Auteur
: Sydney
Titre
: Play back.
Disclaimer
: Ils ne sont pas à moi.
Genre
: Meredith POV.
Spoilers
: 1,90 Who's Zoomlin' Who ?
Rating
: K
Résumé
: Une histoire de film, de pomme, et un disque rayé...
Date
: 11 Mars 2007
Play Back.
Tout au long de votre vie, on vous sert à excès toute une série de conseils soit disant avisés. Cela commence tout petit, et puis vous grandissez, et c'est toujours la même chose. L'un d'entre eux est très certainement « vis l'instant présent. » Tous ici nous avons déjà entendu cette petite phrase, de très voire trop nombreuses fois. Il existe bien sûr quelques variantes, entre le « ne te pose pas de question et fonce ! » de votre meilleure amie quand le capitaine de l'équipe de football vous invite au bal de promo, et le « quand j'avais ton âge... » ressassé par tous les vieux adultes qui s'imposent à nous tout au long de notre vie. Le fait est que c'est un bon conseil. Un véritable conseil, un conseil comme on les déteste, puisque oui, c'est véridique : il faut profiter de l'instant présent. Et c'est très certainement pour ça que personne ne le fait.
On a beau nous le répéter des dizaines et des dizaines de fois dans une vie, on n'y parvient jamais. Ou plutôt, on se met à y croire quand justement on se rend compte qu'on est passé à côté de quelque chose. Quand en une seconde, tout s'effondre autour de nous, et qu'on regrette bien vite ce qu'on osait appeler monotonie dans le passé. Quand le monde se met soudain en pause pour qu'on ait bien le temps de sentir notre coeur se briser, et que tout ce qu'on veut vraiment c'est rembobiner à zéro, et oublier.
En règle générale, vivre l'instant présent, on ne voit pas vraiment l'intérêt. On s'obstine tous à penser à l'avenir, penser à ce qu'on fera demain, le mois prochain ou dans un an. Et au final, à toujours vouloir accélérer, on oublie que pour y arriver il faudra passer par aujourd'hui. Parce qu'aujourd'hui, en une seconde, tous nos petits plans tirés sur la comète peuvent s'effondrer. Et lorsqu'on s'en rend compte, il est trop tard.
Mais croyez-moi. Quand vous ne pourrez plus regarder une bouteille de tequila en face parce que ça vous rappellera votre premier soir, ou que vous ne pourrez plus refaire l'ourlet de votre pantalon en point de suture minutieux, et qu'un gant chirurgical vous rappellera ses mains courant sur votre corps, alors vous saurez que l'adage disait vrai. Vous saurez qu'à l'époque, vous auriez du vivre l'instant présent, parce qu'en une seule fraction de seconde, tout votre passé a été foutu en l'air, par un accident de la route ou par une rousse aux airs d'Isabella Rosselini, et que maintenant plus un seul de vos moindre mouvements et plus un seul détail de vos journées ne vous rappellent ce bonheur éphémère.
Mon voisin, Mr Russel, disait toujours que le bonheur était comme une pomme. Une très belle pomme rouge : du genre que la plupart des gens désirent sans pour autant pouvoir l'approcher. Du genre qu'on voit de très loin, et qui nous donne envie. Du genre qu'il faut croquer à pleines dents avant de se rendre compte au final, qu'il y a toujours un ver qui se cache à l'intérieur.
Certes, il avait une idée de la fatalité qui coupait l'appétit, mais au moins, même si parfois la pomme avait un arrière-goût qui prévenait du danger, il savourait chaque morceau comme si c'était le dernier.
Vivre l'instant présent. C'est ce qu'on devrait tous faire, et qu'on ne fait jamais. C'est ce qu'on dit toujours aux autres sans pourtant l'appliquer nous même. Parce qu'on vit nos vies en pensant à la réplique suivante et que celle que l'on prononce n'existe que par un fade mouvement de lèvres. Pourtant, au moment où on se rend compte que la pomme est pourrie, on se mord les doigts d'avoir pu penser à prochaine bouchée en ayant oublié la présente.
Parce qu'en une seconde, tout peut basculer.
Meredith, je suis tellement désolé.
