- Crédits : Les noms, éléments et autres légalement reconnus comme appartenant à JRR Tolkien et ses héritiers restent son entière propriété. Toute autre propriété légalement reconnue appartient à ses dépositaires légaux. Certains éléments (références uniquement) sont issus de différents ouvrages et/ou copiés/collés depuis différents sites internet tous signalés à la fin des chapitres correspondants. Les personnages de Eliriel et Eönardë sont mon entière propriété, de même que tous les évènements, personnages et éléments propres à mes textes.

- Avertissements : Cette fiction est accessible pour tous les âges. Certains des textes qui lui sont associés sont à réserver à un public averti.

- Type de la fiction : Anachronie. Traces d'Utopie dans le texte faisant suite.

NOTE : Un anachronisme (du grec, ana : en arrière, khronos : le temps) dans une œuvre artistique ou littéraire est une erreur qui consiste à placer un concept ou un outil inexistant à l'époque illustrée par l'œuvre.

NOTE : L'utopie (mot forgé par l'écrivain anglais Thomas More, du grec οὐ-τοπος « en aucun lieu ») est une représentation d'une réalité idéale et sans défaut. C'est un genre d'apologie qui se traduit, dans les écrits, par un régime politique idéal (qui gouvernerait parfaitement les hommes), une société parfaite (sans injustice par exemple, comme la « Callipolis » de Platon ou l' « Eldorado » de Candide) ou encore une communauté d'individus vivant heureux et en harmonie (l'abbaye de Thélème dans « Gargantua » de Rabelais en 1534).

- Allusions et passages de type : érotique. Peu d'allusions à la violence.

- Modifications par rapport à l'œuvre originale : Ajout de deux personnages à la chronologie du « Seigneur des Anneaux » et d'évènements en conséquence.

NOTE : Cette fiction est le second texte d'une série prévue en une douzaine de textes différents. Le but de cette série est de donner une suite plausible à l'univers de JRR Tolkien, avec pour seule grande modification l'apparition des personnages de Eliriel et Eönardë.

NOTE : En dehors du point précisé ci-avant, je prends une totale liberté sur tous les autres sujets variables de l'œuvre de JRR Tolkien.

NOTE : Prononciation des noms en API ( fr. wikipedia wiki/ Alphabet_ phon%C3%A9tique_ international)

Eönardë [eonaʁde]

Eliriel [eliʁiɛl]

Elessar [elesaʁ] (pas [elasaʁ])

Dùnedhil [dynevil]

Eäraniel [eaʁaniɛl]

D'autres phonétiques viendront au fur et à mesure que les personnages feront leur apparition.

Eliriel & Eönardë

Seconde édition

Chapitre un :

Prologue

Partie I : Eönardë

Mois de Nòrui (Juin) deux mille neuf-cent nonante neuf III, dans la région des Béörnides…

La forêt de Vert Bois Le Grand était fort calme en ce jour du début de l'été, aux bords du grand fleuve Anduin. Tandis que l'eau s'écoulait paisiblement, les abeilles butinaient les fleurs pour produire le miel de Beör et, penchée vers le sol, une jeune Humaine cueillait des plantes.

Avec affairement, elle en entassait de grandes quantités dans de nombreux petits sacs, fleurs, fougères, écorces, orties, racines et autres puis se levait pour aller plus loin et recommencer sa cueillette. Elle avait déjà sur son dos plus d'une dizaine de sacs pleins, et ne semblait pas vouloir s'arrêter de suite dans son travail.

Mais le destin en décida brusquement autrement. La jeune Humaine, du haut de ses dix-neuf années, ne vit pas passer timidement dans le ciel une étoile filante ni ne la vit stopper sa course céleste juste au dessus d'elle.

Alors qu'elle se relevait une nouvelle fois, courbaturée, elle ouï un bruit qui attira son attention. Jaillissant brusquement d'un bosquet d'arbres proches, un Gobelin apparut dans son champ de vision, tous crocs dehors. Vision de peur, vision d'horreur, la jeune fille laissa choir ses bagages au sol et prit ses jambes à son cou pour tenter de sauver sa vie.

Ayant envie de jouir d'un repas chaud, le Gobelin ne fut absolument pas d'accord avec cette décision naturelle. Il courut à la suite de celle qu'il espérait pour prochain repas. Elle avait l'air si tendre ! Armé de son cimeterre, protégé par son armure de cuir, muni de plusieurs coutelas à la lame empoisonnée, la créature des Ténèbres était certaine de s'endormir le soir venu avec le ventre plein, quand bien même il lui faudrait combattre d'autres personnes si sa proie lui échappait.

Courir, c'était là la seule possibilité. Courir pour gagner un village, chercher de l'aide. Courir pour sauver sa vie. La jeune et frêle Humaine n'envisageait que cette option. Rien d'autre n'était en vue dans son esprit que la fuite et l'esquive. Elle était trop loin de chez elle pour y arriver, alors elle espérait atteindre un hameau quelconque où des hommes en armes l'aideraient.

Mais malheureusement pour elle, le Gobelin, malgré la lourdeur de son armure et de ses armes, était beaucoup plus endurant qu'elle même, et bien entraîné. En une centaine de mètres seulement, il rattrapa sa proie, la projeta au sol en se jetant sur elle, puis leva finalement son cimeterre pour se confectionner un repas digne de ce nom.

Que le destin peut être imprévisible ! Alors qu'il annonçait sa prochaine victime en la personne d'une jeune humaine, voilà qu'un inconnu se précipita sur elle et son agresseur, épée au vent. Frustré, le Gobelin laissa choir la lame d'un de ses couteaux sur la tête de sa proie, et se releva en brandissant son cimeterre pour combattre son nouvel adversaire.

Quelques millimètres plus à gauche, et elle aurait vue la Grande Faucheuse ! La jeune Humaine avait frôlée la mort, et son cœur battait la chamade, mais heureusement, le Gobelin avait plongée sa lame dans ses longs cheveux bruns. Sans attendre le coutelas suivant, elle roula sur elle-même pour s'éloigner de son agresseur, puis se releva lestement pour regarder le combat qui se déroulait. Regarder, ou plutôt admirer.

Le Gobelin paraissait être un vétéran à l'art du Duel, et il se défendait admirablement bien. De son côté, l'Inconnu maniait une épée fine et presque aussi longue que lui, sachant qu'il était lui-même d'une grande taille. Avec une expérience que le temps avait muée en un véritable art, il para, attaqua, et en moins d'une minute, pourfendît.

Dans un flot de sang noir visqueux, le Gobelin s'effondra au sol, transpercé en plein ventre par la lame bleuie de son adversaire. Un simple mot de haine s'écoula de sa gueule, puis il expira une ultime fois.

- Vous allez bien ? Demanda rapidement une voix envoûtante, semblant sortie d'un rêve.

La jeune humaine se rendit compte bien vite que ce son n'était pas le fruit de son imagination, mais la voix de son sauveur. Alors elle leva ses yeux bleu azur sur celui-ci, et aperçu un homme d'âge mûr. Regardant avec plus d'attention que précédemment, elle vit de longs cheveux noirs qui lui tombaient dans le dos, des yeux plus bleus que le ciel le plus pur, et une étrange étincelle tout au fond de ceux-ci.

- Je… Oui, je vais bien, répondit-elle finalement en se levant.

- Que fait une enfant comme vous en un tel lieu, sans défense ? Cela est inconscient, surtout si près de l'Ombre de la forêt, continua l'homme en un ton courtois, sans reproches.

- Je cueillais des plantes pour mon village, répondit-elle. Je me suis un peu trop éloignée… mais puis-je savoir votre nom, brave homme ?

- … Je me nomme… Dùnedhil. Et vous-même, belle enfant ?

- Eäraniel. Mais ce n'est point là votre véritable nom, si je ne m'abuse ?

- Non, effectivement, admit l'inconnu en rangeant son épée et en baissant la tête. J'ai… j'ai honte de mon nom.

- Pourquoi ? Demanda t'elle, curieuse à propos de cet inconnu sans réellement savoir pourquoi.

- J'ai… commis des actes répréhensibles sous l'empire de ce nom. Je souhaite désormais me racheter au mieux, notamment en l'oubliant.

- C'est votre choix, mais il ne me semble pas très intelligent, répondit Eäraniel de but en blanc.

Le dénommé Dùnedhil ne tiqua pas à la critique, et l'encaissa sans montrer un seul signe de colère. Pourquoi il avait avoué cela à cette jeune femme, il l'ignorait. Il était très discret, en temps normal, et cela paraissait étrange…

Après un moment de blanc dans leur conversation, Eäraniel relança :

- Et puis-je savoir par quel hasard profitable vous vous trouviez dans la région, mon cher ?

- Oh, et bien… j'ai quitté la Mer pour l'intérieur des terres sans but précis, en réalité. J'erre ici et là, à la recherche d'un endroit à ma convenance pour m'établir, et pour chanter.

- Vous chantez ? S'enquit Eäraniel en souriant.

Elle appréciait grandement tout ce qui touchait aux arts, et particulièrement la musique et les chants.

- Oui, je me défends relativement bien dans ce domaine. Et vous-même ?

- Je… je me contente de fredonner un air de temps à autre, répondit timidement Eäraniel en s'asseyant sur un tronc mort à quelques mètres de là. Mais j'aime vraiment beaucoup entendre d'autres personnes. Pourriez-vous…

- Entonner un air ? Bien volontiers, répondit Dùnedhil.

D'un air paisible, il s'assit au sol à son tour. Là, il patienta quelques instants en attendant l'inspiration, puis, finalement, laissa libre cours à son art.

Ai ! Laurïe lantar lassi sùrinen,

Yéni unotimë ve ràmar aldaron !

Yéni ve lintë yuldar avànier

M ioromardi lisse-miruvòreva

Andùnë pella, Vardo tellumar

Nu luini yassen tintilar i eleni

Ômaryo airetari-lirinen

Sin man I yulma nìn enquantuva ?

An si Tintallë Varda Oiolossëo

Va fanyar màryat Elentàri ortanë

Ar ilyë tier undulàvë lumbulë

Ar sindanòriello caita mornië

I falmalinnar imbë met, ar hisië

Untùpa Calaciryo mìri oialë

Si vanwa nà, Ròmello vanwa, Valimar !

Namàrië ! Nai hiruvalye Valimar.

Nay elyë hiriva. Namàrië !

(Ah, comme l'or, tombent les feuilles dans le vent, de longues années innombrables comme les ailes des arbres ! Les longues années ont passé comme de rapides gorgées du doux hydromel dans les hautes salles de par-delà l'Ouest, sous les voûtes bleues de Varda, où les étoiles tremblent dans le chant de sa voix, sainte et royale. Qui donc à présent remplira pour moi la coupe ? Car maintenant l'Incicatrice, Varda, la Reine des Etoiles, du Mont Toujours Blanc a élevé ses mains comme des nuages et tous les chemins sont noyés dans une eau profonde et, venues d'un pays gris, les ténèbres s'étendent sur les vagues écumantes, et la brume couvre à jamais les joyaux de Calacirya. Maintenant perdu, perdu pour ceux de l'Est est Valimar ! Adieu ! Peut-être trouveras-tu Valimar. Peut-être toi la trouveras-tu. Adieu !)(I)

Le doux chant s'acheva ainsi, faisant place à la mélodie divine qui l'avait accompagnée, celle des chants des oiseaux…

- Allez-vous bien ? Demanda soudain une voix, sortant Eäraniel de la douce absence contemplative dans laquelle son esprit s'était mit à vagabonder.

La jeune femme sursauta soudain en revenant à la réalité, et s'aperçut que le chant avait cessé. Quand cela donc ? Elle ne s'en était point rendue compte, plongée dans des pensées merveilleuses de contrées riches et lointaines, où la joie régnait en maîtresse où que l'on soit, quoi que l'on fasse…

- Je vais bien, répondit-elle faiblement, sans savoir qu'ajouter…

- Vous sembliez perdue dans vos songes, je ne vous ais donc pas appelée. Mais l'air est mauvais dans les environs, même la nature fait silence. Nous devrions partir au plus vite. Indiquez-moi la direction de votre village, je vous escorterais jusqu'à, puis je partirais.

Effectivement, comme l'avait dit Dùnedhil, le temps avait passé, et la soleil était sur la déclinante. Eäraniel ne s'en était même pas rendue compte, absorbée par la beauté de la voix de son sauveur.

- C'était superbe, finit-elle par dire. Vous chantez depuis fort longtemps, n'est-ce pas ?

- Effectivement, répondit Dùnedhil. Depuis mon enfance, en réalité. C'est ma mère qui m'a appris.

- Elle devait merveilleusement bien chanter, dit Eäraniel en se relevant, tout en époussetant sa robe. Parlez-moi encore des chants que vous connaissez, s'il vous plaît.

Et ainsi fut fait. Ils se mirent en route d'un pas paisible, à peine pressé par la venue de la nuit, obscure et effrayante en cette époque. Dùnedhil parla un moment de ses connaissances vocales, et en fit de nouveau plusieurs démonstrations qui arrêtaient Eäraniel et la faisait écouter avec émerveillement. Même Dame Nature faisait silence, laissant s'exprimer toute la beauté des talents de son fils.

Puis, alors qu'ils vagabondaient depuis déjà de nombreuses minutes sous les arbres de Vert-Bois le Grand, Eäraniel raconta à son tour des épisodes de sa vie dans les environs. Elle expliqua avec sa jeune expérience comment se déroulait paisiblement l'existence de son petit village, entouré de plusieurs autres dans les environs. Elle parla d'elle-même en réponse à quelques questions de son compagnon de marche, puis, alors que la conversation allait porter sur ce qu'elle faisait dans sa vie, elle s'exclama :

- Nous arrivons ! Voyez, l'on peut apercevoir les premières maisons, et plus loin le bourg du village !

Effectivement, de nombreuses bâtisses se dressaient là, toutes uniformément réalisées avec de grands troncs de bois mûr, formant un bourg d'une centaine d'édifices au fur et à mesure que l'on avançait vers le milieu du village. Quelques lanternes grossières se dressaient çà et là, répandant leur lueur rassurante pour aider les derniers badauds à regagner leur chaud foyer.

Sans l'ombre d'une hésitation, Eäraniel s'avança vers la place principale du village, contourna le large puits sculpté qui se dressait fièrement là, représentant un cheval en train de ruer ; puis gagna la porte d'une maison en particulier.

Elle frappa trois coups, et se retourna pour parler à Dùnedhil.

- Voilà, c'est ici que j'habite, avec mes parents.

- En ce cas, je vais vous laisser, ma chère Eäraniel, dit Dùnedhil en souriant. Mon Chemin m'appelle…

- Ah non ! Répondit d'un ton mécontent la jeune femme en croisant les bras sur sa poitrine. Vous m'avez sauvée la vie, vous ne pouvez pas partir comme cela, sans remerciement ! Restez au moins pour la nuit, je suis sûre que mes parents seront enchantés de savoir ce que vous avez fait pour moi.

- Je ne souhaiterais pas vous déranger, ma chère. De plus, je dispose de tout ce dont j'ai besoin pour me sustenter, dit-il en montrant son bagage.

Eäraniel allait répliquer, quand la porte s'ouvrit sur un homme, qui s'avança à l'extérieur pour voir les visiteurs.

- Père ! S'exclama Eäraniel.

- Te voilà enfin ? Répliqua celui-ci sans laisser à sa fille le temps de répondre. Que faisais-tu, encore ? Et qui est ce… vagabond ?

Agacée par le ton dédaigneux de son père, Eäraniel répondit, d'une voix quelque peu impolie :

- Père, cet homme m'a sauvée de l'attaque d'un Gobelin qui s'était jeté sur moi, aux bords de l'Anduin. Je ne savais comment faire pour le remercier, je l'ai donc amené…

- Tu l'as amené pour que nous le récompensions, n'est-il pas ?

Dans un grognement, il s'effaça pour laisser entrer sa fille et Dùnedhil. Celui-ci, voyant qu'il n'y avait pas de moyen poli de refuser, fit mine d'entrer à son tour, quand le père d'Eäraniel s'interposa en disant :

- Aucun homme armé n'entrera chez moi. Laissez vos armes ici ; ou restez au dehors.

Pour montrer sa détermination, il croisa les bras et resta solidement planté dans l'encadrement de la porte.

Obéissant, Dùnedhil entreprit alors de laisser choir ses armes sur le sol, à côté de l'entrée de la maison. Il se délesta de sa longue épée, d'un arc et d'un carquois plein, de deux poignards longs qui se trouvaient à ses côtés, de deux coutelas accrochés à ses tibias par des ficelles, puis enfin de plusieures petites lames de lancer qui garnissaient l'intérieur de poches dissimulées habilement dans sa tunique.

En lui-même, le père d'Eäraniel était impressionné, même si il ne l'aurait avoué à aucun prix. Quel besoin cet homme étrange avait de garder autant d'armes dissimulées sur lui ? Les Temps n'étaient pas à la guerre. Du moins, pour autant qu'ils sussent.

Satisfait, il le laissa finalement entrer dans son domicile et referma la porte. A l'intérieur, il n'y avait qu'une table de sapin, une cheminée de pierre qui offrait une douce chaleur, ainsi qu'une simple commode de chêne, le tout sans aucun ouvrage particulier.

Quand Dùnedhil entra, le regard d'une vieille dame qui discutait avec Eäraniel se porta sur lui en lui souriant chaleureusement. Les deux femmes s'approchèrent en souriant, et la plus âgée dit :

- Soyez le bienvenu chez nous, Monseigneur. Je suis la mère d'Eäraniel ici présente. Elle m'a dit dans quelles circonstances vous l'aviez sauvée, et je vous en remercie éternellement. Si vous avez une quelconque requête que nous pouvons exaucer, n'hésitez pas…

Dùnedhil fit un galant baisemain à la vieille dame, avant de répondre d'une voix douce et polie :

- Je n'ai besoin de rien, ma Dame. L'accueil en ce foyer et votre compagnie d'un soir est une récompense suffisante pour un voyageur solitaire tel que moi.

- Voilà une personne de correctement éduquée ! S'exclama la vieille dame en rougissant fortement. Mais allons, venez-vous asseoir ! Nous allions justement commencer à nous restaurer ! Vous êtes plus que le bienvenu !

- C'est là un grand honneur que vous me faites, ma Dame. Je ne sais comment vous remercier.

- Vous l'avez déjà fait en sauvant ma fille voyons ! C'est nous qui sommes vos débiteurs, et jamais nous ne pourrons rembourser une telle dette de vie !

Ce fut au tour de Dùnedhil de rougir, au grand amusement des deux femmes.

- Passons à table, pressa alors le père d'Eäraniel. J'ai faim.

Le reste de la soirée se déroula entre discussions narrées par l'une ou l'autre des personnes présentes, seul le maître des lieux restant silencieux. Tard dans la nuit, Dùnedhil fut proprement jeté dehors par celui-ci, après avoir put néanmoins dire au revoir aux deux femmes de l'endroit. De toute la soirée, Eäraniel ne l'avait presque pas quitté des yeux.

Eliriel & Eönardë

Les jours suivants…

Quelques temps avaient passés, et Eäraniel était présentement en train de retourner à la recherche de plantes médicinales pour son père. Après son retour bredouille et son initiative d'inviter un inconnu, elle avait été gravement rouspétée par son paternel, qui ne supportait pas le moins du monde les intrusions à son mode de vie bien tranquille.

Faisant cette fois-ci bien attention à rester dans des lieux connus, elle se pencha pour ramasser diverses plantes aromatiques et herbes médicinales, et coupa même de l'écorce de sorbier. Cette dernière permettrait d'améliorer la conservation des décoctions de son père (II).

- Bonjour, gente Damoiselle, dit soudain une voix dans son dos.

Sursautant soudainement, ladite damoiselle se retourna brusquement, faisant chuter au sol ses bagages. Elle put alors voir, se tenant gracieusement entre les arbres, une flûte de bois à la main, l'inconnu qui l'avait sauvée, le dénommé Dùnedhil.

- Vous ? Vous m'avez fait peur ! S'exclama la jeune femme en se remettant de ses émotions, une main sur la poitrine.

- Veuillez m'en excuser, ma chère, répondit l'homme en s'approchant sans un bruit. Ce n'était pas là mon intention. Je me trouvais à jouer de ma flûte lorsque vous êtes arrivée, mais vous n'avez point semblé remarquer ma présence.

- J'étais perdue dans mes pensées, expliqua Eäraniel, confuse. Je pensais à toutes les plantes que je devais ramasser pour mon père.

- Il est vrai que vous n'avez point put en acquérir précédemment, acquiesça Dùnedhil. Souhaitez-vous que je vous accompagne ? Je vous protégerais au cas où un nouvel adversaire maudit ait la mauvaise idée de s'en prendre de nouveau à votre ravissante personne.

La jeune femme sourit et rougit en entendant cela, et acquiesça bien volontiers à la proposition de l'homme. Ensemble, durant toute cette journée et de nombreuses autres par la suite, ils cueillirent des plantes pour le père d'Eäraniel, chantant, jouant et discutant sans s'en lasser, tout un chacun reprenant goût à leur vie si morne grâce à la bienfaisante compagnie apportée par leur franche camaraderie, au-delà de la méfiance…

- Dites-moi, Dùnedhil, demanda Eäraniel, assise sur une souche d'arbre, en inventoriant ce qu'ils avaient déjà amassé. Que comptez-vous faire, désormais ? Vous avez dit, l'autre jour, que vous vagabondiez de ci de là…

- C'est effectivement ce que je fais, répondit l'homme. Depuis maintenant très longtemps. Mais… cette région est fort belle, si verdoyante. Je pense que je pourrais y rester un moment.

- Vous pourriez venir habiter au village ? Proposa soudain Eäraniel, en souriant à cette perspective.

- Non, répondit Dùnedhil, brisant ainsi le sourire de son amie. Je n'apprécie guère la vie en société, et je n'ai de toute façon plus l'habitude de celle-ci. Je pensais me construire une petite cabane dans les bois, et vivre le plus simplement du monde. Ne connaitriez-vous point un lieu discret pour ce faire ?

Souriante, Eäraniel guida alors son compagnon en direction de son village, mais obliqua quelques centaines de mètres auparavant, et se dirigea droit vers une partie de la forêt constituée exclusivement de conifères.

- Vous serez très bien, ici, dit-elle. Il y a un ruisseau non loin, et les gens du village ne viennent jamais. Ils prétendent qu'un démon habite ici, et que c'est ce qui provoque l'obscurité qui règne sous les arbres.

- Très amusant ! Répondit Dùnedhil. Effectivement, je pense que je m'y trouverais fort heureux.

Et les semaines succédèrent aux jours, et se transformèrent en mois avec la rapidité du puissant Nahar, Empereur des Chevaux aux sabots de feu, esprit Maïa apparut auprès d'Oromë Le Chasseur sous la forme du plus bel étalon qui soit. De plus en souvent, Eäraniel prétextait vouloir garnir la réserve de plantes de son père, et s'absentait des journées entières en forêt pour cela. En réalité, elle se rendait auprès de celui qui faisait battre son cœur, cet inconnu si mystérieux et charismatique, d'une beauté si triste, d'une joie si absente qu'elle rêvait de le combler…

Eliriel & Eönardë

Mois de Gwaeron (mars) Trois mille III

Quelques temps avaient passés depuis qu'Eäraniel pratiquait ses allées et venues jusqu'à la petite cabane de son amant Dùnedhil. Tous deux, ils avaient prise une grande décision…

- Êtes-vous bien sûrs de vouloir vous marier, tous les deux ? Demanda Lindwen, une jeune femme d'un village voisin, à ses camarades serrés l'un contre l'autre.

- Parfaitement sûrs ! Répondit Eäraniel en souriant brillamment.

- Nous y avons longuement réfléchi, continua Dùnedhil calmement. Et il nous semble avec certitude qu'il s'agit là de la meilleure façon de préserver notre amour.

- Mais… vous savez pourtant que les gens du village n'aiment pas les…

- Les vagabonds comme moi ? Demanda Dùnedhil de sa douce vois, en souriant majestueusement.

- Oui, mais surtout…

- Les gens comme moi, donc.

- Excuse-moi, mais… oui. Jamais Beowulf ne voudra que sa fille unique se marie avec toi.

- Il est inutile de le lui demander, intervint Eäraniel, à qui la discussion ne plaisait pas le moins du monde. Cette décision ne concerne que nous deux, après tout. C'est donc, en toute logique, à nous deux de décider de ce que nous voulons faire.

- Oui, mais j'ai bien peur que vous ne soyez pas tranquilles par ici. Tu t'absentes déjà souvent, Eä, dit Lindwen, et j'ai de plus en plus de mal à excuser tes retards. Vous risquez d'être découverts sous peu…

- Ce n'est pas grave, répondit Eäraniel. Si jamais nous ne sommes pas acceptés ensemble, alors nous partirons ! Il y a bien d'autres lieux prêts à accueillir deux personnes s'aimant ! A Esgaroth, ou à Dàle…

- Je suis parfaitement d'accord, dit Dùnedhil.

- Raison de plus pour commencer sans perdre un instant ! S'exclama alors Eäraniel. Lind, s'il te plaît…

- D'accord, d'accord. Alors, mettez-vous en place à cinq pas l'un de l'autre, je vous prie. Très bien.

Séparés d'une distance qu'ils considéraient déjà comme étant trop importante, les deux amants se fixèrent avec tout l'amour qu'ils ressentaient l'un pour l'autre, ne prêtant que le minimum requis d'attention aux paroles de leur amie.

Nous y sommes enfin, pensa Eäraniel, ravie et comblée de joie.

- Dùnedhil, commença maladroitement Lindwen, acceptez-vous de prendre en justes épousailles Eäraniel, fille de Beowulf, ici présente ?

- Oui.

- Jurez-vous de l'aimer jusqu'à ce que la mort vous prenne, de passer outre les épreuves de la vie, et de toujours veiller à son bien être et à celui de vos enfants ?

- Je le jure, répondit Dùnedhil en se rapprochant de sa promise de deux pas.

- Eäraniel, fille de Beowulf, acceptez-vous de prendre en justes épousailles Dùnedhil ici présent ?

- Oui.

- Jurez-vous de l'aimer jusqu'à ce que la mort vous prenne, de passer outre les épreuves de la vie, et de toujours veiller à son bien être et à celui de vos enfants ?

- Je le jure.

A son tour, elle se rapprocha de son amant de deux pas. Encore séparés par l'ultime barrière du dernier pas, ils n'avaient de regard que l'un pour l'autre, et seule la voix de Lindwen parvint à briser leur idylle…

- Je vous déclare donc unis devant les Valar, les Maïar et les Hommes par les liens sacrés du mariage. Vous pouvez vous embrasser.

Enfin officieusement mariés, les deux amants n'attendirent pas un instant de plus, et Dùnedhil eut bien du mal à contenir toute la passion de sa désormais épouse.

- Et voici pour sceller notre union, Meleth-nìn, dit-il à Eäraniel.

Surprenant sa femme et leur amie, il sortit de sa poche un collier simple, fait de maillons de mithril si fins qu'il était presque impossible de les voir à l'œil nu. Une émeraude plate d'une finesse étonnante et d'une merveilleuse pureté était enveloppée dans des fils d'or, et pendait au bout des maillons.

- Il me semble que le vert de la pierre correspond bien à nos deux personnalités, Meleth-nìn, dit Dùnedhil.

Décidant qu'il était temps de repartir, Lindwen les laissa là, regagnant le village en tentant de tarir les pleurs dus à son émotion. Tout ce qu'elle sut de ce qui se passa ensuite, c'est qu'Eäraniel revint au village tard dans la nuit, les cheveux étrangement décoiffés…

Eliriel & Eönardë

Mois de Cerveth (juillet) Trois mille III

Ce jour là, Eäraniel avait réussi à trouver une excuse particulièrement rusée pour échapper à la vigilance de son père. Avec la compagnie de son amie Lindwen, elle était censée se rendre dans le village de cette dernière afin de vérifier s'il n'y avait point de faibles maux à soigner, et de médicaments à distribuer.

Par chance, il n'y avait eu aucun travail à accomplir, et c'est alors qu'elle eut l'idée de faire croire qu'elle allait ramasser des plants dans les environs, plutôt que de dire qu'elle retournait chez-elle. En vérité, elle avait pour but de se rendre une fois de plus à l'encontre de celui qui occupait secrètement son cœur, son mari Dùnedhil.

Elle marcha près d'une heure en direction de la simple cabane de bois que s'était construit celui-ci, afin de vivre le plus confortablement qu'il pouvait sous ces latitudes aux rudes hivers continentaux. Arrivant enfin dans la petite clairière habitée, le spectacle qui s'affichait cruellement devant elle lui arracha un hoquet d'horreur. La petite maison de bois et de chaume était entièrement détruite, réduite en morceaux et calcinée.

- MELETH ! Hurla-t-elle de toute la force de son désespoir.

Personne ne lui répondit, hormis le silence pesant qui environnait la triste scène. L'on avait l'impression que la nature s'était tue et attendait pour observer moqueusement ce qui se passait.

- MELETH ! Hurla encore Eäraniel, en pleurs, en courant vers la maison de son mari.

Elle chercha pendant des heures dans les ruines et dans les environs.

Des traces, une voix, quelque chose, par pitié ! Pensait-elle avec un désespoir grandissant et devenant aussi imposant que le puissant Taniquetil (III).

Mais il n'y aucune réponse à ses appels répétés. Dans la forêt, les oiseaux semblaient la narguer en chantant toute leur joie de vivre, tandis qu'elle hurlait son désespoir…

Elle chercha jusqu'au soir, et se résigna finalement à retourner auprès de ses parents, ses vêtements déchirés recouverts de cendres et inondés de larmes.

Eliriel & Eönardë

Mois d'Urui (août) Trois mille III

Cela faisait maintenant plusieurs jours qu'Eäraniel souffrait grandement, alitée sur sa couche sans pouvoir en bouger. Le moindre mouvement lui provoquait des nausées entraînant bien souvent d'importants vomissements. Des vertiges la faisaient chuter au sol dès qu'elle se mettait debout, et elle avait déjà eus plusieurs accidents à cause de cela, obligeant son père à la soigner pour éviter des infections.

Suite à la disparition de son mari et l'état dans lequel elle avait été retrouvée par son paternel, elle avait été forcée d'avouer son histoire d'amour avec Dùnedhil, et tout ce qu'ils avaient fait. La réaction parentale ne l'avait pas surprise le moins du monde. Tandis que sa mère la grondait en lui disant qu'elle n'aurait jamais dut faire de telles choses, son père ne lui adressait la parole que pour lui hurler après et l'insulter. Attristée par l'absence inexpliquée de l'être aimé et par le manque de soutien de sa famille, elle se renferma inévitablement sur elle-même, omettant souvent de prendre ses repas, mettant sa vie en danger et plongeant de toutes ses forces dans une profonde dépression.

Ce n'est que lorsqu'elle commença à prendre de l'embonpoint qu'il fallût se rendre à l'évidence : elle était enceinte.

Eliriel & Eönardë

Dix-septième jour du mois de Lothron (mai) Trois mille un III.

Cela faisait déjà plus de vingt heures qu'Eäraniel souffrait le martyr sur sa couche, hurlant de toutes ses forces pour évacuer sa douleur autant qu'il lui était possible…

La veille, elle s'était évanouie sous la violence de fortes contractions, et son ventre arrondi par neuf mois de patience avait heurté le sol avec violence. Devant les regards impuissants de sa mère et de son père, qui s'occupaient de son accouchement, du sang s'écoulait abondamment de ses voies utérines. Et, malheureusement, il n'était pas accompagné par l'enfant…

Ce ne fut qu'après avoir dût se résigner à ouvrir le ventre de sa fille que Beowulf put comprendre la raison de ce mal. Autour du corps immobile et froid de l'enfant, l'utérus était déchiré en de multiples endroits, déversant le liquide carmin à flots…

Le corps sans vie du nourrisson fut extrait avec douceur par la mère en pleurs d'Eäraniel, sans que sa fille évanouie ne ressente quoi que ce fût. Durant plusieurs heures, son mari entreprit patiemment d'opérer sa fille pour retirer comme il pouvait l'utérus condamné. Il n'avait pas d'autre moyen pour sauver sa fille, il n'était qu'un guérisseur de petits maux, et non pas un maître en soins.

Soudain, alors qu'il recousait le ventre de son enfant, les mains recouvertes de sang, il fut sortit de son horreur et de sa torpeur machinale par un hurlement non loin de lui. Enveloppé dans de blancs draps immaculés, le corps du nourrisson vibrait de vie, et hurlait à son casser la voix. Sa grand-mère, en pleurs, se dépêcha de le prendre dans ses bras, de le laver et de le réchauffer, avant de le laisser s'endormir en veillant sur lui de toute sa bonté.

Quelques heures passèrent, angoissantes, durant lesquelles les parents d'Eäraniel attendirent le réveil de leur fille. Ce ne fut qu'après un long moment paralysant de terreur qu'ils purent enfin se réjouir de voir le réveil de celle-ci.

L'esprit embrumé, elle put néanmoins voir avec joie, sur sa poitrine gorgée de lait, un petit garçon téter vigoureusement, comme s'il savait ce qui allait se passer…

- Ma chérie, pressa sa mère dès qu'elle fut en état de comprendre, comment veux-tu le nommer ?

Eäraniel réfléchit un moment, se sentant absente comme si l'on avait arraché son esprit de son corps, puis parvint à dire :

- Eönardë…

Eönardë G… !

Un hurlement de douleur soudain envahi la pièce, effrayant le jeune Eönardë, et provoquant ses pleurs.

Sur sa couche, Eäraniel se tordait de douleur et d'angoisse, tout en sentant du sang s'écouler de ses voies utérines. Les dégâts irréversibles causés par la difficulté de l'accouchement et la mauvaise santé de la jeune mère venaient de faire soudainement leur effet, drainant ainsi les ultimes forces de leur victime…

Eäraniel rendit l'âme quarante-trois minutes plus tard, ayant perdue une quantité de sang trop importante pour que même un elfe puisse survivre.

Eliriel & Eönardë

Partie II : Eliriel

Mois d'Urui (Août) Trois Mille III, dans la cité elfique de Rivendell.

- Pour la dernière fois, c'est Non ! Dehors ! S'écria une voix grave d'homme de derrière une porte de sombre chêne massif.

Ladite porte s'ouvrit subitement, et le petit papillon qui se reposait là pris soudain son envol, effrayé par l'irruption dans le présent couloir extérieur d'un Humain du nom d'Aragorn. Celui-ci se réceptionna lestement au sol, poussé de force par le Seigneur de la Cité, Elrond Peredhel (IV).

- S'il vous plaît ! Tenta-t-il une dernière fois avant de se faire claquer la porte au nez.

Un air suppliant sur le visage, il attendit quelques minutes dans une immobilité parfaite que la raison de sa présence ici se réalise. Mais malheureusement, la porte resta obstinément close, comme une muraille rongée par le temps qui le narguait en se reconstruisant devant lui, quoi qu'il tente, et qui le séparait de ses rêves.

Finalement, dépité, il s'en alla avec résignation. La déception participait aussi à la cohue de sentiments négatifs qui se bousculaient en lui. Cela faisait déjà la seizième fois qu'il se voyait refuser la main de sa dulcinée, Arwen Undòmiel, la propre fille du Seigneur Elrond.

La raison n'en était pas qu'elle refusait de le prendre en épousailles. Au contraire, ils s'aimaient tous deux d'une passion dévorante, tendre et juste, qui aurait émue une pierre. Mais voilà, Elrond Peredhel était un guerrier elfe, plus dur que la roche même de Tumladen (V). Le problème était simplement sa volonté et les traditions qu'il suivait.

Bien que prévoyante, la coutume elfique n'en était pas moins dépassée et inadaptée. Elle voulait en effet que les hommes qui demandaient une femme en mariage disposent d'une situation stable, qui permettrait à l'épouse de vivre décemment, heureuse et aimée, entourée d'une famille douce.

Et Aragorn, rôdeur de son état, était bien loin de répondre à toutes ces exigences. Il n'était ni sale, ni violent, ni inculte, loin de là. Il était doué dans ce qu'il entreprenait, charismatique, bon, particulièrement versé dans les arts du savoir. Mais voilà, ses quelques possessions se limitaient à ses vêtements et à son épée. Pas de quoi honorer la dot que demandait la tradition elfique.

En fait, et Aragorn le savait bien, même si il avait une situation stable, avec une belle maison, le Seigneur Elrond refuserait de lui donner la main de sa fille. Pourquoi ? Tout simplement pour la raison particulièrement ridicule qu'il ne voulait pas que celle-ci se marie, mais parte définitivement pour les Terres Immortelles, loin d'ici, dans l'Ouest Béni.

Si Aragorn avait été un elfe, alors Elrond aurait peut-être accepté de l'unir à sa fille. Mais voilà, les choses étant ce qu'elles sont et ses parents étant Humains tous deux, notre ami l'était lui aussi. Et les mortels tels que les Humains n'avaient pas le droit d'accès au Royaume Enchanteur du Valinor, car disposant déjà d'un don autre offert par les dieux, celui de pouvoir mourir de vieillesse.

Laissant la déception envahir sans aucune pitié son esprit, Aragorn quitta le bâtiment où il se trouvait -le principal de la cité, la résidence du Seigneur Elrond. Il marcha d'un pas raide mais rapide qui lui avait valu son surnom de « Grand-pas » en direction des petites constructions qui entouraient le cœur de la ville tel un fourmillement de planètes autour d'une étoile.

Faisant fi de la beauté des jardins l'environnant, de l'impressionnante vue qu'il avait sur le ravin verdoyant dans lequel la cité était bâtie, il se laissa guider par la lumière bleue offerte par les lanternes elfes finement ouvragées qui longeaient le chemin menant vers son but. Il traversa un groupe de petites maisons solitaires, puis s'aventura plus loin dans un lieu reculé et peu fréquenté de la cité. En sortant finalement d'un bosquet d'arbres, il put se rendre compte avec joie que la personne qu'il espérait l'attendait bel et bien là, comme elle le lui avait promis. Elle patientait sa venue en fredonnant de sa douce voix…

A Elbereth Gilthoniel

Silivren penna miriel

O menell aglar elenath !

Na-chaered palan-diriel

O galadhremmin ennorath,

Fanuilos, le linnathon

Nef aear, si nef aearon !

(VI)

Arwen Undòmiel se leva alors, en apercevant celui qu'elle désirait pour époux. Quelle était la réponse, cette fois-ci ?

L'espoir l'habitait à chaque fois qu'Aragorn revenait dans la cité après ses lointains voyages qui lui prenaient la plus grande part de son temps. Il faisait une demande en mariage à chaque fois auprès du père d'Arwen, mais jusqu'à maintenant, ils n'avaient jamais eue l'occasion d'afficher leur amour à tous, comme ils rêvaient de le faire, tels des oiseaux passionnés déclamant leurs mélodies enchanteresses dans les branches des arbres…

- Alors ? Demanda t'elle à son aimé en courant vers lui.

Mais elle se stoppa en voyant le regard déçu de celui-ci. L'étincelle qui ornait fièrement ses yeux avant son départ s'était éteinte, emportant avec eux la joie de vivre d'Aragorn. Le même effet toucha Arwen, avec une virulence plus importante. Elle sentit pour la seizième fois les larmes lui monter aux yeux et tandis que le liquide salé s'écoulait, sacrilège, elle regardait sans réaction les bras aimés l'enlacer tendrement.

Après un moment d'émotion au cours duquel elle tenta d'inonder l'océan de sa déception, Arwen releva la tête et se sépara légèrement de l'étreinte de son ami pour lui demander, le regard rivé dans le sien :

- Pourquoi a-t-il refusé, cette fois ci ? Pour les même raisons ?

- Oui, Meleth-nìn (VII), répondit Aragorn d'une voix blessée.

Arwen ne répondit rien et se contenta de pleurer de plus belle, blessée en son cœur par le refus constant de son père.

- Ne t'inquiètes pas, Meleth-nìn, dit Aragorn en tentant de réconforter son aimée. Il acceptera bien un jour, quand j'aurai obtenu mon royaume.

Arwen hocha faiblement la tête, tentant de tarir ses pleurs, mais resta enlacée dans les bras de l'Homme. Ce que peu de monde savait à propos d'Aragorn, c'est qu'il était par son père l'héritier de la lignée royale d'un ancien pays et d'une dynastie importante, celle des Dunedains. Il pensait –à juste titre, que l'obtention de la suzeraineté de tant d'immenses territoires permettrait de faire fléchir le seigneur Elrond. Mais voilà, le travail à abattre pour qu'il obtienne son héritage ancestral était herculéen, et bien qu'accomplit dans sa majeure partie, le moment n'était pas encore venu de lui porter sa touche finale, la décisive. Il lui faudrait encore attendre plus d'une décennie avant d'apercevoir la lueur de ses espoirs à l'horizon.

Aragorn fut soudain interrompu dans ses pensées faiblement optimistes par un léger mouvement en provenance de son aimée. Il abaissa son regard et son attention vers elle, et il put voir qu'elle le regardait à présent attentivement, son regard animé d'une flamme nouvelle.

- Meleth-nìn, dit-elle avec un ton sérieux qui aurait impressionné Elrond lui même. Si nous nous enfuyons ?

- Nous enfuir ? Répéta Aragorn, surpris par cette proposition étrange.

- Oui, argumenta Arwen. Nous enfuir loin de mon père, afin de pouvoir vivre heureux ensembles en toute liberté. Nous aurions une famille que nous aimerions tous deux, nous serions heureux !

L'espoir d'entendre Aragorn accepter avait envahi de nouveau le corps et l'esprit d'Arwen. Malheureusement, ce fut avec une souffrance intense que celui-ci se résigna à dire :

- Non, Meleth-nìn.

- Non ? Répéta Arwen en se séparant des bras de son aimé. Pourquoi ?

Elle n'y croyait pas. Pourquoi refusait-il ? Ne l'aimait-il pas ?

- C'est non, insista Aragorn. Je ne te séparerais pas de ta famille, de gré ou de force, juste pour satisfaire mon envie et mon plaisir personnels.

- Ce n'est pas que toi qui en a envie, moi aussi je le veux !

- Meleth-nìn, expliqua patiemment Aragorn en prenant la main de son aimée et en la menant vers un banc de pierre grise taillée, à quelques pas d'ici. Nous ne pouvons pas nous séparer de ta famille. Tu me le propose dans le feu de l'action, et dans l'agacement dût au refus de ton père. Mais si nous partions, nous serions non seulement pourchassés par tes frères, mais en plus ne pourrions nous installer paisiblement. Ils ne nous laisseraient pas tranquilles et mon destin se rappellerait à moi irrémédiablement. Quitte à te faire souffrir, je préfère encore me séparer de toi que de te voir malheureuse.

Sa voix avait prise une note d'infinie tristesse au fur et à mesure qu'il parlait. Ses paroles le rendaient lui aussi très triste, mais il fallait voir les choses objectivement. Si Arwen et lui s'enfuyaient de Rivendell, alors ils n'en seraient pas plus heureux.

Il regarda à nouveau Arwen dans les yeux, ne s'étant pas aperçu d'avoir baissé le regard. Il ne croisa pas, comme il s'y attendait, de larmes ou de colère. Mais une franche détermination.

- Il n'y a plus qu'une seule solution dans ce cas, Meleth-nìn, dit l'Elfe.

Et elle entoura Aragorn de ses bras dans une étreinte passionnante, qui commença par un baiser fulgurant avant de se perdre quelques dizaines de minutes après dans la jouissance de l'acte d'amour exaucé…

Aucun des deux ne remarqua le passage d'une double étoile filante particulièrement belle. Tandis que l'une d'elle stoppait sa course au dessus de la cité, l'autre poursuivait son chemin au-delà des puissantes montagnes qui ornaient et surplombaient fièrement son horizon…

Eliriel & Eönardë

Trois semaines plus tard…

Aragorn marchait d'un pas vif au cœur de la cité d'Imladris, escorté par les regards sévères d'Elladan et Elrohir, les deux fils jumeaux d'Elrond Peredhel et de Celebrian de Lorien, et les frères aînés de son aimée Arwen Undòmiel.

Il se trouvait en pleine mission dans le Rhudaur sauvage, à combattre des pillards qui causaient des ravages dans la région, empêchant celle-ci de se développer de façon optimale, quand il avait rencontrés ses deux amis et camarades de chasse. Mais ceux-ci avaient un regard sévère, et les seules paroles qu'ils lui avaient adressées avaient étés pour lui demander poliment mais durement de se taire… il devait se contenter de les suivre jusqu'à Rivendell sans discuter. Elrond Peredhel le convoquait.

Espérant fermement que ce n'était pas pour lui annoncer le départ d'Arwen pour les Terres Immortelles, Aragorn gravi une volée d'escaliers de marbre et se retrouva de nouveau dans le même couloir extérieur que trois semaines auparavant, lors du seizième refus de mariage du Seigneur Elrond.

- Il t'attend, vas-y, ordonna l'un des deux jumeaux d'une voix froide, tandis qu'il se postait là avec son frère, comme pour empêcher toute fuite.

Inquiet, Aragorn toqua à la porte du bureau d'Elrond et entra dès qu'il en eut reçue la permission. Etait-il arrivé quelque chose à son aimée ? Leur… acte aurait-il été remarqué ?

Aragorn n'avait pas su se maîtriser ce soir là, mais il ne le regrettait pas le moins du monde. Quand il repensait à Arwen enlacée dans ses bras, blottie contre lui avec un amour d'une force impressionnante avec uniquement l'obscurité pour vêtements, les étoiles et les arbres pour spectateurs, il sentait son cœur chavirer de bonheur.

- Entre, Aragorn, dit la voix glaciale du Seigneur Elrond, assis à son bureau d'ébène massif richement sculpté de motifs végétaux.

Le rôdeur entra d'un pas léger, salua son Seigneur, et prit place quand il en eu le droit dans l'un des confortables fauteuils de chêne et de soie réservés aux invités.

- J'imagine que tu sais pourquoi je t'ai fait venir ? Demanda Elrond en tentant de le foudroyer du regard.

- …Arwen ? Tenta avec appréhension Aragorn.

- Exactement. Arwen ! Déclama l'Elfe d'une voix lente. Depuis déjà plusieurs jours, elle souffre régulièrement de nausées au réveil et de vertiges inhabituels. Tes connaissances en médecine te permettent de savoir où je veux en venir, n'est-ce pas ?

- Elle est… enceinte ?

La seule confirmation qu'il reçut fut celle lancée par le regard noir du père de sa dulcinée. Il se sentit rapetisser sur son fauteuil, tant celui-ci était effrayant.

- Dehors, dit finalement Elrond en tentant de se maîtriser.

Aragorn sortit sans demander son reste. Il aurait préféré affronter une armée entière de brigands hostiles plutôt que de rester davantage en face de celui qu'il considérait comme son père de cœur.

Il faisait nuit quand il avait été introduit par les fils d'Elrond, mais cela ne l'empêcha pas de se précipiter en direction des appartements de sa chère et tendre, oubliant toute retenue et bousculant plusieurs personnes sur son chemin, sans faire attention à la présence des frères de son aimée.

Il eut l'impression de n'avoir que très peu de chemin à parcourir afin d'arriver à destination, se sentant porté par les ailes du vent. Le bonheur illuminait son chemin, tel un phare qui le guidait vers son but. Vers celle qu'il était maintenant persuadé de pouvoir épouser.

Quelques instants seulement après avoir quitté le bureau du Seigneur Elrond, il arriva devant la porte des appartements de son aimée, et toqua pour se faire ouvrir.

Une servante elfe vint lui ouvrir, et elle l'introduisit sans mot dire dans la pièce d'accueil, décorée simplement, d'où elle le mena en direction d'une chambre entrouverte. Là, dans une lumière tamisée offerte généreusement par de nombreuses bougies, se trouvait Arwen, le dos reposant contre l'oreiller de son lit, en train de lire un livre avec patience.

Elle releva gracieusement la tête en entendant du bruit, et laissa un sourire illuminer son visage en voyant l'homme qu'elle aimait… et qu'elle pourrait aimer encore longtemps, maintenant.

- Arwen, Meleth-nìn, dit simplement Aragorn d'une voix émue en s'approchant de son aimée, tandis que celle-ci reposait son livre et que la servante sortait de la pièce, un doux sourire au visage.

- Je te l'avais dit, que nous ne serions pas séparés, Meleth-nìn, dit-elle de sa voix envoûtante.

Eliriel & Eönardë

Dix-septième jour du mois de Lothron (Mai) Trois Mille Un III (VIII)

Aragorn se trouvait présentement devant l'infirmerie principale de la cité de Fondcombe (IX), en train d'œuvrer patiemment à ravager ses ongles. L'avant-veille, il était revenu en urgence de sa mission proche que lui avait imposée sa charge de Chef des Rôdeurs, appelé par les fils d'Elrond. Sa chère et tendre, Arwen Undòmiel, montrait les premiers signes de son accouchement proche.

Avec une célérité digne d'Oromë lui-même, le jeune Humain de six décennies avait accouru auprès de sa douce pour la soutenir dans ses efforts et sa douleur.

Ladite souffrance devait être réellement insupportable pour Arwen. Cela faisait déjà seize heures qu'Aragorn l'entendait crier de douleur régulièrement, l'ouïssait souffrir le martyr, impuissant et inquiet.

La veille, Arwen avait senties les premières contractions annonçant la naissance de son enfant, et son père le Seigneur Elrond l'avait aussitôt forcée à s'aliter, de façon à être prête et en forme pour l'évènement éreintant qui allait avoir lieu.

Mais malgré toute son expérience, malgré ses connaissances médicinales exceptionnelles et tout ce dont il disposait pour les appliquer, le Seigneur Elrond n'arrivait à rien pour soulager la douleur de sa fille. Il lui avait donnés des anti-douleurs, des anesthésiants, mais aucun ne semblait avoir fait effet. Les massages pratiqués afin de permettre aux muscles d'Arwen de pousser l'enfant hors de son ventre plus facilement n'avaient rien donné. L'accoucheur elfe venu porter secours à Elrond n'avait lui non plus rien réussit à faire. Aucune des infirmières présentes ne savait quoi faire pour aider la fille de leur seigneur.

L'accouchement se passait de plus en plus mal au fur et à mesure que le temps poursuivait inexorablement sa course, imperturbable dans son écoulement éternel, et qu'Aragorn commençait à ronger son coude.

Dix huit heures après le début des premières contractions, il attaquait goulûment son second bras, se concentrant dessus pour ne pas entendre les hurlements déchirants de son aimée.

Dans l'infirmerie, les évènements s'accéléraient et se déroulaient de plus en plus mal. Elrond était désespéré. Sa fille avait commencé à perdre du sang, et malgré les soins experts apportés par lui et l'accoucheur elfe, un mince filet du liquide carmin continuait à affaiblir Arwen.

Elrond, avec ses connaissances médicinales millénaires, ne voyait plus qu'une seule solution pour aider sa fille. Après la naissance difficile de ses propres fils, il avait inventé un médicament censé aider l'éjection de l'enfant. Il l'avait testé avec succès lors de la naissance de sa fille, et n'imaginait plus d'autre possibilité.

Il gagna au pas de course la réserve d'Herbes, de poudres et de divers produits médicinaux de l'infirmerie, laissant sa fille aux bons soins de son collègue accoucheur. Faisant fi des hurlements déchirants de sa fille, il se concentra pour doser avec la plus extrême précision les ingrédients dont il avait besoin. Il filtra à plusieurs reprises son médicament dès le mélange finit, le concentra, puis le fit refroidir dans de la saumure avant de revenir un quart d'heure plus tard dans le lieu du drame en cours.

Lentement, avec la plus infinie douceur, il versa sa préparation dans la bouche de sa fille, la força à déglutir en lui massant la gorge puis cela fait dit à l'accoucheur de recommencer à masser sa fille pour contracter plus facilement les muscles. Il ne fallait plus qu'attendre quelques minutes que le médicament soit entièrement ingurgité pour qu'il fasse effet. Elrond espérait en avoir donné assez à sa fille, sinon cela se révèlerait dangereux si le rejeton ne naissait pas.

Mais le miracle survint après une attente infinie de deux minutes. Alors qu'Aragorn commençait à ronger son épée, acte difficile du fait qu'il avait terminés ses bras, les premiers signes de réelle contraction efficace se firent voir chez Arwen.

Le sang coula de plus belle de ses voies utérines, mais avec lui apparut une petite main. L'accoucheur se dépêcha de s'introduire afin de remettre l'enfant dans le bon sens, puis aida Arwen en tirant le plus doucement possible. Dans un soulagement collectif immense, l'enfant sortit finalement du ventre de sa mère. Une petite fille venait de voir le jour.

Mais l'attention fut reportée sur Arwen, qui venait de s'évanouir. Elrond se dépêcha d'opérer sa fille pour refermer toutes les lésions et irritations apparues dans ses voies vaginales, se préparant à un long travail, éreintant pour lui comme pour sa fille.

Mais le malheur s'abattit plus lourd encore dans l'infirmerie, de façon cruelle et soudaine. L'enfant était froid, immobile, sans aucune réaction, le cordon ombilical noué autour du cou. Elle était morte-née.

Elrond, faisant fi de son habituelle réservation et de la contenance qui le caractérisaient, laissa ses larmes de douleur s'écouler sur ses joues légèrement parcheminées par le souci. Il avait tant espéré pouvoir être grand-père ! Malgré toutes les fois qu'il avait refusées les demandes de mariage d'Aragorn, il n'était pas contre leur union. Il attendait simplement le bon moment. C'est pour cela aussi qu'il n'avait pas immédiatement jeté Aragorn en prison dès l'annonce de la grossesse d'Arwen connue.

- Nettoyez l'enfant, dit-il d'une voix brisée tout en travaillant sur sa fille. Lavez-le et laissez-le, sous des couvertures.

- Nous pouvons allez chercher le Seigneur Aragorn ? Demanda l'une des infirmières.

- Allez-y, se résigna Elrond. Il le faudra bien de toute façon.

Avec un acquiescement silencieux et attristé, la soignante s'exécuta et quitta la salle des naissances, et se rendit à l'entrée de l'infirmerie. Là, ouvrant la porte lentement afin de ne pas faire de bruit, elle regarda à l'extérieur et put voir Aragorn regarder au lointain, ses mains agitées étant seules victimes apparentes de sa nervosité. Arrivants au haut des escaliers de marbre qui menaient à l'endroit, les jumeaux Elladan et Elrohir paraissaient eux aussi terriblement inquiets.

Bien qu'ils soient effrayants, les cris de douleur d'Arwen permettaient de savoir qu'elle était toujours en vie. Les entendre s'éteindre ainsi, aussi soudainement, avait quelque chose de terrible, plus effrayant que le pire des cauchemars.

- Seigneur Aragorn ? Demanda l'infirmière. Seigneur Elladan, Seigneur Elrohir ?

- Comment cela se passe t'il ? Pressa brusquement Aragorn en secouant la femme comme un prunier.

Bien qu'ils aient plus de retenue, les jumeaux avaient la même question qui leur pendait aux lèvres.

- Le Seigneur Elrond m'envoie vous chercher, Seigneur Aragorn. C'est… c'est fini.

Bien qu'elle n'eût pas dit clairement comment cela se passait, Aragorn comprit que quelque chose n'avait pas dût se passer correctement. Blanchissant en un instant, il regarda ses deux amis jumeaux et lut dans leurs yeux la même inquiétude. Puis, le plus rapidement qu'il put, il gagna le cœur de l'infirmerie de la cité, et de là la salle où Arwen se trouvait.

A ce moment, haut dans le ciel de Rivendell, une double étoile filante apparut. Alors que l'une d'elle s'arrêtait au dessus de la cité elfique, l'autre continua sa course au-delà des imposants monts Brumeux.

Aragorn jaillit dans la salle d'accouchement comme un éclair, surprenant par la même plusieurs personnes. Il allait appeler son aimée, quand, surprenant tout le monde, un hurlement déchirant retentit. Ce n'était pas Arwen qui criait de douleur, elle était toujours évanouie. Mais alors qui ?

C'était un cri de bébé. Faible, mais naissant, gagnant en puissance et en intensité à chaque nouvelle vague sonore.

Inconscient du drame qui s'était joué ici même quelques instants auparavant, Aragorn sourit de la joie du nouveau père et se dirigea vers son enfant, emmitouflé dans ses tissus. Il le prit dans ses bras, comblé, et regarda Elrond avec tout l'espoir du monde. Le Seigneur de la cité, ainsi que toutes les autres personnes présentes dans la salle, n'en revenait pas.

- C'est un miracle, murmura t'il avec une joie palpable. Les Valar l'ont sauvée…

Mais, laissant là son émotion, il reprit les soins qu'il procurait à sa fille tant aimée. Et c'est ainsi que, moins d'une heure après le prodige qui venait d'avoir lieu, Arwen était réveillée, par la grâce de son sang elfique qui lui permettait de se remettre plus rapidement de ses blessures. Bien qu'affaiblie, elle était suffisement éveillée pour pouvoir nommer sa fille. Son père à sa droite, son aimé à sa gauche, ses frères observant le spectacle avec émotion, la scène n'aurait put émettre une telle joie en des circonstances moins douloureuses.

- Nous avions réfléchi à un nom, dit-elle d'une voix faible en regardant au dehors les étoiles d'Elbereth.

- Nous avions pensé à… Eldarion pour un garçon, et… Eliriel pour une petite fille, continua Aragorn. Eliriel, Fille des Etoiles.

- Sois la bienvenue sur Endor, petite Eliriel, murmurèrent les jumeaux quand ils prirent leur nièce dans leurs bras.

Puis alors qu'Arwen sombrait bienheureuse dans un grand sommeil réparateur, ils fondirent pour l'adorable petit visage, et le jeune père comblé par tant de bonheur continua :

Eliriel Celebrian Gilraen Peredhel

Eliriel & Eönardë

Références du chapitre :

I : Le Seigneur des Anneaux, Chanson d'Eldamar de Galadriel II.

II : Le sorbitol, conservateur naturel extrait de l'écorce de sorbier, est utilisé entre autres dans la chocolaterie et l'industrie pharmaceutique.

III : Taniquetil, le. Montagne de la chaîne des Pelori, la plus haute du monde, parcourant du Nord au Sud la côte Est d'Aman, protégeant ainsi l'accès au Valinor. Voir le « Silmarillion ».

IV : Peredhel : Prononcer non pas « paire d'ailes » mais « péré-fv-èl ». Le « fv » correspond à un « v » soufflé.

V : Tumladen : Colline sur laquelle a été bâtie la cité merveilleuse de Gondolin. Voir le « Silmarillion ».

VI : Le Seigneur des Anneaux, Chant à Elbereth.

VII : Meleth-nìn : En Sindarin, cela signifie « Mon amour ».

VIII : Les Chiffres Romains placés en cet endroit représentent l'Âge Calendaire. (I, II, III, IV).

IX : Imladris, Rivendell, Fondcombe : Il s'agit de la même cité.

Les noms des Moissont donnés en langage Sindarin. (Le Seigneur des Anneaux, annexes, par JrrT).

Ajouts à l'œuvre originale :

I :Le père d'Eönardë : Qui est-il ? Tolkien n'a pas donnée précisément une suite à son futur, alors je l'amène là pour le faire resurgir dans l'Histoire ! Si vous ne trouvez pas son identité, vous la découvrirez dans la sixième fiction de ma saga. Son faux nom, Dùnedhil, se prononce « douné-fv-il ». Le « fv » correspond à un « v » soufflé.

II : Eönardë : Nom que je considère comme « commun » dans la région des Béörnides. Je l'ai composé originellement pour obtenir une consonance Eotheod avec le langage Rohiric, et principalement avec le mot « eo » (Cheval). Le prénom terrien de « Léonard » a fait le reste sur mon inspiration. Il faut prononcer « é-ö-nar-dé ».

III : Eliriel :Son prénom se décompose ainsi : El, i, r, iel. Le « r » est une marque de pluriel au « i » et marque non pas un « de » mais un « des ». L'on obtient approximativement : Etoile, des, fille. Ce qui donne en français : Fille des Etoiles.

La précédente version de cette fiction à eut une moyenne de 0.60 commentaire par chapitre, pour plus de trois mille personnes l'ayant lue. Soit quatorze commentaires pour vingt-trois chapitres, sur deux sites de fanfictions. Un petit effort SVP ?

Bonne lecture !