Eh oui, encore une fic :) Il se trouve que je me suis récemment découvert une passion pour Pansy Parkinson. Et j'ai eu l'idée de cette fic, qui j'espère vous plaira. Elle fera une dizaine de chapitres, je pense. En voici le premier, que j'ai eu beaucoup de plaisir à écrire.

Bonne lecture ! Tous les personnages appartiennent à la fabuleuse J.K. Rowling :)


24 octobre 2000

C'était l'automne. Cette saison où déprime de la rentrée et reprise réconfortante des habitudes se mêlaient. Le ciel était gris sur le Chemin de Traverse, l'air était à l'orage, tandis qu'un vent violent annonçait un hiver glacial. Les passants resserraient leur manteau autour d'eux. Pansy grignotait une salade accompagnée d'une Bièrraubeurre à la terrasse de l'Escargot Biscornu. Madame Guipure l'attendait dès quatorze heures, sans faute, alors elle se dépêchait de finir son assiette. Il lui restait dix minutes, elle était à peu près dans les temps.

Son repas n'était pas fameux, mais ce café était le plus proche du magasin, et comme cette harpie de Madame Guipure ne tolérait aucun retard après sa pause de midi, elle avait pris l'habitude d'y venir. Elle s'était faite à leur laitue sans sauce et leur fromage sans goût. En fait, elle s'habituait à beaucoup de choses avec une facilité qui la déconcertait elle-même. Après la guerre, sa vie n'avait plus était la même. Ses parents étaient morts lors de la Bataille, et sa fortune avait été saisie. Apparemment, vouloir vendre le Survivant pour sauver sa peau, et l'énoncer à voix haute n'était pas très bien vu du côté des gagnants. Elle s'en voulait parfois, il ne lui avait rien fait Harry. Il était juste un peu trop Gryffondor, un peu trop célèbre, mais, pour autant, elle n'avait jamais voulu sa mort. Elle voulait juste éviter la sienne, et celles des autres. Parce que Pansy croyait encore, à ce moment-là, que la vie pouvait redevenir comme avant avec Voldemort au pouvoir. Mais les autres élèves l'avaient dévisagée comme si elle était folle. Elle avait lu dans leurs yeux la colère et l'indignation. Et puis elle était sortie au-dehors, elle avait combattu. Elle avait vu ses parents mourir, elle avait vu les sortilèges que ceux de son camp lançaient contre les élèves de Poudlard. Elle avait vu l'horreur. Et elle avait compris. Mais ça n'avait pas été suffisant lors des procès. Pansy avait évité Azkaban de peu, mais elle s'était retrouvée sans le sou, sans diplôme, à devoir se débrouiller dans un monde qui ne voulait pas d'elle.

Elle avait finalement trouvé une place comme assistante chez Madame Guipure, qui, malgré sa voix de crécelle et ses ordres cinglants avait été la seule à l'accepter, sans songer à son passé. Parfois, Pansy se disait que cette vieille couturière était un peu déconnectée de la réalité, qu'elle ne savait peut-être pas qui Pansy était, et que c'était pour ça qu'elle l'avait prise. Mais, en général, elle ne se posait pas tant de questions. La couture lui plaisait, et elle avait fini par trouver un certain charme au vieux magasin aux broderies vieillotes et à sa propriétaire haute en couleur, alors elle se disait, que, même si elle n'avait pas la fortune et la vie dont elle avait toujours rêvé, elle s'y était faite. Elle était heureuse. Aussi heureuse qu'elle pouvait l'être.

En dépit de la salade immangeable, et du mauvais temps, elle était heureuse. Elle loucha sur sa montre, quatorze heures moins cinq. Décidément, elle laissait ses pensées dériver bien trop souvent. Et bien trop longtemps.

Elle jeta quelques mornilles sur la table et se leva. Si elle marchait rapidement, elle pourrait y arriver. Etre à temps au magasin pour éviter les foudres de Guipure.

C'était sans compter l'intervention d'un Weasley, une pinte de Bièrraubeurre à la main qui s'étala sur elle de tout son long, renversant la boisson au passage.

« Bordel, Weasley, regarde ce que tu as fait ! Non, mais regarde l'état de cette robe, je peux la jeter. Tu vas me le payer, je te jure que... »

Mais le regard que lui jeta George en se relevant la figea sur place. Ses yeux n'avaient plus cet éclat de malice qui laissait supposer un mauvais tour et qui la faisait rager à Poudlard. Ils n'avaient plus rien de rieurs. Ils étaient... tristes. Voilà, les yeux du jumeau Weasley qui était en face d'elle -Fred ou George, elle n'avait jamais su les différencier - n'exprimaient plus que douleur et désespoir, et ça la glaça d'effroi. Elle n'aurait jamais cru voir le visage si avenant de George se fermer autant.

« Désolé, Parkinson » lâcha t-il, sans plus chercher d'embrouilles. Il n'y avait pas la moindre note d'humour dans sa voix. Rien. Il n'y avait rien. Et ça la prit de court.

Puis il haussa les épaules, continua son chemin et s'assit à une table plus loin. Elle ne bougea pas. Elle resta là, la bouche ouverte d'incompréhension. Ce n'était pas normal. Elle était dans une autre dimension. Elle jeta un regard désespéré à sa robe, puis un autre affolé vers sa montre, et s'éloigna du café de son pas le plus vif, ignorant les regards moqueurs des passants devant le spectacle imbibé de Bièrraubeurre qu'offrait sa robe pâle. Elle épousait ses courbes et Pansy pesta lorsqu'elle surprit les regards licencieux d'au moins trois hommes durant son trajet jusqu'à la boutique.

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25 octobre 2000

Le lendemain, lorsqu'elle pénétra dans l'Escargot Biscornu, elle lâcha un cri de surprise. Le Weasley responsable de l'horreur vestimentaire qu'était devenue sa robe était tranquillement assis à une table, une fourchette à la main et le regard vague et sombre.

Sans vraiment y réfléchir, elle s'avança vers lui.

« Eh ben ça alors, je ne t'ai jamais vu par ici, et voilà que je te croise deux jours de suite... Au fait, je voulais m'excuser. J'aurais pas dû te hurler dessus comme je l'ai fait, hier. Je suppose que t'as pas du le faire exprès. De me tomber dessus. » s'entendit-elle prononcer.

« Sans blague » répondit-il.

Il l'énervait, à se comportait ainsi. Si loin de celui qu'il avait été. Alors le défiant du regard de dire quelque chose, elle s'assit à sa table. George parut surpris mais il reprit vite son masque d'impassibilité. Le silence s'installa entre eux. Et il commençait vraiment à se demander ce qu'elle était venue faire à sa table. Quant à Pansy, elle se posait exactement la même question. Mais qu'est-ce qui lui avait pris ? Elle réfléchissait, avant d'agir, d'habitude. Alors pourquoi s'était-elle...

« Tu te décides à dire un truc ou je considère cette conversation comme la plus gênante de toute ma vie ? » prononça George, interrompant le fil de ses pensées.

Pansy releva la tête vers lui, et pendant une seconde, elle crut voir un éclair amusé briller dans les yeux de l'homme en face d'elle.

« T'es lequel ? » s'aventura t-elle alors.

Il saisirait.

« Tu me demandes si je suis Fred ou George ? »

Pansy hocha la tête.

« Je ne suis pas Fred. Il est mort. »

Et il n'était plus George non plus. George avait cessé d'exister dès l'instant où Fred s'était effondré. George ne se sentait plus entier depuis. Il lui manquait une part de lui. Il vivait par négation. Il n'était pas Fred, et il n'était plus George.

L'esprit de Pansy s'éclairait, les pièces du puzzle se mettaient en place. Voilà pourquoi il n'était plus le même, pourquoi il semblait si triste. Alors, bien qu'elle ne porte pas le Weasley dans son coeur, Pansy se surprit à ressentir une forme de compassion pour lui. Oui, elle était désolée pour lui. Car Pansy n'était la Serpentard insensible qu'il pouvait penser. Elle avait un coeur.

Elle se tut. Elle savait d'expérience que, dans ces moments-là, mieux valait ne rien dire. Elle baissa les yeux, parce que c'était tout ce qu'elle trouvait à faire. Elle n'osait pas relever la tête. Elle était sûre que ses yeux paraîtraient encore plus tristes que quelques minutes avant, et c'était sa faute. Elle avait toujours le don d'aborder les sujets qu'ils ne fallait pas.

« Qu'est-ce que je vous sers, Mademoiselle ? »

Pansy sursauta puis reporta son attention sur le serveur qui venait de la couper dans ses pensées. Elle ne comptait pas vraiment manger avec George, à vrai dire... Oh, et puis bon, tant pis ! Elle n'allait tout de même pas s'en aller pour s'asseoir deux mètres plus loin, c'était ridicule.

« Une salade verte avec fromage de chèvre, s'il vous plait. » répondit-elle alors, d'une voix connaisseuse.

George ne fit aucun commentaire. Mais lorsque le serveur fut parti, il se pencha vers Pansy.

« Je rêve ou Parkinson vient de prononcer les mots "s'il vous plait" ? » railla t-il.

Elle sourit gentimment. Elle n'aurait jamais cru être soulagée d'entendre George Weasley se moquer d'elle.

« A propos, je suis désolé pour ta robe. » lâcha t-il, même si cela lui coûtait visiblement beaucoup.

« Je me suis faite savamment enguirlandé par Guipure, mais j'en suis sortie vivante, alors mettons que c'est oublié. »

« Madame Guipure ? »

« Oui. Enfin... Madame, Madame, si tu veux mon avis, elle n'a jamais vraiment été mariée, faudra que je lui demande. Je suis sûre qu'elle s'est rajoutée elle-même "Madame". Elle était obligée, non ? Comment veux-tu qu'une vieille fille conseille des femmes de tout le monde sorcier sur les vêtements qu'il convient de porter pour plaire à un homme, si elle-même n'a jamais réussi à en épousé un ? T'es pas d'accord ? »

George la regardait avec des yeux ronds. Comment pouvait-on s'étendre à ce point sur une chose aussi insignifiante que l'état civil de Guipure ? Qu'est-ce qu'il s'en fichait, lui, de savoir si elle avait été mariée ou non !

« Non, je veux dire, pour quelle raison Guipure t'a enguirlandée ? » rectifia t-il, la coupant dans ses réflexions qu'il jugeait parfaitement inutiles.

« Ah. Parce que je travaille chez elle. »

George haussa un sourcil intrigué.

« Je ne pensais pas que, riche comme tu es, tu aurais à travailler un jour. »

« Dis plutôt riche comme j'étais. Et détrompe-toi. Les choses ont beaucoup changé depuis Poudlard. Mes parents sont morts, tous mes biens ont été saisi lors des procès, alors tu vois, je suis presque aussi pauvre que toi. »

C'était une affreuse tentative d'humour. Il lui jeta un regard noir, qui signifait clairement que sa plaisanterie était de mauvais goût.

« Je ne rebondirai pas là-dessus. Et je suis désolé pour tes parents »conclut-il.

Elle hocha la tête.

« C'est que tu as mûri depuis Poudlard, à ce que je vois » reprit-elle.

Cette fois-ci il la foudroya sur place.

« Oui, la Guerre est passée par là, au cas où tu l'aurais ratée. »

Elle se mordilla la lèvre, elle n'arrêtait pas de faire des gaffes. il fallait y aller avec des pincettes avec lui.

« Et toi, pourquoi ça fait deux fois que je te vois ici ? » tenta t-elle.

Il soupira.

« C'est mon frère, Ron. Il a repris notre boutique à Fred et moi. Je me sentais pas d'y travailler de nouveau, alors cela faisait un an qu'il gérait tout tout seul. Et moi je traînais au terrier. Je savais qu'ils auraient tous préféré que je sorte, que je m'investisse dans quelque chose, mais je croyais qu'ils avaient compris que c'était au-dessus de mes forces. Ils m'ont laissé tranquille pendant un an. Et puis, dimanche dernier, au repas en famille, ils ne m'ont pas laissé le choix. Ils m'ont dit que cela suffisait, que je ne pouvais pas passer ma vie ainsi. Que j'allais devoir reprendre mon poste à la boutique. Que Ron ne pouvait pas tout gérer tout seul, parce que cette année, il suivait aussi une formation d'auror. Alors pour toutes ces raisons, j'ai dit oui. J'ai repris depuis deux jours, mais c'est dur. Ca fait mal quand je pense à tous les souvenirs de Fred qui y sont rattachés. Quand Ron descend à l'entrepôt, une envie de pleurer me prend. C'est horrible. Ils ne se rendent pas compte. De tout ce qu'on a partagé, Fred et moi dans ce magasin. En ce moment même, Ron doit m'attendre, mais je ne sais pas comment trouver le courage d'y retourner, alors je traîne. Je laisse les minutes défiler, et j'attends qu'il y en ait une qui me rappelle de traverser les deux cent mètres qui me sépare de la boutique. Voilà pourquoi tu me vois à ce café depuis deux jours » termina t-il.

Pansy ne savait pas quoi répondre à ça. Elle ne s'y attendait pas, à ce qu'il s'épanche autant sur ses états d'âmes. Elle avait toujours été mal à l'aise avec la tristesse des autres.

« Je ne suis pas douée pour ce genre de choses, tu sais. Je ne te dirais pas que je suis désolée, ni que l'absence de Fred va s'estomper. Je te dirai juste que je pense qu'il aurait aimé que tu reprennes cette boutique, que tu retrouves le plaisir de faire sourire tous les petits sorciers avec ces farces que vous étiez les seuls à pouvoir inventer, que tu t'y mettes à fond, que tu sois heureux, que tu vives pour deux. Pas que tu te morfondes sans rien faire. »

Elle était dure, mais en même temps, ce qu'elle lui disait lui faisait plus de bien que tout ce qu'on avait déjà pu lui dire pour le réconforter. Elle avait tort quand elle disait qu'elle n'était pas douée.

Parce qu'il le sentait au fond de lui. Il respirait mieux. Il s'autorisait à respirer mieux. Et c'était grâce à elle.


Voilà, j'espère que ça vous a plu !

J'attends vos avis, et vous savez, j'adore les reviews, ça prend si peu de temps, et ça fait tellement plaisir ;)

Alors une review, et vous pourrez réconforter George. :)