Maddie
Sara : Michael !!
Michael entendit la douce voix de Sara qu'il sentit légèrement teintée d'exaspération. Il savait que malgré toute la volonté qu'elle mettait pour être patiente avec lui, la jeune femme détestait être en retard. Il entendit des pas dans l'escalier mais garda malgré tout son regard fixé sur le paysage qu'il voyait de la fenêtre. Il perçut sa présence et son regard doux sur lui. Sara savait à quel point l'après Fox River était dur pour Michael. Elle savait aussi que l'homme qu'elle aimait portait en lui un poids qu'il n'aurait pas dû. Elle vint s'asseoir lentement à côté de lui et lui prit la main.
Sara : Michael… Arrête de te torturer.
Il ferma les yeux.
Michael : Il faut vraiment qu'on fête ça ?
Sara retira sa main.
Sara : Je croyais que tu étais heureux de ta liberté et de celle de ton frère ?
Il se leva.
Michael : Je devrais être heureux que notre liberté à tous les deux ait condamné tous ces innocents ? Et Sucre tu crois qu'il devrait être heureux d'avoir été sacrifié pour mon frère et moi ?
Elle ferma les yeux, lasse d'entendre cet éternel refrain.
Sara : Sucre connaissait tous ces risques… je suis navrée pour lui, sincèrement, mais ça n'était pas ta faute.
Michael : Explique ça à Maricruz… et à leur enfant.
Sara : Maricruz l'a bien compris… c'est aussi pour Fernando qu'elle fait tout ça… ça fait un an Michael, un an que vous vous êtes évadés, et je suis sûre qu'à cette époque personne ne pouvait imaginer que vous seriez tous réhabilités y compris Sucre…
Michael : Ca lui fait une belle jambe là où il est.
Sara poussa un soupir de désapprobation en entendant ça.
Sara : Mais c'est important pour Maricruz et son fils de le savoir innocent. Et c'est important pour tout le monde que tu sois là.
Pour la première fois depuis le début de leur conversation, son regard s'accrocha à celui de sa douce.
Michael : Je n'en ai pas la force.
Elle se leva.
Sara : Donc tu ne viens pas ?
Il hocha la tête pour dire que non. Sara resta un instant à le regarder puis tourna les talons, visiblement résignée. Il sentit un pincement en voyant le regard déçu de celle qu'il aimait.
Michael : Ne m'en veux pas s'il te plait…
Elle s'arrêta sur le pas de la porte, dos à lui.
Sara : Je ne t'en veux pas.
Elle se tourna et le regarda droit dans les yeux.
Sara : Je suis juste un peu déçue. Je ne te croyais pas du genre à tourner le dos au fils de celui que tu considérais comme ton meilleur ami.
Michael : Comment veux-tu que j'affronte le regard de cet enfant en sachant que c'est à cause de moi qu'il ne connaîtra pas son père ?
Sara : De la même façon qu'il me faudra affronter le regard de Maricruz quand je lui dirais que tu n'as pas eu le courage de venir voir ce petit être.
Elle le fixa un instant et sortit. Michael se sentit très mal. Oui Sara tentait d'être patiente chaque jour depuis qu'ils étaient officiellement en couple, mais visiblement elle avait de plus en plus de mal à cacher toutes les déceptions que le comportement de Michael lui infligeait. Seulement comment pouvait-il retrouver le sourire alors que son ami Sucre n'était mort que depuis quelques mois. Michael avait demandé à son ancien compagnon de cellule de l'aider à remettre cette ordure de T-bag en prison et ça lui avait coûté la vie. Un tournevis enfoncé juste quelques centimètres au-dessus de son cœur avait suffit à provoquer une hémorragie et à faire que l'enfant de Sucre était aujourd'hui orphelin de son père. Tout ça pour la vie de Lincoln, pour l'entêtement de Michael à vouloir tout contrôler, et pour sa conscience. Sa conscience qui était rongée par la culpabilité aujourd'hui. Malgré l'envie de Michael de cesser de faire souffrir les autres par son comportement, il savait que son entourage en pâtissait quand même. Sara surtout. Il se demandait pourquoi, après huit mois passés auprès de lui, elle n'était pas encore partie. Il lui faisait vivre un calvaire : Pas de tendresse, pas d'attention. Il était incapable de lui donné quoi que se soit de tout ça, malgré ce besoin de l'avoir auprès de lui.
Sara grimpa silencieusement dans la voiture de Lincoln. Celui-ci regarda le visage de la jeune femme.
Lincoln : Il ne viendra pas ?
Sara : Non.
Il détacha sa ceinture.
Lincoln : Je vais aller lui parler…
Elle l'attrapa par le bras.
Sara : Non. Il a besoin de solitude.
Lincoln : Et nos besoins à nous il y pense ?
Elle lâcha le bras de celui qu'elle pouvait considérer aujourd'hui comme son beau-frère et baissa les yeux.
Lincoln : Tu lui as dit Sara ?
Elle le regarda avec un regard qui exprimait à la fois la culpabilité et la tristesse.
Sara : Je ne me vois pas le lui dire alors que même la naissance de l'enfant de son meilleur ami ne lui redonne pas le sourire.
Lincoln : Oui mais là c'est différent.
Sara baissa la tête.
Lincoln : Il faudra bien que tu lui dises Sara, et il faudra bien qu'il réagisse, sinon c'est moi qui vais le secouer.
Sara sourit.
Sara : Merci d'être là Linc…
Il parut surpris d'entendre ça de la bouche de Sara. Elle et lui avaient, certes, développés un lien amical, depuis qu'elle les avait rejoint au Panama, et surtout depuis que Michael avait cessé de lui donner de l'affection, mais jamais il n'avait pensé que sa présence réconfortait la jeune femme. Lincoln avait toujours crû être moins doué que son frère en matière de relations avec les autres, mais apparemment, depuis un an, c'était plutôt l'inverse. Il démarra et ils rejoignirent la maison de Maricruz où ils étaient invités à dîner. La jeune femme déjà très chagrinée par la perte de l'homme qu'elle aimait le fut encore un peu plus par l'absence de celui que Sucre considérait comme son frère depuis leur cohabitation à Fox River. Jamais Maricruz n'avait tenu Michael pour responsable, et pourtant ça aurait été la chose la plus facile à faire pour elle. Mais elle savait trop à quel point la douleur de perdre quelqu'un était déjà difficilement supportable. Qui plus est, elle ne pouvait pas accuser Michael du geste de T-Bag, ni même lui reprocher de ne pas avoir reçu ce tournevis à la place de l'homme qu'elle aimait. Sara s'extasia longuement devant le bébé à la peau bronzée de Maricruz, sous l'œil amusé de Lincoln qui se disait qu'elle avait vraiment la fibre maternelle en elle. Il ramena la jeune femme chez elle dans la soirée. Sara remarqua immédiatement que toutes les lumières étaient éteintes, et ce fut avec une boule au ventre qu'elle monta dans leur appartement. Elle se déshabilla silencieusement et rejoignit le lit dans lequel Michael était déjà couché. Il dormait. Du moins, il faisait semblant, elle n'était pas dupe. Depuis huit mois qu'elle passait toutes ses nuits avec lui, elle avait appris à reconnaître les phases du sommeil de Michael à sa respiration. Mais elle préférait lui faire croire qu'elle ignorait qu'il faisait semblant. Elle ne savait pas combien de temps elle arriverait à tenir au rythme des autos flagellations de Michael, des rares nuits d'amour qu'il lui accordait et de son ignorance, qu'elle savait involontaire, mais qui la torturait. Et puis, elle pensait à l'avenir et se disait, qu'un tas de choses allaient changés et qu'elle ne se voyait pas affronter ça seule. Pourtant, malgré tout l'amour qu'elle portait à Michael, elle savait que s'il la forçait à choisir, il ne l'emporterait pas. Bien que toutes ses pensées se bousculaient dans sa tête, le sommeil vint s'emparer de Sara. A son réveil, Michael n'était plus là, comme d'habitude. La seule chose qu'il ne rejetait pas, c'était sa carrière. Il avait retrouvé un boulot d'architecte dans un petit cabinet et y consacrait tout son temps, ce qui lui permettait d'oublier toutes ses fautes. Il savait que ni Linc ni Sara n'étaient responsables de la mort de Sucre et des autres, mais quand il les voyait, il ne pouvait s'empêcher d'y penser.
