la bouche de métro pour rentrer chez lui.
Cela faisait une semaine qu'il avait rencontré Kurt à Wollman Rink, et il n'avait fait que penser au châtain toute la semaine, le distrayant dans son travail. Il n'avait cependant pas eu le courage de lui envoyer un message, et le patineur n'avait pas non plus montré signe de vie. Blaine espérait sincèrement que Kurt serait à la patinoire ce soir, il avait vraiment envie de le surprendre en surgissant de nulle part. Il avait terminé le boulot plus tard que d'habitude ce mercredi, et il espérait que l'entraînement de Kurt et Quinn durerait suffisamment longtemps pour qu'il arrive à Central Park avant qu'ils ne partent.
Blaine dévala les escaliers de la bouche de métro et sauta dans le premier métro qui le mènerait à destination, se transformant en sardine quand les portes de la rame se refermèrent, écrasant la population New Yorkaise à l'intérieur.
Presque une heure plus tard, il s'extirpa tant bien que mal de la foule entassée dans la rame, à grand usage de « Excusez-moi », « Pardon » et coups de coude quand les mots ne suffisaient plus. Il entra dans Central Park et arriva rapidement à la patinoire, cherchant le couple des yeux. La tâche était moins aisée que la semaine dernière, il y avait beaucoup plus de monde aujourd'hui, sans toutefois être surpeuplé. Au bout de quelques secondes, Blaine finit par apercevoir Quinn dans les bras de Kurt, ses pieds ne touchant pas le sol, les deux tournant au rythme rapide imposé par Kurt. Le châtain reposa sa partenaire et finit la figure par une pirouette et un bref salut. Blaine les vit quitter le centre de la piste main dans la main, et il se précipita pour les intercepter à la sortie de la patinoire.
– Hey ! lança-t-il en s'approchant d'eux, légèrement essoufflé par sa course dans le labyrinthe qu'est le métro New Yorkais et dans Central Park.
Quinn et Kurt se tournèrent vers lui, et Blaine ne put s'empêcher de sourire en voyant le visage du châtain s'éclairer en le voyant.
– Hey, qu'est-ce que tu fais ici, Blaine ? dit-il en chassant la glace de ses lames.
Quinn lui tapota l'épaule et articula un « Je vous laisse seuls » silencieux avant de l'embrasser sur la joue et de s'en aller un peu plus loin. Blaine la regarda s'éloigner puis reporta son attention sur Kurt, qui le fixait avec un sourire timide.
– Surprise… ? tenta-t-il avec un sourire gêné.
Le châtain gloussa légèrement et s'approcha de lui.
– Tu as eu de la chance alors. On allait partir.
– Je vois ça. Ça… Ça va ?
– Fatigué, mais ça va. Et toi ?
– Essoufflé. Je déteste le métro, sincèrement.
Kurt rigola à nouveau et se mordit la lèvre.
– Hm… Je vais peut-être me changer, si ça ne te dérange pas ? J'ai froid, et j'ai mal aux pieds.
– Oh, euh, non, bien sûr.
Blaine regarda Kurt enlever ses patins et rougit en entendant le châtain pousser un gémissement de plaisir lorsque ses pieds se retrouvèrent délivrés de leur prison. Il n'avait vraiment pas besoin d'entendre Kurt pousser des petits bruits comme ceux-ci, pas après avoir fantasmé sur le jeune homme la dernière fois qu'il l'avait vu. Merde, il était peut-être gay, mais il restait un homme quand même ! Complètement inconscient de l'effet qu'il faisait sur Blaine, Kurt lui sourit et chercha son casier dans les vestiaires, le déverrouillant et sortant son sac et ses chaussures.
– Attends-moi ici, le temps que je mette quelque chose d'un peu plus ordinaire.
Le châtain s'éclipsa vers les toilettes, ses affaires sous le bras, et Blaine s'assit sur le banc, sortant son téléphone pour s'occuper, essayant de ne pas penser au jeune homme. Ce n'était vraiment pas le moment de se retrouver avec un problème à l'entrejambe. Il fallait sérieusement qu'il travaille sur sa capacité à fermer son esprit à toutes sortes de pensées indécentes quand il voyait le patineur, ou il allait finir par passer pour un obsédé. Kurt revint quelques minutes plus tard, et si Blaine avait cru que dans sa tenue de patinage, le jeune homme sortait d'un magazine de mode, ce n'était rien comparé à la vision qui se dressait devant lui. La tenue de Kurt n'était définitivement pas ce qu'on pouvait qualifier d'ordinaire.
– Tu devrais fermer la bouche, tu sais, dit maladroitement le châtain en gloussant légèrement.
Blaine pressa instinctivement ses lèvres, ne s'étant même pas aperçu que sa mâchoire s'était décrochée à la vue du garçon. Bon Dieu, il devait avoir l'air complètement idiot.
– Euh… Ton travail à temps partiel, chez Vogue, c'est quoi ? Mannequin ?
Oh. Tais-toi, Blaine. Tout de suite.
Kurt éclata de rire et s'assit sur le banc en face de Blaine pour mettre ses chaussures.
– C'est un compliment ? souffla le châtain en se mordant la lèvre inférieure.
– Hm… Si tu considères que c'en est un, alors oui, dit Blaine en souriant timidement. Désolé, j'ai tendance à dire des choses idiotes quand… Quand je suis nerveux, ajouta-t-il dans un souffle.
– Oh, tu es nerveux… C'est adorable.
– Je ne fais que me ridiculiser, oui, bougonna le bouclé.
– Et c'est ça qui fait que tu es adorable. Tu ressembles à un chiot qu'on vient de frapper.
Blaine pouffa de rire et passa nerveusement sa main dans ses cheveux bouclés. Kurt finit de lacer ses chaussures et mit son manteau.
– Pour répondre à ta question, non, je ne suis pas mannequin. Je travaille dans l'équipe d'Isabelle Wright.
– La Isabelle Wright ? s'écria Blaine en écarquillant les yeux.
– On s'y connait à ce que je vois, sourit Kurt. Mais oui, elle-même. Je vois que tu remplis au moins une case du cliché gay.
Blaine ne sut pas quoi répondre face à cette dernière remarque. Il suivit du regard le châtain qui rassemblait ses affaires, accrochant ses patins à son sac par les lacets.
– Allez, souris. Je plaisantais. Tu comptes rentrer chez toi après avoir fait un détour par Central Park ou m'inviter à sortir ce soir ?
– Qui te dit que j'ai fait un détour ? demanda Blaine en fronçant les sourcils.
Kurt était définitivement déconcertant, comme personnage. Timide, mais direct, tantôt plein de piquant et de mordant, tantôt doux comme le sucre et plein de surprises. Il sourit et haussa les épaules.
– Allez, viens, on va faire en sorte que cette sortie nocturne ne soit pas vaine pour toi, dit-il avec un clin d'œil. Mais il faut que je me débarrasse de mes affaires, d'abord.
– Et où comptes-tu déposer tout ça ? demanda Blaine en se levant, lissant les plis de son manteau.
– Question bête, Sherlock. Chez moi, bien sûr.
Blaine eut à peine le temps d'enregistrer l'information que déjà Kurt l'entraînait avec lui vers la sortie de Central Park, et hélait un taxi. Ce devait bien être la première fois que Blaine prenait un taxi depuis plusieurs mois, voire plusieurs années. Même quand il prenait l'avion pour rentrer à Westerville, ce qui était un événement assez rare, il se rendait à l'aéroport par les transports en commun.
Kurt venait tout simplement de l'inviter à venir chez lui, même si ce n'était que pour passer déposer quelques affaires, et Blaine ne savait pas comment réagir au fait que le châtain l'avait invité comme s'ils se connaissaient depuis toujours, tels de bons amis. C'était tellement spontané et naturel.
Un taxi jaune s'arrêta devant eux. Kurt monta sans attendre, se poussant jusqu'au siège du fond, Blaine à sa suite, un peu moins confiant.
– 77 West 55th Street, lança Kurt au chauffeur.
La voiture démarra sa course dans les rues de Manhattan, vite coincée dans les embouteillages. Blaine aurait dû s'en douter. La plupart des bureaux finissaient tard, et les employés cherchant à rentrer chez eux prenaient soit un taxi, soit affrontaient l'épreuve du métro.
– Tu vis dans Midtown ? s'étonna-t-il en jetant un regard choqué à Kurt.
– Travailler chez Vogue, même à temps partiel, a ses avantages on va dire. Et encore, avant je vivais dans l'Upper East Side. J'ai déménagé pour pouvoir marcher jusqu'au travail et jusqu'à Wollman Rink, répondit le châtain en lui adressant un sourire penaud. On va rester coincer comme ça un bon moment, je crois, soupira-t-il en s'accoudant à la portière.
– On aurait plus vite fait d'aller à pied, ricana Blaine. Tu prends vraiment le taxi pour deux pâtés de maisons ?
– Je n'ai plus de pieds, ça te va comme excuse ? se défendit Kurt. Et puis… Ça nous donne un peu de temps pour discuter. Parle-moi un peu de toi, Blaine.
– Ce n'est pas très intéressant, tu sais…
– Je m'en fiche. Raconte-moi.
Le jeune homme le fixa de ses deux beaux yeux bleus et lui adressa un sourire encourageant.
Alors Blaine lui raconta tout, parce qu'il était tellement facile de se confier à Kurt. Comment les Warblers avaient enfin réussi à battre les New Directions lors des Communales en 2012 et à aller jusqu'à San Francisco pour les Nationales qu'ils avaient emporté haut la main grâce à un medley des plus grands titres de Katy Perry, au bonheur de Blaine. Sa première histoire d'amour avec Sebastian qui s'était terminée en fiasco total quand celui-ci avait obtenu ce qu'il voulait en le mettant dans son lit. Comment il avait quitté l'Ohio les mains dans les poches, voulant toujours aller à New York malgré son audition ratée pour la NYU. Sa galère à subvenir à ses besoins les premières années, à jongler entre les postes de serveur dans les bars miteux de Brooklyn, tout en jouant les dimanches soirs dans des karaokés pour essayer de se faire connaître, sans grand succès. Comment il avait finalement atterri il y a quelques mois dans la boutique de Bill, qui l'avait embauché pour dispenser quelques cours de piano le matin à des enfants et faire l'attraction musicale le soir avant la fermeture, tout en tenant la caisse quand le gérant faisait sa sieste post-déjeuner. Comment il essayait de mettre de côté de l'argent pour pouvoir s'offrir un appartement un peu plus grand que son minuscule studio de vingt mètres carrés et sortir peut-être un jour de Brooklyn et s'installer dans Manhattan, même s'il n'y croyait pas vraiment. Comment il avait toujours rêvé de pouvoir se produire sur scène, sa guitare à la main ou assis sur le tabouret de son piano, chantant ses propres compositions ou reprenant ses musiques préférées.
De temps en temps, Kurt réagissait à son récit en souriant, voire en rigolant, ou même en lui jetant un regard compréhensif dans les moments les plus durs de sa vie de New Yorkais. Blaine appréciait grandement qu'il ne lui offre pas une seule fois un regard de pitié, parce qu'il n'avait pas besoin de cela. Il n'était pas à plaindre. Son boulot lui plaisait, son patron était sympa avec lui, et même si pendant quelques années il avait galéré à survivre les fins de mois difficiles, il était globalement heureux de sa vie ici. Parce qu'il était loin de son père et de son regard constamment déçu d'avoir eu un fils gay, qui par-dessus le marché voulait faire du spectacle et non pas des brillantes études d'avocat comme son patriarche l'aurait prévu.
Il parla tellement longtemps qu'il ne s'aperçut même pas que le taxi s'était stationné devant un immense immeuble, warnings activés. Kurt paya le chauffeur, malgré les protestations de Blaine qui voulait partager la note. Abandonnant la bataille, le bouclé descendit du taxi et observa l'immeuble.
– Wow. Tu habites vraiment ici ?
Kurt acquiesça et salua le portier qui lui ouvrit la porte vitrée du hall d'entrée, guidant Blaine, complètement choqué à la vue de l'homme en uniforme, à l'intérieur et appelant l'ascenseur après avoir récupérer son courrier.
– Pff, j'en ai marre des factures, se plaignit-il en regardant les enveloppes. Les charges sont incroyablement chères ici.
Blaine ne put s'empêcher de rigoler devant son air enfantin et sourit, attendri. Arrivé au seizième étage, Kurt déverrouilla la porte et laissa entrer le brun.
C'était de loin le plus bel appartement que Blaine ait jamais vu dans sa vie. Kurt devait vraiment bien gagner sa vie pour s'offrir le luxe de vivre ici et d'avoir un appartement aussi moderne. Très contemporain, l'appartement était décoré dans des tons clairs de blanc et de gris, quelques touches de couleur étant apportées par les tableaux et le mobilier. Non seulement Kurt avait un goût plus qu'appréciable en matière de mode, mais il se débrouillait aussi remarquablement bien pour la décoration d'intérieur.
– Wow, fut la seule chose que Blaine réussit à dire.
Kurt gloussa et ouvrit son armoire dans l'entrée, rangeant ses patins dedans.
– Est-ce que tu veux un café ou quelque chose dans le genre ? demanda-t-il poliment.
– Non, merci. Je ne vais pas dormir après, ce soir, dit Blaine en riant.
Kurt acquiesça silencieusement et disparut vers sa chambre, sûrement pour vider son sac. Le brun en profita pour détailler l'architecture de l'appartement. Il était grand pour quelqu'un qui vivait tout seul, ou alors c'était sa vision qui était déformée en comparaison avec son minuscule studio. Très lumineux, même si l'immeuble était coincé entre des gratte-ciels bien plus que hauts que lui. Il n'y avait pas de terrasses ni même de balcon, et malgré le bruit de la rue qui parvenait jusqu'aux oreilles de Blaine en dépit du double vitrage, l'appartement paraissait comme un paradis pour le bouclé. Le musicien s'approcha de la fenêtre du salon en enlevant ses gants et regarda la vue. Il pouvait voir Central Park et les lumières des aménagements du parc. C'était vraiment un très bel appartement.
– Alors, que fait-on ?
Blaine se tourna vers Kurt. Celui-ci s'était recoiffé, il remarqua, mais il avait aussi changé de tenue pour quelque chose de plus chic, bien que sa tenue « ordinaire », comme il l'avait appelée, était déjà classée dans la catégorie « chic » pour Blaine. Mais il préférait le professionnel de la mode lui citer ses catégories de vêtements, après tout, c'était lui qui travaillait chez Vogue.
– Tu veux aller manger quelque part ? proposa Blaine.
– J'adorerais. Je connais ce restaurant français sympa, sur 8th Avenue, le chef fait de la très bonne cuisine, c'est très « frenchy » comme ambiance. Et ce n'est pas très cher pour l'excellente qualité qu'ils servent.
Blaine se détendit en entendant Kurt répondre à sa question muette sur le prix du menu. Quoiqu'il doutait un peu de la définition du châtain du mot « cher ». Après tout, il vivait dans cet immense appartement dans Midtown, avec son salaire apparemment confortable d'employé de Vogue, sans compter qu'il devait gagner des extras avec le patinage. Toutefois, Blaine décida de faire confiance à Kurt et hocha la tête.
– Pourquoi pas ? Ça changera de mon quotidien. Ça fait longtemps que je n'ai pas mangé autre chose que du chinois, des hot-dogs ou des pizzas.
Kurt sourit, amusé, et s'approcha du bouclé.
– Alors, c'est toi qui paie ? demanda-t-il avec un petit sourire malicieux.
– Pourquoi on ne partage pas ? rétorqua Blaine en fronçant les sourcils.
Ça ne l'arrangeait pas vraiment, d'avoir toute l'addition sur lui. Heureusement qu'il avait sa carte de crédit sur lui…
– Et bien, parce qu'un gentleman paie toujours lors du premier rendez-vous, souffla Kurt en plongeant son regard de glace dans les yeux mordorés du brun.
– C'est un rendez-vous ?
Blaine déglutit difficilement en voyant Kurt si proche de lui, ses yeux intenses ne quittant pas les siens. D'un seul coup, sa préoccupation sur le prix du dîner s'envola, et il sentit un étrange papillonnement dans le ventre qu'il n'avait plus ressenti depuis plus de trois ans, depuis Peter à vrai dire. Ressaisis-toi, Anderson, tu dois être en train de le fixer bizarrement.
– Uniquement si tu veux que ça en soit un, répondit le châtain en se mordant la lèvre inférieur.
– J'en ai envie, souffla Blaine sans réfléchir. Ah bah bravo, vive le ressaisissement.
Kurt sourit et enfila son manteau, mettant son sac sur son épaule droite.
– Bien. Allons-y, alors.
Blaine remit ses gants et sortit dans le couloir, attendant que Kurt ferme la porte de son appartement.
– Je suppose qu'on va encore prendre le taxi ? demanda le bouclé avec un sourire en coin.
– Pourquoi prendre le métro, se faire entasser comme une sardine dans la rame et risquer de froisser ma tenue ? répondit le châtain avec le même sourire. Et le taxi est chauffé.
– Le métro aussi est chauffé, fit remarquer Blaine.
– Et le taxi est plus cosy que le métro, rétorqua Kurt en ignorant la dernière remarque du musicien.
Le brun haussa les sourcils devant l'argument de Kurt. Depuis quand le taxi était cosy ?
– Allez. Je paie le taxi, de toute façon. Après tout, c'est moi qui t'aie traîné ici.
Blaine n'objecta pas et suivit Kurt jusqu'à l'ascenseur. Ils n'échangèrent pas un mot jusqu'à ce qu'un taxi jaune s'arrête devant eux, et Blaine fut bien heureux de se faufiler dans l'habitacle pour échapper au froid mordant. Le vent s'était levé et frappait son visage comme des lames d'acier, colorant ses joues et le bout de nez d'un rose soutenu. Il devait sérieusement envisager d'acheter un cache-nez ou un passe-montagne un de ces jours, l'hiver était vraiment rude cette année.
Kurt donna l'adresse du restaurant au chauffeur et la voiture s'élança dans la circulation, se mêlant au brouillard de lumière rouge, jaune et blanche dans la nuit.
– J'espère que j'aurai droit à ton histoire, moi aussi, dit finalement Blaine en se tournant vers le jeune homme. Ce n'est pas juste que tu saches tout de moi et moi rien de toi.
Le châtain détourna les yeux de la vitre, arrêtant de contempler la circulation, et adressa un sourire malicieux à Blaine.
– Je t'en ai déjà dit un peu, non ? La semaine dernière. A moins que tu n'aies déjà oublié, et j'en serai fâché.
– Non, je n'ai pas oublié, rit le bouclé.
Comment pourrais-je, pensa-t-il.
– Mais justement. Tu m'en as dit un peu. Je veux tout.
– Oh… On est curieux, alors ? taquina Kurt.
Blaine répondit par un sourire. Peut-être était-ce trop direct pour un premier rendez-vous, une semaine après avoir rencontré le garçon, mais s'il avait raconté sa vie au châtain, alors pourquoi ne ferait-il pas de même ? Même s'il ne le connaissait pas vraiment, Blaine se sentait bien avec Kurt. Le patineur dégageait cette aura douce derrière l'air hautain qu'il arborait parfois ou derrière les piques qu'il lançait au bouclé pour le taquiner. Cette aura de confiance qui mettait Blaine à l'aise en sa présence, et qui faisait que les moments de silence gênants qui pourraient s'installer entre eux devenaient confortables. Des moments où les deux ne feraient que se regarder dans les yeux, se noyant dans le regard de l'autre, puis détourneraient le regard en rougissant après s'être rendu compte qu'ils se fixaient un peu trop longtemps, tels des adolescents lors de leur premier rencard. N'était-ce pas un peu ce qu'ils étaient, avec quelques années de plus ?
– Je te dirai ça autour d'un bon plat français, si tu veux, dit finalement Kurt en se pinçant les lèvres comme pour réprimer un sourire.
Blaine hocha la tête pour acquiescer et regarda le châtain ouvrir son sac et fouiller dedans avant d'en sortir un tube de labello et de s'en passer délicatement sur la bouche, entrouvrant les lèvres, et le bouclé aurait juré que c'était l'une des choses les plus sexy qu'il ait jamais vu.
Commence pas à fantasmer, Blaine, se gronda-t-il mentalement.
Kurt dut le surprendre en train de fixer ses lèvres, car Blaine le vit rougir et se racler la gorge en détournant les yeux.
– Tu devrais fermer la bouche tu sais, des fois. J'ai peur que des choses ne rentrent dedans par mégarde.
Blaine détourna à son tour les yeux, honteux, et obéit. Ouai, il fallait vraiment qu'il travaille son self-control en présence de Kurt, il était vraiment ridicule.
Le taxi s'arrêta devant le restaurant et Kurt descendit de la voiture, Blaine à sa suite. Le lieu ne débordait pas de luxure comme le célèbre mais horriblement cher Per Se sur Columbus Circle, où il avait un jour dîné avec ses parents et Cooper quand il s'était installé à New York, sa première année, et cela rassura le bouclé qui soupira de soulagement. S'il devait payer l'addition, il espérait juste que Kurt ne prendrait pas le plat le plus cher. Sa situation financière s'était peut-être améliorée depuis qu'il avait débarqué sans un rond à New York, mais il n'était quand même pas Crésus.
– Pigalle ? Sérieusement, Kurt ? remarqua-t-il en haussant les sourcils en regardant le nom du restaurant.
– Oui, bon, je sais. Mais Pigalle reste un quartier de Paris, comme le Marais, la Défense ou la butte Montmartre.
Ok, il devait ajouter l'accent français de Kurt sur la liste des choses sexy. Définitivement.
– Quelque chose me dit que tu aimes bien la France, dit Blaine en voyant le regard brillant du châtain et sa connaissance en quartiers parisien.
– J'adore la culture française, corrigea Kurt en se tournant vers lui, marchant tranquillement vers l'entrée du bâtiment, les mains bien au chaud dans ses poches.
– Ah oui ? demanda le bouclé en fixant les poches du manteau du garçon.
Il aurait adoré tenir la main de Kurt, même si c'était trop rapide. Sentir la chaleur de son corps à travers la paume de sa main, même gantée de cuir. Se pinçant la lèvre inférieure, Blaine leva les yeux vers le visage de Kurt, qui le regardait en souriant.
– Sa mode, ses paysages, sa langue, ses manières, sa nourriture… Tout. Je n'y suis jamais allé, et je trépigne d'impatience à l'idée de pouvoir enfin aller dans la plus belle ville du monde pour le championnat. Paris a l'air si magique, si belle, si joyeuse… Tellement différente d'ici. New York reste ma ville préférée, mais je dois avouer que Paris tient aussi une place spéciale dans mon cœur. Et la fashion week là-bas est extraordinaire. Je tuerai pour rencontrer Karl Lagerfeld.
Blaine rit sous sa dernière remarque. Il l'observa s'émerveiller et s'exciter sur son propre discours d'un œil amusé et attendri par la passion que dégageait le châtain sur la ville française.
– Je reconnais bien l'employé de Vogue, là, dit-il avec un clin d'œil.
Kurt sourit et ouvrit la porte du restaurant, guidant Blaine jusqu'au comptoir. Le bouclé apprécia immédiatement l'ambiance du lieu, très bistrot parisien, avec ses chaises Drucker et son atmosphère feutrée mais populaire.
– Bonsoir, dit une serveuse rousse en les voyant approché dans un français parfait. Vous désirez dîner ou boire quelque chose au bar ?
– Dîner, répondit Kurt. Nous sommes deux.
– Suivez-moi, s'il-vous-plaît.
La serveuse les conduisit à une table un peu à l'écart, près d'une baie vitrée, et leur tendit les menus.
– Je m'appelle Claire et je serai votre serveuse pour ce soir. Si vous avez le moindre problème, n'hésitez pas à me demander, je reste à votre service.
Les deux garçons remercièrent la serveuse, et la jeune femme s'éloigna d'eux, perchée sur ses hauts talons.
– Je compte sur tes connaissances en matière de gastronomie française pour me faire choisir quelque chose de bon, dit Blaine en croisant ses mains sous son menton, soutenant sa tête.
Kurt sourit et ouvrit son menu, parcourant la liste des plats du regard. Le bouclé l'imita aussitôt, et même s'il trouvait certain plats hors de prix – sérieusement, un steak frites à vingt-cinq dollars ? –, il se rassura en se disant que de toute façon, tous les restaurants français de New York étaient chers.
– Si tu aimes le canard, tu peux prendre le magret ou le confit de canard. C'est délicieux.
Blaine acquiesça et regarda ce que lui conseillait Kurt.
– J'adore le canard. Je pense que je vais prendre le confit. Et toi ? dit-il en relevant le regard vers le châtain.
– Salade gourmande.
Le jeune homme ferma le menu et le posa sur le côté, joignant ses mains devant lui sur la table, plongeant son regard dans celui de Blaine.
– Leur Bordeaux est très bon ici. Un demi-pichet suffira, à moins que tu ne sois alcoolique et que tu m'aies caché des choses, fit Kurt d'un ton nonchalant.
Blaine ne put s'empêcher d'éclater de rire à sa remarque et toucha nerveusement une de ses boucles.
– Hm, non, pas vraiment, rétorqua-t-il. Tu manges souvent ici ?
– Disons que j'aime bien y aller avec Quinn une fois par mois. C'est notre sortie entre âme-sœurs, comme on aime l'appeler. Les serveurs sont gentils et je n'ai jamais été déçu par un plat. J'ai dû goûter à à peu près tout, je pense. Mais leur salade gourmande reste mon plat préféré. C'est un orgasme culinaire, tu peux me croire. A la hauteur du Per Se.
– Tu as déjà mangé là-bas ?
– La dernière fois, c'était pour célébrer la réussite de notre dernier projet avec Isabelle et son équipe, il y a deux mois. C'était à mourir. Dommage que mon portefeuille souffre chaque fois que j'y mange, mais heureusement, ça reste assez rare.
La serveuse revint avec un petit calepin dans les mains, leur adressant un sourire à faire pâlir de jalousie un mannequin de pub pour dentifrice.
– Vous avez choisi ? demanda-t-elle.
Ils passèrent leur commande et Claire s'éloigna, déchirant le petit morceau de papier sur lequel elle avait écrit, disparaissant en cuisine.
– Alors… Pendant qu'on attend notre plat… Tiens ta promesse, et raconte-moi tout, dit Blaine en croisant ses mains sur la table.
Avant que Kurt n'ait pu ouvrir la bouche, Claire surgit de nulle part avec la bouteille de vin et la débouchât. Blaine la remercia et reporta son attention sur le jeune garçon, ne le laissant pas échapper à son interrogatoire.
– D'accord. Qu'est-ce que tu veux savoir ? répondit le châtain avec un soupir de résignation.
– Je te l'ai dit. Tout.
– Tu n'aides vraiment pas, là. Je ne sais même pas par quoi commencer ! protesta-t-il en prenant la bouteille de vin et en servant un verre à lui et à Blaine.
– Fais comme moi. Commence par tes années de lycée, dit le brun avec un haussement d'épaules. Merci.
– Ok, ok… Bon. J'étais à McKinley High, à Lima. Quand j'étais en seconde, j'ai rejoint les New Directions, et on était les losers du lycée, tu sais. Les footballeurs et les cheerleaders nous jetaient tout le temps des slushies à la figure parce qu'on était « bizarres », selon eux, expliqua-t-il en mimant des guillemets avec ses doigts. Tina faisait semblant de bégayer pour ne parler à personne car elle était trop timide, Artie était dans un fauteuil roulant, Rachel était une insupportable petite peste, moi, j'étais gay… Notre Glee Club était réputé pour être absolument nul, on n'avait même jamais pu se qualifier pour une seule compétition. Alors quand Mr. Schuester a décidé de reprendre le Glee Club après que l'ancien directeur de la chorale se soit fait renvoyé pour d'obscures raisons, personne ne voulait auditionner. On était cinq, jusqu'à ce que le quaterback, Finn, nous rejoigne, par une action du Saint Esprit. Qu'est-ce que lui, populaire footballeur, viendrait faire avec les losers du Glee Club ? C'était complètement insensé. Puis tout est allé vite par la suite. Quinn et ses copines Santana et Brittany, toutes trois cheerleaders, ont rejoint le Glee Club, puis trois footballeur amis de Finn. On a gagné nos premières Communales, et perdu les Régionales. En même temps, Vocal Adrenaline avait fait Bohemian Rhapsody, alors tu m'étonnes… Et Quinn a accouché d'une petite fille le jour des Régionales.
Blaine faillit s'étouffer en buvant une gorgée de vin.
– Quoi ? s'écria-t-il en toussant.
– Oui. Elle s'est fait mettre en cloque par Puck, l'un des copains footballeurs de Finn. Je ne te raconte pas le savon que je lui ai passé. Comme si elle en avait eu besoin. Elle a dû arrêter le patinage jusqu'à la naissance, et ses parents l'ont jetée dehors quand ils ont appris la nouvelle, la pauvre. Bref. En attendant, j'avais le béguin pour Finn, qui est hétéro, alors j'ai essayé de caser nos parents ensemble pour pouvoir me rapprocher de lui… Interdiction de rire. Ça a mal fini, et j'ai immédiatement arrêté toute tentative d'approche quand… Quand il m'a traité de tapette.
Blaine laissa échapper une exclamation de stupeur à ses mots. Kurt lui adressa un sourire triste et agita sa main dans l'air comme pour chasser ses pensées.
– Oui, ce n'était pas très gentil, dit-il avec un rire forcé.
– Pas très gentil ? Tu te moques de moi, Kurt ? Il t'a insulté !
– Il avait ses raisons, et puis, nous sommes en bons termes maintenant. Tout s'est arrangé.
– Même. Il n'avait pas à te traiter de… ça.
– C'est bon, Blaine, rassura le châtain. Bien, je continue, maintenant que je suis lancé. Vers la moitié de mon année de seconde, j'ai fini par rejoindre les cheerleaders avec mon amie Mercedes. On en avait marre que le Glee Club ne tourne qu'autour de Rachel, qui obtenait tous les solos, alors la coach, Sue, nous a intégré dans l'équipe pour pouvoir faire des numéros chantés. Mercedes n'est pas resté bien longtemps, mais moi, j'ai décidé d'y rester jusqu'à la fin. Je me plaisais, là-bas. Les filles étaient gentilles avec moi, elles m'acceptaient, et c'est à ce moment-là que j'ai vraiment commencé à me rapprocher de Quinn. On passait beaucoup de temps ensemble, entre le Glee Club, l'entraînement des cheerleaders et de patinage. On s'entendait bien avant, mais c'est ça qui a fait le déclic je pense. On est resté inséparable pendant toute mon année de première.
« Du côté de ma relation avec Finn, l'histoire d'amour entre mon père et sa mère a remarquablement bien marché, et ils ont fini par se marier, ce qui a fait de Finn et moi des demi-frères. Heureusement, il avait fini par s'amender en étant là pour moi pendant mon année de première. J'étais pas mal intimidé au lycée, à cause de mon homosexualité, tu sais, l'Ohio, ce n'est pas le premier état qui supporte les gays… Mais en première, ça a vraiment dégénéré, malgré mon statut de cheerleader qui devait m'apporter une certaine protection. Il y avait cet homme de Neandertal, Karofsky, qui s'en prenait tout le temps à moi, il me jetait contre les casiers, me tourmentait… Chaque jour, je rentrais avec un nouvel hématome sur le corps. Un jour, quand j'ai tenté de m'opposer à lui sur conseil de Quinn, il m'a embrassé. C'était la chose la plus répugnante que j'ai jamais pu expérimenter, et j'en ai fait des cauchemars pendant des semaines. Karofsky avait aussi menacé de me tuer si jamais je disais à quiconque ce qui s'était passé.
– Quoi ? s'écria à nouveau Blaine en écarquillant les yeux. Mon Dieu, Kurt, c'est horrible…
– J'étais complètement terrifié après ça. Je ne voulais pas retourner au lycée et il n'y avait qu'à la patinoire avec Quinn que je me sentais en sécurité. Mon père a appris que je me faisais harceler et j'ai été obligé de lui avouer toute l'histoire. On en a parlé au principal, et Karofsky s'est fait expulser. Tout allait mieux, je pensais pouvoir enfin passer une année normale sans avoir peur du moindre claquement de casier ou de l'apparition d'un joueur de football devant moi. Mais il est revenu peu de temps après. J'étais à nouveau terrifier, je ne pouvais pas me cacher encore une fois derrière mon uniforme de cheerleader, ni derrière les gars du Glee Club qui assureraient ma protection rapprochée. J'ai pensé à me faire transférer dans un autre lycée, mais Quinn m'a convaincu de ne pas le faire. Elle avait raison, ça n'aurait fait que reporter le problème ailleurs, loin de mes amis, et j'avais besoin d'eux plus que tout à ce moment. Coach Sue a été étonnamment très gentille avec moi pendant cette période, tu sais, c'est le genre de personne à te terrifier un peu, son passe-temps favori était détruire le Glee Club et hurler sur nous pendant les entrainements. Après une énième confrontation avec Karofsky, celui-ci a fini par s'amender, et m'a demandé des excuses. Santana le faisait chanter d'une manière ou d'une autre, je n'ai jamais vraiment compris, mais ce qui était sûr, c'est que Karofsky a arrêté de me harceler après ça. L'intimidation a cessé et j'ai pu finir mon année de première en un seul morceau.
« Pendant cette année, je me suis aussi beaucoup rapproché de Rachel Berry. Elle s'est beaucoup impliquée dans ma défense, a essayé de prier pour mon père avec Quinn et Mercedes quand il a eu son arythmie cardiaque, malgré mes rejets car je suis athée. Elles ont été géniales.
« Je me suis trouvé énormément de points communs avec Rachel : notre amour pour New York, pour Wicked et Broadway… En terminale, on s'était décidé à entrer à la NYADA, c'était notre rêve. Se tenir sur une scène de Broadway, pour de vrai, devant des centaines de personnes venues nous applaudir… Quand nous sommes allés à New York pour les Nationales, on s'est introduit illégalement dans le Gershwin Theatre et on a chanté du Wicked, c'était l'un des moments les plus intenses de ma vie, toutes ces émotions… Puis nous avons finalement passé ces auditions. J'ai réussi à obtenir une très bonne critique de Carmen Tibideaux sur ma prestation de Not The Boy Next Door, alors que Rachel s'est complètement ratée. Elle a oublié les paroles de sa chanson, et c'était la chanteuse la plus talentueuse du Glee Club, si tu te souviens de nos compétitions.
– Attend, attend. Tu as chanté Not The Boy Next Door ? Avec… Avec le pantalon doré ? coupa Blaine, la question lui brûlant les lèvres.
– Oui, avoua Kurt en rougissant. Ça a mît Chandler, mon petit-copain de l'époque, dans un véritable émoi. Il aurait été prêt à me sauter dessus si nous avions été seuls dans l'auditorium, je crois, ajouta-t-il avec un petit rire gêné. J'étais alors confiant pour ma lettre d'admission, j'avais parfaitement réussi mon audition. Nous avons gagné les Nationales à Chicago, et quand les lettres d'admissions sont arrivées, mon monde s'est littéralement effondré. J'ai été rejeté de la NYADA, alors que Rachel, qui avait au départ raté son audition mais qui avait reçu un traitement de faveur en ayant demandé à Carmen Tibideaux de venir la voir aux Nationales, a été prise. J'ai été incroyablement jaloux, tu ne peux pas savoir à quel point. Je ne comprenais pas pourquoi elle avait réussi, et pas moi. C'était tellement injuste. J'avais réussi mon audition, j'étais co-capitaine des cheerleaders avec Quinn et nous faisions des compétitions de patinage artistique ensemble, en ayant plusieurs fois gagné la première place. Certes, je n'avais pas été élu président des élèves, ni n'avais eu le rôle principal dans la comédie musicale du lycée mais Rachel, elle, n'avait rien comparé à moi. Elle avait raté son audition. La seule chose qu'elle avait, c'était sa place de soliste principal des New Directions, le rôle principal dans West Side Story, et son éternel favoritisme. Je lui en ai voulu atrocement, pendant plusieurs semaines. Elle allait partir pour New York, assurée d'un avenir, tandis que moi je restais coincé à Lima, sans projet pour la suite. C'est mon père qui m'a forcé à partir. Je me suis installé à Bushwick avec Rachel, j'ai obtenu un stage chez Vogue. J'ai ré-auditionner pour la NYADA, et encore une fois, je n'ai pas été accepté.
« Alors j'ai fini par abandonner et me suis tourné vers les seules choses qui me restaient et que j'adorais : la mode et le patinage. Je me suis inscris dans un club, j'ai commencé à travailler à plein temps avec Isabelle Wright, et j'ai repris contact avec Quinn. Nous ne nous étions plus beaucoup parlé une fois que je m'étais mis dans la tête la NYADA avec Rachel, et c'est seulement à ce moment-là que je me suis rendu compte à quel point elle m'avait manqué. Elle est venue me voir à Noël, et à partir de cet instant, j'ai commencé à m'éloigner de Rachel. Je ne la voyais plus du même œil. J'avais l'impression que tout ce qu'elle me disait tournait constamment à l'avantage pour elle, comme si elle essayait de me contrôler. A la fin de son année scolaire, je ne supportais plus ses vantardises sur les auditions qu'elle obtenait, alors je suis parti. J'ai déménagé dans un autre appartement dans Bushwick. Cette même année, j'ai rompu avec Chandler. Je me suis concentré sur Vogue et le patinage. Les années ont passé, j'ai eu une relation avec un de mes collègues, j'ai grimpé les échelons à Vogue, j'ai fait quelques compétitions en solo, et je me suis installé dans l'Upper East Side, et quand Quinn est revenue de Yale, on a décidé de faire les championnats en couple. Elle a vécu quelques mois avec moi avant de partir. Je lui ai laissé mon appartement et me suis installé dans Midtown. Et il y a une semaine, j'ai re-rencontré un musicien aux cheveux bouclés qui m'intéresse pas mal, je dois dire…, termina Kurt avec un sourire en coin.
Blaine rougit et retourna son sourire. Il baissa les yeux sur ses mains et fut surpris de voir celle de Kurt dans la sienne. Quand exactement lui avait-il pris la main ? Apparemment, ça ne dérangeait pas le jeune homme, qui faisait des ronds sur le dos de sa main de son pouce. Une douce chaleur traversa le corps de Blaine au contact, et son estomac se noua, sentant des papillons battre dans son ventre.
Claire, la serveuse, surgit à sa droite avec leurs plats dans chaque main. Instinctivement, Blaine lâcha la main de Kurt et regarda avec des yeux affamés la viande fumante dans son assiette. La rouquine leur souhaita un bon appétit et s'éclipsa.
– Ça m'a l'air délicieux, fredonna Blaine. Bon appétit, Kurt.
– Bon appétit.
Ils commencèrent à manger dans un silence confortable, jusqu'à ce que le brun le brise en poussant un gémissement de plaisir.
– Oh mon Dieu, c'est délicieux !
– N'est-ce pas ? Et encore, tu n'as pas goûté leur salade.
Kurt piqua quelques feuilles dans sa fourchette et la tendit à Blaine.
– Ouvre la bouche, ordonna le châtain.
Le musicien se contenta d'obéir, néanmoins surpris de la tournure des événements. Kurt lui faisait goûter son plat de sa propre fourchette, comme s'ils étaient deux amants partageant un dîner romantique. Il gémit à nouveau en goûtant à l'assiette de Kurt.
– Ok, je te ferais toujours confiance en matière de cuisine, maintenant. Je n'ai jamais rien mangé d'aussi bon.
Le châtain gloussa et posa sa main droite sur la table, jouant avec sa serviette discrètement.
– Tu sais… Blaine, j'ai bien aimé quand tu m'as tenu la main, quand je parlais. Ça me donnait l'impression de ne pas être seul, d'être soutenu quand je ressassais mes souvenirs.
Sans réfléchir, Blaine glissa sa main dans celle de Kurt et la serra.
– Ce n'était pas qu'une impression, dit-il. Tu dois sans doute me trouver un peu trop direct, ou rapide, ou tout ce que tu veux, mais… Je vais être honnête. Je t'aime bien, Kurt. Je sais que ça fait à peine une semaine qu'on se connait, et qu'on ne sait pratiquement rien l'un de l'autre, mais ça fait longtemps que je ne me suis pas senti aussi bien avec une personne. Je n'avais pas prévu de dîner avec toi ce soir, et je me dis que j'ai bien fait, parce que j'aurai raté quelque chose de merveilleux sinon.
Il vit un sourire timide mais radieux se dessiner sur les lèvres du châtain, et ne pût retenir un sourire à son tour.
– Je suis plutôt content que tu sois direct, en fait, répondit Kurt. Tu me crois si je te dis que je me sens bien, moi aussi, avec toi ?
– Je te crois.
Le jeune garçon sourit et avala quelques bouchées de sa salade. Blaine l'imita, piquant distraitement dans ses haricots verts.
– J'ai été déçu que tu ne m'envoies pas de messages cette semaine, dit Kurt au bout d'un moment. Mais je dois dire que le fait que tu débarques à l'improviste à la patinoire était une bonne surprise et un bon amendement, alors je vais te pardonner pour t'être fait désirer pendant toute une semaine.
– Je… Je ne voulais pas vraiment faire stalker…, marmonna Blaine dans sa barbe en baissant les yeux.
Le châtain rigola doucement et Blaine sentit une petite pression dans sa main.
– Ça ne me serait pas venu à l'esprit, tu sais ?
– Et je suis censé le savoir, ça ? rétorqua le musicien avec amusement.
– Maintenant, oui, répondit Kurt d'un ton détaché.
Blaine sourit, rapidement imité par le garçon en face de lui.
Le reste de leur repas se finit dans une bonne ambiance, parfois interrompu par Claire qui venait leur demander si tout se passer bien, ou s'ils désiraient des desserts. Blaine ne lâcha la main de Kurt que pour découper sa viande, avant de glisser à nouveau ses doigts dans sa paume. Il ne savait pas quoi penser de leur relation. Le patineur et lui ne se connaissait que depuis une semaine. En une journée, ils avaient chacun raconté leur vie à un parfait inconnu, et maintenant, ils dînaient en tête à tête dans un restaurant français, se tenant la main comme des amoureux. Blaine ne savait pas s'il ressentait quelque chose de plus fort qu'un simple béguin pour le châtain. Bien sûr, Kurt lui plaisait physiquement, il se sentait bien en sa présence, mais n'était-il pas trop tôt pour tomber amoureux ?
– A quoi tu penses ? demanda le châtain en lui adressant un sourire rassurant.
Blaine se retint de sortir une niaiserie du genre « A quel point tu es la plus belle personne que j'ai jamais rencontrée » et se contenta d'hausser les épaules.
– Qu'est-ce qui te fais penser que je pense à quelque chose ? répondit-il avec le même sourire.
– Tu me fixes avec des yeux doux depuis tout à l'heure. C'est flatteur, mais j'aimerai bien savoir ce que ça signifie.
Le bouclé pouffa doucement et rougit, détournant les yeux. Qu'est-ce qu'il était censé répondre, là ?
– Je pense que ça fait longtemps que je ne me suis pas senti comme ça. Aussi insouciant, libre… Tu me fais oublier mes problèmes du quotidien, comme par exemple les deux terreurs qui vont encore me bousiller les oreilles en appuyant au hasard sur les touches du piano du magasin demain matin.
Kurt rit et soupira en regardant l'heure sur son téléphone.
– Il se fait tard. Je dois me lever tôt demain, je dois être à huit heures du matin à Bryant Park et je vais me taper les embouteillages que ce soit en taxi, en métro ou à pied, et si je n'ai qu'une seule minute de retard, Quinn me tuera, alors…
– T'inquiète pas, je commence à être fatigué moi aussi. Je vais aller payer l'addition.
Blaine prit la petite pochette contenant la note et se leva, payant le repas au bar. Quand il se retourna, Kurt se tenait devant lui, un léger sourire aux lèvres, son manteau sur le dos et son sac sur l'épaule, prêt à partir.
– Merci et au revoir, dit Claire en leur adressant un sourire éclatant.
Le châtain lui répondit dans son français parfait et prit Blaine par le bras, le guidant vers la sortie du restaurant. Le froid de la nuit New Yorkaise les frappa en plein visage en contraste avec la douce chaleur de l'intérieur du bâtiment, et Blaine rabattit son écharpe sur son nez pour protéger le maximum de peau de la morsure du vent.
– J'ai fait du français au lycée, expliqua Kurt devant le regard interrogatoire de Blaine suite à ses quelques mots à la serveuse. Bon… Je vais héler un taxi et rentrer, je suppose. Tu vas prendre le métro ?
Blaine se contenta d'hocher la tête. Il était déçu que quitter Kurt si vite, ces quelques heures passées en sa compagnie étaient passées si vite à ses yeux.
– Fais attention, alors. Il est tard, et je ne voudrais pas qu'il t'arrive quelque chose…
– T'inquiète pas pour moi, j'ai l'habitude. Je n'aurai qu'à prétendre d'être quelqu'un de complètement fou pour que personne ne s'approche de moi, ça marche assez bien, plaisanta-t-il.
– Je faisais exactement la même chose quand j'habitais avec Rachel, tiens, rit Kurt.
Blaine sourit et regarda le châtain se tourner vers la rue et appeler d'un mouvement de main un taxi qui arrivait vers eux. La voiture jaune s'arrêta devant eux et Kurt ouvrit la portière, prêt à monter dedans.
– C'était très sympa, comme soirée, Blaine. Merci.
– Merci à toi, répondit le bouclé sans se défaire de son sourire.
Il n'avait pas envie de lui dire au revoir. Mais le taxi attendait, et Kurt se mordilla la lèvre inférieure.
– Tu m'appelleras, cette fois ? demanda-t-il avec un regard plein d'espoir.
– Je t'appellerai. Rentre bien, Kurt.
– Toi aussi.
Il lui adressa un petit signe de main et grimpa dans l'habitacle chauffé de la voiture, claquant la portière derrière lui. Les mains dans les poches, Blaine regarda le taxi s'éloigner dans la nuit, se mêlant au brouillard de lumière des phares des voitures. Avec un soupir, il tourna les talons et chercha la bouche de métro la plus proche, dévalant les escaliers et marchant d'un pas rapide dans les couloirs pour se réchauffer, avant de s'entasser dans une rame jusqu'à chez lui.
Dans son lit chaud et confortable, il pesa le pour et le contre avant d'appuyer sur le bouton envoyer de son téléphone.
« Bonne nuit Kurt :) »
Il posa son portable sur la table de chevet et se retourna dans ses draps, avant de reprendre sa position initiale pour attraper l'appareil qui venait de vibrer.
« Bonne nuit Blaine. Fais de beaux rêves. »
Le bouclé ne put s'empêcher de trouver cette dernière phrase incroyablement adorable et, avec un sourire aux lèvres, il s'endormit en pensant au jeune patineur.
Note culturelle : Wollman Rink est réputée pour être la plus belle patinoire de New York, et se situe près du Pond dans Central Park (c'est aussi la plus chère). L'immeuble où Kurt habite existe réellement, et l'architecture, les aménagements et l'emplacement du bâtiment ont été respectés. Vous pouvez trouver des photos sur le site rentanna, section New York en ajoutant /gallery-house-at-77-west-55th-street/ à la fin. Le Pigalle et le Per Se sont tous deux des restaurants français de New York, leurs caractéristiques ont été respectées ainsi que le menu et les prix. Je ne sais pas si West Side Story sera joué en 2018 au Majestic Theatre, mais on va dire que oui.
Note personnelle : Voici pour la première partie de cet OS qui j'espère vous aura plu. J'ai pris énormément de plaisir à chercher toutes ces infos sur New York, qui est une ville que je trouve absolument magnifique et je rêverai d'y aller un jour. Les personnages sont peut-être un peu OOC (principalement Kurt), j'espère que ça n'a pas trop choqué !
Je ne répondrais sûrement pas aux reviews que vous me laisserez peut-être (ou pas), mais ça ne veut pas dire que je ne les lirai pas ! Si jamais vous avez une question, vous pouvez me trouver sur Twitter : Mizugachi, je ne mords pas, promis ;)
Merci d'avoir lu mon blabla incessant, Mizu.
