Chapitre 1
J'avais vu faire cela une ou deux fois dans ma vie, la plupart du temps dans les films, mais je ne pensais pas que ce serait si difficile. Tu prends un cintre et le glisses entre la portière et la fenêtre, et après une minute de légères secousses, la portière est supposée se débloquer.
Je n'eus pas autant de chance.
Le loquet n'avait pas bougé et cette merde était inutile. Je n'étais pas une voleuse de voiture. Je n'avais même pas dix-huit ans. J'étais juste une fugitive qui était au bout de sa vie.
J'avais besoin d'argent.
J'avais besoin d'un endroit où dormir.
J'avais besoin de nourriture.
J'avais besoin de temps pour penser à tout cela.
Le plus triste était qu'il n'y a pas longtemps j'avais tout cela. Je n'y pensais même pas - c'était juste là, parce qu'à l'époque j'avais une maison.
Plus maintenant et je ne pouvais pas y retourner.
Renée se fichait que je sois partie. Tout ce qu'elle voulait c'était Phil, son putain de mari qui voulait peloter sa belle-fille.
Je n'eus pas autant de chance.
- Merde, jurai-je. Le fil métallique glissa de ma main et se coinça dans ma paume.
Je regardai autour en panique, supposant que je m'étais faite repérée. Ne serait-ce pas parfait ? Deux minutes dans le vol de voiture et je me faisais prendre.
Mais la rue restait silencieuse et personne n'était aux alentours. La voie était libre pour le moment, mais pour combien de temps ?
Reportant mon attention sur la tâche à accomplir, je remis le cintre dans la fente en l'enfonçant davantage, avec force et désespérance, essayant de débloquer ce foutu loquet.
Puis il y eut un déclic. Il fut faible, mais je l'entendis. Je retins mon souffle et glissai ma main vers le bas, en soulevant doucement la poignée de porte vers le haut.
Elle s'ouvrit.
J'étais dedans.
- Putain ouais, dis-je, me glissant dans le siège côté conducteur. Je baissai la visière, en espérant que les clés tombent sur mes genoux, mais encore une fois, les films mentaient.
Acceptant le fait que j'aurais à faire cela de la mauvaise manière, je fouillai dans ma poche arrière et pris mon tournevis.
Je mis le tournevis dans la fente du volant pour forcer le plastique, exposant les fils. Mes sourcils se froncèrent tandis que j'essayais de me rappeler comment procéder à partir de là.
Merde, pourquoi avais-je dit à Jake que je pouvais faire ça ?
C'était un mensonge tellement évident. Tu pouvais juste me regarder et être sûr à 100 % que j'étais une vraie merde. Je m'en foutais, cependant. J'imagine que ce n'était pas important. Je n'avais pris la merde de personne d'autre et j'étais prête à me battre.
Essoufflée, je récupérai les fils bleu et rouge, essayant de comprendre ce que je devais faire avec eux et pensant au prochain mouvement que je devrais faire si cette merde marchait. C'est à ce moment que j'entendis le déclic - non, pas le déclic, mais LE déclic. C'était l'armement d'un pistolet et ceci à deux centimètres de mon oreille gauche.
Je me figeai.
- Qui es-tu - et pourquoi essaies-tu de voler ma voiture ?
Yep, c'était le moment. C'était comme ça que j'étais censée mourir.
Je fermai les yeux, me préparant à recevoir la balle, tandis que je répondais à la question.
- Je n'étais pas en train de voler.
- Putain bien sûr que tu ne volais pas, répondit-il, pressant le bout du pistolet sur ma tempe. Est-ce ce connard de Jake qui t'envoie ?
J'hochai la tête une fois et attendis que le coup parte. Mais il n'y eut rien, juste le silence.
- Est-ce que tu l'as croisé ? demanda-t-il, allégeant la pression sur ma tempe.
Le croiser ? Quoi ?
Sa question me dérouta, et sans penser, je tournai la tête vers cet homme inconnu.
Il y a beaucoup de choses auxquelles tu peux t'attendre lorsque tu regardes dans les yeux de ton tueur : la normalité n'en est pas une, et deuxièmement, tu ne t'attends pas à ce qu'il soit si foutrement... sexy.
Il me rendit mon regard, le pistolet toujours pointé sur la tête, mais ses yeux verts étaient doux et amplis de sympathie.
Je sus à ce moment qu'il n'allait pas me tuer.
- Je ne lui ai rien fait. Je l'ai juste rencontré, dis-je, levant doucement les mains.
- Ah ouais ? Alors pourquoi te veut-il morte ?
- Je ne sais pas, monsieur. J'avais besoin d'argent et il m'a offert un travail. Je ne sais rien d'autre.
Il abaissa son arme et plissa les yeux en me regardant.
- Quel est ton nom, petite ?
Je roulai des yeux et me moquai du surnom affectif.
- Bella.
- Bella ? dit-il, rentrant le pistolet dans sa ceinture, me donnant un bref aperçu de son ventre ferme et des tatouages qui le recouvraient.
Il s'accroupit pour avoir les yeux à ma hauteur. Je pouvais complètement voir son visage maintenant. Il avait une forte mâchoire, des lèvres pleines et un nez parfait. Ses piercings à l'arcade sourcilière et à la lèvre étaient distrayants, mais c'était ses cheveux cuivrés qui partaient dans tous les sens qui attirèrent le plus mon attention.
Qui est ce gars ?
- Quel âge as-tu ? demanda-t-il.
- Dix-sept ans.
Il m'évalua brièvement, décidant probablement de ce qu'il allait faire de moi. Il m'avait surpris en flagrant délit en train de voler sa voiture. J'espérai juste qu'il n'appelle pas les flics. Ils auraient simplement appelé Renée et l'auraient fait venir me chercher. Je préférais mourir plutôt que de revenir dans ce putain de trou.
Il me tendit la main et je pus voir les tatouages qui continuaient sur son corps et imprimaient son bras comme une chemise encrée. Je me crispai par pure réflexe à la vue de son geste de politesse.
Le gars venait juste de pointer un flingue sur ma tête. Je me fichai de combien il était sexy, il restait quand même dangereux.
Il sembla comprendre ma réaction, sa main se retira lentement et se posa en équilibre sur le côté de la voiture.
- Je suis Edward.
- Et ?
Il sourit, et c'était tordu et imparfait, mais ça lui convenait.
- As-tu faim, petite ?
