Titre : À pas feutrés
Rating : K+
Personnages : Gilbert Beilschmidt (Prusse) - Elizabeta Héderváry (Hongrie) - Roderich Edelstein (Autriche)
Pairing : /
Disclamer : Les personnages sont la propriété de Hidekaz Himaruya.
Note : Voici le premier OS de ce recueil. Comme l'indique la description, il contiendra des textes variés, utilisant tous les personnages d'Hetalia, dans un contexte historique ou non. Celui-ci n'est pas très long j'aime le sentiment de nostalgie qui s'en dégage. J'espère qu'il vous plaira.
Il y aura un chapitre le 12 et le 27 de chaque mois et parfois un autre entre les deux, selon mon inspiration et mon temps libre. Si jamais vous avez des suggestions à me faire sur le thème ou les personnages que vous souhaiteriez voir apparaître dans les prochains textes, n'hésitez pas !
Merci à Tooran pour la bêta-lecture et ses conseils avisés.
Sur ce, je vous souhaite bonne lecture. ~
Discrètement, l'albinos ouvrit la porte de sa chambre, veillant à ne pas faire grincer les gonds de l'élément en bois massif, et de ce fait réveiller le propriétaire des lieux. La nation avait passé tellement de temps dans cette demeure qu'il s'y sentait presque comme chez lui. En effet, il avait sa propre chambre attitrée et connaissait les moindres recoins de cet immense manoir. Quand il n'était pas chez son frère, c'était ici qu'il vivait. Gilbert avait conscience qu'il agissait un peu comme un profiteur, mais il n'avait pas d'autre choix maintenant que l'Europe était en paix. Il n'avait plus de territoire où se réfugier, de logement lui appartenant. Il était un soldat sans patrie, qui cherchait inlassablement une raison de vivre ou de combattre. Dans ces périodes où il ne croyait plus à rien, l'ancien représentant de la Prusse aimait venir dans cette bibliothèque et fouiller dans les étagères remplies d'ouvrages provenant des quatre coins de le planète. Il se remémorait les siècles passés, les périodes fastes et celles un peu moins, les guerres qui l'avaient déchiré de l'intérieur mais aussi l'adrénaline qui le gagnait avant chaque bataille. Tous ses souvenirs passés en compagnie de ses amis étaient précieux car c'était ce qui le raccrochait encore au reste des nations. C'était ce lien indéfectible envers le passé et son histoire qui le maintenait vivant malgré les années qui s'étaient écoulées depuis la disparition de son état. Malgré sa dissolution, c'était sa fierté, son honneur d'avoir maintenu autant de temps son Empire au sommet de sa puissance.
Ouvrant un carnet de dessin usé par le temps, un sourire naquit sur ses lèvres. Qu'est-ce qu'il donnerait pour retourner à cette époque-là. Avant les grandes guerres qui avaient fait voler en éclat leur confiance mutuelle et qui bien des années après laissaient place à des non-dits et à une pointe de rancœur. Le mal avait été fait comme jamais auparavant. Et bien malgré lui, il avait été partisan de cette catastrophe. Il n'y avait pas d'autres mots, ces années-là avaient bien été un désastre sans nom à ses yeux. Et bien que pour les hommes cette période semblait révolue depuis longtemps, pour lui, c'était hier. Des semaines de souffrances et d'incompréhension, l'angoisse de ne jamais voir le lendemain. Une folie sanglante l'entourait et se faisait chaque jour un peu plus oppressante, la peur de voir le monde s'effondrer sur lui-même. Il s'était raccroché à des bribes de son passé; de son histoire, s'imaginant toujours une lueur d'espoir dans l'obscurité de la guerre. Tournant les pages remplies de dessins, il lui semblait que les coups de crayons rayonnaient de douceur et de joie. Il ne se souvenait plus de l'auteur de ces derniers mais il reconnaissait son talent pour croquer des moments de vies. Il retrouvait le regard volontaire et les fossettes amusées de ses amis d'enfances, les journées passées à jouer sans se préoccuper de la guerre qui sonnait à leur porte. Les soirées au coin du feu à se raconter des histoires, à refaire le monde sans avoir conscience du poids qui pesait sur leurs frêles épaules. Des années d'innocence qui s'étaient bien vite envolées mais qu'il ne pouvait pas renier. C'était une belle époque, songea-t-il avec nostalgie.
Son regard écarlate se posa sur l'horloge qui affichait deux heures. La nuit étaient tombée depuis longtemps et une fois encore il ne trouvait pas le sommeil. Gilbert avait volontairement attendu que le reste de la maison s'endorme pour vaquer à ses occupations nocturnes. Il ne voulait plus embêter personne avec ses états d'âmes puisque qu'aucun d'entre eux n'était en mesure de le comprendre. Ils avaient bien essayé, mais sans grand succès. Ils avaient tous leurs démons et c'était à lui de faire face aux siens, seul. Cherchant à la fois la compagnie et la solitude dans ce lieu coupé du temps. Rien n'avait changé ou presque ces derniers siècles. L'odeur des livres anciens, les rideaux carmins, la lueur tremblotante des bougies. C'était un peu son refuge et jamais l'un d'entre eux ne lui avait posé la moindre question sur sa présence en ses lieux, par politesse ou respect il l'ignorait. Mais l'albinos leur en était reconnaissant malgré tout, d'accepter de le supporter au quotidien. Il essayait de tromper son monde avec un entrain chaque jour renouvelé et un masque toujours plus difficile à porter. Il avait toujours été qualifié de joyeux luron, ou emmerdeur de première selon les personnes concernées par ses farces et autres facéties en tout genre et il faisait son possible pour maintenir cette image-là auprès de son entourage. Oh, le représentant de la Prusse ne se leurrait pas, il y arrivait de moins en moins bien et plus personne n'était dupe mais ce n'était pas ce qui l'empêchait de continuer encore et toujours. Peut-être qu'à force d'y croire, cela deviendrais réalité. Après tout, Gilbert avait lui aussi le droit d'avoir des rêves, aussi utopistes soient-ils.
Un bruit réveilla Elizabeta en sursaut. Un bruit sourd. Par instinct, elle se leva, attrapant l'arme qui ne la quittait jamais. Ils n'étaient pas à l'abri d'une attaque terroriste même s'il y avait peu de chance que ce soit le cas. Les anciennes habitudes étaient néanmoins tenaces et tous ses sens étaient en éveils. Pour eux, la guerre n'était pas si lointaine et leur instinct de survie dominait leurs actions. Le contact froid de l'arme la rassurait, et avec elle, elle se sentait apte à réagir en cas de soucis. Elle n'était pas paranoïaque, mais l'Histoire lui avait appris à se méfier même des gens que l'on considérait comme sa famille.
Au loin, elle vit une ombre et pointa son arme dans sa direction. La hongroise s'apprêtait à tirer lorsqu'elle reconnu Roderich qui déboucha d
« - C'est moi Eli. Baisse ton arme lui murmura le représentant de l'Autriche. Tu as toi aussi été réveillée par ce drôle de bruit ?
- Oui. Notre imagination ne nous a pas joué un tour. J'espère que n'est pas une mauvaise farce de Gilbert sinon il va m'entendre celui-là, râla-t-elle.
- Je ne pense pas, ou sinon il doit bien se moquer de nous actuellement. Tu as une idée d'où ça peut provenir ? Demande à voix basse l'autrichien.
- Je dirais de la bibliothèque, répondit Hongrie tout aussi bas après quelques instants de réflexion. Je n'en suis pas certaine, mais c'est ce qui me semble le plus logique. »
Après un dernier hochement de tête, les deux nations se dirigèrent vers cette pièce avec quelque peu d'inquiétude. Il n'y avait pas un bruit et ils n'entendaient rien d'anormal. Avec précaution, ils ouvrirent la porte. La scène devant laquelle ils se trouvaient les attendri. Voir le fier représentant de Prusse endormi sur une table, des livres un peu partout autour de lui avait quelque chose d'amusant. Ils en oublieraient presque la raison de leur présence ici. Ils se sentirent tous deux un peu idiots quand ils trouvèrent l'objet du délit. C'était un vieil ouvrage relié datant de 1870, le titre était passé mais on pouvait discerner en lettre dorées "La guerre de Sept ans". C'était l'une des guerres les plus importantes du XIXème siècle et l'un de leur désaccord le plus marquant. Comme quoi, l'Histoire, même passée, pouvait leur jouer des tours. Le rendu était plutôt amusant avec le recul, deux grandes nations effrayées par un simple livre qui était tombé de la table, sûrement à cause d'un mouvement de l'albinos dans son sommeil.
« - Tu crois que nous devrions le réveiller ? Lui demanda Roderich après avoir ramassé le livre et l'avoir posé en lieu sûr.
- Non, je ne pense pas. Laissons le dormir bien qu'il risque d'avoir mal au dos en se réveillant.
- Il ne serait pas gêné pour nous réveiller en temps normal, soupira l'autrichien à voix basse. Et il nous en voudrait de le voir dans une telle situation de faiblesse.
- Oui. Tu crois qu'il finira par aller mieux ? S'inquiéta cependant la jeune femme.
- Je l'ignore. De toute manière, tant qu'il ne fait pas le premier pas, nous ne pouvons pas le forcer. J'ai essayé une fois, et bien mal m'en a pris.
- Je me suis demandé si la troisième guerre était arrivée à notre porte à ce moment-là, rit doucement Elizabeta à ce souvenir. Et dire que j'ai dû l'assommer pour qu'il se calme, il est vraiment pas possible parfois. Pourtant, il sait qu'il peut compter sur nous. Sur nous tous. Nous n'avons pas besoin de lui dire. »
Lorsqu'il dormait, Gilbert ressemblait à l'enfant qu'ils avaient connu jadis. L'enfant dont le regard s'émerveillait à chaque découverte, l'enfant turbulent qui arrivait à obtenir n'importe quoi des adultes avec son sourire charmant. Combien de fois avaient-ils fait tourner en bourrique leurs régents ou étaient-ils partis en forêt sans personne pour les surveiller ? Ils avaient tous trois passé des journées entières ensemble à s'amuser en toute innocence, parfois à se battre, d'autre fois plus sagement devant un conte. Endormis, ce n'était plus l'homme au regard empreint de nostalgie, souvent perdu dans un monde qui leur était inaccessible. Il semblait retrouver une part de son innocence et de sa joie de vivre. Cette vision leur réchauffait le cœur et malgré ses tourments, il semblerait que l'albinos n'avait pas décidé de se laisser abattre, qu'il allait continuer à lutter et à rester en vie malgré sa dissolution. Tous deux ignoraient à quoi pouvait rêver la nation, mais au vu du sourire qui se dessinait sur son visage, il devait s'agir d'un rêve heureux. Sans un bruit, pour ne pas l'éveiller, les deux nations quittèrent la pièce à pas feutrés...
Note : Prochain chapitre le 12 octobre : Réunion de famille
