1 Les prémices d'une enquête.

Harry avance, indécis, dans la ruelle déserte entourée de poubelles que des chats en mal de nourriture se disputent en sifflant et en griffant et de buissons épineux disséminés de-ci de-là. Le survivant jette de temps à autre un œil à droite et à gauche pour tenter d'apercevoir l'idiot qui lui a donné rendez-vous dans cet endroit insolite.

Le froid glacial et piquant de l'hiver gèle ses doigts gourds, son nez et ses joues rougies lui rappellent qu'il serait bien resté au chaud chez lui sous sa couette bien épaisse, laissant juste apparaître sa tignasse hirsute et noire qu'il n'arrive toujours pas à rendre lisse et égale.

Le jeune homme au regard vert enfourne ses mains dans ses poches après avoir remonté le col de sa veste pour éviter les courants d'air qui soufflent rageusement dans cette ruelle étroite. Deux chats efflanqués passent près de lui pour quémander un peu de pitance que Harry n'a pas. Comme s'il avait l'habitude de se promener avec de la nourriture pour chats dans ses poches !

Bon sang ! Que fait-il ici, par la barbe de Merlin ! Pourquoi est-il venu d'ailleurs ! C'est à se le demander, et cela juste parce qu'il a reçu un parchemin de Gringott lui disant que quelqu'un désirait le rencontrer dans ce putain d'endroit glacial !

Bon d'accord, Sirius et lui travaillent pour Gringott, ils sont même deux de leurs meilleurs enquêteurs. En attendant c'est toujours sur eux que retombent les cas les plus étranges. A croire qu'ils les attirent !

Mais en même temps ils aiment leur travail, les enquêtes, les voyages, les rencontres, les cas difficiles qui leur faut résoudre. Tout ça est exaltant, enivrant, passionnant. Là ils peuvent dire qu'ils n'ont pas le temps de s'ennuyer ! Et puis au moins comme ça ils n'ont pas le temps de penser à deux Serpentards névrosés qui leur pourrit la vie.

Harry se retourne subitement au bruit qu'il entend derrière lui, sa baguette pointée en avant il scrute les environs. Celle-ci est sortie avec une rapidité étonnante pour quelqu'un qui avait les doigts gelés il n'y a pas seulement deux secondes.

Harry avance lentement et prudemment, ses pas le conduisent vers un gros bosquet d'épineux dont les petites feuilles ont pris une belle teinte rouge. Sa parure pour l'hiver certainement. Le bosquet se met à remuer un peu trop fort au goût d'Harry qui s'avance un peu plus.

En y regardant de plus près le jeune homme voit un drôle de petit personnage haut en couleur à la longue barbe blanche pas plus grand qu'un enfant de cinq ans et qui le toise de ses grands yeux bleus. Ne serais-ce la taille, le petit bonhomme lui rappelle étrangement quelqu'un d'autre, manque plus que les lunettes en demi-lune.

-Je me présente jeune homme, dit le petit homme en s'extirpant difficilement des fourrés où il s'était caché. Je m'appelle Mélicys, le salue-t-il. Etes-vous Harry Potter ? Le grand sauveur du monde sorcier ?

-En effet, c'est bien moi, répond Harry en gardant la tête baissée vers le nain.

Le survivant le détaille et trouve le nain très très vieux, celui-ci est vêtu d'un long manteau de fourrure, probablement en peau de taupes. D'un pantalon de toile verte et d'une paire de souliers marron. Un extravagant chapeau de feutre rouge complète la tenue pour le moins curieuse.

-C'est moi qui ai désiré vous rencontrer ici, j'ai pensé que le coin serait assez discret, assure le petit homme en se dandinant d'un pied sur l'autre.

Harry regarde autour de lui et grimace, franchement n'y avait-il pas d'autre endroit qu'une ruelle déserte et un peu sombre pour une rencontre, même secrète.

-Monsieur Mélicys, soupire le Griffondor un tantinet agacé. Que puis-je pour vous ? Car je suppose que vous ne m'avez pas fait venir ici pour simplement discuter !

-Oh ! Non ! Mon bon monsieur Potter, s'excuse le nain contrit. Il s'agit croyez-le bien d'une chose très importante.

-Dans ce cas, allons ailleurs, propose Harry qui trouve que décidément il fait très froid dans cette ruelle.

-Mais…… et la discrétion ? Argue le petit homme en triturant ses doigts nerveusement. Personne ne doit savoir que nous sommes là !

-Nous partons pour un coin plus calme justement, monsieur Mélicys, où personne n'écoutera notre conversation.

-Pas monsieur ! Mélicys suffit. Dans le monde d'où je viens on n'use pas de monsieur ou de madame, sauf si nous nous adressons aux sorciers bien sûr, explique le professeur Mélicys. Mais je vous retarde encore, bavard que je suis, si Plantain était là il se moquerait de moi pour sûr !

Harry lève les yeux au ciel et rentre sa baguette dans la poche de sa cape, après tout le nain ne représente pas un danger pour lui.

-Tataragne ! Appelle subitement le petit homme en fouillant dans les fourrés. Sort de là bougre d'idiot ! Monsieur Potter nous attend et nous ne devons pas le faire attendre.

Harry pouffe en voyant sortir des épineux un autre nain aux cheveux blonds et filasses et à la barbe tressée mais néanmoins broussailleuse. Des tas de petites branches aux feuillages rouges sont restées accrochées dans sa tignasse et le plus âgé tire dessus sans se préoccuper des glapissements de douleurs du plus jeune.

-Il n'y en a pas d'autres ? Interroge le Griffondor sur le point d'éclater de rire.

-Non, monsieur Potter, avoue Mélicys en ayant réussi à extirper son ami des épines. Tataragne tenait absolument à m'accompagner. Entre nous il est un peu idiot, souffle le petit professeur comme une confidence, mais il n'y en n'a pas de plus gentil et de plus serviable.

Harry transplane avec les deux petits bonhommes accrochés à son bras et ils se retrouvent dans un salon d'allure vieillot où ils sont accueillit par un Sirius Black étonné d'une telle visite.

Le survivant prie ses invités de le lâcher et de prendre place dans les larges fauteuils au cuir usé.

-Harry ! Demande Sirius. Qu'est-ce qui se passe ? Je croyais que tu avais un rendez-vous de travail ce soir!

-Mon rendez-vous est là, devant toi. On avait besoin d'un endroit tranquille pour discuter et un buisson d'épineux n'était pas un lieu idéal pour ça, si tu veux mon avis.

-Oh ! D'accord, et bien comme ça je vais pouvoir écouter aussi le problème, ajoute l'animagus en posant le livre qu'il était en train de lire et en se calant confortablement dans le fauteuil.

-Tout d'abord laisse-moi te présenter le professeur Mélicys et son ami Tataragne.

-Tataragne !.......mais ça veut bien dire toile d'araignée non ? Demande Sirius en retenant un sourire.

-Oui monsieur Sirius, répond le petit professeur à la barbe blanche. C'est parce qu'il en a dans la tête voyez-vous.

Harry justement regarde le dénommé Tataragne qui sautille sur place pour réussir à s'assoir dans le fauteuil trop haut qui lui fait face. Le jeune homme lève sa baguette et d'un sort informulé fait léviter le nain ravi et l'assoit en douceur sur le siège.

-Tu ne sais pas te tenir Tataragne, le gronde gentiment Mélicys. Tu nous fais toujours remarquer.

Le nain réprimandé baisse la tête puis la relève subitement en faisant à Harry un sourire éclatant en voyant le plateau remplit de gâteaux et de quatre tasses de thé qui lévite allégrement sur la table du salon.

-Messieurs, commence Harry. Parlons de votre problème. Si Gringotts m'a demandé de m'occuper de votre cas, c'est je pense, une affaire assez importante et urgente?

-Oui monsieur Potter, nous avons un ennui dès plus sérieux.

-On vous écoute !

-Voilà, depuis quinze jours nous sommes attaqué et volé, ces…….cambrioleurs agissent la nuit, ils sont très rapides et fourbes. Des créatures très vilaines si vous voulez mon avis !

-Avez-vous une idée de ce que ça peut être ? Les avez-vous déjà aperçus ? Demande Sirius.

-Nous pensons qu'il s'agit de gobelins, avoue le petit homme. Nous ne sommes pas certain car ils agissent très rapidement et vous pensez bien que la nuit ils sont à leur avantages.

Harry s'apprête à poser une autre question quand il aperçoit du coin de l'œil l'autre nain loucher avec force sur l'assiette de gâteaux. Magnanime le Griffondor lui fait signe de se servir, ce que Tataragne fait avec une bonne volonté évidente.

-Des gobelins ! S'étonne Sirius. Mais ils ont tous une situation chez Gringotts ou ailleurs. Voilà bien longtemps qu'on n'a pas entendu parler d'une bande de renégats gobeline!

-Hé bien messieurs ! Je pense qu'il y en a une qui sévit chez nous, les informe le nain plus âgé avec un air très sérieux sur le visage.

-Combien sont-ils ? En avez-vous une idée ?

-Oh ! Je dirais une quinzaine.

-Tant que ça ! Et pourquoi avoir mis tout ce temps pour nous prévenir ?

-Sur le coup nous ne savions pas qui avertir, monsieur Potter. On était un peu perdu je dois l'avouer.

-Vous ne vous êtes pas défendus ! Pourtant les nains sont réputés pour êtres de valeureux guerriers, s'étonne Sirius Black.

-Combien êtes-vous dans ce château en tout, Mélicys ? Demande Harry pris d'un doute affreux.

-Huit, monsieur Potter.

-Comment se fait-il que vous soyez si peu nombreux ? Questionne intrigué Harry.

-Oh ! C'est bien simple, nous avons déserté notre peuple, avoue le nain légèrement embarrassé.

-On peut vous demander pourquoi ?

-Une simple divergence d'opinion, monsieur Potter. Disons que notre roi a des idées bien arrêtées sur ses sujets et notamment sur les plus défavorisés ou sur ceux qui ont l'art de lui déplaire.

-Et quelles sont ses idées bien arrêtées Mélicys ? Si ce n'est pas indiscret.

-Bien sûr que non monsieur Sirius, ce n'est pas indiscret. Il se trouve que Olaf, c'est le nom de notre roi, trouve la présence de certains d'entre nous un peu pesante, je dois dire.

-Pesante ! Et en quoi trouvait-il votre présence pesante ?

-Ce n'est pas moi personnellement qui était impliqué, mais mon petit frère, Tataragne.

Harry et Sirius se tournent vers l'autre nain qui, un sourire bienheureux sur les lèvres, s'empiffre de gâteaux sans se préoccuper de la conversation qui se déroule autour de lui.

-Expliquez-vous, Mélicys !

-Mes compagnons ont été expulsés car ils ne représentaient pas la fierté de mon peuple, bafouille le petit bonhomme confus. Disons qu'ils dépareillaient et que cela n'était pas aux goûts de tout le monde.

-Est-ce parce que votre frère est un peu…….

-Attardé ? Oui, admet Mélicys.

-Mais c'est horrible, s'exclame Sirius.

-Je n'ai pas pu me résoudre à l'abandonner, les six autres en auraient pris soin bien évidement, soupire le nain. Mais il s'agit de mon frère tout de même ! Je ne pouvais pas le laisser partir sans moi, Tataragne est comme un enfant encore et on n'abandonne pas un enfant. A vrai dire je préfère, et de loin, être avec eux.

-Où vivez-vous tous les huit ?

-Là en ce moment nous habitons dans un vieux manoir que monsieur Malfoy nous a provisoirement prêté.

-Malfoy ! Lucius Malfoy !

-Oui, un monsieur bien gentil si vous voulez mon avis, s'égaye Mélicys dont le visage redevient plus souriant.

-Voilà qui est singulier ! Pourquoi ce monsieur vous prête-t-il son manoir ? Demande Harry en voyant le regard bleu de Sirius se faire plus sombre.

-Nous travaillons pour lui monsieur Potter, nous restaurons cet endroit. C'est le seul sorcier qui nous a écouté et qui nous a laissé une chance de faire nos preuves.

-Ben tiens ! Tu parles d'une chance !

-Tous les autres ont refusé de nous embaucher, monsieur Sirius. Nous avions vraiment besoin de ce travail !

-Ouais et il vous paye une misère je parie !

-Oh ! Non, loin de là ! S'insurge le petit homme. À vrai dire il nous paye au delà de ce que nous avons demandé. Monsieur Malfoy est peut-être dur en affaire mais il est honnête, je vous assure !

-Honnête ! Ricane l'animagus. Laissez-moi rire !

-Si vous ne possédez rien à part un peu d'argent, je me demande ce que les gobelins peuvent emporter de précieux ?

-Nous avons quitté notre peuple avec nos biens, monsieur Potter. Vous n'êtes pas sans savoir que les nains possèdent des trésors inestimables en forme de savoir. En partant j'ai emmené quelques rouleaux de parchemins remplit de se savoir qui appartenaient à ma famille depuis des centaines de générations.

-Vous pensez que c'est ça qu'ils veulent ?

-Non, en faite je pense sincèrement qu'ils en ont après les biens de monsieur Malfoy.

-Quoi Malfoy a laissé des objets de valeurs dans un manoir ouvert à tout vent !

-Oui, répond Mélicys. Il contient encore des tapisseries, des sculptures, des toiles de maîtres, de l'argenterie et j'en passe.

-Qui vous a mis en relation avec nous ? Demande Sirius qui connaît déjà la réponse.

-Monsieur Malfoy est un très bon client de chez Gringotts parait-il, ceux-ci lui ont fait la faveur de vous mettre, monsieur Potter et vous monsieur Sirius, au service de monsieur Malfoy le temps de résoudre cette affaire.

-Manque pas de culot, celui-là ! Vocifère Sirius en colère. Il nous prend pour ses larbins ou quoi !

-Calme-toi Siri, dès demain je me rendrai chez Gringotts et ensuite s'il le faut j'irai chez Lucius Malfoy.

-Tu iras sans moi, râle l'animagus en se levant déployant son corps mince et musclé. Pas question de rencontrer ce m'as-tu-vu !

-Mélicys, laissez-moi quelques jours pour rencontrer les personnes concernées, elles pourront peut-être me renseigner. En attendant je vous suggère de rentrer chez vous, lui conseille Harry. Barricadez-vous le soir et restez ensembles, ne prenez aucun risque.

-Comment vais-je connaître le jour où vous arriverez !

-Je vous enverrai un parchemin la veille de mon arrivé par Hedwige, c'est une chouette toute blanche vous ne pourrez la manquer.

-Merci messieurs, je suis bien soulagé d'être venu vous voir, répond le petit homme enthousiaste en descendant du fauteuil plus facilement qu'il n'y était monté.

Tataragne lève un visage radieux vers Harry, un peu de traces de chocolat persistent malgré que Mélicys ait passé un mouchoir dessus.

-Est-il muet ? Demande le jeune homme.

-Non, mais il n'aime pas parler. Quand nous étions parmi les nôtres et que Tataragne ouvrait la bouche, les autres se moquaient de lui, alors il a fini par se taire de plus en plus souvent et puis un jour il n'a plus parlé.

-Pourtant maintenant que vous n'êtes qu'entre vous, il n'a pas ouvert la bouche non plus ?

-Hélas non, ça va faire bientôt deux ans que nous avons quitté notre peuple, deux ans de galère, jusqu'à ce que monsieur Malfoy nous offre ce travail. On lui doit beaucoup vous savez !

Après que les nains soient partis, Harry se vautre sur le fauteuil. Le jeune homme sourit en pensant à Tataragne qui a emporté une boîte de gâteaux qu'il s'est empressé de faire disparaître sous son long manteau avec un air de pur extase sur sa face un peu rebondit.

Le Griffondor aux yeux verts subit le regard peu amène de Sirius, un regard noir dans de magnifiques prunelles bleues azur.

-S'il faut tu ne le verras même pas Siri, ne te prend pas la tête pour si peu ! Et arrête de me toiser comme ça tu ne me fais pas peur, idiot ! Le taquine Harry affectueusement.

-Rien que d'entendre son nom c'est…….

-Je devine, tu penses toujours à lui n'est-ce pas ? Tu ne peux pas te le sortir de la tête ce blondinet arrogant.

- Un peu comme toi avec le tien non ! Et ne l'appelle pas comme ça Harry !

-Je l'appelle comme je veux moi, ricane le survivant. Je ne suis pas amoureux de lui, contrairement à toi.

-Je ne suis pas amoureux ! Râle un peu trop fort l'animagus qui essaye de se convaincre lui-même du bien fondé de ses paroles.

-A d'autres Siri ! Se moque Harry gentiment.

-Et toi ! Toujours personne ? À part…….

-Non, le coupe Harry. Célibataire et heureux de l'être tu peux me croire, sourit-il sans trop y croire.

-Ouais, c'est sûr que tu préfères courir à droite et à gauche, pas d'attache, pas de contrainte, tranquille quoi ! Ricane Sirius black en se traitant de tous les noms à la bourde qu'il vient de faire. Rappelant à Harry qu'un homme ne veut pas de lui.

-Rien ne t'empêche de faire pareil Sirius, simplement passer un bon moment, hein ! Qu'est-ce que tu en dis ?

-C'est vrai que tu vas le voir demain ? Demande Sirius en éludant la question d'Harry.

-Lucius Malfoy ! Oui bien sûr que j'y vais. Je passerai chez Gringotts avant, le renseigne le jeune homme. Je veux me faire une idée de dans quoi je nous engage avant d'aller voir ton blondinet.

-Je te souhaite bien du courage alors ! Et arrête de l'appeler comme ça, Harry ! Râle le maraudeur d'un ton faussement coléreux.