Disclaimer : Les personnages cités dans l'épopée d'Harry Potter sont propriétés de son auteur, madame Rowlings, les autres sont de mon cru. Je ne tire aucune profit de cette histoire.

Voici le deuxième volet de la saga des Madusiècles (yep, on ne se refuse rien). Elle se concentre sur la cinquième année de nos protagonistes qui va être un peu agitée... Elle se constitue de 14 chapitres, en ce inclut un épilogue, et est la suite directe de We were friends (dont la lecture n'est pas indispensable à comprendre cette fic, le seul point important étant : en première, Lily se sent à part, touche James, sa magie fait des étincelles, ils deviennent amis. Voilà, vous êtes parés.)

Bonne Lecture !


Trop gentille pour toi, Potter !

Chapitre 1

(Faut pas croire tout ce qu'on dit)

Question : Qu'est-ce qui sent le fromage, goûte le fromage mais n'est pas du fromage ?

Réponse : L'orteil de James dans ma bouche.

Réveil douloureux et, comment dire, un peu âcre… Okay, j'admets, James est fantastique. Serviable et attentionné, amusant et racoleur. Oui, je sais, James est mon ami – que dis-je – mon meilleur ami. J'ai beau crier (en même temps, quel besoin de sortir avec une fille pour que tout le monde le voit ?), critiquer (et cette manie de se passer la main dans les cheveux, vraiment !) et même le détester parfois (par exemple quand une de ses ex m'a empêchée de dormir en pleurant sur mon épaule toute la nuit), il n'en reste pas moins mon préféré.

Mon petit Jamesie. Qui a tant fait pour moi. Je l'adore. Mais, même pour lui, il y a certaines limites que je ne suis pas prête à franchir : déguster son pied en fait partie.

Je retire le bout de chair inopinée de ma bouche en grimaçant. Le soleil tape dru et il doit déjà certainement faire comme dans une fournaise. Mais mal de tête et tête dans le chaudron, je ne m'en soucie pas trop. Je m'extrais de l'amas de corps qui orne joliment le salon de mon père et doucement, je me relève.

J'hésite vaguement : me recoucher directement dans ma chambre, dans mon lit ou foncer aux toilettes ? Finalement, j'opte pour un bon petit ABCDE. Trop d'alcool hier soir, pas assez de sommeil. Un coup d'œil sur la pendule, 9h10. Vingt minutes de trajet, il me reste plus d'une heure pour être prête avant le départ du train, parfait.

Soit, maintenant que je sais ce que je vais faire pour ne pas avoir l'air d'une morte-vivante pour mon premier jour en tant que préfète, reste l'étape ardue (et hardie) : réveiller les garçons.

Ou bien prendre une photo. James, non pas fier de m'avoir fait goûter son pied, bave allégrement sur le front de Sirius contre qui Remus est blotti comme un enfant contre sa mère. Et en-dessous, dans la position vampirique, le corps de Peter sert de repose pied aux deux autres.

Courage. Coup de pied dans le buste de James, tête décoiffé chez Sirius, épaule secouée pour Remus et secouage violente pour Peter. Et hop, des yeux ouverts – fixes et vitreux.

« Foktulève, » grommèle Sirius, emmêlé dans les bras de Remus.

Il baille. « Jmeulève… enkeurdeuminutéetjemeuleve. »

« Cékouastodeur ? » grince Peter, les bras toujours en croix sur le torse et le nez frémissant sous les odeurs – sans doute des plus douces – des pieds de Sirius et Remus sur lui.

« Dak, enkeurdeuminuté onslève. »

« Dak. »

« Dak. »

Et tous les trois referment les yeux de concert. Quinze ans peut-être, mais quinze ans de gaminerie alors. Heureusement, bien que novice, je commence à décoder le 'gueuldéboua'. Je baisse le regard sur James. Il est assis. Miracle, Dieu existe vraiment alors ? Il me z'yeute un moment avant de geindre : « Chaispaoùchuis » Sa tête va à droite, à gauche, avant d'aller en haut. « Lily ? »

« Oui. » Un effort fille, tu peux y arriver. Tu n'étais pas bourrée hier soir. Dons, tu n'as pas de mal à parler correctement. « Il est l'heure de vous lever, presque dix heures. » Prions qu'il ne lève pas la tête vers l'horloge qui indique quarante minutes de moins.

« Kombenteml trajé ? »

« Quarante minutes. » Je mens effrontément. Quoi ? C'est mon unique chance d'arriver à l'heure pour le Poudlard Express. Je ne peux pas être en retard ! Et vu la propension de ces quatre-là à être en retard, je m'assure c'est tout ! « Il y a du café si vous voulez. »

« Pozion ? »

Okay, deux minutes pour comprendre. « Non, je n'ai pas de potion anti-gueule de bois. Je vous avais dit de boire moins. C'est ridicule : on ne fête pas la fin des vacances ! »

Entre temps, James s'est levé, est allé à la cuisine, s'est passé la tête sous l'eau et s'est servi une tasse de café. « On fêtait notre liberté. L'année des Buses, Lil – on va devenir des esclaves ! »

« Bien sûr. » Je soupire avant de me retourner. « Tu permets, j'avais l'intention d'appliquer la recette moldue contre les lendemains de veilles. »

« Qui est ? »

« L'ABCDE. » Il arque un sourcil, ce qui le rend trop mignon (et oui, malgré les comportements 'goujats' et la bave sur son pied, il est très "à croquer", mon James. Dans la fleur de l'âge). « Aspirine, Bain Chaud, Décrassage, Étirements. »

Sans plus prêter attention aux poulpes endormis dans mon salon et au cancrelat laissé sans surveillance dans ma cuisine, je fais exactement ce que je viens de dire : je me fais couler un bon bain bien chaud dans lequel je verse un bain moussant aux algues marines revivifiant et au parfum frais que je laisse se remplir le temps d'effectuer une autre petite tâche.

Pétunia est au milieu du couloir et semble avancer sans savoir où elle vas, elle a l'air crevé. C'est vrai qu'hier, elle est sortie avec son petit ami, Aubrey. Ils ont dû rentrer tard. Pas le temps de me préoccuper. Je lui plaque un bisou sur les joues, puis je vais voir mon ange de petit frère.

Tim dort profondément, recroquevillé dans la position du fœtus, tenant fermement son drap serré dans son poing. Machinalement, ma main se passe dans ses mèches marron, et je souris. Il a beau avoir neuf ans maintenant, il restera mon bébé de petit frère dont je m'occupe depuis que je suis gosse (mais la grande sœur, hein).

Doucement, il ouvre les yeux et me sourit. Des yeux vert profonds fabuleux. Je me demande où il les a eus. Des gens disent que ses yeux ressemblent aux miens, mais je ne vois pas comment : là où mes yeux sont d'une banalité terrible, les siens brillent comme des émeraudes en fusion. (Quoique je ne suis pas sûre de la couleur d'une émeraude en fusion. Est-ce que c'est même possible de faire rentrer une pierre précieuse en fusion ?)

« Tim, mon cœur, il y a trois fainéants qui ne veulent pas se lever en bas. »

Ses yeux papillonnent, il me regarde, comprends ce que je viens de dire, un sourire sadique étire son visage d'ange et il se précipite en bas. 3… 2… 1… Et trois cris, trois ! Mon frère est sorcier, comme moi. Alors, il profite que pour l'instant, ses actes de magie soient encore considérés comme des débordements sentimentaux par le Ministère. Parce qu'il est peut-être jeune mon petit bout, mais quand il est question d'ennuyer quelqu'un, c'est fou comme il maîtrise la lévitation de bouteilles d'eau ! Et, de ce qu'on m'a raconté, pas mal d'autres trucs rendant la vie de ses profs (et parents et voisins) impossible.

Je retourne à la salle de bains et me plonge dans mon bain moussant. Voilà le genre de petit plaisir qui me manque le plus quand je suis à Poudlard.

Ça, et le fait basique de pouvoir prendre mon temps quand je me lave. Nous sommes six filles à Gryffondor et si chacune se mettait à trainer sous l'eau, autant dire que nous n'assisterions pas souvent à nos premiers cours de la journée… Au fil des années, j'ai acquis l'habitude de me lever tôt pour aller courir dans le parc, seul sport apparemment praticable dans ce château quand les balais ne déclenchent pas notre extase, et à mon retour à la Tour, c'est toujours frénésie et course pour être prête à l'heure.

Un grand bruit raisonne en bas, suivi d'un cri aigu perçant (Pétunia ? J'espère sincèrement qu'aucun des garçons ne peut crier comme ça) puis des rires incontrôlés. Je fronce les sourcils en entendant mes amis se mettre à vanter les mérites de mon petit frère – de neuf ans – le féliciter et se réjouir de tous ce qu'ils pourront apprendre à Tim à son entrée à Poudlard dans deux ans.

J'entends James assuré au bas des escaliers que la relève des Maraudeurs est assurée et je crains le pire pour l'avenir de ma famille. Des fois, je me demande comment j'ai fini amie avec ces quatre-là… C'était pas gagné pourtant.

Enfin, en toute honnêteté, rien n'était gagné au départ.

Sirius et James ne pouvaient pas se voir en peinture, Remus se tenait à l'écart de tout le monde et Peter n'osait aborder personne. Quant à moi, j'avais passé la majeure partie de ma première année isolée à lutter contre mes démons intérieurs, même si j'évitais de trop y repenser. Rencontrer James avait tout changé, littéralement toucher James pour la première fois avait tout changé, et je mettais un point d'honneur à ne pas me poser de questions sur le sujet.

Je suppose que la première année avait été étrange pour tout le monde, par certains aspects. Personne ne s'attendait à retrouver Sirius à Gryffondor, et surtout pas lui-même, et tout n'avait été que conflit au départ : conflit contre lui-même, conflit contre sa famille, conflit contre James, conflit contre le monde.

Personne ne sait vraiment comment Sirius et James étaient passés de meilleurs ennemis à meilleurs amis, comment les blagues et railleries étaient passées de James contre Sirius et vice versa à James et Sirius contre le monde. Lily avait entendu dire qu'un duel serait impliqué ainsi que d'une certaine façon le Saule cogneur et elle n'avait jamais posé la question : certaines choses devaient rester mystérieuses. Ils semblaient presque avoir instantanément adopté Remus et Peter après ça, une question d'unité-fait-la-force et 's'ils sont impliqués, ils ne peuvent pas nous dénoncer'.

Attaques et réponses désormais sous forme de blagues et de coups plus ou moins honnêtes fusèrent, faisant connaître ces quatre garçons différents mais faits pour être unis dans tout Poudlard.

Comment Lily s'était retrouvée greffée sur ce groupe, elle n'en savait trop rien. Elle avait – pour parler simplement – péter une case (d'une certaine façon, n'avait pas été un exemple de santé mentale durant toute cette année-là) et agresser le préfet en chef de l'école. Du coup, parce qu'il était comme une mouche attirée par du miel, James s'était intéressé à elle et ils s'étaient touchés. Et Merlin, elle pouvait encore ressentir le contact de sa main sur sa peau et la manière dont tout s'était éclaire autour d'elle, comme si elle était une princesse de conte de fée emprisonnée dans un cauchemar dont elle était la méchante reine et l'innocente jouvencelle, et qu'en la touchant, James l'avait secourue comme son prince en armure. Et si ça, ce n'était pas une image révoltante…

Tout avait changé à partir de là. C'était comme une magie depuis longtemps enfouie à l'intérieur d'elle-même s'était brusquement réveillée et que chaque fois qu'elle était en présence de James, ses pouvoirs s'affolaient et devenaient incontrôlables. Elle n'avait plus besoin de travailler ses sortilèges, plus besoin de connaitre les incantations, ni même d'utiliser sa baguette.

Et oh par la douce Vivianne, qu'est-ce qu'elle pouvait être attirée par James. Pas dans le sens qu'elle donnait actuellement au mot – elle avait onze ans à l'époque ! – mais tout son être semblait crier : sois proche de lui, sois son amie, tiens-toi à ses côtés, c'est là qu'est ta place.

Et elle savait qu'il ressentait exactement la même chose.

Aussi, quand Dumbledore, pas moins, leur avait conseillé de tenter d'être amis, ils avaient obéis sans même penser à résister. Il n'avait pas fallu longtemps pour que Sirius, Remus et Peter deviennent tout aussi chers à son cœur.

Même si c'était parfois compliqué… Particulièrement quand ils avaient commencé à attirer l'œil des filles à la fin de leur troisième année et qu'elles semblaient avoir décidé de les baptiser les Maraudeurs – et bien sûr, ils avaient immédiatement adopté le nom qu'ils considéraient sans doute comme une sorte de prix pour toutes leurs années de méfaits en tous genres.

C'était cependant après les vacances de Noël en quatrième année que les choses étaient devenues plus tendues entre James et Lily : durant les vacances, ils s'étaient embrassés (ou plutôt, Lily, qui avait déjà eu un petit ami pendant l'été, avait appris à James à embrasser, ou du moins, c'est ce qu'ils avaient décidé) et depuis, elle avait du mal à penser à James en simple ami.

Mais lui était bien trop occupé à sauter sur tout ce qui bougeait et à être de manière générale un véritable goujat pour se rendre compte de quoi que ce soit, et voir la manière dont il traitait ses copines avait eu vite fait de refroidir les ardeurs de Lily…

oOoOoOoOoOo

James courait à en perdre haleine. Le quai était bondé de Moldus, il en sortait de toute part et il peinait à traîner son immense chariot derrière lui. Avec un coup d'œil paniqué à la grande horloge de la gare, il s'aperçut qu'il était 10h57. Dans trois minutes, le train partirait – sans lui.

Il accéda enfin au quai neuf et entama une course effrénée vers le mur. Du coin de l'œil, il vit Remus et Sirius passer ensemble et accéléra. Un train arriva sur le quai 10, les portes s'ouvrirent et une nuée de passagers descendirent, lui bloquant le chemin. Il était définitivement damné.

Il aurait dû écouter Lily quand elle lui avait dit de terminer sa valise la veille du départ, avant de faire la fiesta. Mais bien sûr, il n'en avait rien fait. Et maintenant, il allait rater le train.

Il reprit sa course de plus bel et rentra dans un jeune homme d'une vingtaine d'année, habillé d'un blouson en cuir noir avec des clous et dont la figure était à moitié cachée par un tatouage de dragon. Il avala difficilement. Il s'aperçut ensuite que dans sa chute, l'homme avait laissé tomber une petite mallette noire qui s'ouvrit violemment sous le choc. Des liasses de papier vert rectangulaire en sortirent.

L'homme par terre eut un regard effrayé et commença à regarder autour de lu en paniquant. James s'en aperçut et discrètement, jeta un sort pour que les autres passagers ne s'aperçoivent pas de la scène. Il s'abaissa et commença à l'aider à ramasser les papiers verts. Il ignorait ce que c'était mais cela avait l'air important pour le truand, et pas spécialement légal à voir sa réaction.

L'homme en question fut surpris, quasiment choqué, que James l'aide à ramasser les liasses de billets. Il regarda autour de lui et s'aperçut que personne ne les regardait, même pas le policier au bout du quai. Il fronça les sourcils.

« Pourquoi ils ne voient rien ? » grogna-t-il en se dépêchant. Il en avait pour près d'un million là-dedans, et il était hors de question qu'il finisse en prison. Le jeune homme en face de lui ne dit rien et continua à l'aider à ramasser.

« J'ai quelques faculté pour détourner l'attention, » mentionna James en l'entendant parler. Lorsqu'il eut fini, il se releva et prit son chariot – il était sûr qu'il serait en retard maintenant. L'homme lui accrocha le bras.

« Tiens, pour te remercier – je sais reconnaître les amis. » James fronça les sourcils, il ne savait pas en quoi ramasser des petits papiers sur le quai d'une gare faisait d'eux des amis. « Si jamais t'as envie d'un peu de chance et de bonheur… » Il lui fit un clin d'œil, et s'éloigna.

James baissa les yeux. Il avait dans la main un petit sac contenant deux petites pilules blanches. Il ignorait aussi ce que cela pouvait être. Il haussa les épaules et fourra le petit sachet dans sa poche. Il n'y avait aucune raison que l'inconnu lui ait menti – ce devait être une recette moldue agissant comme la potion Felicis.

Il réempoigna le chariot et aperçut à la grande horloge qu'il était à présent 11h02. Il se retint à temps de jurer, ayant appris depuis peu que les Moldus n'exprimaient pas non plus leur rancœur de la même façon qu'eux et il n'avait pas spécialement l'intention d'attirer l'attention sur lui.

Lui et ses fichues manies ! Pourquoi avait-il aidé ce type à ramasser ces liasses de papier ? Bon, il l'avait bousculé mais il était pressé, alors pourquoi l'avait-il aidé ? Des fois, James se trouvait trop bien éduqué. Il soupira et continua sa marche vers la barrière d'un pas détendu maintenant. De toute façon, le train était parti, il n'était jamais en retard. Il lui faudrait juste retrouver ses parents qui s'étaient déplacés pour venir lui souhaiter une bonne année et décider d'un moyen de se rendre à Poudlard. Il sentait déjà qu'il allait en prendre pour son grade.

Il lissa son blouson moldu et entendit un petit bruit de chiffonné… ça mais bien sûr ! Il avait dit quoi ? Ah oui, un peu de chance et de bonheur ? Grandement inspiré par ce coup du sort, James ouvrit le petit sachet et avala une des pastilles. Goût amer et… aucun effet. James secoua la tête, s'étant sans doute fait arnaquer, puis seulement il s'aperçut qu'il n'aurait peut-être pas dû avaler un truc refilé par un mec en cuir avec un tatouage de dragon.

Il passa finalement le mur et avança nonchalamment parmi des gens qui criaient et d'autres courant. Il tourna légèrement la tête et là… le Poudlard Express ! Un grand sourire étendit ses lèvres et il se mit à courir. Il rentra dans le train, apercevant sa mère au bout du quai qui lui hurlait qu'il avait eu de la chance.

Sa tête bourdonna un instant. Finalement, les Moldus étaient sympas quand ils voulaient bien révéler leur côté magique. Sans comprendre pourquoi, il éclata de rire tout seul à cette petite plaisanterie intérieure. Ce qu'il était marrant comme mec quand même ! Ah, la vie lui semblait belle…

« James, mec, t'as de la chance que le conducteur s'est fait renverser par un troupeau de Grapcornes avant de venir ! » cria Sirius en l'aidant à monter à bord alors que le train commençait à bouger.

Le James en question tourna un œil vitreux vers lui et lui sourit avant de le serrer dans ses bras. « Mon ami, je te vois ! »

« James, tout va comme tu veux ? » demanda Sirius en se reculant et s'arrachant à l'étreinte puissante qu'il lui offrait. « Tu viens, on s'est trouvé un compar… »

Mais l'autre était à quatre pattes par terre et observait le sol avec la tête dodelinant joyeusement. Intrigué, Sirius s'accroupit et regarda au même endroit, sans rien apercevoir d'autre qu'une plum'chette. « T'as vu comme il est mignon ! » s'exclama le garçon à lunette en continuant de fixer le rongeur de poussière avec admiration.

« Hum » Son 'ami' se releva et se racla la gorge. « Espérons que personne n'ait vu ça. » Il essuya ses mains sur son pantalon puis attrapa la cage de Ellan, un magnifique hibou grand-duc croisé avec une mère antillaise et attendit que James se relève mais celui-ci suivait toujours d'un air extatique le sol. « James ? » Sirius le toucha à l'épaule avec le bout du pied (C'était peut-être contagieux ?) « Faut y aller, on va pas squatter le couloir toute la journée. »

James releva la tête et observa Sirius un instant avant de lâcher : « Ouah t'as vachement grandi depuis la dernière fois que je t'ai vu ! »

Le 'grand' garçon se passa une main dans la nuque, commençant à vraiment s'inquiéter. « C'était y'a cinq minutes Potter. » Il se décida à transporter lui-même la valise de son ami et commença à avancer, suivi de peu par James.

Sirius surprit quelques rires et se retourna. James le suivait… toujours à genoux. Il souffla. « Et si tu te levais ? »

James arqua un sourcil, regarda ses genoux puis, d'un air concentré, mit doucement un pied à plat puis l'autre et se releva en se tenant aux parois. Il sourit, fier de lui, et regarda à nouveau Sirius. « Ah ouais, du coup, t'es carrément plus petit. »

Le jeune homme en question ne savait pas très bien s'il devait pleurer de la bêtise de son meilleur pote ou se taper la tête dans le mur pour ne plus entendre les remarques idiotes dans son dos, du type : « T'as vu les schtroumfs qui décorent l'endroit ? » Il ne savait même pas ce que c'était, un 'Chroumf'. Ni le « T'as pas l'impression que le sol bouge ? » auquel il se retint de lancer qu'ils n'étaient jamais que dans une des dernières locomotives à vapeur encore en circulation. Et il ne répondit rien quand il l'attaqua personnellement avec son « On t'as jamais dit que de derrière, t'avais tout d'une fille ? »

Ils parvinrent enfin au compartiment. Dans un dernier effort, il parvint à soulever l'immense valise de James au-dessus d'un siège et se laissa tomber assis tandis que son ami passait une tête dans la cabine en s'exclamant : « J'avais l'impression que c'était plus grand Poudlard ! »

Un petit rire détourna Sirius de la furieuse envie qu'il avait de rendre ses esprits à James. Heather était assisse sur ses mains, ses pieds balançant légèrement en-dessous d'elle. « Salut les garçons, » murmura-t-elle timidement en souriant. D'un seul coup, le jeune Black se redressa, une légère rougeur sur les joues tandis que James faisait semblant d'appeler au loup.

« Salut Heather, » répondit Sirius en faisant les gros yeux de méchant fâché à l'autre Gryffondor qui se laissa tomber à côté du siège, se releva et dut s'y prendre à trois fois avant de se caler dans un coin de la cabine. « Fait pas attention, il a encore dû se cogner la tête avant de partir… »

La jeune fille sourit et lissa une de ses mèches en levant timidement les yeux vers Sirius. « Hm, j'étais là parce que… »

« Je suis très content que tu sois là, » la coupa-t-il tout de suite. Elle sourit et baissa un peu les yeux.

« Je veux dire, heu, Peter est allé avec Olga dans notre compartiment et je me disais, enfin on, nous je veux dire, » bafouilla-t-elle. Elle respira un grand coup et le regarda dans les yeux : « On s'était dit que t'aurais peut-être envie de le rejoindre. »

Sirius acquiesça, prêt à accepter l'invitation puis il lança un coup d'œil à James qui tentait de déchiffrer un magazine de Quidditch. Il se demanda un instant s'il ne le tenait pas à l'envers, mais non, et pourtant, James fronçait les sourcils et forçait sur ses yeux dans un effort intense de comprendre quelque chose.

Finalement, il soupira et applaudit, ravi de sa découverte avant de lâcher… « Hey, Si, depuis quand le Quidditch, ça se lit de gauche à droite ? »

S'abstenant de toute réponse, il reporta son attention sur Heather qui fixait James avec inquiétude. « Je suis désolé mais » Il pointa l'autre garçon du menton, « Lily et Remus sont préfets cette année, alors y reste que moi. »

La jeune fille acquiesça et se releva en lissant sa petite jupe d'été. « D'accord… si jamais il retrouve ses esprits, c'est le cinquième compartiment à droite au bout du couloir. » Et elle s'enfuit rapidement en entendant James commencer à ricaner bruyamment.

« Tu savais que les balais étaient interdits ? »

« Potter je vais te tuer, » grogna Sirius en se retournant vers l'autre, puis il s'arrêta et demanda : « Où ? »

« Ben, sur les terrains de Quidditch ! » énonça James en haussant les épaules et recommençant à lire. Sirius secoua la tête, décidé ne plus intervenir, et se frotta doucement le front. Il n'y avait pas vraiment beaucoup de possibilités. Ou James s'était réellement cogné la tête, ou il perdait ses bois pour de bon, ou… ou alors, il avait rencontré quelques Serpentards dans le couloir et…

Mais il fut tiré de ses réflexions par son ami qui s'écria, comme s'il parlait à une foule entière : « Tu sais que le chauffeur s'est fait écrasé par une bande de Grapcornes ? »

« Oui, James, c'est moi qui te l'ai dit. »

« Ah ouais, t'es sûr ? » Sirius ferma les yeux et gémit en s'enfonçant un peu plus dans son siège… ça allait être une très longue journée. « Au fait, comment tu vas toi, ça fait longtemps qu'on s'est plus vu ? » Il ne répondit pas. « Ah ouais, j'comprends, moi aussi j'étais pas mal occupé. » Non, il n'allait pas ouvrir un œil pour savoir ce qu'il fabriquait. « Les affaires oui, pas évident avec la crise politique je sais… » Sirius se mordit la lèvre et ouvrit quand même un œil quand il entendit : « Tiens, tu savais que le chauffeur s'était fait renverser par une bande de Grapcornes ? »

Il faillit en tomber de son siège. James ne se contentait pas de faire causette tout seul, il discutait avec une petite tâche noire sur le mur. « Oui, je sais, la mort c'est triste mais bon… toutes mes condoléances à ta femme… ah, c'est elle qui est morte ? »

Sirius saisit son ami par l'épaule et le tira en arrière. « Je peux savoir ce que tu fais ? »

« Tiens Black, ça faisait longtemps ! » Il souffla, ça allait passer, c'était juste passager, se rassura-t-il. « Tu t'es dégarni dis donc ! »

« James, tu parles à ma main » Il releva les yeux.

« T'es sûr ? »

Au moment où le pauvre adolescent allait craquer, il n'était pas spécialement patient et n'arrêtait pas de se rappeler qu'il aurait pu être avec Heather à la place, la porte s'ouvrit, laissant passer Lily qui entra en soufflant légèrement. James arrêta de parler et fixa la jeune fille avec un air perdu.

« Tu peux m'aider au lieu de me fixer comme ça ? » grogna-t-elle en tirant derrière elle sa grosse malle. Aussitôt demandé, aussitôt fait, James se saisit de l'objet et le lança au-dessus de la sienne. Sirius cligna des yeux, un peu beaucoup impressionné. Soit James s'était mis à l'électrophilie (oui, c'était un terme moldu qu'il adorait, ça consistait à passer ses journées à faire gonfler ses muscles), soit Lily n'avait emporté que des plumes dans sa valise. Il marmonna finalement :

« Je parierais pas sur l'équilibre de ce bazar… » Il haussa les épaules puis se leva et s'en alla.

« Mais – » voulut protester la jeune fille.

« Je te le laisse avant de l'encastrer quelque part. » Il ouvrit la porte à son tour avant de se retourner et d'ajouter : « Fais gaffe, il doit être sous un sortilège de confusion ou quelque chose dans le genre, j'suis dans le compartiment des Serdaigles de 6e, si t'as besoin. »

Avant qu'elle ait eu le temps d'acquiescer, le battant avait coulissé. Elle secoua la tête, perdue, et se tourna vers James qui la fixait un grand sourire étalant ses dents à la vue de tous. D'habitude, James lui disait toujours bonjour, il lui disait toujours bonjour, même s'ils s'étaient vus cinq minutes plus tôt. C'était étrange. Mais habituel entre eux. Elle se tourna vers lui, et le dévisagea.

« Tu ne me dis plus bonjour ? »

Comme s'il n'attendait que ça, il se précipita sur elle et la serra fort contre lui en humant son parfum. « Salut Lily Flower. »

Elle rit et se détacha de lui. « Comment tu m'as appelée ? »

« Ben… » Le jeune homme détourna le regard alors que Lily semblait surprise. « Au fait, » s'exclama-t-il tout joyeux, « t'as vu ma nouvelle coupe de cheveux ? »

« Joli James »

« Et la fille qui me les a coupés, » confia-t-il alors qu'elle se retenait de rire devant son petit air rêveur. « Elle avait une peau si douce, des doigts qui provoquaient de ces sensations quand elle les passait dans mes cheveux ! Et une voix si crémeuse, de gestes rassurants… Je crois que c'était la femme parfaite. »

« Heu… James ? »

« Et puis, cette robe ! » continua-t-il sans l'écouter. « Si tu avais vu ces mollets Lily, elle avait de ces jambes ! Et des bras fins, de longs cheveux juste un peu ondulé, et un regard fabuleux, et je te parle même pas de ses – »

« James ! » coupa encore une fois la jeune fille qui commençait à se sentir mal à l'aise. Il la fixa avec un sourire béat avant de souffler d'un air tragique :

« Si seulement elle ne s'était pas enfuie en un coup de vent… J'aurais eu le temps de lui demander son nom et nous aurions pu faire connaissance ! »

Lily éclata de rire, se tenant le ventre. Elle s'appuya sur son épaule et crut bien qu'elle allait pleurer quand il ajouta : « Elle avait exactement le même rire que toi. »

« James, c'est moi qui t'ai coupé les cheveux, » finit-elle par arriver à dire. Il la regarda un instant, choqué, puis assura :

« Bien sûr, je le savais. » Lily reprit son calme et se cala dans le fond du fauteuil. « Lilypuce, c'est mieux comme sobriquet ? »

Elle se mordit les joues, sentant le rire revenir à plein nez. « Pourquoi veux-tu me trouver un sobriquet ? »

« Lily water ? » Il fronça les sourcils, puis corrigea : « Non, waterlily, c'est comme ça qu'on dit non ? » Il lui toucha les cheveux du bout des doigts et s'exclama, avec un sérieux et une stupeur qu'elle ne lui avait jamais connus : « Que tu as les cheveux doux ! »

Elle reprit son sérieux un instant et le fixa, évaluant la possibilité qu'il se moque réellement d'elle. « Je te prêterai mon shampooing si ça te rend heureux. »

Il sourit. Lily fronça les sourcils. James Potter détestait qu'on se moque de lui. Et pourtant, elle venait de ratatiner son compliment, non ? Sa main quitta ses cheveux et vint se glisser dans la sienne. Lily jeta un œil inquiet à leurs doigts entrelacés puis leva le regard sur son compagnon.

« Je le pensais tu sais, » murmura-t-il, « ce que j'ai dit sur ma coiffeuse. Elle pourrait être la femme de ma vie. »

Elle se retint de rire. Il n'était pas vraiment sérieux ? Non, James n'était jamais sérieux. Ça la rassura. Elle voulut récupérer sa main, mais il la garda serrée entre ses doigts. « Que tu dois avoir de douces lèvres. »

« Tu nous fais un remake du petit chaperon rouge ? » ne put-elle s'empêcher de demander. Il fallait à tout prix changer de sujet. Mais loin de la lâcher du regard, James se rapprocha un peu. Lily, effrayée de son comportement bizarre, recula. Il se rapprocha, elle recula, il se rapprocha jusqu'au moment où elle fut coincée contre le mur. « James, qu'est-ce qui te prends ? »

« Je » Il baissa la tête et fixa un long moment leurs mains, avant de relever les yeux vers elle. Presque… timidement. « On n'en a jamais reparlé. »

« De quoi ? »

« Du baiser. »

Lily expira doucement, se demandant où il voulait en venir. Bien sûr qu'ils n'en avaient pas reparlé. Il l'avait supplié de lui apprendre à embrasser, elle s'était laissé attendrir par son air gêné quand il s'était retrouvé sur elle et elle s'était enfuie avant de perdre le contrôle de ses sens. Et puis, c'est tout. Il n'y avait rien d'autres à en dire. Sauf qu'elle se sentait extrêmement coupable. Si elle ne l'avait pas fait, peut-être ne serait-il pas devenu ce goujat prétentieux ?

« Oh, » murmura-t-elle.

Il se rapprocha encore, collant leurs jambes, et caressa une mèche de ses cheveux qui s'était échappée de sa queue. « Je voulais m'excuser. »

« De m'avoir embrassée ? » demanda-t-elle sèchement, blessée.

« De n'avoir pas recommencé. » Et il le fit, juste là. Il déposa ses lèvres sur les siennes et attendit quelques secondes qu'elle réagisse. Elle le repoussa gentiment.

« James, qu'est-ce qu'on fait là ? »

« Tu viens de m'envoyer promener ? » tenta-t-il, en regardant bizarrement ses mains. Puis, un éclair de compréhension traversa ses yeux. « Je suis désolé d'avoir été odieux l'année passée. C'est les filles, ça m'est monté à la tête sur le moment mais… je suis désintoxiqué maintenant tu sais. »

« Ah. »

« Oui, il n'y en a plus qu'une seule qui m'intéresse et je promets de ne jamais me conduire avec elle comme avec les autres. »

« Oh. »

« J'y ai souvent repensé, à ce premier baiser. En fait, à chaque fois que j'embrassais une fille, je repensais à toi. C'était tellement magique cette fois-là… »

« Euh. »

« J'avais juste envie, je croyais juste, » Il se passa la main dans les cheveux, l'air totalement mal à l'aise, ce qui fit sourire Lily. C'était craquant. « Enfin, je pensais, » Il leva un regard incertain sur elle. « J'ai cru que c'était juste parce que c'était la première fois. Mais ça a recommencé, il y dix jours. »

« Hein ? »

« Je suis allé dans ta chambre, » avoua-t-il dans un murmure en se tordant les mains. Lily releva vivement la tête. « Ca m'a frappé. Tu étais tellement belle. Alors, je me suis penché et… je t'ai embrassée. »

« Pendant mon sommeil ? »

« Oui. »

« Et sans mon accord ? »

« C'est-à-dire… »

« Alors c'est quoi James, les filles faciles, c'est plus pour toi, mais Lily ah non, Lily c'est trop compliqué, c'est trop dur alors on va y aller pendant qu'elle dort se rincer une fois l'œil ! » s'énerva-t-elle en se levant, s'arrachant du même coup à leur étreinte. Elle aurait dû s'en douter… James Potter n'était qu'un sale gosse capricieux quand il s'agissait de filles. Comment avait-elle pu croire qu'il avait changé ? D'un geste rageur, elle essuya ses lèvres, honteuse et dégoûtée de l'avoir laissé la toucher. Merlin, était-elle vraiment amie avec lui ?

« C'est pas du tout ce que… »

« Oh, mais bien sûr, Lily elle sort jamais avec personne, parce que quand c'est pas un de ses quatre ballauds de copains qui se charge de lui faire regretter son choix, c'est ses copines de chambre. Alors, c'est ça, tu t'es proposé parce que t'avais pitié de moi ? Ah mais oui, suis-je bête, je ne suis pas vraiment une fille moi, c'est ça ? Tu voulais juste t'en assurer ? »

James se leva et vint se planter devant elle avant de l'embrasser encore, violemment cette fois. Il encercla sa taille de ses bras et ferma les yeux, totalement subjugué par le frisson qui lui remontait le long du dos. Il sentait les mains de la jeune fille sur son torse, essayant de le repousser. Tellement légèrement qu'il savait que c'était juste une tentative de se prouver à elle-même qu'elle ne ressentait pas comme lui. Il respira son odeur en se détachant légèrement d'elle. C'était quelque chose comme ça, le paradis.

« Non, » murmura-t-elle en se mordant la lèvre. « On ne peut pas. » Elle tenta de reculer, trébucha, puis grogna : « Je ne veux pas me faire avoir. »

« Je ne te ferai jamais de mal, » assura-t-il en la serrant un instant contre lui.

Jamais il ne s'était senti si vivant, il entendait son cœur battre à ses oreilles, le sang couler en lui, l'air rentré dans chacune de ses cellules. Jamais il n'avait eu l'esprit aussi clair. Autour de lui, le décor se transforma en un épais nuage blanc sur lequel il flottait avec elle. Il lui caressa le visage et repoussa un peu une de ses mèches.

« Règle n° 5 : ne jamais tomber amoureux d'une fille à laquelle on tient. »

« Quoi ? » murmura-t-elle, perdue.

« Je m'étais promis de ne jamais faire ça, Lil, je me l'étais juré. » Il sourit et s'assit, la tirant sur ses genoux. « Mais tu arrives là, avec la bouche en cœur, et tu es tellement belle. »

« Arrête, » chuchota-t-elle, pas très convaincue par ce qu'elle disait.

« Je crois que je – » Il joua un instant avec un bouton qui pendait sur sa jupe. « Je crois que je t'aime. »

« Oh, » répéta-t-elle. Elle se sentait particulièrement intelligente aujourd'hui.

« Je n'ai pas envie d'essayer de me passer de toi. » Il lui caressa la joue et finit par demander : « Tu n'aurais pas envie d'être ma première relation stable ? »

« Stable ? » murmura-t-elle du bout des lèvres, n'y croyant pas. Elle ne savait pas quoi penser. Tout ça allait tellement vite. Elle n'avait jamais pensé à James comme à autre chose qu'un ami et maintenant… elle ne savait pas comment réagir. C'était tellement de choses en même temps.

Il lui prit la main. « Tu sais quoi ? Réfléchis-y un peu, tu as le temps. » Il posa ses lèvres sur les siennes puis releva la tête un instant avant de déclarer : « Et je te promets que tu es réellement devenue une fille à mes yeux. Non, tu es devenue la seule fille que je puisse voir. »

Lily secoua la tête et sa cala dans ses bras. « Tu te rends compte que ce que tu dis est limite écœurant de guimauve ? »

Il lui caressa les cheveux avant de murmurer : « Regarde autour de toi, nous flottons sur un nuage rose. Ça, c'est carrément bizarre, pas ce que je dis. »

Elle le fixa un instant, se demandant s'il fallait rire ou s'inquiéter de son sérieux quand il disait des choses pareilles. « Je me demande quelle mouche t'a piquée aujourd'hui. »

James parut absent un instant, suivant une mouche qui s'accrochait désespérément à la vitre extérieure puis s'exclama, enjoué : « Sûrement pas celle-là ! » Lily fronça les sourcils quand il se leva et commença à faire le tour de la cabine, fouillant chaque recoin avant de demander : « Il est parti ? »

« Qui ? »

« Sirius. »

Elle cligna des yeux trois minutes avant de déclarer sobrement : « Oui ». Quelque chose ne tournait pas rond en ce moment. Mais James vint se rasseoir près d'elle et la reprit dans ses bras.

« En attendant, on peut toujours faire la seule chose dont est sûr qu'on en pourra jamais se passer. »

« C'est à dire ? » sourit-elle en le voyant fixer ses lèvres avec envie. Il releva lentement la tête et doucement, ils s'embrassèrent.

oOoOoOoOoOo

« Lily ! » Remus entra dans le compartiment que Sirius lui avait indiqué avec bruit, espérant que la jeune fille y serait bien. Il jeta un coup d'œil dedans et aperçut James, tombé par terre et Lily, debout et toute raide au milieu des deux bancs de sièges, le regardant comme s'il allait lui sauter dessus pour la mordre. « Lily ? »

« Quoi ? » sursauta-t-elle. Puis elle cligna des yeux et donna un petit coup de pied à James en grognant : « Debout ! »

« Tu as oublié la réunion de préfets ? »

« Par les fesses de l'enchanteur ! » s'exclama-t-elle en le bousculant et partant le plus vite possible dans le couloir. Intrigué, Remus jeta un œil à James qui s'exclama :

« Tiens Remus, ça faisait longtemps ! »

« Juste trois heures, » grommela-t-il avant de remarquer un détail sur son ami qui lui fit briller les yeux. Mais James, parti sur une autre planète, se releva et se frotta la tête, l'air perplexe.

« Ah non, toi aussi tu as l'air plus petit dans cette position-ci. » Le jeune homme en question fronça les sourcils, ne comprenant pas très bien où tout cela les menait. James se mit à croupi et dit : « grand », puis il se releva « Petit » « grand » « petit » « grand » Apparemment amusé, il ne remarqua pas la mine effarée de Remus qui lui fit les gros yeux.

« On a compris, » coupa-t-il. James s'arrêta et le regarda avec les yeux d'un enfant qu'on vient de priver de son jeu préféré. Le loup-garou décida qu'il n'allait pas en tenir rigueur. Il se poserait des questions plus tard. « Au fait, tu as du rouge à lèvre au coin de la bouche. »

Il se frotta du bout de la manche puis, remarquant le sourire amusé de Remus, il s'exclama : « Menteur ! Lily ne se maquille pas ! »

A l'instant même où les mots franchirent sa bouche, il s'arrêta et regretta. Il n'était pas censé dire ça. Enfin, il jugea à la taille des yeux de Remus qui allaient bientôt rouler par terre.

Avec surprise, James observa les deux globes oculaires sortir de la tête de Remus, descendre sur le sol en roulant, et s'aventurer un peu partout, se salissant et ramassant de la poussière.

« James, James ! » Le garçon sursauta et releva les yeux sur Remus qui n'était pas aveugle finalement. Il regarda par terre, les deux yeux avaient disparu. Il releva la tête et se gratta l'arrière du crâne en s'apercevant que Remus était devenu difforme et bleuâtre. Bof, ça devait être la fatigue. « Si je m'attendais à ça… Lily et toi ? » demanda Remus, essayant de ne pas tenir compte de James qui avait eu l'air de suivre quelque chose par terre. Il ne s'attendait pas vraiment à ça. Et encore moins à la réponse qui suivit :

« Lily qui ? »

Remus secoua la tête et sortit, laissant James à sa contemplation de ses pieds, puis décida qu'il devait vraiment être fatigué parce qu'il entendait son ami parler alors qu'il était seul.

oOoOoOoOoOo

Lily avait fini par retrouver la préfète en chef et s'était excusée. Morrigan n'avait pas eu l'air d'en faire grand cas et l'avait juste envoyé balader après lui avoir appris le mot de passe de Gryffondor. Mais la septième année l'avait rattrapée et lui avait demandé si elle n'avait pas des informations sur James qui pourrait l'aider à l'approcher. Lily avait levé les yeux au ciel en se disant que cette journée était vraiment étrange.

Elle revint dans le compartiment où elle trouva James qui riait en se roulant par terre. Elle fronça les sourcils. Elle vit ensuite Remus qui la fixait avec une lueur étrange dans les yeux qui la fit légèrement paniquer. Se doutait-il de quelque chose ? Et pour finir Sirius, qui se massait la joue en grognant. Quand il la vit, il sauta sur pieds en criant : « Enfin une fille saine d'esprit, merci grands dieux ! »

James se releva, la regarda bizarrement en penchant la tête sur le côté, puis la serra dans ses bras s'écriant comme un timbré : « Lily, ça faisait longtemps ! Tu as encore grandi ? »

La jeune fille s'écarta aussitôt. « Ça va pas de gueuler comme un dégénéré ? ! »

James mit ses mains dans les poches et regarda le sol avec un air penaud. Puis il sembla trouver quelque chose au fond de celles-ci et se mordit la langue de concentration en trifouillant dans son pantalon moldu. Un sourire apparut sur son visage et il dit : « Ah oui, il y a un fond à ma poche, j'avais oublié. »

Sirius tomba à moitié de son siège. Remus leva les yeux au ciel. Peter… « Tiens, où est Peter ? » demanda-t-elle s'asseyant à côté de Sirius qui continuait à se frotter la joue en râlant.

« Olga a un magnifique bronzage de ses vacances au brésil, » marmonna celui-qui-s-était-sûrement-fait-tapé. « Me demande bien ce qu'il lui trouve à celle-là. » Puis il regarda Lily et sembla percuter. « Dis-moi ce qu'il y a de gênant dans le fait de demander à une fille si elle n'a pas grossi pendant les vacances ? Peter ne s'en offusque pas lui. »

La jeune fille leva les yeux au ciel. « Il y a que les filles sont des êtres doués de sentiments, tête à claques. »

« Oh. » Il se frotta encore la joue et ajouta : « Je suppose qu'on ne peut pas non plus leur demander combien elles prennent pour un massage ? »

« Tu finiras ta vie sans jamais avoir touché une fille mon pauvre Sirius, » soupira Lily avant de questionner : « Qu'est que tu fais James ? »

« Il compte ses doigts, » grinça Sirius. Lily arqua un sourcil. « Il parait qu'il en a plus que d'habitude. » Lily leva les yeux au ciel.

« Je vais aller me changer, » interrompit-elle en attrapa ses affaires au-dessus de Remus.

« Tu veux que je vienne t'aider ? » s'écria directement James.

« Ca fait quatre ans que tu demandes, et quatre ans que je te dis non. »

« Mais je peux tenir la porte des toilettes, j'ai toujours rêvé de savoir à quoi ça ressemble chez les filles… »

Elle soupira en se demandant s'il allait un jour progresser un peu. Et se disant aussi qu'ils étaient tous deux extrêmement doués pour faire comme si rien n'était arrivé entre eux. « Je vais au toilette pour que vous qua-je veux dire, vous trois vous changiez en même temps, idiot. »

« Oh. » Il sembla déçu puis se retourna vers la fenêtre, aperçut la mouche de tout à l'heure, ouvrit la bouche et « Je me sens pas bien »; s'écroula par terre.

I'll let you know just how much you mean to me
As snow falls on desert sky
Until the end of everything I'm trying, I'm trying
To let you know how much you mean
As days fade, and nights grow

Demolition Lovers, My Chemical Romance