Prologue : Bruyère
Konoha-Gakkou(1) se trouvait au beau milieu du centre-ville d'Hishuu(2) . C'était une prestigieuse école (comprenant un collège et un lycée) qui abritait depuis de longues années les jeunes célébrités de tout le pays. Ces adolescents pouvaient, par ce biais, suivre une scolarité normale sans avoir à endurer le poids des paparazzis (de nombreux gardes et des dizaines de caméras veillaient au grain), des fans hystériques (violemment repoussés), et des incompatibilités entre leur carrière et leur emplois du temps.
Sasuke Uchiha, splendide mannequin et riche héritier, avait été inscrit lors de son entrée en quatrième. Pour lui, c'était plus les fans que les paparazzis ou le timing qui l'avait obligé à faire ses études là. En effet, avec ses traits fins, ses longs cils courbés, ses cheveux de jais et son regard envoûtant, il avait été remarqué bien avant qu'il ne soit célèbre. Mais lorsqu'il commença à poser pour les plus grands magazines de mode, son succès pour les filles –et même certains garçons- n'avait plus connu de limites. Il ne pouvait plus mettre un pied hors de chez lui sans qu'un membre de son « fan-club » ne l'assaille à coup de câlins, de cris aigus ou de déclaration d'amour enflammée. C'était très vite devenu insupportable pour le jeune taciturne qu'il était.
Car contrairement à la majorité des adolescents de son âge, Sasuke n'avait aucune envie de plaire aux filles. De plaire à qui que ce soit, à vrai dire. C'était son oncle et tuteur Obito qui l'avait d'ailleurs obligé à servir de modèle pour sa femme, Lin, styliste de renom, ce qui avait enclenché cette carrière collante dont il n'avait jamais voulu.
Mais il s'en accommodait. Il considérait cela comme sa dette envers son oncle pour s'être occupé de lui pendant dix ans. Mais dès lors qu'il serait indépendant, il laisserait tomber le mannequina pour reprendre l'entreprise de son père – actuellement dirigée par Obito en attendant la majorité de Sasuke.
Si l'on devait décrire Sasuke en quelques mots, les adjectifs « connard », « asocial » et « prétentieux » viendrait à l'esprit de la plupart des gens. Mais une jeune chanteuse aux cheveux roses ajouterait sans doute « gentil », ou du moins « gentil quand ça l'arrange et surtout sans jamais le faire savoir ». Cette adolescente à la teinture peu commune avait pour nom Sakura Haruno. C'était une star de la J-pop, et pouvait prétendre au titre de meilleure amie du mannequin. Enfin, à vrai dire, c'était aussi la seule… Le brun ne restant avec la bande de la jeune fille que pour faire plaisir à cette dernière.
Si Sakura ne se privait pas de se moquer de toutes les admiratrices de Sasuke, elle avait pourtant était l'une d'elles auparavant. Mais ce passé peu glorieux avait été complètement effacé des mémoires, de même que les sentiments de Sakura pour son ami. Aujourd'hui, même si elle le trouvait toujours plus beau, elle ne pouvait tout simplement pas s'imaginer en couple avec lui. Rien qu'à la pensée d'un baiser, elle frissonnait de mal-être sinon de dégoût.
Aussi improbable que leur duo pouvait paraître, et malgré le nombre incalculable de fois ou Sasuke avait dit « T'es lourde, Sakura » ils était tout de même très souvent ensembles et eux-mêmes ne s'imaginait pas l'un sans l'autre.
Mais il y avait quand même des moments où Sasuke se retrouvait seul. Il avait beau préférer de loin cette solitude à la compagnie de ses fans, il sentait toujours comme un grand vide en lui dans ces moments-là. Car c'était lorsqu'il était isolé que Sasuke se remémorait le passé, ses moments heureux avec ses parents… Jusqu'à ce que le souvenir atroce de cette nuit-là, la peur que son frère ne soit relâché un jour, la rage qu'il éprouvait à l'égard de celui-ci, et toutes ces pensées morbides s'emparent de lui, le laissant faible, fébrile, au bord des larmes, et seul. Terriblement seul.
Sa vie avait connu un léger changement le jour où la principale, l'imposante Tsunade Senju, avait annoncé l'arrivée d'un nouveau. Pendant les trois jours suivant, toute la classe n'avait fait que se demander qui cela pouvait bien être. Lorsque le jour J arriva, le suspens faisait battre le cœur des élèves, sauf notre asocial adoré qui, pour changer, n'en avait pas grand chose à faire. Les garçons étaient soucieux de gagner leurs paris sur l'identité du nouveau, et les filles espéraient qu'il soit beau, l'idole de la classe étant tristement désintéressée. La leçon avait commencé depuis dix minutes lorsque la CPE, Shizune, entra dans la salle et présenta le garçon tant attendu.
« Voici Naruto Uzumaki. »
Les réactions qui suivirent cette déclaration furent mitigées. Les filles, à l'exception des plus timide, se laissèrent aller dans un cri suraigu bien connu :
« KYAAAAAAAAAAAH ! »
Les garçons ayant vu juste crièrent « Yes ! » ou remercièrent Dieu, les autres faisaient des mines dépitées en maugréant. Devant de telle réaction, le garçon rigola en se grattant le cou, content de susciter tant d'attention.
Naruto Uzumaki était un chanteur compositeur en plein boom de popularité. Il avait raflé tous les prix musicaux de l'année et vendait ses CD à des millions d'exemplaires. Sasuke, surpris par le cri strident de Sakura à côté de lui, avait cessé de regarder la fenêtre pour observer le nouveau venu. Il fut surpris de le trouver si beau. Sa peau tannée faisait ressortir ses cheveux blonds et lui donnait un look de surfer, ses muscles finement dessiné donnait envie d'arracher son tee-shirt ample. Mais c'était son visage qui le rendait si séduisant : Un sourire éclatant, presque éblouissant, et des yeux… Tout simplement splendides. Lorsque les pupilles sombres de Sasuke croisèrent ces iris d'un millier de bleus différent, ce fut comme si le temps s'arrêtait. La fascination se lisait tant dans le regard bleuté de l'un que dans le noir d'encre de l'autre. Cependant, le blond tourna la tête vers le professeur qui lui indiquait sa place. Il s'y dirigea d'un pas rapide et s'assit, ne remarquant pas Sasuke qui l'observait encore. Sakura chuchota avec excitation à son ami :
« Mon dieu ! Il est encore plus canon en vrai ! »
Le visage de Sasuke se colora de rouge alors qu'il réalisai qu'il n'avait cessé de fixer le blond, le bouche entrouverte. Pour ne pas perdre la place, il lâcha simplement d'un ton qui se voulait neutre :
« Hn. »
(1) : Gakkou veut dire école en japonais
(2) : Littéralement Feu Pays, cette ville représente donc le pays du feu ^^
