The Wound

Genre : Romance/Angst

Rating : T, surtout pour la troisième partie

Disclaimer : Tout est à Hoshino.

Résumé rapide : Tu nies tout, jusqu'à ma propre existence. Fic en trois parties/Yaoi/LavixKanda

Note : Il a fait un temps de merde, aujourd'hui. Vent, pluie, orage. Alors forcément, ça se voit dans cette fic.

Pour le titre, j'ai longuement hésité. Mais ça sonne bien, sec, efficace. (wound=plaie/blessure)

Sur ce, bonne lecture.


Partie 1


Lavi n'aimait pas le vent.

Le vent le déconcentrait dans son travail de bookman. Il sifflait à la fenêtre, comme s'il l'appelait. Le bruit emplissait la bibliothèque, fier et arrogant.

Il lui murmurait des phrases inexplicables à l'oreille, pour embrouiller ses sens et le détourner de son travail.

-Saloperie.

-Quoi, encore ?

Merde. Il l'avait oublié, celui-là.

-Oh, rien.

Bookman retourna à son livre et Lavi soupira. Ce putain de bruit le rendait fou. Impossible de s'intéresser ne serait-ce qu'un peu à l'économie française du XVIIe siècle. Il n'arrivait même pas à faire semblant.

Pourtant il était doué pour ça. Hypocrite et calculateur. Il mentait tout le temps, à tout le monde. Même à lui-même. Surtout à lui-même.

Regarde-toi, tu ne sais même plus ce que signifie le mot « vérité », lui avait-on dit un jour.

Mais qui ?

Oublié. Lui qui avait une si grande mémoire. Il se souvenait pourtant lui avoir répondu.

Tu te trompes. Je ne l'ai jamais su. La vérité est une chimère. Tout le monde ment, alors à quoi sert ce mot ? Il ne devrait même pas exister.

Aïe. La mémoire lui revenait, maintenant. C'était il y a un mois, dans les couloirs de la congrégation.

Mais il existe quand même. L'univers ne dépend pas de toi. Des choses existent sans que tu ne le désires. Ces choses sont vraies, Lavi. La vérité existe. Moi aussi, j'existe.

Yuu. C'était avec Yuu qu'il s'était engueulé. Il n'avait pas oublié cette histoire, il l'avait simplement mise de côté.

Ils n'avaient plus rien dit après ça. Le silence avait été brisé par Lenalee, après d'interminables secondes. L'exorciste était venue les prévenir d'une mission. Elle n'avait fait aucun commentaire en les voyant tous les deux. Kanda était livide, le visage crispé et les bras croisés sur la poitrine.

Lavi, lui, avait les lèvres entrouvertes. Son amant avait raison. Il n'existait pas. Il n'était que de l'encre sur du papier. Mais il avait été incapable de lui dire.

Ils avaient suivi la jeune fille jusqu'au bureau de son frère sans un mot.

Des choses existent sans que tu ne le désires.

Depuis, ils n'en avaient pas reparlé. Leurs habitudes n'avaient pas changé. En apparence, du moins. La journée, Kanda s'entraînait pendant que Lavi travaillait avec Bookman. L'un ou l'autre croisait parfois Allen ou Lenalee.

Et puis plusieurs fois par semaine – de jour comme de nuit, ils se retrouvaient dans la chambre du japonais. Après l'amour, chacun repartait de son côté.

Mais il y avait quelque chose de nouveau, de différent. La culpabilité.

Lavi s'en voulait. Leur relation était morte avant d'avoir vu le jour. Elle n'avait jamais eu d'avenir, et lui, naïf, pensait que Yuu le savait.

Mais visiblement, il s'attendait à plus.

Il était plus que temps de mettre un terme à tout ça. C'était mieux pour tout le monde.

-C'est d'accord, gamin ?

-Euh… Qu'est-ce que tu disais, Panda ?

-Abruti !

-Aïeeeeuuuh ! Mais pourquoi tu me frappes ?

-Tu ne m'écoutes pas !

-C'est pas une raison, ça…

-Tais-toi, crétin.

Le vieil homme soupira, exaspéré. Lavi était toujours ailleurs quand il y avait du vent.

-Ce soir, j'ai quelque chose d'important à régler.

-Ah ?

-Tais-toi et écoute moi. Je pars dans deux heures et ne rentrerai que demain matin. Alors, jusque là, tiens-toi tranquille. Compris ?

-Ouais. J'ai dix-huit ans, tu sais. J'suis plus un gosse.

-ça, ça reste à prouver…

-Qu'est-ce que t'as dis, Panda ?

-Rien. Tais-toi et termine ce bouquin en vitesse.

-Hm. Et c'est quoi ce « quelque chose d'important » ?

-ça ne te concerne pas.

-OK.

Lavi baissa les yeux vers son bouquin. Le sifflement du vent était toujours aussi fort. Il lui semblait encore qu'il l'appelait.

Il venait marmonner à son oreille. Il lui parlait.

Ces choses sont vraies, Lavi.

Saloperie de vent. Il entendait des voix, maintenant. Enfin, une voix. Sa voix.

Il n'aimait pas le ton qu'elle avait pris. Elle l'accusait à tort. Lui reprochait des choses qu'il ne comprenait pas. Il la préférait autrement.

Il la voulait suppliante, gémissante.

Lavi aimait le sexe avec Yuu. Quand ils baisaient, il ne se posait pas de questions. Tout était si simple, si clair quand ils baisaient. Mais ce salopard pensait trop.

La vérité existe.

Il le quitterait ce soir, sans donner d'explications. C'est fini entre nous. Non, pas nous. Il n'y avait pas de nous. Juste : C'est fini. Rapide, efficace.

Cette phrase sonnait bien. Il faudra qu'il l'articule bien, qu'il la laisse flotter dans l'air pendant un moment, pour bien l'apprécier.

Moi aussi, j'existe.

Il pouvait se passer de lui. Des amants, il en avait eu des dizaines avant lui. Hommes ou femmes d'âges différents. Roumaines, allemands, françaises, chinois, brésiliens.

Il se souvenait de ceux dont les noms figuraient dans les chroniques, quand aux autres, inutiles, avaient disparu de son esprit. Ils n'existaient pas.

C'était si facile. Parfois trop.


You know that it would be untrue

You know that I would be a liar

If I was to say to you

Girl, we couldn't get much higher

Light my fire, The Doors


Y'a sûrement quelques fautes qui traînent par-ci, par-là. N'hésitez pas à me les faire remarquer.

La deuxième partie suivra dans la semaine.

See you on