Bonjour, ami lecteur !
Je dois avouer que je n'avais pas prévu de publier si tôt. J'attendais de prendre plus d'avance, pour prendre exemple sur Temi. Mais, une fois passé le chapitre quatre, j'ai réalisé que je ne me motiverais pas à avancer sans quelques encouragements. Alors, me voici ! Je vous prie d'avance de bien vouloir m'excuser pour le rythme de publication qui n'aura rien d'exemplaire.
Je vous épargnerai le blahblah assez encombrant au début de chaque chapitre, en admettant dès maintenant que les personnages de Bleach ne sont pas miens, mais bel et bien à Tite Kubo, et que je ne revendique en rien son univers. Par ailleurs, je suis très fortement inspirée par Fast and Furious, là encore, rien d'original. Et, la qualité de l'orthographe, de la ponctuation et tout ce qui est lié à la complexité de la langue française, je le dois à ma consciencieuse et adorée bêta.
Sur ce, je vous souhaite une bonne lecture !
1
The Go-ahead
La brise de septembre charriait avec elle les dernières senteurs d'un été californien torride et enjoué. Le soleil, toujours au rendez-vous, rendait la reprise plus difficile. En tout cas, c'était l'avis d'Ichigo lorsqu'il songeait à la rentrée, le lendemain : il préférait de loin profiter encore quelque temps de son balcon, savourer ses douces flâneries, et surtout, prendre un peu de temps pour s'adapter à sa nouvelle vie. Cela ne faisait que qu'une petite semaine qu'il avait emménagé dans son appartement du centre-ville, délaissant son père et ses sœurs en banlieue au profit de ses études. Car, enfin, il allait pouvoir faire un pas de plus envers son rêve, sa passion. Les voitures. Après deux années de prépa, il abordait la majorité en entrant – enfin ! – dans l'école d'ingénieur qu'il visait depuis son adolescence. Il voulait concevoir des bolides, parce qu'il prenait un plaisir fou à conduire, à résister un instant à l'envie d'accélérer pour finalement le faire, ressentir la vitesse, grisante, affolante son cœur cogner dans sa poitrine, propulsant l'adrénaline dans ses veines.
Ça le démangeait constamment. Même là, en plein après-midi, dans les rues pourtant peuplées. Néanmoins, Ichigo était connu pour son sens aigu des responsabilités. C'était le genre de pulsions qu'il réfrénait le plus. Celles qui mettaient en danger les autres. Alors, pour passer le temps, à défaut de pouvoir faire rugir le moteur de sa Golf R32 comme tous ces frimeurs stupides, Ichigo bricolait. Il découvrait les joies de la mécanique, s'émerveillait devant tant de pièces différentes, de mécanismes complexes, l'alliance de la carrosserie de métal brut et de la subtilité du circuit électrique, du vrombissement du moteur six cylindres face à l'esthétique aérodynamique. Il tapota le volant de sa voiture au même rythme que la musique rock de la radio, attendant patiemment que le feu passât au vert. Il se réjouissait d'avance : bientôt, il aurait suffisamment d'argent de côté pour s'acheter une épave qu'il retaperait entièrement. Un défi et une promesse à la fois.
Nouveau coup d'œil au feu. Il ne devrait plus tarder, désormais. Le conducteur de la voiture à côté de la sienne fit vrombir le moteur. Ou plutôt, la conductrice. La jeune femme au volant de l'Alpha Romeo Brera lui lança :
-Ta voiture a quelque chose dans le ventre, paysan ?
Ichigo fronça les sourcils et rajusta ses lunettes de soleil sur son nez avant de faire rugir à son tour le moteur de la Golf. Il l'avait suffisamment bidouillée pour savoir que sa voiture valait cent fois mieux que les deux cent soixante chevaux de l'Alpha. Sans compter que l'exécrable morceau de pop chanté par une niaise jurait définitivement avec Nirvana.
-Tu n'as qu'à voir par toi-même, rétorqua-t-il, agacé.
Elle lui répondit d'un sourire narquois, avant de se focaliser sur le feu tricolore. Ichigo inspira. Il était prêt. Il n'allait certainement pas laisser une nana le distancer : il allait l'enfumer comme il se devait.
Vert.
Ichigo appuya sur l'accélérateur, faisant fumer les pneus sur le goudron. La Golf démarrait bien plus vite que l'Alpha, il le savait pour avoir emprunté cette voiture à un ami à l'occasion. Il était loin de se douter que la conductrice serait aussi rapide. Il fit jouer la boîte de vitesse, accéléra encore, sans parvenir à réduire les quelques mètres qui les séparaient. Ce fut seulement au feu suivant, lorsqu'elle pila net, qu'il parvint à son niveau.
-Visiblement, tu as une bonne voiture, paysan. Seulement, tu ne sais pas t'en servir.
Et sur cette boutade, elle redémarra, grillant le feu, sous le regard médusé d'un Ichigo atterré. Non seulement cette nana venait de lui mettre la pâtée, mais en plus elle se foutait royalement de sa gueule.
-Merde !
L'école n'était, en cette période de rentrée, qu'un grand capharnaüm. Certains cherchaient leur chemin, d'autres tentaient en vain d'aller au secrétariat. Il s'agissait de finaliser ses inscriptions, ses emplois du temps, régler les frais, tous ces détails administratifs incontournables. C'était assez déboussolant. Ce nouveau milieu, ces nouveaux visages qui surgissaient de toute part dans un brouhaha incessant. Néanmoins, Ichigo se déplaçait dans la foule avec aisance, une assurance guidée par l'indifférence. Il n'était pas du genre particulièrement ouvert et n'allait certainement pas se jeter sur quiconque attirait son attention pour faire connaissance. Et, en général, on le laissait plutôt tranquille.
-Oh, mais regardez qui est là !
En général.
Ichigo tourna la tête, pour apercevoir la fille de la veille.
-Toi !
Il ne s'attendait pas tellement à la rencontrer ici, dans les couloirs. Dire qu'il déambulait sagement, tout en étudiant son emploi du temps ! Il était loin de se douter que son petit repérage tournerait ainsi au cauchemar. Voyant son air surpris, la fille darda sur lui un regard moqueur, avant de rétorquer :
-Oui, moi. La fille à l'Alpha. Ou, plus simplement, Rukia Kuchiki. Et toi ?
-Ichigo Kurosaki.
Il n'eut guère le temps de déguerpir, de l'esquiver, que déjà, elle se penchait sur le papier qu'il tenait entre ses mains – cette fameuse feuille froissée sur laquelle était inscrits ses cours – et s'écria :
-Et bien ! On dirait que nous sommes dans la même classe !
Oui. Cela devrait vraiment être un cauchemar. Il soupira.
-Ne me dis pas que tu es fâché parce que j'ai gagné ? sourit-elle encore.
Ichigo se renfrogna un peu plus, ce qui eut pour seul effet d'inciter Rukia à pousser la plaisanterie un peu plus loin. Croisant les bras sur sa poitrine, elle prit un air songeur et las, avant d'énoncer théâtralement :
-Ah, vous, les mâles…
Et voyant la réaction blasée de son vis-à-vis, elle poursuivit :
-Bon, Kurosaki. Si tu veux ta revanche, ramène-toi à la soirée de début d'année, samedi prochain.
Il haussa un sourcil :
-Comment ça ?
Il avait entendu dire, pourtant, que cette soirée serait comme toutes les autres. De la musique au volume bien trop fort à son goût, des bizutages, de l'alcool… Et rien d'autre. Il ne voyait pas en quoi cela pourrait lui apporter une quelconque revanche. Il était fréquent qu'il y ait quelques courses, des défis stupides dus à un excès de boisson et de testostérone. Pas très attrayant. Ichigo étant particulièrement raisonnable concernant l'alcool, il se voyait mal supporter toute une horde d'étudiants ivres alors que lui-même serait sobre. Vraiment, sans façon.
-Ne fais pas ta timorée. Elles sont bien ces soirées, quand on connaît les gens qu'il faut !
-Comment tu sais ça ?
Rukia esquiva un groupe d'étudiants qui se rendait probablement à la cafétéria, vu l'empressement dont ils faisaient preuve, avant de répondre :
-J'ai quelques amis en deuxième et troisième année. Je t'assure que tu ne seras pas déçu.
-Je vais y réfléchir.
Elle sourit, puis scruta la cohue un instant.
-Je dois y aller. À la prochaine, Kurosaki !
Il n'eut guère le temps de lui rendre son salut que déjà, elle se laissait avaler par la foule. Il secoua la tête, ne sachant que penser de cette énergumène, pour finalement hausser les épaules ; il verrait plus tard.
-Et sinon, comment ça se passe, l'école ?
Chad et Ichigo déambulaient dans les rues animées en ce début de soirée. Amis de longue date, il était fréquent de les voir se balader ça et là, boire un verre au bar étudiant du coin, ou encore se battre contre quelques racailles trop véhémentes à leur goût. Ils avaient aussi passé leur permis en même temps, si bien que Chad avait été la première personne avec qui Ichigo s'était fait quelques virées.
Le rouquin passa une main sur sa nuque :
-Bah. Tu sais ce que c'est. Du travail, des profs qui te foutent la pression. Pas mal de types bizarres. Rien de bien extraordinaire. Et toi, le garage ?
-Je suis viré.
-Quoi ?
Ichigo s'arrêta pour fixer Chad. Le géant avait déjà eu du mal à trouver ce travail, et voilà qu'il lui annonçait le plus tranquillement du monde qu'il l'avait perdu.
-Je me suis légèrement emporté quand un client a rudoyé sa femme, l'autre jour.
La clé à molette lui avait légèrement échappé des mains, confessa-t-il.
-Tu plaisantes ?
-Non.
Ils reprirent leur marche, mains dans les poches. En y réfléchissant bien, Ichigo aurait probablement agi de la même façon. Il ne pouvait pas supporter l'injustice, c'était comme ça. Il ne prétendait pas être un modèle de bon citoyen, ni complètement dévoué à la cause, seulement, il ne pouvait laisser des choses horribles se dérouler sous ses yeux sans réagir.
-Qu'est-ce que tu vas faire, maintenant, Chad ?
L'intéressé haussa ses gigantesques épaules.
-Je vais commencer par trouver un nouveau garage. Je finirai bien par trouver une opportunité. En attendant, j'ai repris mon ancien travail.
Il laissa le silence s'installer entre eux, véritablement désolé pour son ami. Sachant que l'ancien travail de Chad était caissier dans une supérette le week-end, Ichigo ne pourrait pas lui proposer de l'accompagner dans la soirée de l'école. Dommage. Il allait devoir supporter Kuchiki seul, probablement. Il ne serait pas, non plus, au pique-nique mensuel des anciens du lycée, cette bande de joyeux lurons qui s'efforçaient de ne pas perdre contact. Ils discutèrent un moment encore, sans pour autant se lamenter. Cela ne servait à rien. Ce qui était fait l'était, et il s'agissait désormais d'assumer pleinement les conséquences de ses actes. Depuis toujours, c'était une règle d'or, entre les deux amis : il en avait été ainsi après chacune de leurs bagarres.
Ils arrivèrent devant chez Chad.
-À la prochaine !
-Attends, Ichigo.
Le géant aux origines mexicaines dansait d'un pied sur l'autre, visiblement hésitant.
-On pourrait se voir dans la semaine ? Faut que je te montre quelque chose.
Le rouquin, surpris par tant de mystère, prit la peine de bien détailler son ami.
-Euh, ouais, pas de problème.
-Merci, souffla Chad, avant de pénétrer dans le bâtiment. On s'appelle !
Ichigo se remit en marche, pour rentrer chez lui. Il avait d'ores et déjà du travail à rendre pour le lendemain, il serait peut-être temps qu'il s'y mette avant d'y passer la nuit. Mais tout de même… Était-ce lui, ou bien tous se comportaient bizarrement, dans cette ville ?
Le rythme constant d'une musique peu élaborée crachée par des enceintes bon marché… Cela commençait bien. Ichigo évoluait dans ce milieu qui lui était si peu familier avec un ennui évident. Mains profondément enfouies dans les poches de son jeans, il cherchait un endroit où s'installer sans être dérangé. Déjà, une blonde au regard noisette pétillant lui attrapait le bras.
-Salut, beau gosse.
Génial. Encore une de ces aguicheuses ivres sans considération aucune pour la paix masculine. Il tenta de se dégager, prétextant qu'il attendait déjà quelqu'un, mais la pauvre fille insistait. Du moins jusqu'à ce qu'un chauve aux airs belliqueux enlace la jeune femme par la taille.
-Voyons, poupée, tu vois bien qu'il ne veut pas de toi… Par contre, je suis preneur.
Ichigo leva les yeux au ciel, à moitié exaspéré par ce ton de prédateur aguerri, à moitié reconnaissant d'être ainsi sauvé. Il suivit le couple tout juste formé du regard pendant quelques secondes, avant de se remettre en quête d'un endroit plus tranquille. Cela devenait impératif de trouver un abri, songeait-il, tout en balayant du regard la foule d'étudiants en rut et, accessoirement, ivres morts.
-Kurosaki !
Il fit volte-face, sans savoir s'il devait se réjouir ou se lamenter de la venue de Rukia. Peut-être qu'il y aurait vraiment une course, finalement. Elle lui sourit.
-Je suis contente que tu sois venu. Suis-moi.
Et elle fit demi-tour, replongeant dans la foule. Petite comme elle était, Ichigo peinait à la suivre du regard, alors que sa robe blanche changeait de couleur au rythme des spots lumineux aveuglants – accessoires soit disant essentiels pour danser dans ce genre d'endroit. Docile, il suivit donc Rukia jusqu'à la sortie du bâtiment. Il accueillit l'air frais de la nuit avec joie.
-Où tu m'emmènes ? demanda-t-il, maintenant qu'il était certain qu'elle l'entendrait.
Elle éclata de rire :
-Tu voulais t'amuser, non ?
-Oui, mais…
Elle ne lui laissa pas le temps de s'exprimer et se faufila dans une ruelle sur leur droite, puis toqua à une porte.
-Mot de passe ! entendit-il.
-Shinigami.
Et la porte s'ouvrit en silence, laissant passer la jeune femme qui lui fit signe de la suivre. Il hésita quelques secondes, méfiant, avant de s'exécuter, se reprochant intérieurement sa curiosité. Mais ce qu'il vit le ravit : cinq voitures, alignées dans un immense hangar, des voitures de courses, des vraies. Des modèles plutôt classiques modifiés au possible, pour finalement devenir des monstres surpuissants. Ichigo s'imagina un instant au volant de l'une d'elles, poussée à sa vitesse maximale. Il en eut des frissons.
-Attention, tu baves, le taquina Rukia.
Elle lui lança des clés que le rouquin attrapa par réflexe.
-Ce sont celles de la voiture noire.
Sans avoir réellement conscience de ce qu'il faisait, il se dirigea vers la voiture en question, se glissa au volant. Il savoura l'assise, posa les mains sur le volant, contempla le tableau de bord. Rukia vint se pencher à sa fenêtre et lui expliqua :
-Le parcours est simple, entièrement indiqué une fois que tu seras sorti de l'entrepôt. C'est juste un petit tour du port, en fait. Tu finis premier, je te promets d'autres surprises.
-Okay.
Il la regarda s'éloigner, sans vraiment comprendre pourquoi elle faisait ça. Mais il repoussa ses interrogations à plus tard, trop fasciné par ce qui l'attendait. Son cœur battait à tout rompre dans sa poitrine alors qu'il appréhendait la course à venir. Allait-il parvenir contrôler cet engin ? Il s'intéressa enfin aux autres personnes présentes sur les lieux. Les pilotes semblaient n'être qu'un groupe de racailles, le genre de petites frappes qui les défiaient souvent, lui et Chad – et que bien entendu, ils démontaient sans aucun problème. Quant à l'homme qui se tenait dans l'ombre – celui qui avait ouvert la porte un peu plus tôt – paraissait nettement plus inquiétant. Les nombreux tatouages aux arabesques complexes assombrissaient son visage et ses longs cheveux rouges attachés en une queue de cheval ne disaient rien qui vaille à Ichigo. Là encore, il décida de repousser ses inquiétudes pour se focaliser sur la course.
Une femme avec une poitrine défiant toute gravité surgit de nulle part et se plaça sur la ligne de départ. Le rouquin mit le contact, savoura le grondement affamé de la voiture. Il se plaça sur la ligne, fit rugir le moteur de quelques coups d'accélérateurs, se concentra.
-Prêt ? fit la jeune femme aux cheveux blond vénitien.
Le rugissement des moteurs lui répondit.
-Partez !
Elle abaissa les bras et les voitures partirent en trombe, ne laissant derrière elles que l'écho du crissement des pneus.
-Renji ? appela Rukia.
L'homme aux cheveux rouges s'avança, chronomètre en main.
-Chrono lancé, confirma l'interpellé.
La blonde, une dénommée Matsumoto, rejoignit ses deux amis après avoir contemplé les voitures qui s'éloignaient dans la nuit :
-Pas terrible, commenta-t-elle.
-Je suis certaine que Kurosaki a du potentiel, soutint Rukia.
Renji haussa les épaules.
-Son départ n'était pas terrible, en tout cas. Je ne pense pas qu'il pourrait être pilote pour la Soul Society. Qu'est-ce que tu lui trouves, à ce rouquin, sérieux ?
Rukia lui lança un regard mauvais, qu'il lui rendit sans sourciller.
-Attendons de voir son chrono, tempéra finalement Rangiku.
Quelques minutes plus tard, le vrombissement des moteurs revint, les phares éblouirent peu à peu les trois organisateurs restés dans le hangar. Rangiku, qui plaça sa main en visière pour essayer de distinguer qui était le premier malgré la luminosité croissante, fut très vite imitée par les deux autres. Un grand sourire victorieux se dessina sur les lèvres de Rukia lorsqu'elle vit qu'il s'agissait d'Ichigo. Elle avait raison !
Il freina brutalement, dérapa, pour s'arrêter à moins d'un mètre de Renji qui, à ce moment précis, stoppa le chronomètre. Le tatoué leva les yeux vers son amie, tout en secouant la tête en signe de négation. Rukia soupira, mais s'efforça de ne pas montrer sa déception à Ichigo, Le rouquin, ravi, surgissait hors de la voiture, tandis que les derniers participants arrivaient tout juste. Il se précipita sur Rukia, lui saisit les épaules.
-T'as vu ça !
-Oui, répondit-elle, amusée par la joie qu'affichait clairement le jeune homme.
On aurait dit un gamin fou de son dernier jouet. Il s'apprêtait à exprimer sa gratitude, à la serrer dans ses bras, lui dire combien il était heureux de l'avoir rencontrée, en dépit de tout. Seulement, le chauve qui lui avait épargné quelque mauvaise compagnie un peu plus tôt dans la soirée déboula dans le hangar, hurlant :
-Abarai ! Flics !
Il vira sans délicatesse l'un des coureurs, et prit la voiture, démarra en trombe et se cassa.
-Fait chier! pesta Rangiku, avant d'en faire de même.
Quatre autres personnes se précipitèrent à la suite du chauve pour prendre les dernières voitures. Visiblement ce rendez-vous concernait plus de personnes qu'Ichigo ne le pensait. Rukia le tira par le bras, l'incitant à la suivre. Ils se faufilèrent jusqu'à un hangar attenant, où Renji se dirigea vers une voiture qui laissa Ichigo sans voix. Le bolide, d'un rouge flamboyant, ne ressemblait en rien à ce qu'il avait vu auparavant. Aucun modèle ne pouvait avoir une carrosserie pareille. La forme des phares, les roues, tout n'était que pièces uniques. Les vinyles aux formes semblables aux tatouages de Renji semblaient épouser la forme, l'aérodynamisme même de l'engin.
-Ichigo, on n'a pas le temps ! feula Rukia, en continuant de l'entraîner.
Ils quittaient déjà le hangar lorsque Renji démarrait. Le cœur du rouquin se mit à battre plus fort alors que le rugissement du moteur lui parvint.
-Merde, jura Rukia.
Elle tourna les talons, entraîna Ichigo dans une autre direction. Il comprit l'urgence de la situation lorsque d'au bout de la ruelle, il perçut la lueur agressive des gyrophares.
-Ils ont ma voiture, chuchota-t-elle, quand ils firent une halte, essoufflés, au coin d'une ruelle. S'ils jettent un coup d'œil sous le capot, ils vont vite se rendre compte qu'il n'y a pas grand-chose de légal là-dessous.
-On fait quoi ? s'enquit Ichigo.
Ils se jaugèrent du regard dans la pénombre, le jeu de lumière de la ville durcissant leurs traits.
-Je ne peux pas rentrer chez moi, confia finalement Rukia. Ce sont des faux papiers, pour la voiture, donc, officiellement, elle n'est pas à moi. Mais il y aura bien des imbéciles pour dire qu'ils m'ont vue a bord d'une Alpha Brera noire. Alors, il faut que je trouve un endroit où passer la nuit, avant qu'on m'attrape, et que je passe quelques coups de fils pour me tirer d'affaire.
Ichigo prit une minute pour bien assimiler les informations, puis proposa :
-J'habite à quelques minutes de là, je suis venu à pied… Il suffit de traverser le parc.
-Parfait.
Ils se dirigèrent donc l'air de rien, vers le parc. Il était évident que s'ils couraient, ils seraient forcément considérés comme suspects, alors qu'une discussion entre amis passait tout de suite plus inaperçue. Ils traversèrent la horde de fêtards sans trop d'encombres pour finalement atteindre le parc sans aucun problème, tout en faisant mine de discuter. Une fois sur le sentier sinueux parmi les arbres et certains de ne pas être écoutés, Ichigo demanda :
-Comment ton frère pourra arranger ton problème ?
-En faisant livrer dès demain une des Alfa Brera de notre garage juste devant chez toi.
-Sérieux ?
Décidément, cette fille lui réservait bien des surprises. Prenant son silence pour une affirmation, il poursuivit :
-Il fait quoi, ton frère, dans la vie ?
Elle eut un petit rire :
-C'est l'héritier d'une riche famille. Je ne suis que sa sœur par adoption.
Ichigo décida de ne pas l'interroger davantage : il n'aimait pas se mêler de ce qui ne le regardait pas vraiment. Il poussa la porte de son immeuble, tapa le digicode avant de guider Rukia jusqu'au petit ascenseur, puis jusqu'au palier. Une fois à l'intérieur, il sembla retomber sur terre. La soirée avait été si étrange, si riche en émotions ! Après avoir fait signe à Rukia de faire comme chez elle, il se laissa tomber sur le canapé.
Elle s'affala à ses côtés, après avoir passé un rapide coup de téléphone à son frère.
-La course t'a plu, Ichigo ?
C'était vrai qu'avec l'arrivée de la police, il n'avait pas encore pu lui raconter.
-C'était génial ! La vitesse qu'on peut atteindre avec ces voitures, du pur bonheur. Au départ, je m'étais laissé distancer. Mais après, je les ai tous rattrapés dans les virages. Ils ne savaient pas les prendre, ces cons.
Rukia rit de bon cœur. Elle regrettait que Renji ne le juge pas apte.
-Tu n'aurais pas fait le poids contre de meilleurs pilotes, expliqua-t-elle. Tu es trop lent au démarrage, tu manques de technique. Mais je dois avouer que tu n'as pas froid aux yeux.
-De vrais pilotes ? T'en connais ?
-Possible.
-Et la voiture de Renji, c'était quoi ?
-Un bolide, un vrai !
Devant son regard inquisiteur, avide d'en savoir plus, elle décida d'éluder la question non prononcée. Ce n'était pas de son ressort de lui dévoiler de telles choses. Avec un sourire contrit, elle lui proposa de regarder un film avant d'aller se coucher.
Allongé dans l'herbe du parc, Ichigo contemplait les nuages qui défilaient dans le ciel, paresseux et éthérés. Ses pensées voguaient encore vers les événements de la veille. En se réveillant ce matin, vautré dans son canapé pour avoir laissé son lit à son invitée, il avait trouvé un petit mot collé sur son front. Rukia était partie tôt pour régler quelques problèmes, probablement des conséquences de leur soirée. Il rêvait encore de ressentir cette sensation enivrante qu'était la vitesse, la course. Il en voulait encore plus. Tout cela n'avait rien à voir avec sa petite Golf, ses balades en villes, ou les simples accélérations entre deux feux rouges en ville. C'était de l'adrénaline à l'état pur. Toujours avoir un œil dans son rétroviseur, accélérer au bon moment pour prendre ses adversaires par surprise, calculer chacun de ses coups, prendre des risques. Il avait pris son pied.
-Kurosaki ?
La tête d'Inoue lui apparut au-dessus de la sienne, remplaçant les nuages par son visage, aux traits encore enfantins et ses immenses yeux gris, emblème même de l'innocence, de l'honnêteté.
-Oui ?
-Une part de tarte ?
Il se redressa, acceptant de bon cœur. Il était tellement perdu dans ses pensées qu'il en oubliait presque où il était. Il ne pouvait pas rester à rêvasser ainsi alors qu'il pique-niquait avec ses amis. Ils se voyaient peu depuis qu'ils avaient quitté le lycée. Inoue faisait des études pour devenir infirmière, Ishida suivait les traces de son père dans la médecine. Quant à Tatsuki, elle suivait un bi-cursus où elle pouvait étudier tout en poursuivant le karaté. D'ailleurs, elle avait appris à ses amis, quelques mois plus tôt, qu'elle était passée troisième dan. Dire qu'il avait fallu attendre le tout début du mois de septembre pour fêter ça dignement, tous ensemble, à l'occasion de l'anniversaire d'Inoue. Quant à Mizuiro et Keigo, ils étaient un peu sans études fixes. Le premier changeait régulièrement de filière, indécis. Le second naviguait entre les facs et les petits boulots, plus pour courir les jupons qu'autre chose.
-J'adore la tarte aux pommes, fit Tatsuki, aux anges.
-Je ne comprends pas pourquoi personne ne voulait que je fasse une tarte au chocolat et aux poireaux, soupira Orihime.
Ichigo secoua la tête. Décidemment, il y aurait des choses qui ne changeraient jamais. La nostalgie était palpable dans l'air, dans chaque éclat de voix, comme s'ils rejouaient des scènes des milliers de fois. Le lycée, c'était le bon temps, semblaient-ils dire. Heureusement qu'ils arrivaient encore à se voir. Le rouquin écoutait d'une oreille distraite les blagues, les disputes, les piaillements, les menaces, ces discussions incessantes et joyeuses qui rythmaient autrefois leur vie.
-Au fait, Chad ne vient pas ?
-Non, fit Ichigo. Il a repris son ancien travail.
Il écarta les bras en signe d'impuissance face aux moues inquisitrices de ses amis. Il n'y pouvait rien, lui. Son téléphone le sauva d'une vague d'injustes protestations.
-Allô ?
Ichigo se leva et s'éloigna un peu du groupe.
-À votre avis, c'est qui ? demanda Orihime, curieuse.
-Sa nouvelle copine, affirma Tatsuki.
-Quoi ? Et il nous a rien dit, le fourbe ! s'exclama Keigo.
-Tu ne sais même pas qui était la précédente, en même temps.
Mizuiro, comme toujours, prenait un malin plaisir à achever Keigo qui partait alors dans de grands monologues mélodramatiques sur l'importance de l'amitié, du rejet, de sa solitude.
-C'était sa famille, trancha Ishida.
Il replaça ses lunettes sur son nez, avant d'entreprendre la découpe soignée de sa part de tarte. Tous étaient du même avis : il manquait d'humour et d'imagination, ce gars-là. Pas amusant du tout. Ichigo revint.
-Je dois y aller, les gars, désolé. Yuzu veut que je sois à l'heure pour le dîner.
Compassion générale. Tous savaient combien la petite sœur d'Ichigo était stricte sur les horaires et les règles de vie. Le rouquin ramassa son sac et salua tout le monde d'un ample geste de la main :
-On remet ça !
La pluie battait contre le pare brise. La tempête, violente, s'était déclarée un peu plus tôt dans l'après-midi, sans signe avant-coureur. Si Ichigo devait plisser les yeux pour distinguer la route, s'il craignait un peu d'avoir un accident, il tenait absolument à passer ce week-end en compagnie de sa famille. Ses sœurs lui manquaient, de même que son père complètement loufoque. Il devait en profiter, tant qu'il pouvait encore leur consacrer un petit peu de temps. Même si pour cela, il devait braver les intempéries et l'agaçant va et vient des essuie-glaces usés. Il tenta une fois de plus d'allumer la radio pour mettre un soupçon d'ambiance dans l'habitacle. Seul le grésillement lui répondit, quelle que soit la fréquence qu'il tentait de capter. Il jeta un regard furibond à l'autoradio, chose qu'il regretta bien vite. Il eut tout juste le temps d'apercevoir du coin de l'œil des phares allumés sur le bord de la route, dans le fossé. Il donna un violent coup de volant pour s'en éloigner, puis freina calmement : il n'était pas question qu'il finît lui aussi dans le décor.
À peine eut-il mis le pied dehors qu'il était déjà trempé. L'eau se glissa très vite jusqu'à sa peau, imbiba ses vêtements, coulait dans ses yeux, ses chaussures, le long de son dos. Il se demandait s'il n'était pas complètement fou de sortir sous un tel déluge.
Il parcourut la centaine de mètres qui le séparait de la voiture accidentée. Son cœur manqua un battement lorsqu'il réalisa qu'il s'agissait d'une Brera. Soit les Alfa Romeo avaient tendance à le poursuivre – et, éventuellement, à lui porter la poisse – soit il s'agissait encore de Kuchiki. Inquiet, il pressa le pas sur les derniers mètres, avant de toquer sur la vitre, puis d'ouvrir la portière.
C'était bien Rukia, tête sur le volant, visiblement inconsciente. Ichigo fut rassurée de voir son dos se soulever au rythme de sa respiration. Il la saisit par les épaules, grimaça à la vue d'un filet écarlate qui partait de son front, glissait sur sa tempe, pour se perdre dans son cou gracile. Il prit bien garde à respecter les quelques consignes de sécurité qu'il connaissait pour avoir aidé son père à la clinique, et appela doucement :
-Rukia ?
D'une main, il prit rapidement son pouls. Au même moment, elle commença à ouvrir les yeux, et le regarda comme perdue. Elle porta une main à sa tête, semblait nauséeuse. Ichigo l'aida à pivoter pour mettre les jambes hors de la voiture.
-Rukia, tu n'as rien ?
De ce qu'il avait vu, elle n'avait dû que prendre un choc à la tête. En cela, il était relativement rassuré. Elle demeurait néanmoins silencieuse, comme sous le choc. Elle essaya de se lever, et Ichigo lui prêta assistance. Elle ferma les yeux lorsque la pluie torrentielle s'abattait sur son visage, rafraîchissante.
-Que s'est-il passé ? demanda-t-elle enfin, d'un ton si bas que le rouquin eu du mal à l'entendre.
Il haussa les épaules, tout en jetant un regard à la voiture.
-Pas la moindre idée. Je t'ai trouvée évanouie au volant. Tu as probablement eu un accident… Quelqu'un t'a percutée à l'arrière, regarde.
Et il guida la jeune femme, pour réaliser qu'on avait percuté l'Alpha. À pleine vitesse vu l'impact. Ichigo fronça les sourcils avant de grommeler :
-Quel taré peut provoquer un accident pareil et se casser ?
Rukia sembla vaciller et s'agrippa au bras d'Ichigo.
-Il faut bouger, déclara-t-elle.
-Tu n'es pas en état de conduire.
Ils se confrontèrent quelques secondes du regard, malgré le rideau de pluie qui s'était installé entre eux. Puis, la Kuchiki dut bien admettre qu'il avait raison.
-Mon père tient une clinique, continua Ichigo. On n'est pas loin.
Il la guida jusqu'à sa propre voiture, ouvrit la portière passager pour qu'elle puisse s'installer, claqua la porte. Il jeta un dernier regard sur la route, comme s'il y avait là quelque chose qui lui échappait. Finalement, il se décida à prendre place au volant et démarra.
Rukia sortit son portable, pesta. Pas de réseau. Fichu orage.
Le trajet se fit en silence. Rukia semblait à la fois perdue dans ses pensées et furieuse. Elle se prenait la tête entre les mains, comme si elle essayait vaguement de rassembler ses souvenirs sans y parvenir. Ichigo, quant à lui, restait concentré sur la route, attentif. Ce fut seulement lors de leurs rares haltes – à un stop ou un feu rouge – qu'il l'observait en biais son profil soucieux, ses sourcils froncés, les mèches ébène trempées qui collaient à son front et ses tempes : chaque fois la même image. Il ne savait pas quoi dire et craignait qu'elle soit en état de choc. Or, il serait peu commode dans l'immédiat de la pousser à la crise d'hystérie. Il poussa un léger soupir de soulagement lorsqu'enfin, il reconnut la rue dans laquelle il avait vécu toute son enfance. Il gara la voiture, se lamentant de voir ses sièges désormais trempés eux aussi.
À peine eurent-ils sonné à la porte que Yuzu leur ouvrait :
-Ichigo !
Elle se jeta dans les bras de son frère, avant de prendre son rôle d'hôte parfaite :
-Rentre vite, tu vas attraper froid !
Il acquiesça, poussa Rukia devant lui, tout en déclarant :
-Tu peux appeler Papa ? Elle a eu un accident de voiture.
Après un bref instant de surprise, elle hocha vivement de la tête avant de partir en courant vers le salon. La tête de Karin apparut en haut des escaliers.
-Salut, grand frère !
-Karin ! Peux-tu descendre deux serviettes, s'il-te-plaît ?
Déjà, Isshin arrivait, hurlant comme d'ordinaire combien il était fier de voir son fils grandir de la sorte. Heureusement, après un bon coup derrière la tête, sa conscience professionnelle reprit le dessus, et il accepta de jeter un coup d'œil à l'état de Rukia.
Quand il revint, ce fut la mine sombre, si bien qu'Ichigo sentit l'inquiétude le submerger :
-Papa ?
-Juste une grosse bosse, Ichigo. Pas grand-chose. Avec un peu de repos, elle ira mieux.
Sceptique, le rouquin fixa son père quelques instants. Il rendit les armes lorsque Yuzu lui suggéra d'aller prendre une douche avant d'attraper froid, mais non sans poser une dernière question alors qu'il s'apprêtait à monter les escaliers.
-Il faudrait peut-être appeler une dépanneuse pour la voiture de Rukia, non ?
-Elle a tenu à s'en occuper, fit Karin, en posant les couverts sur la table.
Voilà qui ne l'étonnait plus vraiment.
Quand Ichigo ouvrit les yeux, le soleil glissait quelques rayons timides à travers la grisaille. Déjà, Yuzu s'activait dans la cuisine. Il s'assit dans le canapé, se frottant le visage pour mieux se réveiller, tout en s'efforçant de se souvenir des événements de la veille. La mémoire lui revint peu à peu. S'il avait dormi dans le salon, c'était parce qu'il avait laissé sa chambre à Rukia – ce qui avait tendance à beaucoup trop se répéter à son goût. Rukia qui, la veille, avait eu un accident étrange. Il se souvint du regard de son père. Décidément, il ne comprenait pas. Les cachoteries commençaient à lui taper sur le système.
Il se leva, traîna des pieds jusqu'à la table. Le café d'abord, les questions après.
-Bonjour grand frère, fit Yuzu, avant de lui servir un grand bol de café et deux tranches de pain grillé.
Si Ichigo ne répondit que par un vague grognement, faute d'être suffisamment réveillé pour être intelligible, il savourait pleinement ses moments en famille, ou il se sentait choyé. Il se réjouissait d'avance de passer le week-end tout entier dans la demeure familiale.
-KUROSAKI !
Sa tartine lui échappa des mains pour plonger dans le bol, éclaboussant son T-shirt dans la foulée. Il pesta, avant de lever les yeux vers les escaliers. Rukia déboulait, visiblement en pleine forme. Elle avait emprunté une robe à Yuzu et semblait peu soucieuse de réveiller toute la maisonnée.
Elle se planta devant lui, poings sur les hanches :
-Kurosaki, il faut que tu me rendes un service. On part dans cinq minutes.
S'il s'attendait à des remerciements, il était servi. Il ouvrit des yeux ronds comme des soucoupes, complètement abasourdi par le comportement de Rukia. Elle avait un truc qui ne tournait pas rond, cette fille, vraiment.
-Je bois mon café, rétorqua-t-il, en manque de répartie.
-Plaît-il ?
Elle fronça les sourcils, plissa la bouche, outrée et furieuse à la fois. Puis, résolue, elle posa les clés de la voiture d'Ichigo sur la table, en insistant :
-Ichigo, je t'assure. Tu n'as pas envie de rater la chance de ta vie.
Elle se pencha un peu plus vers lui, pour lui dire tout bas :
-Et si je te donnais l'occasion de conduire un bolide, un vrai ?
Le rouquin fronça les sourcils, se souvenant parfaitement ce qu'elle avait qualifié de la sorte, quelques jours plus tôt.
Le sublime modèle inconnu au ronronnement puissant, aux lignes épurées.
Irréel.
Sa décision était prise.
Voilà, à suivre !
J'espère que ce petit chapitre d'introduction était satisfaisant. Sachez que je suis ouverte à toute critique constructive, c'est toujours bon de préciser que je ne mords pas (ou rarement, du moins).
