The exorcist
Du sang à perte de vue. Son odeur imprégnait l'air, saturait les sens.
Rouge est le sol, les corps, jusqu'à la lune teintée de pourpre. Coulent les larmes, enfle le ruisseau de la douleur.
Mâchoire crispée, l'enfant contient à grande peine sa tristesse, ne laissant qu'une unique larme couler.
Lentement, la détresse fait place à la haine. Le désir de pleurer se mût en besoin de vengeance.
Puis le barrage cède. Perdue dans les méandres de sa conscience, les larmes, traîtresses, débordent et inondent ses joues d'eau froide, sans que son visage ne trahisse la moindre émotion.
Déjà, son cœur est sous la domination des ténèbres.
Avec tendresse, l'enfant se baisse et ferme les yeux des morts, avant de quitter cet endroit de désolation, fantôme d'un passé chatoyant.
Elle se dirige, hagarde, vers la forêt. Libère son désespoir, en un cri qui glace le sang. Et l'appelle.
Quand, plusieurs heures après, l'astre lunaire laisse peu à peu place au jour nouveau, l'enfant dort, roulée en boule sur le sol, humide de rosée.
En son cœur couve une rage terrible, rendue visible par le tatouage qui couvre désormais son ventre ?
Rien ne sera plus pareil maintenant. Yuka a certes tout perdu, mais il lui reste un but à atteindre. Et peu importe le prix à payer.
Et l'enfant endormi, si paisible extérieurement, continue à rêver sanglamment de représailles.
