Salut tout le monde!
Il y a une idée qui me trotte dans la tête depuis un moment; à savoir, imaginer comment ont débuté les histoires d'amour dans le manga. A l'origine, c'étaient les amours des parents qui m'intéressaient, mais j'ai rapidement élargi à tous les âges et j'ai bien une quinzaine de pairings en tête à mettre en scène.
Alors voilà, je partage avec vous les premiers baisers qu'ils ont pu vivre tels que je les imagine, en commençant par celui partagé entre Hashirama et Mito (un couple que j'imagine très mignon et que j'ai beaucoup aimé décrire ^^) ~
Bonne lecture!
Un premier baiser au goût de promesses
Hashirama Senju x Mito Uzumaki
Ce n'était un secret pour personne dans le jeune village de Konoha que Hashirama Senju et Madara Uchiha partageaient une amitié sincère. Tumultueuse et parfois sanglante, mais profondément ancrée en chacun d'eux.
Les hommes, souvent, protestaient contre cet état de fait à grands coups d'injures autour d'un verre avec des amis ou à table avec leur famille. Leurs épouses, majoritairement occupées aux tâches ménagères et à l'éducation des enfants depuis la fin de la guerre, acquiesçaient à l'avis de leurs époux, dociles, avec un léger sourire aux lèvres et en leur resservant un verre de saké.
Mais c'était également un fait connu que les femmes jasaient entre elles une fois leurs maris partis pour la journée. Un jour buvaient-elles le thé chez l'une, le suivant chez l'autre, parfois même se retrouvaient-elles au marché ou dans le parc en promenant leurs bambins. Dans ces moments-là, c'étaient bien entendu les potins et les dernières nouvelles qui étaient au rendez-vous, et les femmes ne manquaient pas de mots pour se plaindre de leur moitié.
Mais plus que cela encore, le sujet en vogue qui revenait souvent après six mois de vie paisible au village était le suivant; la vie sentimentale de leur Hokage, toujours désespérément célibataire. Après nombre de débats houleux, et après que Madara Uchiha lui-même y ait apposé son consentement, ce fut Hashirama Senju qui fut choisi pour remplir ces fonctions de dirigeant. L'usage voudrait alors que le chef du village se trouve une épouse pour pouvoir enfanter et ainsi transmettre sa volonté à sa progéniture. Cependant, depuis cinq mois que le Senjuu avait été officiellement nommé Hokage, il n'y avait pas l'ombre d'un mariage annoncé, pas même les rumeurs d'une femme qui viendrait régulièrement partager sa couche.
Alors, les nouvelles spéculations relayées dans tout le village par les femmes devinrent ces dernières; Hashirama et Madara entretenaient une liaison secrète. Le Senju et l'Uchiha. Autant dire que cela faisait beaucoup rire les femmes, les laissant parfois rêveuses, mais que cela irritait bien d'avantage les hommes. Si l'homosexualité n'était pas un tabou, tisser des liens avec la faction ennemie en était un. Nombre des habitants – souvent masculins – avaient encore bien du mal à accepter de cohabiter. Bien heureusement, les autres clans invités à la construction de Konoha – Nara, Akimichi, Yamanaka et Sarutobi notamment – permettaient de faire tampon entre les deux illustres familles.
Comme toutes les rumeurs qui circulaient dans son village, Hashirama, l'oreille toujours à l'affut, avait eu vent de ces babillages fantasmagoriques purement féminins et n'avait pu qu'éclater de rire en prenant conscience de ce que cela impliquait. Madara avait trouvé cela beaucoup moins amusant.
Malgré les hauts et les bas de leur amitié dictés par la violente guerre qui les avait secoués depuis leur naissance, les deux hommes s'en étaient récemment arrêtés à son apogée, tandis qu'ils décidèrent de fonder le village de Konoha qui concrétisait alors tous leurs rêves de paix. Idée du Senju à l'origine et nommé par l'Uchiha plus tard, ce village était comme leur petit bijou, le fruit d'un travail commun ayant pu voir le jour grâce à la sueur et au sang versés. C'était indéniablement un facteur qui les rapprochait beaucoup l'un de l'autre. Mais il n'y avait rien de plus personnel ou intime qui se cachait là-dessous.
Déjà, parce que Madara se complaisait à se cacher sous ses airs froids et que pour rien au monde il ne s'afficherait publiquement avec une tierce personne à son bras. Aussi, parce que Hashirama était beaucoup trop exaspérant avec sa vilaine manie de déprimer pour un rien. Enfin, parce que Tobirama Senju, frère cadet du Hokage, était toujours dans leurs pattes à surveiller son aîné qui avait tendance à délaisser la partie administrative de son travail au profit de ses rêveries idéalistes – et surtout à surveiller l'Uchiha en qui il n'avait pas confiance.
En somme, aucune relation, même profondément cachée, n'était à signaler au sommet du village outre une amitié parfois sidérante.
Malgré cela, Madara était las de toutes ces rumeurs et désirait y mettre un terme au plus vite; les gloussements des femmes sur son passage et les railleries effrontées des hommes dans les bars n'étaient pas pour lui plaire. Même les enfants s'étaient récemment mis à le pointer du doigt dans la rue avant d'éclater de rire. Rien de bon pour sa fierté et pour sa réputation déjà pas mal entachée.
C'est pourquoi il décida d'amorcer un harcèlement continu et répété auprès de son meilleur ami afin de pousser ce dernier à se trouver une femme. Madara était discret; plutôt calme et peu bavard. Mais quand il s'y mettait sérieusement, il pouvait réellement devenir chiant. Toutefois, il n'avait pas prévu qu'augmenter son débit de paroles rendrait Hashirama aussi heureux. En effet, non content que son ami se mette enfin à lui parler, le Senju s'en était trouvé le cœur rempli de joie et en avait profité pour aborder nombre de sujets avec lui pour échanger leurs points de vue. Le Senju était éminemment plus doué que son homologue à ce petit jeu-là, et il réussit avec brio à détourner habilement le sujet « épouse » à chaque fois que Madara le remettait sur le tapis.
Ce dernier avait fini par abandonner au bout d'une journée à peine, les cordes vocales en feu et la langue douloureuse de s'être ainsi déliée.
Bien sûr, il aurait très bien pu se trouver une épouse lui-même afin de faire taire les rumeurs. Mais Madara Uchiha était loin d'être prêt à bousculer ses habitudes pour une femme, et encore moins pour de possibles marmots. A choisir, il préférait même ne jamais connaitre l'amour et finir sa vie célibataire en furetant à droite à gauche quand cela lui chantait. Une vie loin des entraves de l'hymen, placée sous le sceau de la liberté. Pas question d'accepter un mariage tant que la situation ne deviendrait pas vraiment désespérée.
Heureusement pour lui, son salut se présenta la semaine suivante sous la forme d'un épais parchemin apporté par un émissaire du village caché des Remous. Ce village, situé plus à l'Est dans le pays des Tourbillons, abritait le clan Uzumaki depuis des années, ceux-ci n'ayant jamais voulu prendre part à la guerre et ayant compris depuis bien plus longtemps qu'eux les bienfaits de la création d'un endroit où les ninjas et leur famille pourraient vivre en paix et en harmonie.
Les deux familles, Senju et Uzumaki, ayant un ancêtre commun et la situation des deux villages étant stable et prospère, le chef Uzumaki trouvait que le moment était propice pour pourvoir à une alliance entre leurs deux nations. Grâce à celle-ci, ils bénéficieraient d'échanges commerciaux privilégiés, et chacun s'engagerait à soutenir ou porter secours à l'autre en cas de nécessité. Cela permettrait également d'assurer la paix de ce côté-ci des frontières du pays du feu. Hashirama, qui raffolait bien évidemment de la paix et qui voulait plus que tout s'entendre avec tout le monde, voulut accepter cet accord immédiatement.
La semaine qui suivit, le chef du village caché des Remous et son escorte faisaient le déplacement jusqu'à Konoha pour officialiser le traité de paix. Afin de montrer leur bonne foi dans cette alliance, il fut convenu que le village de la feuille intègrerait le symbole en spirale du village des Remous à son uniforme shinobi en symbole de cette nouvelle amitié.
Tout se déroulait parfaitement bien, et Hashirama était aux anges. Il commençait déjà à lever sa main vers son homologue. Cependant, ce dernier avait encore une dernière condition – presque une faveur – à exposer; une union symbolique entre deux membres de leur clan. Quoi de mieux qu'un mariage pour officialiser un pacte entre deux nations ? Et qui plus est, un mariage entre le Hokage de Konoha et la petite fille du dirigeant d'Uzushio.
D'abord surpris, puis embarrassé, Hashirama se fit la réflexion qu'il ne pouvait décemment pas laisser passer pareille opportunité. Alors, sous le regard insistant de son jeune frère, et narquois de son meilleur ami, il se décida finalement à continuer l'ascension de se main devant lui. Avec un sourire à la fois heureux et un tantinet crispé aux lèvres, il serra la main de l'Uzumaki en face de lui. Il était officiellement devenu allié – et fiancé.
Tandis que chaque dirigeant apposait son sceau sur les parchemins officiels, il fut décidé que le mariage aurait lieu rapidement. Pourquoi faire attendre un si heureux évènement ? Hashirama se félicita intérieurement de savoir garder une parfaite maitrise de lui-même en cas de situation d'une extrême délicatesse. Car il dut avouer avoir failli s'évanouir lorsque le clan Uzumaki proposa de fixer l'union dans deux semaines exactement – juste le temps de tout organiser convenablement. Le mariage, bien sûr, aurait lieu à Konoha, mais Uzushio s'occuperait en échange des formalités.
Hashirama Senju, après avoir su esquiver habilement l'épreuve du mariage pendant vingt-cinq ans, avait à présent deux petites semaines pour se préparer psychologiquement à sa future vie d'homme marié. Heureusement pour lui, il fut également décidé que sa fiancée ne viendrait au village que la veille au soir, et donc qu'il ne la verrait pas avant le jour fatidique, selon la coutume. L'épreuve du face-à-face était donc reportée au plus tard, et cela le soulageait quelque peu.
Hashirama n'était pas vraiment vieux jeu. Au contraire, il désirait faire table rase du passé et repartir sur de nouvelles bases plus saines, d'où la création de Konoha en coopération avec les Uchiha. C'est pourquoi il se surprenait parfois à rêver, au lieu d'un mariage arrangé comme on en faisait régulièrement partout dans le monde, à une véritable relation amoureuse qui déboucherait sur une union consentie par les deux êtres. Il rêvait d'une femme qu'il aimerait et qui le chérirait, avec qui il serait fier de parader dans les rues et dont la perspective d'avoir des enfants avec elle le comblerait d'une joie infinie.
Pour toutes ces raisons, il ne pouvait nier être déçu. Cette union de convenance lui laissait comme un arrière-gout amer au fond de la gorge. Il savait que c'était son rôle de représenter dignement son peuple et de le rassurer, et que le mariage était un excellent moyen de démontrer que la paix était bien présente. Il avait ouï dire qu'on se posait beaucoup de questions sur son célibat et que cela engendrait parfois des dissidences. Il avait bien conscience qu'il devait se marier.
Mais au premier jour de son annonciation, il avait bien du mal à s'y résoudre.
Au deuxième jour, il resta prostré sur sa chaise de bureau, le visage tourné vers la fenêtre et le regard perdu dans le vide, complètent hermétique aux exclamations pourtant véhémentes de son jeune frère – qui finit par lâcher prise et consentir à remplir les documents en attente lui-même.
Au troisième jour, il dut subir les moqueries incessantes de Madara, ce dernier étant trop heureux d'être enfin débarrassé des rumeurs.
Au bout d'une semaine, il commença à reprendre un rythme de vie normal, le mariage lui semblant être devenu une idée lointaine et floue, rangée dans une case obscure de son esprit.
La veille du sacrement, la curiosité vint le piquer sans crier gare. Qui était exactement cette jeune femme qu'il allait épouser pas plus tard que le lendemain ? Quel était son nom ? Son âge ? A quoi ressemblait-elle ? Dévoré par ces questions, il finit par envoyer Tobirama en mission d'espionnage – sauf que celui-ci avait déjà tout prévu.
« Tu ne croyais quand même pas que j'allais te laisser te marier avec n'importe qui, grand frère ? », lança le blanc avec son sérieux habituel. S'asseyant à demi sur le bureau de son frère, il sortit un document rempli par ses soins. « Elle s'appelle Uzumaki Mito et est âgée de dix-huit ans. Elle a reçu une formation de kunoichi et excelle dans la maîtrise de l'art des sceaux. Tu sais bien que tu n'as pas le droit de la voir avant le mariage, alors je n'ai pas de photo ou d'autre indication sur son physique. »
Ayant une moue déçue, Hashirama demande : « Elle n'est pas encore arrivée ? »
« Seulement dans la soirée, ce sera une entrée discrète. Puis elle sera logée à l'étage supérieur. »
Les yeux de l'aîné se mirent à briller de malice : « Et tu ne pourrais pas aller jeter un rapide coup d'œil ? Juste pour me décrire à quoi elle ressemble ! »
Tobirama lorgna un moment sur l'expression suppliante savamment travaillée par son idiot de frère avant de lâcher, catégorique : « Il en est hors de question. »
« De toute façon, toi, quand il s'agit des règles… », baragouina Hashirama, vexé.
Souriant en coin avec amusement, le cadet prit congé afin de laisser son aîné méditer sur sa future condition d'époux responsable.
Toute la nuit durant, Hashirama ne put parvenir à trouver le sommeil. Les yeux grands ouverts sur le plafond nu de sa chambre, il ne pouvait que ressasser toutes ses angoisses et ses appréhensions. Il avait beau compter les défauts de la peinture pour oublier ce qui le maintenait éveillé, une image de femme venait toujours resurgir dans son esprit lorsque celui-ci commençait à s'embrumer de sommeil.
Le lendemain matin, il va sans dire que le Hokage, habituellement bel homme et dynamique, avait de grosses poches sous les yeux et le teint cireux. Plus que cela encore, il avait une désagréable sensation de nœud dans la gorge, et son estomac le tiraillait sous le poids du stress.
Pris d'une certaine compassion pour son frère, Tobirama congédia les quelques femmes censées aider le Hokage à se préparer et décida de s'occuper de cela lui-même. Cela représenterait déjà une source d'angoisse en moins pour Hashirama. Non sans un discret sourire à la vue de l'état déplorable de son aîné, Tobirama commença par l'emmener à l'onsen qui lui était réservé dans l'optique de le décrisper quelque peu et qu'il soit en état d'ingurgiter son copieux petit-déjeuner plus tard. Avec un certain délice, Hashirama savourait l'eau brulante qui glissait sur son corps et détendait ses muscles. La chaleur lui fit reprendre des couleurs, et les symptômes de l'angoisse le quittèrent peu à peu.
Après s'être relaxé une vingtaine de minutes dans le bain, son tyrannique petit frère le pressa à enfiler un yukata pour se sustenter, et l'apaisement prit fin.
« On a déjà pris du retard, grand frère, dépêche-toi de manger ! »
« Pas la peine de paniquer, Tobirama, il n'est que… », répondit mollement le Hokage en mâchant son riz.
« … dix heures ! », compléta le plus jeune, exaspéré. « La cérémonie débute à onze heures ! Tu ne voudrais quand même pas manquer ton propre mariage ? »
« Oh, tu sais… »
« Hashirama ! », s'exclama le blanc avec colère en tapant du poing sur la table, faisant sursauter son frère. Tobirama ne l'appelait jamais par son prénom. « Je peux comprendre que l'idée de te marier avec une inconnue te rebute, mais tu n'as pas le droit de manquer à tes devoirs pour autant ! Tu es le chef du village et en tant que tel, il est de ta responsabilité de sceller cette alliance avec Uzushio ! »
« Je sais », soupira Hashirama avec un rire nerveux. « Ne t'en fais pas, Tobirama. J'irais. »
« Alors, dépêche-toi de finir ton bol de riz. Il faut encore que tu enfiles ta tenue. »
Avec réticence, le brun consentit à finir plus rapidement son repas sous le regard sévère de son jeune frère. Après avoir reposé son bol vide, il se déplaça en traînant des pieds jusqu'au paravent placé dans un coin de sa chambre, et se plaça derrière le temps de se déshabiller et d'enfiler son yukata d'apparat. Lorsqu'il eut passé ses bras dans les manches du tissu bleu marine, il referma les pans sur son torse et sortit pour laisser Tobirama nouer la ceinture noire autour de sa taille. Cela fait, il enfila une veste haori toute aussi foncée, puis une paire de geta.
« Je sais que tu n'as pas forcément envie d'entendre ce que je vais dire, mais tu as beaucoup de prestance dans cette tenue, grand frère » se moqua gentiment Tobirama. « Ta femme va adorer. »
« Ce n'est pas encore ma femme » grommela Hashirama.
Avec un soupir résigné, le blanc conclut en posant une main sur l'épaule de son frère : « Il faut qu'on y aille, maintenant. Tu dois arriver avant la mariée. »
Le brun prit plusieurs profondes inspirations avant de hocher la tête. Il était prêt. Ou presque.
A dix heures cinquante-huit précises, Hashirama se tenait devant le chef d'Uzushio qui présiderait la cérémonie. Se tenant bien droit, le dos raide, les bras le long du corps et un sourire de circonstance aux lèvres, le Senju attendait avec nervosité la venue de sa future épouse. Derrière lui se tenaient les membres les plus importants des différents clans du village de la feuille, Madara et Tobirama y compris. Répartis dans une deuxième colonne compacte derrière l'endroit où se tiendrait la mariée, des membres influents du clan Uzumaki qui avaient pu faire le déplacement et représentaient symboliquement l'entièreté du peuple des Remous.
Moins d'une minute plus tard, l'on annonçait la venue de Mito Uzumaki.
Hashirama mentirait s'il affirmait ne pas avoir eu le souffle coupé. Parce que la jeune femme qui s'avançait vers lui était divinement belle. Elle avait une longue chevelure rouge vive retenue en deux chignons de chaque côté de sa tête qui contrastait merveilleusement bien avec son habit d'un blanc pur. Le kimono, aux manches amples, serrait délicieusement sa taille et soulignait ses hanches voluptueuses. Ses yeux, noirs et légèrement maquillés, étaient fixés dans les siens tandis qu'elle se mouvait avec fierté et grâce. Son fin sourire, un peu maladroit et légèrement crispé, lui pinça le cœur. Il avait oublié qu'il n'était pas le seul à devoir subir cette union. Peiné pour elle, il tenta un sourire rassurant et plein de chaleur.
Se plaçant aux côtés de son fiancé, Mito se tourna vers son grand-père, et la cérémonie débuta.
Le sacrement fut long et passablement ennuyeux, mais les usages étaient de toute façon toujours interminables – et souvent foutrement inutiles. Hashirama écoutait les discours se succéder d'une oreille peu attentive tandis qu'il se concentrait sur la présence à ses côtés et tentait de décrypter ses ressentis. La jeune femme semblait calme et restait très digne, fixant un point invisible droit devant elle, les lèvres légèrement pincées. Agacement ? Appréhension ? Gêne ? Il ne saurait le dire. Il espérait simplement que cela ne soit pas dû à l'agacement. Il ne souhaitait pas particulièrement vivre avec une femme qui le détesterait.
La cérémonie, très traditionnelle et dans un esprit quelque peu obsolète, ne nécessitait aucune participation particulière des deux époux. Il n'y avait qu'à la fin qu'ils devaient sceller leurs vœux en se tenant les mains et en prononçant les paroles de circonstance. Avec douceur, Hashirama prit les mains fines et blanches de la jeune femme dans les siennes, grandes et rendues calleuses par les combats répétés – en espérant secrètement qu'elles n'étaient pas moites d'avoir angoissé. Et, les yeux ancrés dans ceux de sa partenaire, il prononça : « J'accepte devant les dieux de prendre Mito Uzumaki pour épouse et lui jure amour et fidélité pour les années à avenir, dans les meilleurs moments comme dans les pires. » A peine eut-il fini que la jeune femme répétait déjà les mêmes mots, ses lèvres rendues carmines par le maquillage dévoilant des dents d'une blancheur éclatante.
Les vœux prononcés, le vieil home annonça la fin du sacrement en remerciant une dernière fois les dieux de bénir cette union, et les spectateurs applaudirent poliment. Les nouveaux époux s'inclinèrent profondément devant le chef d'Uzushio pour le remercier, puis devant leurs convives. Enfin, ils se déplacèrent jusqu'aux balcons du bâtiment où résidait le Hokage et firent face à la foule qui les acclamait. Toujours avec la même expression de circonstance peinte sur le visage, Hashirama reprit une main douce de Mito dans l'une des siennes, puis salua les habitants de l'autre.
Il était définitivement et irrémédiablement marié.
La journée se poursuivit avec un banquet plein de victuailles venant des deux pays, puis la fête se perpétua jusqu'au soir. Tout du long, Mito et Hashirama ne s'étaient pas accordés la moindre parole, et à peine quelques regards à la volée.
Le soir venu, les mariés furent laissés seuls, les convives s'inclinant respectueusement devant eux et les félicitant une dernière fois. Madara, parmi les derniers, serra fraternellement son ami contre lui, non sans un rictus moqueur aux lèvres. Tobirama en fit de même, avec un sourire encourageant. Les dernières mondanités réglées, les époux furent reconduits jusqu'à la chambre du Hokage, devenue chambre conjugale.
Quand la porte se referma derrière eux, Hashirama se sentit comme pris aux pièges.
Bien sûr, il était d'usage que le mariage soit consommé le soir-même durant la nuit de noces. Bien sûr, Hashirama n'avait aucune envie de respecter cette coutume.
Se tournant vers sa compagne, il resta bouche bée devant le tableau qui s'offrait à lui. Ainsi baignée dans la lumière de la lune qui filtrait par la fenêtre, sa peau était d'une blancheur envoutante et semblait irradier comme un soleil blanc. Elle était magnifique, il ne pouvait le nier. Mais son regard était incertain, et sa lèvre inférieure tremblait par intermittence. Familière des eusses et coutumes, elle relevait déjà ses belles mains vers le col de son kimono.
Hashirama l'arrêta d'un geste, posant ses mains chaudes sur les siennes. Il la fixa un moment du regard, cherchant une quelconque lueur assurée dans ses prunelles. Mais il n'y vit que de l'incompréhension et, surtout, une grande nervosité. Alors, il inclina doucement le buste et déposa un baiser le front découvert.
« Pas ce soir », murmura-t-il simplement avant de prendre ses affaires de nuit et de s'enfermer dans la salle d'eau. Juste avant que la porte ne se referme, il entendit le bruit mat d'un corps qui tombe à genoux.
Lorsqu'il en ressortit une vingtaine de minutes plus tard, en yukata de nuit et une serviette autour du cou, il retrouva Mito sagement agenouillée dans un coin de la pièce qui attendait avec ses propres affaires déjà prêtes.
« Je vous ai laissé le bain, si vous souhaitez vous rafraichir » lui indiqua Hashirama avec un gentil sourire.
Hochant la tête sans oser croiser son regard, elle se releva avec précipitation et passa à côté de lui en coup de vent. Hashirama acheva alors de sécher sa longue chevelure, puis s'installa sur un côté du futon, épuisé par cette journée – et ces deux semaines passées – riche en émotions. Quelques instants plus tard, il avait fermé les yeux, mais ses sens restés aux aguets perçurent le bruit d'une porte qui s'ouvre et se referme. Il entendit les pas légers de la jeune femme, puis le bruissement du tissu, et les pas s'arrêtèrent, incertains, près de la couche. Après quelques secondes à trépigner, elle sembla se faire une raison et s'installa de l'autre côté du futon, de manière à ce qu'ils se fassent dos. Quand elle se fut bien installée et que le silence retomba, il osa un « Bonne nuit » du bout des lèvres avant de s'autoriser à plonger dans le sommeil.
Elle lui répondit après une courte hésitation, et un léger sourire orna les lèvres du Hokage.
Les jours qui suivirent leur mariage furent assez banals, si ce n'est une certaine gêne qui flottait dans l'air lorsque les époux se retrouvaient seuls. Ils dormaient toujours éloignés l'un de l'autre, se réveillaient avec un temps de décalage pour laisser l'autre se préparer, savouraient le petit-déjeuner en silence après s'être salués, partaient chacun vaquer à leurs occupations respectives durant la journée, et ne se retrouvaient généralement que le soir à la maison, autour du dîner, échangeant de temps à autres des banalités plus pour meubler le silence que par réel envie de discuter. C'était une routine qui s'était installée dans les premières semaines, vivant ensemble mais comme des étrangers.
Non pas qu'ils se méprisaient l'un l'autre, mais aucun des deux n'avait voulu de cette union, et aucun des deux ne savait comment se comporter dans pareille situation.
Néanmoins, la situation s'améliora après le premier mois, tandis que les époux étaient désireux de pouvoir vivre sans le poids de l'embarras au quotidien. Aussi, Mito s'impliqua davantage dans les affaires de son mari Hokage, et lui demandait régulièrement quelles étaient les nouvelles, et ce qu'il prévoyait de faire. Se prenant au jeu, Hashirama lui avait alors raconté ses projets, et pour cela, les rêves qu'il conservait précieusement depuis son enfance. Cette conversation marqua le début d'une grande complicité. Mito, bien éduquée, très cultivée et ayant appris l'art d'être une kunoichi, se trouvait être une jeune femme avec qui il était très agréable de discuter. Elle avait toujours un avis à donner, et savait l'exprimer avec justesse et donner des arguments souvent indiscutables. Leurs échanges, d'abord courtois, devinrent rapidement plus passionnés. Après quelques soirées passées à converser, ils se surprirent à rire aux éclats ensemble et à se chamailler gentiment.
Désireuse de consolider ce lien ténu qui se tissait entre eux, Mito redoublait d'efforts pour faire plaisir à son mari. Le matin, elle le réveillait à l'heure adéquate d'une caresse sur la joue après avoir fait couler son bain. Pendant qu'il se relaxait, elle préparait le bentô qu'il emporterait avec lui au bureau afin de ne pas oublier de se sustenter malgré le travail qu'il abattait. Quand il rentrait le soir, elle l'aidait à se mettre à l'aise et lui demandait de raconter sa journée. La nuit, ils dormaient éloignés, mais face à face.
Après deux mois de vie commune, leur relation passa à un degré encore supérieur. Mito prenait régulièrement du temps pour passer voir son mari au travail, et mangeait souvent avec lui au déjeuner dans son bureau. Le soir quand il rentrait, elle lui massait les épaules et le dos pendant qu'ils conversaient. La nuit tombée et camouflée par la semi-obscurité, à l'abri sous les draps, Mito osait se rapprocher de son mari jusqu'à frôler son nez du sien.
Au bout de trois mois, Mito voulut bousculer un peu les choses. Elle était heureuse; c'était indéniable. Mais elle pourrait l'être encore plus, cela aussi était indéniable. Ils s'étaient considérablement rapprochés au vue des premiers jours, mais leur relation semblait avoir stagné depuis peu. Il régnait entre eux une franche complicité, et la tendresse se cachait derrière chacun de leurs gestes. Toutefois, Mito désirait à présent plus. Après avoir tâtonné ces trois derniers mois dans cette nouvelle relation de couple, elle était à présent prête à assumer pleinement son rôle de femme.
C'est pourquoi ce soir-là, elle attendait plus impatiemment qu'à l'accoutumée la venue de son mari. Pour tromper cette émotion, elle avait savamment rangé et nettoyé chaque centimètre carré de leur habitation, et s'était même apprêtée avec plus d'application, revêtant un kimono d'été plus léger et osant une touche de maquillage qui rafraichissait son visage. Lorsque Hashirama poussa la porte d'entrée avec son habituel sourire joyeux, il se figea un instant. Juste une fraction de seconde. Il avait perçu le changement chez sa femme.
Celle-ci l'attendait avec une expression bienveillante.
« Okaeri » chantonna-t-elle avec le sourire.
« Tadaima » répondit son époux en ôtant sa veste et ses chaussures.
D'un geste affectueux de la main, elle caressa sa joue pour le saluer, puis l'accompagna jusqu'à la table de la pièce à vivre sur laquelle elle avait disposé un verre de citronnade pour chacun d'eux, boisson propice en cette saison chaude. Hashirama s'assit sur les tatamis, et Mito s'agenouilla derrière lui. De ses doigts fins, elle tâtait ses omoplates, cherchant les contractions musculaires à faire disparaitre. Tandis qu'elle posait ses paumes plus franchement sur le dos de son mari, elle débuta leur conversation usuelle.
« Comment était ta journée ? »
« Plus épuisante que jamais ! », soupira le brun après avoir bu une gorgée de son jus. « Tobirama est un vrai tyran, il ne m'a pas laissé une minute à moi ! »
« Tes journées seraient bien mornes, sans lui », plaisanta Mito en riant doucement.
« Surtout plus tranquille, oui ! », s'esclaffa son mari. « D'ailleurs, il m'a demandé de te remercier pour avoir trié les dossiers des élèves de l'académie. »
« Oh », fit la rouge avec amusement. « Il a cru que c'était moi qui m'en étais chargée ? »
« Il n'arrivait pas à croire que j'en étais capable » bougonna Hashirama.
Mito rit franchement alors qu'elle sentait son époux se détendre progressivement sous ses doigts habiles.
Après cela, ils ne parlèrent plus pendant quelques minutes, appréciant le silence et la caresse du soleil qui filtrait par les panneaux ouverts. Mais l'Uzumaki gardait un sujet en réserve qu'elle souhaitait aborder.
Hésitante, elle commença : « Cela fait quelques temps maintenant que nous habitons ensembles et je… » Elle se mordit la lèvre inférieure, incapable de trouver les bons mots.
« Tu sais que tu peux tout me dire », la rassura son homologue en posant une main sur la sienne et en levant le visage vers elle.
« Je trouve que nous nous sommes beaucoup rapprochés », elle dit alors, un peu hasardeuse.
« Tu es une précieuse amie pour moi », confirma-t-il en lui souriant.
« Et je comprendrais ne pas être plus à tes yeux. Après tout, ni toi ni moi n'avons voulu de ce mariage. »
Hashirama sembla surpris par ces paroles.
« Même si tu m'as jurée fidélité, tu sais, cela ne me dérangerait pas que tu ailles voir d'autres femmes. Je ne voudrais pas te priver de l'amour. »
Le Hokage écarquilla les yeux, bouche bée. Il ne savait quoi répondre à cela.
Mettant fin à son massage, Mito laissa ses mains retomber sur ses genoux et s'affaissa sur ses talons.
« Mais bientôt, on nous pressera pour avoir des enfants et en ce sens… »
« Mito », l'interrompit soudainement Hashirama en se tournant vers elle, l'air grave. « Qu'essaies-tu de me dire, exactement ? »
Prenant une grande inspiration, la jeune femme se lança franchement : « Même si je comprends qu'il n'y ait rien de plus que de l'amitié entre nous, il va bientôt falloir envisager à ce que nous nous…rapprochions tout de même afin de répondre aux attentes de tout le monde. Nous avons encore des responsabilités envers nos villages respectifs. »
Hashirama soupira en se frottant l'arrière du crâne, embarrassé.
« Je le sais bien. Mais je me sens mal vis-à-vis de toi, je n'ai pas envie de te blesser ou… »
« Je suis déjà amoureuse de toi, Hashirama », lâcha sérieusement Mito en plantant ses prunelles dans ses jumelles.
La bouche du brun s'étira en un « o » parfait, soufflé par cette déclaration inattendue.
« J'ai appris à te connaître durant ces trois mois. Je t'ai beaucoup observé, et j'ai apprécié chaque seconde des conversations que nous avons échangées. Je suis tombée amoureuse de Hashirama Senju, le Hokage de Konoha, celui qui a des rêves auxquels il n'a jamais cessé de croire et qui a créé un village où règnent la paix et la prospérité. L'homme doux qui tend la main à qui le demande et qui sourit toujours à la vie malgré ses frasques et ses retors. »
Encore sonné par ces belles paroles, Hashirama baissa lentement son bras et nicha la paume de sa main contre la joue gracile de sa femme. Il caressa lentement la peau de son pouce et la fixa comme s'il la redécouvrait sous un nouveau jour.
« Je… », tenta-t-il de répondre.
« Tu n'éprouves pas la même chose pour moi, je le sais », chuchota Mito en détournant les yeux avec une expression de tristesse.
Quelque peu paniqué, Hashirama, mut par un réflexe, posa sa deuxième main sur la joue de la jeune femme pour encadrer son visage et le garder tourné vers lui.
« Ne me regarde pas avec pitié, s'il te plait », demanda l'Uzumaki, sa voix se brisant un peu plus à chaque syllabe. « C'est pour ça que je disais que tu avais le droit de voir d'autres femmes… »
« Mais je ne veux pas voir d'autres femmes ! » s'exclama le Hokage, presque choqué par cette autorisation, mais aussi touché qu'elle fût prête à de tels sacrifices pour lui. « Je… je ne t'aime pas aussi bien que tu le fais pour moi, et j'en suis vraiment désolé. Mais je suis sûr que je pourrais y arriver un jour. Tu es belle, Mito Uzumaki. Une des plus belles femmes que j'ai rencontré, forte et intelligente de surcroit, et j'adore cette complicité qui est née entre nous. J'apprécie chaque jour un peu plus ta présence à mes côtés alors que je la redoutais tellement à l'annonce de notre mariage. Il est vrai que j'ai toujours rêvé d'une union que j'aurais choisie parce que j'aurais trouvé la femme de ma vie. J'ai été déçu dans un premier instant que ce rêve me soit arraché par un mariage arrangé. Mais maintenant que je suis avec toi, je me dis juste que la vie a réalisé mon souhait à l'envers. Il m'a donné le mariage avant même que j'apprenne à chérir la femme parfaite. »
Emue, Mito ne put étouffer un sanglot, ni empêcher une larme de briller sur sa peau.
Se rapprochant doucement de son épouse, Hashirama chuchota, son souffle caressant son visage : « Apprends-moi à t'aimer comme toi tu m'aimes. »
Et il scella cette demande par un baiser merveilleux.
Lorsque ses lèvres se posèrent sur celles de la jeune femme, ce ne fut pas une explosion d'amour qui les secoua. Il était encore trop tôt. En revanche, c'étaient des milliers de promesses qui flottaient autour d'eux et que ce baiser promettait de tenir. Il fallait juste lui accorder quelques bons moments de plus, et il serait prêt à s'épanouir.
Ce baiser avait le goût d'une amitié sincère, d'un engagement muet et d'un amour naissant.
Ce baiser était parfait.
Voilà, voilà ~ J'espère que ça vous a plu!
Mito a mis un peu de temps à arriver, mais je me suis laissée emporter sur le début ^^" Après, j'avoue que la fin est un peu mièvre x)
Bref, qu'est-ce que vous en avez pensé?
Pour le prochain baiser, je prévois de mettre en scène Madara, puisque cette scène a déjà été un prélude au personnage. J'ai dû inventer une femme pour pouvoir le caser avec quelqu'un, et j'avoue m'être fait un « p'tit kiffe » comme on dit ;-) J'ai inventé l'ancêtre d'un personnage bien connu de la génération actuelle. Un indice, son nom de famille commence par un H (et c'est un personnage féminin) ~
A bientôt !
