Dans l'obscurité de la nuit vont deux jeunes gens côte à côte, mains dans les poches dans le silence.

Seul le vent fait entendre sa complainte, longs gémissements, souffle frais balayant la chaleur de la journée, caressant les visages, faisant voler les cheveux de la jeune femme.

Alors qu'ils passent sous la douce lueur orangée d'un lampadaire, leurs visages s'éclairent en de larges sourires.

A les voir, ils sont heureux, heureux d'être ensemble… Heureux à en rire, ce que la jeune femme fait, laissant sa joie percer dans un rire cristallin, qui a pour effet d'agrandir encore un peu le sourire de l'homme qui l'accompagne de son pas débonnaire.

Soudain, elle frissonne. Elle ne porte qu'une robe bleue saillant parfaitement à ses yeux profonds, et laissant paraître ses jambes fines et douces, et le vent se faisant plus frais, elle a désormais la chair de poule.

Elle range une mèche de cheveux derrière son oreille, débarrassant son visage qui est sans cesse balayé par les cheveux volants dans la brise nocturne.

La voyant frissonner, l'homme enlève sa veste, la lui passe sur les épaules, repoussant toutes les protestations de sa compagne, et la prend par la taille, la rapprochant de lui le plus possible.

Ils repassent dans le noir, quittant l'auréole que le lampadaire trace sur le trottoir, et réapparaissent bientôt au prochain, lui la tenant par la taille, elle, les joues désormais teintées de rose, se laissant promener, d'un pas tranquille, confortée par le bras de son compagnon encerclant sa fine taille.

Et soudain, ils s'arrêtent.

Le silence se fait, et l'homme se tourne de façon à faire face à sa protégée. Dans ses yeux, nage une douce supplication, et l'on comprend, à regarder sa main ranger quelques cheveux derrière l'oreille de son amie, s'attardant un peu sur sa joue, qu'il la supplie de ne rien dire, de le laisser profiter de l'instant présent.

Elle, elle tremble délicatement, pas comme si elle avait peur, mais plutôt comme si elle ne savait pas quoi répondre aux douces attentions qu'on lui porte à ce moment. Elle pose ses mains doucement sur le torse de l'homme qui la serre un peu plus étroitement entre ses bras.

Leur respiration, on peut le voir, devient saccadée, et leur cœur battent à l'unisson, comme un appel à ne faire plus qu'un.

Ils se sourient, et une lueur passe dans leurs yeux. Une lueur indescriptible, que même eux ne savent pas interpréter, ou ont peur d'interpréter…

Elle caresse doucement son visage, lui souffle quelques mots à peine audibles, et il prend doucement sa main, pour finalement se remettre en chemin, ne se quittant pas du regard, main dans la main.

Cet homme, si assuré dans sa démarche, et pourtant si troublé, c'est mon père, et cette femme si resplendissante, c'est Gillian, son associée et meilleure amie…

De la fenêtre, à les voir remonter la rue, peut-être sont-ils amis, peut-être sont-ils plus que cela… Amants ? Je ne saurais pas l'exprimer.

La seule chose que je puisse dire est que ces petits moment passés tous les deux leur font du bien, les rendent heureux… C'est le principal.