Bonjour à tous ! =] Me revoilà après des siècles d'absence (du moins c'est l'impression que j'ai) avec une nouvelle histoire. Elle comportera plusieurs chapitres, comme pour "A hero's rest" (pour celles et ceux qui l'auront lu), mais je ne saurais vous dire combien encore car elle n'est pas terminée. L'intrigue ne se situe nulle-part en particulier vis-à-vis de la chronologie de la série. J'ai pris quelques libertés à ce niveau-là. Cependant, j'espère que vous prendrez autant de plaisir à lire que j'en ai pris à écrire. Je voulais aussi vous dire que mon gros projet de fic est toujours en cours d'écriture, mais ce n'est encore pas pour tout de suite.

/!\ Disclamer: La série ne m'appartient pas et j'écris pour le plaisir. Je ne touche évidemment pas d'argent.

Sur ce, bonne lecture à vous !


Partie 1 : Le retour

Chapitre 1


Un an. Voilà un an maintenant qu'il était parti. Une année entière sans donner de nouvelles à qui que ce soit. Oh, il avait écrit de temps en temps à sa mère pour lui assurer qu'il était toujours en vie, mais sans lui laisser d'indice quant à l'endroit où il pouvait être. Il se doutait qu'elle devait lui en vouloir, mais plus pour longtemps. Car il rentrait bientôt de son exil.

Un an. Son année sabbatique arrivait à son terme, et il allait retourner au poste. Cette décision, il l'avait prise sur un coup de tête. Les choses avaient dégénérées avec sa partenaire, même s'il ne se rappelait plus vraiment comment ils avaient pu en arriver là. Tout ce dont il se souvenait c'est qu'une violente dispute avait éclaté entre eux au cours de leur patrouille causant des dégâts qui auraient pu être évités lors d'une intervention, notamment des civils blessés. La sentence était tombée assez rapidement : Swersky les avait suspendus pendant deux semaines.

Un an. C'est ce qu'il avait annoncé à son supérieur. Il avait prévu de partir pendant une année entière, loin de tout et de tous. Pendant toute la durée de sa suspension il avait tenté d'évacuer la boule de nerf qui avait pris le contrôle de son corps, mais en vain. Alors il avait trouvé préférable de s'éloigner pendant un moment. Bien sûr il savait qu'il ne reviendrait pas comme un roi, qu'il aurait tout un tas de test à passer de nouveau, comme au retour d'un long arrêt maladie. Mais il était prêt à faire ce sacrifice.

Un an. Il lui aura fallu une année entière pour se reprendre. Une année entière pour calmer ses ardeurs et pardonner. Il avait voyagé un peu partout dans le monde, et notamment en Italie, sur la terre de ses ancêtres pourrait-on dire. Mais c'était en Inde qu'il avait fini par trouver la paix. Qui aurait cru qu'il se retrouverait à côtoyer des moines bouddhistes et qu'il resterait à leurs côtés pendant plusieurs mois ? Pas lui en tout cas. Et pourtant c'était le cas. Ses anciens collègues auraient sûrement du mal à y croire, mais peu importe.

ooo

Après plusieurs heures de vol, l'avion toucha enfin le sol américain. L'atterrissage se déroula sans problèmes et bientôt le personnel de bord remercia les passagers de leur confiance et leur souhaita un bon séjour sur le territoire. Sans se presser, il quitta son siège et s'engagea dans l'allée en direction de la sortie. Une fois à l'extérieur et les pieds sur la piste, il s'autorisa un instant pour regarder vers le ciel et inspirer profondément. L'air était pollué, mais il y avait quelque chose de familier. Il était de retour à la maison. Sereinement, il suivit le mouvement de la foule et gagna le bâtiment vitré pour récupérer ses bagages. Pas qu'il en ait énormément, juste l'équivalent d'un grand sac de sport. Une fois en main il se dirigea vers les portiques de sécurité.

« Papiers, je vous prie. »

Il avait passé le portique sans problème et maintenant il se retrouvait face à un officier de la douane.

« Tout est en ordre. Bienvenue à New York, monsieur Boscorelli. »

« Merci. »

Après avoir récupéré ses papiers et les avoir rangé dans sa sacoche, Bosco hissa son sac sur son épaule et se dirigea vers la sortie. Le ciel était clair en ce début de journée. Un beau mois de Mai en perspective. Il aurait pu prendre un taxi et se rendre directement chez lui mais il ne se sentait pas de s'enfermer à nouveau dans un espace clos, pas pour le moment en tous cas. Les plusieurs heures d'avions lui avaient suffi pour aujourd'hui. Il préférait largement marcher. Il s'arrêta en début d'après-midi dans une supérette pour faire quelques courses. Ce n'est seulement qu'après qu'il décida finalement de héler un taxi. Le bar de sa mère n'avait pas changé, quoi qu'il semblait attirer davantage de monde que la dernière fois qu'il y avait mis les pieds. C'était une bonne chose. Il paya le chauffeur et le remercia avant de descendre du véhicule. Quand il entra dans l'établissement, la première chose qu'il fit fut de balayer la salle principale du regard à la recherche de sa mère. Il la trouva au fond en train de nettoyer une table. Il posa son sac d'emplettes sur le comptoir et alla à sa rencontre.

« Ma' ? »

Quand elle se retourna et croisa le regard de son fils, celui-ci pu lire sur son visage une myriade d'émotions. Cela allait de la surprise au soulagement en passant par un peu de colère. Bon pour ça, il ne pouvait pas vraiment lui en vouloir.

« Maurice ! Oh mon bébé, tu es enfin de retour ?! »

Bosco ne répondit pas à la question de sa mère qu'il savait rhétorique. Il se contenta de la prendre dans ses bras et d'apprécier l'étreinte maternelle. Cela lui avait manqué. Même s'il était un homme depuis longtemps, il resterait toujours un peu le petit garçon de Rose Boscorelli.

« Oh Maurice je suis si contente. Depuis quand es-tu rentré ? »

« Il y a quelques heures à peine, Ma'. J'ai marché un peu dans New York avant de venir ici. »

« Je vois que tu as pensé à faire des courses, mais as-tu mangé ? »

« Non pas encore. Je voulais passer te dire bonjour avant de retourner chez moi. »

Bosco et Rose passèrent un long moment à discuter entre deux clients. Mais au bout d'un moment le jeune homme remarqua que quelque chose clochait. Sa mère semblait tracassée par quelque chose et tentait d'éviter le sujet. N'y allant pas par quatre chemins, Bosco lui demanda directement.

« Ma' qu'est-ce qu'il se passe ? »

« De quoi tu parles ? »

« Tu sembles préoccupée. »

« Oh… Je me demandais juste... Est-ce que tes anciens collègues savent que tu es rentré ? »

« Non, je n'ai prévenu personne. Tu es la seule à le savoir pour l'instant. Pourquoi ? »

« Hmm… Mo' il faut que tu saches… »

« Quoi ? »

« Les choses ont beaucoup changées depuis ton départ. »

« Qu'est-ce que tu veux dire ? »

« Eh bien je ne suis pas au courant de tout… Tu comprendras que je n'avais plus rien à voir avec tout cela depuis que tu es parti, mais… Ce sera différent de ce que tu as connu l'an dernier, avant ton départ. »

ooo

Les propos de sa mère l'avaient surpris. Ou plutôt ils l'avaient inquiété. Bien sûr qu'il se doutait que les choses auraient quelque peu changé en un an, mais la façon dont elle lui en avait parlé laissait sous-entendre quelque chose d'autre. Et c'est précisément cela qui le préoccupait. Mettant cela de côté, il entreprit de rentrer chez lui. De toute manière il devrait se rendre tôt ou tard au commissariat rencontrer Swersky pour sa réinsertion. En attendant il aurait sûrement du ménage à faire depuis le temps.

Après être descendu du taxi au pied de chez lui, Bosco pénétra dans son appartement. En plus de l'odeur de renfermé et la poussière dans l'air, ce qui le dérangea fut la couleur des murs. Il se sentait oppressé. Il songea alors qu'il lui faudrait faire des travaux de peinture pour éclaircir tout ça. Pas étonnant qu'il ait eu un caractère désagréable par le passé, vivre dans un lieu comme ça n'était pas très sain. C'est ce genre de remarque qu'il se faisait en lui-même qui lui prouvait à quel point son « exil » lui avait été nécessaire. Cela lui avait apporté énormément. Il espérait juste que ses anciens collègues accepteraient l'effort fournit à sa juste valeur.

Bosco commença par ouvrir en grand toutes les fenêtres de l'appartement pour changer l'air et apporter de la lumière à l'intérieur. Ensuite il entreprit de retirer tous les draps qui avaient servi à protéger le mobilier, et les mis dans la machine à laver qu'il lança. Son linge attendrait un peu, ce n'était pas gênant pour le moment. Le sac était toujours dans le salon, alors il le prit et alla dans sa chambre. Il fit son lit avec des draps propres tous juste sortir de l'armoire. La prochaine étape fut la salle de bain. Après le long voyage qu'il avait effectué, il avait envie de prendre une bonne douche. Il resta un moment sous le jet bien chaud avant de retourner dans sa chambre, une seule serviette autour des hanches. De son armoire il sortit un polo à manches courtes noir et une paire de jeans bleu marine.

Une fois propre et vêtu il se dirigea vers la cuisine et vida le sac en papier pour en ranger le contenu dans les placards et le réfrigérateur. Une fois tout en place il se prépara rapidement une poêlée de légumes avec un bon steak. Rapide et sain. Tout en mangeant il essaya de donner un sens aux propos de sa mère. Qu'avait-il bien pu se passer pendant son absence ? Est-ce qu'un de ses amis était mort ? Non, sa mère le lui aurait dit. Swersky aurait-il pris sa retraite ? Non, pas si tôt… Il ne voyait vraiment pas. Et Faith ? Qu'était-elle devenue ? Avait-elle fini par lui pardonner comme il l'avait fait ou bien lui en voudrait-elle toujours d'être parti si longtemps sans donner de nouvelles ? Quand il tenta de bloquer toutes ses pensées il se rendit compte qu'il n'avait plus si faim que ça désormais, une boule d'appréhension s'était logée au creux de son estomac.

Après avoir mis les restes au frais et nettoyé sa vaisselle, Bosco se saisit de son téléphone filaire. Il avait plusieurs galères administratives à régler. Comme remettre sa ligne de téléphone portable en service. Au bout d'une bonne heure passée avec différents interlocuteur, il put enfin composer un numéro qu'il connaissait par cœur. Après quelques sonneries on décrocha au bout du fil.

« »

« Bonjour, j'aimerais m'adresser au Lieutenant Swersky. Il est toujours ici ? »

« »

« Oui j'attends, merci. »

« Swersky. »

« Bonjour Lieutenant. »

Il y eu un silence au bout du fil. Bosco lui laissa le temps d'encaisser le choc.

« Boscorelli ? »

« C'est moi. »

« Ça alors ! Si je m'attendais à ça… Déjà un an alors ? »

« Ouais, un an. »

« J'imagine que tu n'appelles pas pour faire la causette ? Oh ! Attends un instant. »

Le lieutenant s'éloigna du téléphone et Bosco crut l'entendre ouvrir une porte.

« Mitchell, du nouveau ? »

« »

« D'accord, je termine mon appel et j'arrive pour le briefing des troupes. »

La porte se referma et des pas se rapprochèrent du combiné.

« Désolé Bosco. Bon je ne vais pas trainer, j'ai un briefing qui va commencer. Pour ce qui est de ta réinsertion, passe donc en fin de semaine d'accord ? »

« Entendu. Au revoir Lieutenant. »

« Au revoir. Et, Bosco ? »

« Ouais ? »

« Ça fait plaisir de t'entendre, fiston. »

« Ouais. »

Les deux hommes raccrochèrent presque en même temps. Bosco éprouvait une sensation étrange. C'était comme s'il renouait avec une partie de sa famille qu'il n'aurait pas vu depuis longtemps. En fait c'était quasiment ça. Il était content, mais en même temps il appréhendait les retrouvailles.

ooo

Au pied de son appartement il retrouva sa Mustang bleue. Il apprécia se remettre au volant de son « bébé » après tout ce temps. Au bout de quelques minutes et plusieurs encouragements, la voiture accepta finalement de démarrer. Au lieu de se rendre directement là où il voulait aller, Bosco roula longtemps au hasard dans les rues de New York. S'il ne voulait plus avoir de problème au démarrage, il fallait qu'il réhabitue le moteur à tourner et la batterie à travailler. Au bout d'une bonne demi-heure il se gara sur le grand parking d'un magasin de bricolage. Il voulait profiter du temps qu'il lui restait avant de reprendre son travail pour faire les travaux qu'il avait prévu dans son appartement.

Il commença par prévoir pour la salle de bain. La couleur resterait blanche, mais elle avait besoin d'un coup de jeune. Il pourrait éventuellement ajouter quelques touches de bleu pour le contraste. Pour la chambre il envisageait quelque chose comme du vert pâle, pour éclaircir la pièce tout en gardant une atmosphère détendue. Ses meubles étant majoritairement marrons, cela ressortirait plutôt bien. Il ne voulait rien de trop agressif ni trop sombre. Car s'il avait bien une chose qu'il avait remarqué, c'est que les couleurs influaient sur le moral. Pour la cuisine il avait la possibilité de rester dans du basique, à savoir de l'écru. Mais avec un mobilier blanc cela risquait d'être assez fade comme ambiance. Un mélange de blanc et de rouge semblait plus optimal. Pour le salon, le hall d'entrée et les couloirs il choisit de la peinture taupe. Clair le jour et pas trop sombre le soir, tout en apportant une sensation visuelle de confort.

En rentrant chez lui, Bosco ne perdit pas de temps. Sortant de vieux habits de son armoire et tout le matériel nécessaire, il s'attaqua à la peinture. Entre la remise à neuf de son appartement et les séances de sport pour se remettre en condition, il ne vit pas les jours passer. Le vendredi arriva rapidement, et donc son entrevu avec Swersky aussi. Il se demanda qui d'autre il pourrait croiser au poste. Y allant le matin, il ne risquait pas de rencontrer beaucoup de ses anciens collègues avec qui il patrouillait en fin de journée. C'était peut-être mieux ainsi d'ailleurs. Quittant le confort de son lit vers 9h, il prit une douche et un petit déjeuner rapide avec son café. Avant de partir, il alla chercher son uniforme dans son armoire. Celui-ci était accroché sur un cintre et était protégé par une housse. Lors de sa suspension il l'avait emmené au pressing et depuis il était resté chez lui. Il ferma la porte de son appartement à clé et descendit jusqu'à sa voiture. Il posa la housse délicatement sur la banquette arrière avant de s'installer au volant et de démarrer en direction du commissariat.

Par chance quand il arriva devant le bâtiment, sa place habituelle était libre. Il se gara et descendit de sa Mustang. Il laissa son uniforme dans la voiture, sachant qu'il n'en aurait pas forcément besoin tout de suite. Une fois entrée il se dirigea directement vers le bureau du Lieutenant Swersky, en ignorant les personnes qui le dévisageaient, et frappa avant d'entrer.

« Ah Bosco ! Je ne t'attendais pas si tôt. »

« Bonjour Lieutenant. »

« Prends donc un siège. »

Bosco obéit et s'installa face à son supérieur. Tout d'un coup il se sentait un peu mal à l'aise, comme un enfant qui devait faire face à son père en rentrant d'une fugue. Pourtant Swersky avait été le seul au courant de son départ. Bon il est vrai qu'il n'avait pas vraiment eu le choix pour prendre une année sabbatique, mais quand même.

« C'est bon de te revoir, fiston. »

« Merci Lieutenant. C'est bon d'être à la maison. »

« Je veux bien te croire. Est-ce qu'on peut savoir où tu étais passé pendant tout ce temps ? Je pense pouvoir parler au nom de nombreuses personnes ici en te disant qu'on aurait aimé avoir un peu de tes nouvelles malgré tout. »

Même s'il n'y avait rien d'hostile dans le ton de son supérieur, Bosco sentait un soupçon de reproche dans les propos de Swersky. Il y avait de quoi, c'est vrai. Mais au fond il avait l'impression qu'il y avait beaucoup plus que ça. Etait-ce que dont sa mère avait essayé de lui parler quelques jours plus tôt ? Possible. Voyant que son subordonné ne répondait rien, il enchaina.

« En tout cas tu as l'air en forme. C'est le principal. »

Pendant plus d'une heure les deux hommes parlèrent de la réinsertion de Bosco. Swersky n'avait pas envie de forcer la main de celui-ci qu'il considérait un peu comme son neveu. S'il ne voulait pas parler de son année d'absence, c'était son choix. Mais il devra tôt ou tard s'expliquer vis-à-vis d'au moins une personne. Mais ça, il se gardait bien d'en parler. Bosco devait assumer ses actes. De leur entretien étaient ressorties les choses suivantes : le jeune officier devrait repasser l'ensemble des tests pratiques, à savoir les premiers secours, l'épreuve de tir et le test d'aptitude physique. Après quoi il devrait patrouiller un certain temps comme un bleu sous la tutelle d'un officier plus « ancien » que lui. A la fin de cette période de réinsertion Swersky et l'agent superviseur rendraient un avis favorable ou non à leurs supérieurs.

Bosco acquiesça sans broncher sur aucun point, ce qui surprit son supérieur. Certes ils savaient tous les deux que cette procédure était un mal nécessaire, mais il avait envisagé que Bosco rechigne à se faire superviser comme un bleu. Mais non.

« Cette année t'a vraiment changé, pas vrai ? »

Pour toute réponse Bosco hocha la tête. Comme ça il n'avait pas besoin de s'embarquer dans des explications à n'en plus finir. De toute manière ils se rendraient tous compte, à un moment ou à un autre, de la nouvelle personne qu'il était devenu. Ils l'accepteraient ou non, ce serait leur problème, pas le sien.

« Quand est-ce qu'auront lieux les tests ? J'imagine que je vais les passer en même temps que les classes de futurs officiers ? »

« C'est exact, Bosco. Je vais passer un coup de fil à l'académie et voir avec eux. Je te tiendrais au courant par téléphone. Tu n'as pas changé de numéro ? »

« Non. Ma ligne fixe et mon portable sont toujours les mêmes. »

« D'accord. Je te raccompagne. »

Les deux hommes se levèrent et se dirigèrent vers la porte. Une fois ouverte, ils se serrèrent la main et Bosco en sorti. Encore une fois des officiers se retournèrent et dévisagèrent le flic. Swersky s'en aperçu et intervint d'une voix autoritaire.

« Vous n'avez donc rien à faire ?! Retournez au boulot, il n'y a rien à voir ! »

« Au revoir Lieutenant. »

« Au revoir, Boscorelli. Je t'appelle quand j'ai du nouveau. »

« Merci. »

Sur ces mots Bosco regagna sa voiture et rentra chez lui. Après aujourd'hui, il pouvait être sûr que ça allait jaser au poste. Maurice Boscorelli était de retour après un an d'absence, comme si de rien était… ou presque.

ooo

Le Vendredi soir, chez Haggerty's, les officiers et les secouristes de la 55e division étaient réunis comme à leur habitude autour de plusieurs tables mises bout à bout. Même certains inspecteurs étaient avec eux. La bande était toujours la même, à peu de chose près. Bosco n'était pas avec eux, et Sullivan était présent mais à la retraite. Cela ne l'empêchait pas de venir boire un verre avec ses amis. Cela le tirait de la solitude de sa vie. Sa mère et sa fiancée étaient décédées toutes les deux, la vie ne l'avait pas épargnée.

« Vous êtes au courant de la rumeur qui circule au poste ? »

Tout le monde se retourna vers Davis. Il y avait de temps en temps des rumeurs qui circulaient, comme un peu partout, mais jamais Davis ne s'en souciait outre mesure. Donc si c'était le cas ce jour-là c'est qu'il devait s'agir de quelque chose d'important. Voyant tous ses collègues et amis le dévisager comme s'il venait d'une autre planète il en déduisit que personne n'était au courant.

« Il parait que Bosco serait de retour. »

La surprise s'étala sur tous les visages sans exception. Des murmures s'élevèrent et certains d'entre eux jetèrent des œillades discrètes en direction de Faith. De toute la tablée, elle était sans doute la plus ébranlée par la nouvelle. Est-ce qu'elle s'était attendue à une telle chose ? Sûrement pas. Comment allait-elle gérer la situation ? Tellement de choses avaient changé depuis son départ et le voilà qui revenait sans prévenir. Cela faisait un an et pourtant la blessure était encore très sensible. Kim, qui s'était beaucoup rapprochée de Faith depuis le temps – solidarité féminine oblige – tendit le bras vers la jeune femme et exerça une pression de ses doigts sur son avant-bras. Cela eu pour effet de lui faire lever les yeux et croiser le regard de son amie secouriste.

« T'inquiètes pas Faith, on est là. On ne te lâchera pas sur ce coup-là. Pas vrai les gars ? »

Tout le monde hocha la tête avec détermination. Il semblait plus qu'évident qu'ils devaient se soutenir mutuellement. Après tout ils formaient une grande famille. Et il n'était pas envisageable que l'on face du mal – dans le cas présent, plus de mal encore – à un membre de la famille. L'annonce de la nouvelle, car une rumeur d'une telle ampleur ne pouvait être que fondée, avait engendré un silence pesant. Faith adressa un léger sourire à ses amis et vida son verre d'une traite. Elle fit signe au serveur et annonça que la prochaine tournée était pour elle. Elle avait besoin d'un remontant. Pour ne pas gâcher sa soirée, ou du moins pour ne pas la gâcher davantage elle tenta de mettre cela dans un coin de sa tête. Mais ce fut une tâche plus complexe qu'elle le pensait. Elle ne pouvait pas s'empêcher de se demander ce qu'il se passera le jour où ils se retrouveront face à face. Comptait-il revenir et se comporter comme si de rien était ? Car si c'était le cas il serait surpris de leur réaction à tous. Beaucoup de chose s'étaient passées pendant son absence, des choses pour lesquelles il n'était pas concerné.

Elle ne savait pas si elle pourrait un jour se comporter comme avant avec lui. Car si elle lui avait pardonné leur dispute qui les avait conduit à la suspension, pour le reste ce n'était pas aussi simple. Pour ne pas se morfondre au-dessus de son verre d'alcool, Faith se leva et alla rejoindre les garçons autour de la table de billard. Lorsqu'ils entamèrent une autre partie elle se joint à eux. Qu'ils soient secouristes ou policiers, ces messieurs prenaient très à cœur leur rôle de grands frères de substitution. Même David qui était plus jeune qu'elle. Ce genre de choses aurait eu tendance à l'agacer par le passé, mais plus maintenant. Seulement un an, et pourtant rien n'était plus pareil.


Alors, qu'avez-vous pensé de ce premier chapitre ? =]