J'écris pas souvent des histoires aussi déprimantes mais l'inspiration m'est venue en pleine nuit et j'étais pas au top de ma forme. En tout cas, j'espère avoir respecté la personnalité de notre phénoménale Dr. Mallard.
Il y a certains jours où parler aux morts n'aidait pas à cacher la tristesse de sa profession. Au cours de sa longue carrière, le docteur Donald Mallard avait connu nombres de situations plus déchirantes les unes que les autres. Il avait vu tellement de deuil, tellement de vies lui délivrer leur dernier secret entre ses mains.
Comme soldat. Il avait connu de jeunes gens qui le matin souriaient et riaient aux éclats et dont, une fois la nuit tombée, le sang suintait entre ses doigts alors qu'il tentait de les sauver. Il avait connu des jeunes hommes qui désiraient croquer la vie à pleines dents et qui se trouvaient arrachés bien trop tôt à leur famille.
Il avait vu tellement d'âmes pleurer sur le corps de leur amant, refusant de le laisser partir, chercher encore quelques instants privilégiés avec lui et savoir désespérément que demain, elles se réveilleraient seules et devraient apprendre à vivre avec un trou béant au milieu de la poitrine.
Il avait vu des mères pleurer leur enfant, le fruit de leurs entrailles, exposé devant eux aussi nu que l'inoubliable jour où elles l'avaient tenu pour la première fois contre leur corps à écouter avec émerveillement les petits battements réguliers de son coeur.
Il avait vu des soeurs, des frères faire face à la perte de leur aîné ou de leur cadet, voir s'anéantir les fous rires et étreintes complices de l'avenir sous la lueur blanchâtre des néons de sa morgue.
Il avait vu des amis prendre conscience qu'ils venaient de signer la fin de leur enfance en faisant leurs adieux à leur éternel camarade de bêtise. Fini les discussions passionantes, les sorties au cinéma. Fini les conversations au téléphone, les anniversaires joyeux, les éclats de rire à en pleurer.
Il avait vu des collègues sur sa table. Certains plus importants que d'autres. Caitlin pour ne citer qu'elle. Il avait offert un dernier dialogue à ces gens qu'il saluait il y a encore quelques jours ou quelques heures.
Il avait vu des pères tenter de retenir leurs larmes devant le corps inerte de leur fils. Puis s'effondrer. Parce que même l'homme le plus froid du monde ne pouvait pas ne pas pleurer en voyant s'éteindre sa propre chair, son propre sang. L'ultime épreuve des adieux à l'homme qu'ils avaient élévé et aimé sans modération, passionément et totalement.
Ducky avait vu plus d'une famille se briser, plus d'un sourire se fâner, plus d'un regard s'assombrir devant lui. Il avait entendu tellement de sanglots, tellement de cris. Vu tellement de souffrance et de larmes.
Oui! Il y avait certains jours où Ducky aurait aimé faire autre chose de sa vie. Parce que voir Jethro se briser à tout jamais devant le corps du jeune Anthony lui déchirait le coeur.
