The marauders band
Chapitre 1 :
(Été 1969)
La lune pleine, ronde, belle, surplombait fièrement la myriade d'étoiles dans le ciel sombre. Les yeux jaunes de l'animal fixaient avec appétit l'enfant que l'on voyait enfiler un manteau à travers la fenêtre éclairée du salon, ses parents riant de ses pitreries.
La porte s'ouvrit, le loup grogna, réfrénant ses envies. Pas encore, pas tout de suite, il devait être sûre de son coup. L'animal en lui suppliait pourtant d'attaquer, mais ses sens vaguement humains savaient qu'il devait encore attendre, un tout petit peu…
« Regardes Remus, là, c'est la grande ourse. Tu vois, comme ses trois étoiles sont alignées, avant de créer un losange ? » Demanda la femme. Elle attendit que son fils acquiesce, avant de poursuivre son cours d'astronomie. « Ce sont Megrez, Alioth et Mizar. » Enonça-t-elle en suivant les trois étoiles, de la base à l'extrémité. « Et là, la toute dernière, celle qui marque un tournant, c'est… »
Eva Lupin n'eût jamais le temps d'apprendre à son fils que l'autre étoile s'appelait Alkaïd. Un loup-garou surgit devant elle, frappa de plein fouet Remus qui tomba à terre, alors que la mère hurlait comme si c'était elle qu'on avait mordu. Le père sortit à son tour, baguette en main, envoyant divers sortilèges pour faire fuir l'animal, qui ne demanda pas son reste. Il avait fait son travail : l'enfant était désormais un lycanthrope.
(1er juillet 1971)
Remus s'accroupit dans les hautes herbes, essayant de rester discret alors que devant lui, Mathilde rampait carrément à la manière d'un serpent pour avancer.
« Je le vois. » Lui souffla-t-elle. « Il est juste devant, à quelques mètres. »
Remus acquiesça, alors qu'ils continuaient d'avancer aussi discrètement que possible. Et puis tout à coup, les deux enfants se relevèrent et s'élancèrent en courant, quand un cri les interrompit.
« Mathilde ! » Hurla Mrs Owen. Du coin de l'œil, Remus vit le renard s'enfuir à toute vitesse dans les bosquets, tandis que la mère de son amie avançait à grand pas, l'air aussi furieuse que désespérée. « Non mais regardes-moi ta tenue ! » Les deux enfants baissèrent les yeux sur la robe de Mathilde, qui était désormais recouverte de tâches d'herbes et de boue. « Combien de fois t'ai-je dis de ne pas mettre de jolies robes pour te traîner dans les étangs ? Tu vas rentrer à la maison tout de suite et prendre un bain ! »
Mathilde baissa la tête, en apparence honteuse, mais dès que sa mère lui tourna le dos, l'enfant lui tira la langue, avant d'adresser un signe de la main jovial à son ami. « On se revoit après. » Souffla-t-elle du bout de ses lèvres.
Remus eût un sourire, avant de lui faire signe que oui. Il regarda encore quelques instants sa meilleure amie se faire sermonner par sa mère, avant de filer en direction de la chaumière où il vivait.
Il apparut dans la cuisine où ses parents semblaient se disputer à voix basse – exploit que seul Mr et Mrs Lupin semblaient en mesure d'accomplir – une lettre dans les mains d'Eva. Les deux adultes se tournèrent vers lui, partagés entre le malaise que leur fils les voient se disputer et la colère qui subsistait encore entre eux deux.
« Remus ! » S'exclama Eva, comme si elle était surprise de retrouver son fils dans sa propre maison. Puis se reprenant, elle poursuivit : « Tu n'étais pas censé jouer dehors avec Mathilde ? »
« Elle a dû rentrer. » Répondit l'enfant, conscient qu'il se tramait quelque chose, mais ne parvenant pas à dire quoi. « Je pourrais aller la rejoindre ce soir ? »
« Tu sais bien que tu n'as pas le droit de sortir le soir. » Répondit Christian Lupin avec un sourire désolé. « Mais tu pourras lui dire de passer à la maison demain matin, comme ça vous vous verrez toute la journée. »
Remus acquiesça, n'écoutant que d'une oreille discrète ce que lui disait son père, alors que ses yeux inquisiteurs cherchaient à comprendre la raison de leur dispute. Son regard se stoppa sur la lettre, comme une évidence, et il plissa des yeux pour distinguer le seau de Poudlard, juste avant que sa mère – à qui son petit manège n'avait pas échappé – ne la cache derrière son dos.
« Ils savent que je suis un loup-garou ? » Demanda-t-il.
Sa mère haussa des épaules, ne cherchant pas à lui demander de quoi il parlait. « Je ne crois pas. Mais tu ne pourras jamais aller là-bas, tu le sais bien… » Sa voix se brisa, alors qu'elle retenait une vague de sanglot.
« Non, bien sûre. » Répondit Remus. « C'était juste pour comprendre pourquoi ils ont écrits. »
« On va envoyer une lettre au professeur Dumbledore pour lui expliquer la situation. »Reprit Eva.
« Pourquoi on lui devrait des explications ? Un refus ce serait bien plus simple ! » Répliqua Christian. « Tu sais ce qu'il va se passer si le ministère apprend qu'on ne l'a pas enregistré ? On va aller à Azkaban ! »
Eva sursauta, alors que Remus se tortillait, mal à l'aise. Il savait que ses parents avaient refusés de l'enregistrer au ministère pour éviter qu'il n'ait des ennuis plus tard. Les gens n'aimaient pas beaucoup les lycanthropes et Remus savait que sa souffrance n'était que l'une des nombreuses tares d'un loup-garou. Vivre reclus et comme un marginal en était une autre, puisque personne ne semblait pouvoir accepter cette condition dont il n'était pourtant pas responsable, comme le lui avait fréquemment répété sa mère.
« Je connais bien le professeur Dumbledore. Il ne nous trahira pas. » Reprit tout de même Eva. « Il n'est pas comme ça. »
« Mais qu'est-ce que tu as, à autant tenir à ce qu'il soit au courant ? Eva ! Dumbledore est peut-être quelqu'un de bien, mais on ne peut pas prendre ce risque ! Penses à ton fils !»
Remus jugea préférable de se retirer en catimini dans sa chambre, montant le volume d'un 33 tours au maximum, pour ne pas entendre les cris qui continuaient de monter dans la cuisine.
Le repas du midi, le lendemain, se passa dans le silence le plus total. Remus avait oublié de prévenir Mathilde qu'il ne pourrait pas venir la veille et celle-ci boudait, refusant même de se rendre chez son ami, arguant qu'elle avait mieux à faire. Cela avait eût pour conséquence de déprimer l'enfant qui mangeait dans un silence des plus total, sans que cela n'inquiète les adultes qui étaient, pour leur part, encore fâchés.
« Dumbledore va venir cette après-midi. Il veut te parler. » Lâcha finalement Eva, ignorant le regard furieux de son mari.
Remus acquiesça, se fichant pas mal du directeur de Poudlard que l'on disait légèrement fou.
« Il va falloir que tu lui dises dans quelles circonstances tu as été mordu. Il n'est pas là pour te juger, d'accord ? Mais il prétend avoir peut-être une solution pour toi. »
La chaise de Christian racla bruyamment le sol, l'homme se leva, quittant d'un pas furibond la cuisine. Eva fit mine de ne pas l'avoir remarqué, continuant ses instructions :
« Tu dois lui dire la vérité quand il te pose des questions, je serais avec toi. Je ne sais pas ce qu'il peut faire, mais tu sais que tout est bon à prendre, n'est-ce pas ? »
Remus acquiesça.
« Il va arriver d'une minute à l'autre. En attendant, vas te rendre présentable. »
Eva regarda son fils disparaître, alors que son visage exprimait une profonde lassitude. Ça ne faisait même pas deux ans qu'il s'était fait mordre par Fenrir Greyback et elle avait déjà le sentiment d'avoir vécu toute une vie ainsi. Reclus de la société, à se cacher, à craindre chaque jour qu'on découvre la condition de son fils, à craindre chaque nuit de pleine lune que Remus ne s'échappe et blesse quelqu'un.
D'un geste distrait, elle fit disparaître la vaisselle sale, avant de se diriger dans le salon, là où son mari essayait de se calmer en faisant les cent pas, sans grand succès. Elle se colla contre son dos, fermant les yeux quelques secondes pour apprécier le contact qui la rendait plus forte.
« Personne n'a dit que c'était de ta faute, ok ? » Murmura-t-elle à son oreille.
Il soupira, mais il fallut attendre encore quelques instants avant qu'il ne réponde.
« Non, mais si je ne l'avais pas offensé… »
« Et quoi ? Tu aurais voulut le servir ? » Christian pivota pour faire face à ses femme, dont les yeux brillaient de colère. « Est-ce que tu aurais encore pût te regarder dans une glace après ça ? Alors que tu savais ce que cela aurait impliqué ? »
« Au moins, mon fils aurait pu aller à Poudlard ! Il n'aurait pas eût à souffrir chaque nuit de pleine lune ! »
« Mais du regard des autres, si ! Tu as fait le bon choix et tu le sais… ça n'est pas de ta faute si les conséquences se sont répercutées sur ton fils. Et Remus vivra infiniment mieux le fait d'être un loup-garou, que d'avoir un père Chevalier de Walpurgis ! Au moins, il peut être fier de toi. »
Christian laissa échapper un rire sans joie. « Vraiment ? C'est sûr que tant qu'il ignore que tout ce qui lui est arrivé est de ma faute, il n'a aucune raison de me haïr. Non mais écoute-le quand il parle de Greyback ! Il ne pouvait pas se contrôler, le pauvre ! Il n'y peut rien… Il doit sûrement s'en vouloir maintenant. Ah ! Ça c'est sûre qu'il doit s'en vouloir de ne pas avoir réussit à l'emmener avec lui pour en faire un de ses loups de meutes ! »
« Je suis sincèrement désolé que tu t'en veuilles à ce point, Christian. Mais tu connais Remus : incapable d'en vouloir à qui que ce soit pour quoi que ce soit. Et puis, maintenant il est trop tard pour regretter, refaire le monde avec des Si… ne nous permettra pas d'avancer, il va falloir qu'on se batte pour lui offrir le meilleur, et si cela signifie écraser notre fierté et demander de l'aide, alors je ne vois pas où est le problème. »
Christian hocha la tête de haut en bas, signe qu'il comprenait à défaut de totalement approuver. Le carillon de l'entrée sonna, faisait Eva s'y précipiter, tout en appelant son fils.
« Professeur Dumbledore ! » S'exclama-t-elle en lui ouvrant la porte. « C'est très gentil de votre part de vous être déplacé jusqu'ici. »
« Vous savez qu'il n'y a aucun problème Eva. » Répondit le célèbre directeur de Poudlard. « C'est toujours un plaisir pour moi de revoir mes anciens élèves. Christian. »
Mr Lupin le salua d'un signe de tête, avant de proposer d'aller dans le salon.
« Une tasse de thé, Mr le directeur ? » Proposa aimablement Eva.
« Volontiers. » Répondit celui-ci, alors qu'il suivait l'homme dans le salon des Lupin, où Remus déboula légèrement essoufflé. « Bonjour. Tu dois être Remus ? »
Légèrement intimidé, l'enfant fit signe que oui, sous le regard amusé du vieil homme.
« Je suis le professeur Dumbledore, le directeur de Poudlard. » Poursuivit le vieux mage. « Tu sais pourquoi je suis ici ? »
« Parce que je suis un loup-garou ? »
« Mmh. Oui, entres-autres. Mais aussi parce que tu es avant tout un être humain comme les autres, un enfant qui mérite sa place dans une école de sorcellerie telle que Poudlard. Tu sais que tes parents t'y ont inscrit dès ta naissance ? »
« Oui, mais j'ai été mordu, depuis. » Insista l'enfant, qui ne comprenait pas pourquoi il aurait tout à coup à nouveau droit d'aller étudier dans le Château.
Eva déposa les tasses de thé sur la petite table du salon, avant d'aller s'asseoir aux côtés de son mari qui regardait l'échange avec incrédulité.
« Merci Eva. Votre thé est délicieux. » Fit Dumbledore, avant de reprendre sa conversation avec l'enfant. « Où on étions-nous ? Ah, oui ! Tu as été mordu depuis, mais personne ne le sait, n'est-ce pas ? »
Remus lança un regard interrogateur à ses parents, avant de faire signe que non.
« Et toi, tu ne veux pas faire de mal aux autres élèves. Je me trompe ? » A nouveau, Remus secoua la tête en signe de négation. « Et étudier à Poudlard plutôt qu'avec un précepteur, c'est plus amusant, non ? »
« Si. » Répondit Remus, les yeux pleins d'espoir, avant de reprendre « Mais je suis trop dangereux les nuits de pleine lune. Je risque de morde un élève, ou pire… »
« C'est vrai, mais il se trouve que j'ai beaucoup réfléchit à ton cas depuis hier soir. J'ai récemment acquit une vielle cabane abandonnée dans le village de Pré-au-Lard et je me rends compte que je ne peux rien en faire. Et puis, Mrs Buddleia, mon professeur de botanique, insiste depuis longtemps pour qu'on plante un saule cogneur dans le parc de Poudlard. Elle m'assure que la décoration sera très réussie. Tu connais le principe d'un saule cogneur ? »
« Non, Mr. » Répondit Remus.
Dumbledore eût un sourire. « Je suis sûre que ta maman, elle, le sait. »
« Et bien, un saule cogneur sert généralement à cacher quelque chose, d'où la particularité de son nœud bloquant. »
« Excellent Eva, comme toujours. » La félicita le professeur, comme s'ils étaient encore sur les bancs de l'école. « Très peu de sorciers savent ça, mais effectivement les saules cogneurs sont initialement plantés pour protéger des secrets. Des secrets un peu comme le tient. »
« J'ai bien peur de ne pas tout saisir. » Intervint Christian. « En quoi un saule cogneur et une vieille cabane vont permettre à Remus de venir étudier à Poudlard ? »
« C'est pourtant bien simple. Avant de planter le saule cogneur, nous allons creuser un passage secret qui mènera jusqu'à la cabane condamnée que j'ai acquis dernièrement sans trop savoir qu'en faire, comme je vous l'ai déjà dit. Chaque nuit de pleine lune, notre infirmière emmènera Remus jusqu'au sol cogneur, qu'elle bloquera grâce au nœud que nous venons de mentionner, et qui se réactivera tout seul, empêchant ainsi les élèves trop curieux de s'en approcher. Quant à la cabane, je pense qu'une simple rumeur la prétendant maudite devrait suffire à éloigner tout danger. La scolarité à Poudlard de Remus ne dépend maintenant plus que de lui. S'il accepte les conditions qui lui sont imposées, et qu'il veut bien venir étudier dans mon école, alors il est officiellement inscrit. » Conclut Dumbledore.
Remus lança un regard presque suppliant à ses parents, n'en revenant pas de la proposition qu'on venait de lui faire.
« Et bien, c'est-à-dire que… » Commença Eva. « Je ne pensais que vous nous proposeriez une telle solution… » Elle lança un regard oblique à son mari, essayant de savoir ce qu'il en pensait.
« Ce serait stupide de s'y opposer. » Intervint celui-ci. « Mais c'est à Remus de choisir. »
Eva acquiesça, approuvant totalement les dires de son époux.
« Je vous promet que je respecterais chacune de vos consignes à la lettre. » Répondit alors Remus. Pour lui, il ne faisait aucun doute que ce jour-là serait parmi les plus beaux de sa vie, il n'avait pas l'intention de tout gâcher par des actes égoïstes et inconsidérés !
« Alors nous nous entendons bien. » Finit Dumbledore, tout en se relevant, déposant doucement sa tasse vide sur la soucoupe. « Je te reverrais en septembre, Remus. Eva, Christian, ce fût un véritable plaisir de vous revoir. »
« Mathilde ! » Hurla l'enfant, courant à la rencontre de son amie.
La brunette se retourna, lança un regard colérique à Remus qui faillit reculer d'un pas sous le coup de la surprise.
« Quoi, encore ? » Siffla-t-elle.
Remus observa ses cheveux marron qui s'éparpillaient autour de son visage, ses tâches de rousseurs qui égayaient ses pommettes encore rondes et ses yeux bleu clairs, parfois tirant sur le gris, qui le fusillaient du regard. Il prit alors conscience que sa meilleure amie était non seulement très en colère, mais qu'en plus de cela, elle ne venait pas avec lui à Poudlard.
« Je peux te raconter un secret ? » Souffla-t-il, tout à coup anxieux. « Un secret dont tu ne pourras parler à personne, mais où tu devras me croire même si je n'ai aucune preuve à avancer ? »
La fillette sembla tout à coup oublier sa colère, ses traits se détendirent, ses yeux se firent plus joyeux, et elle prit un air très intéressé.
« Tu vas enfin me raconter ce qui est arrivé à ton visage ? » Demanda-t-elle.
Remus passa une main confuse sur les cicatrices qui barraient sa peau, un peu partout sur son corps, vestiges d'une nuit d'attaque d'un loup-garou.
« Est-ce que tu crois à la magie ? » Lui demanda-t-il. « Je veux dire, la vraie magie, celle où on a des baguettes magiques, des grimoires, des chaudrons pleins de potions et des bêtes sauvages très dangereuses, mais pas forcément méchantes ? »
Mathilde pencha la tête sur le côté.
« Des chaudrons comme il y en a chez toi ? Avec tous pleins de grimoires bizarres qu'on peut retrouver dans ton salon ? » Demanda-t-elle.
Remus fit signe que oui. Elle avait déjà comprit, mais cela ne le dispensa pas de tout lui raconter. La magie, ses parents sorciers, les loups-garous, la nuit où il en était devenu un, Poudlard, Dumbledore, le Chemin de Traverse, les hiboux pour communiquer, les potions, les étoiles, la botanique, le saule cogneur, la cabane hurlante, Pré-au-Lard, les fantômes, les quatre Maisons, la voie 9 ¾ et tout le reste, tout ce qui était important et tout ce qui ne l'était pas, tout ce qu'il savait sur son monde…
En espérant que cela vous ait plu, n'hésiter pas à me donner votre avis !
Le prochain chapitre sera consacré à Peter Pettigrew.
