Bonjour !

Me revoilà avec une nouvelle traduction, du fandom de Merlin cette fois-ci :) Le texte original est en anglais, avec le même nom et a été créé par starwater13 qui a bien voulu que je le traduise ! C'est un Two-shot et le suite ne devrait pas tarder vu que je l'ai déjà fini :D

Sur ce, bonne lecture !


Disclaimer : je ne possède que la traduction. Le fandom et les personnages sont à la BBC


Il y a de l'amour dans ton corps mais tu ne peux le garder dedans

Il déborde de tes yeux et se répand sur ta peau

Les touchés les plus tendres laissent les marques les plus noires

Et les baisers les plus affectueux brisent les cœurs les plus durs

Il y a de l'amour dans ton corps mais tu ne peux l'exprimer

Il reste prisonnier de ta tête et ne sortira pas de ta bouche

Il est collé à ta langue et se voit sur ton visage

Car les mots les plus doux ont le goût le plus amer.

~ Hardest of Hearts, by Florence + The Machine (Traduction des paroles)

Gauvain étouffa un gémissement de douleur alors qu'il décalait son dos contre le mur visqueux du cachot. Il pouvait sentir le froid provenant de la pierre humide rampant jusque dans ses os, et il était sûr qu'il aurait des marques en forme de cotte de maille sur ses fesses, mais il n'y avait que très peu de choses qu'il pouvait faire pour soulager son inconfort. Il était assis sur le sol dur et sale avec ses mains enchaînées au-dessus de sa tête. Autour de lui se trouvait les autres membres du groupe diplomatique de Camelot en partance pour Escetia, tous dans la même position inconfortable.

A sa gauche, Merlin se décala aussi inconfortablement. Sa jambe gauche était repliée sous son genou, soulevant le serviteur du sol pour qu'il puisse reposer sa jambe droite et chaude sur la hanche de Gauvain. Merlin essayait de compresser une blessure au couteau qui était dangereusement proche de son artère, mais les mains du serviteur étaient aussi enchaînées au-dessus de sa tête. Gauvain se sentait un peu étourdi par la perte de sang et il tremblait sans contrôle. Il était sûr qu'il n'était toujours conscient que grâce aux efforts de son ami.

« Si tu v-voulais t'a-asseoir sur mon bassin Merlin, tu a-aurais j-juste pu demander, » blagua Gauvain, faisant un effort pour se distraire de la douleur qui irradiait dans toute sa jambe.

Le serviteur renifla et se décala de nouveau, essayant d'être plus confortable dans cette étrange position. « Même si j'avais voulu m'asseoir sur ton bassin, je commence à penser que mon poids entier sur tes cuisses ne serait pas assez pour arrêter le saignement. » Merlin grimaça malicieusement. « Le poids de Percy d'un autre côté… »

Gauvain haussa ses sourcils de façon suggestive vers le grand chevalier enchaîné en face d'eux. « Qu'en penses-tu Percy ? Envie de t'asseoir sur moi ? » Gauvain maudit mentalement le claquement de ses dents.

Léon pouffa d'amusement alors qu'Elyan souriait. « Si je m'assois sur ton bassin, je casserai sans doute ta virilité et je te laisserai incapable de faire de nouveau plaisir à une femme. » déclara Perceval, voulant rester sérieux mais n'y parvenant pas totalement. Il gagna un grand éclat de rire de la part de Merlin et des Chevaliers.

« Ce n'est pas le moment de faire des blagues ! » s'énerva Lord Elsren, l'homme qui aurait été l'Ambassadeur de Camelot à Escetia si tout n'était pas allé de travers.

« Je ne peux penser à un meilleur moment pour les blagues, Lord Elsren. » dit doucement Arthur de son coin du cachot, échouant à cacher son propre amusement.

Apparemment, dans le château que le nouveau roi d'Escetia avait choisi d'habiter, les cachots étaient composés d'une unique et large pièce doublée de menottes plutôt que plusieurs cellules individuelles. Gauvain pensa que c'était plutôt chanceux. Après tout, l'emprisonnement était bien plus amusant quand vous étiez en bonne compagnie.

Après la mort du Roi Cenred, Escetia avait sombré dans le chaos, et il semblait qu'un nouveau leader était couronné tous les mois. Le Roi Ancel avait arraché le pouvoir du reste des Seigneurs d'Escetia et s'était lui-même couronné Roi durant l'hiver, puis avait envoyé une missive à Camelot durant le printemps pour suggérer une alliance. Le gouvernement d'Ancel avait semblé le plus stable et prometteur depuis la chute de Cenred, et Arthur avait espéré d'un nouveau départ pour Camelot et Escetia.

Arthur avait décidé de personnellement diriger leur groupe diplomatique (même si Merlin avait essayé de l'en dissuader). Il avait voulu rencontrer Ancel en personne et juger lui-même quelle sorte de roi il était.

Malheureusement, Ancel s'était révélé être un roi trompeur, sans honneur et lâche. Le vin qu'il avait servi pour « les rafraichir après leur long voyage » avait été drogué. Gauvain avait réussi à résister au sédatif plus facilement que les autres, peut-être parce qu'il était habitué à être intoxiqué, et il avait attaqué les gardes qui l'emmenaient. Regrettablement, ça n'avait rien donné d'autre qu'un affreux coup de couteau dans la cuisse et un mal de tête persistant après qu'ils l'aient rendu inconscient avec la bonne vieille méthode.

Il s'était réveillé dans le cachot environ vingt minutes plus tôt et il n'avait toujours pas d'idée claire de ce qu'Ancel avait prévu pour eux. Seulement les membres nobles de leur groupe étaient là (et Merlin également, pour une raison quelconque), et Gauvain suspectait que le reste d'entre eux était mort.

Lord Elsren renifla sa désapprobation de l'amusement d'Arthur. « Peut-être qu'au lieu de faire des blagues enfantines nous devrions trouver un plan. Je refuse de mourir dans ce cachot répugnant. »

Arthur soupira avec impatience. « S'il voulait simplement nous tuer, le vin aurait été empoisonné et non drogué. Je suspecte Ancel de vouloir me forcer à léguer Camelot sous son règne. Quand je refuserai, il me torturera et probablement vous tous aussi pour me faire céder, et quand ça ne fonctionnera pas il nous tuera et attaquera Camelot directement, espérant que Guenièvre sera affaiblie par sa peine. » Le Roi parla calmement et sans inflexion, et Gauvain fut impressionné une fois de plus par son courage.

« Bon et bien, nous avons juste à nous échapper. » déclara Merlin comme si c'était un fait, comme Arthur l'avait fait pour leur situation.

Le Roi roula des yeux. « Si tu as un plan brillant, mes oreilles sont grandes ouvertes, Merlin. Un peu comme les tiennes, d'ailleurs. »

Son serviteur ne lui jeta qu'un bref regard et s'appuya ensuite contre le mur avec un air pensif. Ses doigts tapaient sans cesse contre le sol et il semblait perdu profondément dans ses pensées. Gauvain se demandait ce qui pouvait bien lui passer par la tête. Son visage était tordu et il avait l'air extrêmement indécis. « Les meilleurs mensonges contiennent une part de vérité. » murmura Merlin, sûrement à lui-même.

Le silence s'installa lourdement dans le cachot alors que les prisonniers considéraient leur sort le plus probable. Ce n'était pas la première fois que Gauvain était emprisonné, et il espérait que ce ne serait pas la dernière. En quelque sorte. Le chevalier renifla silencieusement. Il suspectait que la perte de sang commençait à affecter sa capacité à penser clairement. C'était un peu comme être saoul.

Bon Dieu, il aurait aimé avoir de quoi boire pour passer le cap…

Un bruit métallique fit sursauter Merlin et Gauvain vacilla à cause de l'augmentation de la pression sur sa blessure. Le chevalier pouvait entendre plusieurs sortes de pas approcher leur enfer, et son attention se tourna vers la porte en acier sur le mur à sa droite.

A côté de lui, Merlin se décala encore, contraint par les chaînes de ne pas aller aussi proche de Gauvain qu'il aurait voulu et murmura dans son oreille. « Gauvain, je vais faire quelque chose pour te soigner, ne bouge pas et ne laisse personne voir que tu n'es plus blessé. »

Gauvain tourna sa tête pour observer le serviteur, confus. Quelque chose pour le soigner ? Les mains de Merlin étaient prisonnières et il n'avait aucune affaire médicale, que pouvait-il faire ?

Merlin ferma les yeux et prononça quelque chose si silencieusement que même Gauvain ne put entendre ce que c'était, et soudainement il sentit une douce vague de… quelque chose se répandre de la jambe Merlin dans la sienne. Ses yeux s'agrandirent alors que la douleur s'apaisait et qu'il pouvait littéralement sentir sa blessure se soigner toute seule.

Il observa son ami avec ébahissement. Merlin ouvrit les yeux et lui sourit faiblement. Les pensées de Gauvain fusaient. C'était de la magie. Ça ne pouvait être rien d'autre. Merlin était un sorcier, et il semblait évident qu'il ne voulait pas qu'Arthur l'apprenne. Il adressa un subtil hochement de tête à son ami, et Merlin se détendit visiblement à côté de lui.

La tête de Gauvain continuait pourtant de tourner. Merlin était un sorcier. Un sorcier, vivant au milieu de Camelot, juste sous le nez du Roi. Le chevalier était choqué. Il n'aurait jamais pensé que le courageux, maladroit, amusant et travailleur Merlin était un sorcier, et un plutôt puissant il semblerait. Ils avaient éventuellement une chance de sortir d'ici.

Gauvain regarda rapidement le cachot. Tous les chevaliers, le Roi et Lord Elsren étaient en train de regarder la porte, et aucun d'eux n'avait remarqué le subtil sort lancé par Merlin.

Les pas s'approchant s'arrêtèrent, et ensuite la porte s'ouvrit avec un bruit grinçant, les mettant tous mal à l'aise.

Un mercenaire grisonnant s'avança, lança un regard à l'intérieur du cachot, et se déplaça ensuite sur le côté, pour laisser entrer le Roi Ancel lui-même. Le Roi portait des vêtements riches et inconfortables dans des tons foncés de vert qui allaient bien avec ses cheveux et sa barbe auburn. Il devait avoir dans la trentaine, un homme qui commençait à peine à perdre de la vigueur. Il avait une réputation d'être impitoyable et imprévisible. Ses yeux scintillaient de satisfaction alors qu'ils scannaient les occupants du cachot, avant de se reporter sur Arthur.

« Arthur Pendragon. » Sa voix était grave et moqueuse. « J'espère que vous appréciez mon hospitalité. »

Les yeux d'Arthur brillèrent de fureur et il se pencha en avant pour confronter le roi malicieux qui le surplombait, pas le moindre du monde intimidé. « Nous sommes venus ici avec notre bonne foi pour former une alliance, et vous avez trahi notre confiance. Vous pensez vraiment pouvoir vous en sortir ? Aucun autre royaume ne traitera avec vous lorsqu'ils sauront ce que vous avez fait. » Arthur fit une pause pour l'effet dramatique. « De plus, emprisonner un roi est un acte de guerre. Camelot a le plus grand pouvoir militaire d'Albion. Vous ne pouvez espérer gagner la guerre que vous avez commencé. Si vous nous laissez partir maintenant, avant que tout ceci n'aille plus loin, nous ignorerons cette insulte grave et nous vous laisserons en paix. Sinon, ma Reine sera forcée d'agir militairement contre vous et je rirai lorsque mes chevaliers détruiront votre pathétique armée de mercenaires. »

Ancel regarda Arthur pendant une seconde, puis il se mit à rire. « Oh, jeune roi-ours, tu sais comment rugir ! Penses-tu vraiment que tes mots vont me repousser ? Il est bien trop tard pour que je change mes plans, ce que j'ai mis en marche ne peux pas être arrêté. Non, tu comprendras bientôt qu'ici, tu n'es rien. » Ancel sourit méchamment, et Gauvain sentit un frisson descendre le long de sa colonne vertébrale, et cette fois ce n'était pas à cause du froid. « Je ne crains pas les armées de Camelot. Ta Reine ne saura même pas que quelque chose manque lorsque je voyagerai jusqu'à Camelot avec un document signé me donnant les pleins pouvoirs sur ton royaume. »

« Je ne signerai jamais un tel document ! » s'exclama Arthur, se débattant futilement avec ses chaînes.

« Oh mais tu le feras. » répliqua Ancel avec un autre sourire envoyeur-de-frisson. « Quand j'en aurai fini avec toi, tu me supplieras de te laisser le signer. »

Ancel fit un geste vers les mercenaires, et ils libérèrent Arthur et le poussèrent rudement sur ses pieds. Arthur essaya de les combattre, mais il se figea lorsqu'une épée vint s'appuyer contre sa gorge.

« Ne te débat pas, Arthur Pendragon. Plus tu te battras contre moi, plus je te ferais du mal. Ne prolonge pas l'inévitable. »

Ancel se retourna pour sortir du cachot, indiquant à ses hommes de le suivre et d'amener Arthur. Gauvain se tourna pour regarder Merlin, le cœur battant rapidement dans son torse. Si Merlin voulait faire quelque chose, c'était maintenant.

« Attendez ! » Merlin appela le Roi Ancel, sa voix rauque mais confiante. « J'ai une proposition à vous faire. »

Ancel se tourna pour le jauger, un sourcil levé. « Et que pourrais-tu avoir qui m'intéresserait ? »

« Tais-toi, Merlin ! » siffla Arthur, observant son serviteur avec désapprobation. Gauvain pouvait voir la peur d'Arthur pour Merlin dans les yeux du Roi, mais il doutait qu'Ancel reconnaîtrait cela comme de la peur et non comme de la colère.

Merlin se redressa autant qu'il pouvait, et regarda Ancel droit dans les yeux. Pas une seule fois son regard se détourna vers Arthur. « Je suppose que vous comptez inventer une histoire pour expliquer à Guenièvre et la Cour comment Arthur a disparu et vous a volontairement cédé Camelot. J'ai été le serviteur personnel d'Arthur pendant sept ans, j'ai la confiance de la Cour et je suis un ami proche de la Reine. Si je leur dis que vous énoncer la vérité, elle me croira. »

Gauvain regarda Merlin, choqué, et son expression se reflétait sur tous les visages des autres prisonniers. Il avait espéré que Merlin avait un plan, mais ceci n'était pas vraiment ce qu'il avait imaginé. Il espérait que son ami savait ce qu'il était en train de faire.

« Une proposition certes intéressante, » répondit Ancel, « mais tu es définitivement et uniquement loyal à ton Roi. Pourquoi devrais-je croire ce que tu dis ? »

Merlin sourit et ce sourire était presque aussi froid que celui d'Ancel. « Je mentirais avec plaisir à la Reine, en échange de ma vie et de ma liberté. Mais plus que cela, je peux imiter la signature du Roi sur n'importe quel document désiré si, » Merlin fit une pause, et Gauvain faillit frissonner en voyant son expression sauvage, « vous me laissez torturer Arthur. »

La bouche de Gauvain s'ouvrit en grand. Il ne pouvait sincèrement pas dire si Merlin était juste en train de jouer ou si la malice dans son regard était réelle.

« Bâtard de traître ! » hurla Lord Elsren. Les chevaliers semblaient figés par le choc. Arthur avait l'air assommé. « Merlin, » il hoqueta, « qu'est-ce que tu fous ? »

« Ce que j'aurais dû faire il y a bien longtemps. » lui répondit Merlin. « Tospringe ! »

Arthur était choqué et béat alors que les yeux de Merlin tournait au doré et que ses menottes tombaient loin de ses mains. Il se leva et, se frottant les poignets, s'avança tranquillement pour s'approcher d'Arthur.

« Sept ans. » énonça Merlin. « Sept ans que j'ai été votre serviteur personnel. Sept ans à polir votre armure et à nettoyer vos écuries. Sept ans à me faire maltraiter sur votre terrain d'entraînements par des chevaliers qui faisaient deux fois ma taille, sept ans à recevoir des verres que vous lanciez dans ma tête, sept ans à devoir cacher ma magie et vous regarder tuer les miens et pour quoi ? » la voix de Merlin était doucement en train d'augmenter en volume jusqu'à ce qu'il hurle au visage d'Arthur. « Pas une fois vous ne m'avez remercié ! J'ai bu du poison pour vous, affronté des dragons pour vous, combattu des armées immortelles pour vous et comment vous m'avez remboursé ? Tu es un idiot Merlin, tu es inutile Merlin, tu es le pire serviteur que je n'ai jamais eu, Merlin ! Vous m'avez traité comme si je n'étais rien ! » Merlin était maintenant orteil contre orteil avec Arthur, qui restait béat d'étonnement et de douleur. Le visage du serviteur sembla s'adoucir un moment, puis se referma. « Sept ans » murmura-t-il, « sept ans à vous aimer, à devoir vous regarder tomber amoureux de cette salope de Guenièvre. Ça suffit. Je vais vous faire autant de mal que vous m'en avez fait. »

Merlin se pencha en avant et entraîna Arthur dans un long et vicieux baiser. Arthur fit un bruit étranglé et essaya de s'éloigner mais les mercenaires le tenaient fermement en place.

Merlin se recula, et Arthur avait l'air de s'être fait renverser par un chariot à pleine vitesse.

Gauvain était choqué. Il s'était parfois demandé si Merlin ressentait pour Arthur plus que de la simple loyauté et amitié. Les choses qu'ils faisaient pour Arthur allaient au-delà des deux réunies. Merlin avait toujours l'air d'avoir une légère touche de tristesse autour de lui, une souffrance cachée que Gauvain apercevait parfois, mais il n'avait jamais été aussi amer. Gauvain ne pensait même pas que Merlin était capable d'avoir autant de haine et d'amertume que ce qu'il montrait actuellement.

« Bien, bien, bien. » dit Ancel, « je crois que je devrais accepter ta proposition, sorcier. Si tu peux imiter sa signature, tu pourras faire à Arthur ce que tu veux. Un homme de tes talents me serait utile dans ma cour, et tes efforts ne resteraient pas sans récompense. »

Merlin eut un sourire de prédateur. « Merci, mon Roi. » dit-il en s'inclinant devant Ancel. « Si nous pouvions le laisser ici maintenant, je viendrais avec vous pour signer ce dont vous avez besoin. Je l'ai aidé à écrire des documents officiels depuis des années, » renifla le serviteur. Merlin atteignit et toucha le visage d'Arthur dans une étrange parodie d'une caresse amoureuse. Arthur tourna sa tête avec un sursaut, et Merlin se pencha pour susurrer à son oreille. « Je reviendrai bientôt pour vous. » Arthur frissonna au ton malicieux dans sa voix.

Ancel sortit du cachot, et Merlin le suivit juste après. Les mercenaires forcèrent facilement un Arthur sous le choc contre le mur et l'enchaînèrent une fois de plus. La porte se ferma lourdement derrière eux avec un bruit claquant qui résonna dans les os de Gauvain.

Il y eut un moment de tension, dans un silence incrédule, puis Elyan parla. « Qu'est, » il grinça, « ce que c'est que ce bordel ? »

« Merlin vient juste de nous trahir, » répondit Perceval sans vraiment y croire.

« Je ne suis pas sûr qu'il l'ait fait », raisonna Léon, « peut-être était-ce juste une partie de son plan. Il les a empêchés de torturer Arthur. »

« Je ne pense pas qu'il nous ait trahi. » répliqua Gauvain. Il était toujours ahuri par ce qu'il venait juste de voir, mais il ne pouvait pas croire qu'il s'était autant trompé sur son ami. Il sentait qu'il devait à Merlin de lui faire confiance. « Il a guéri ma jambe. S'il ne se préoccupait pas de ce qui allait nous arriver, il n'en aurait rien eu à faire. » Gauvain bougea sa jambe pour qu'ils puissent voir qu'il était bien guéri.

« Qu'il nous ait trahi ou non, » commença Elyan avec admiration, « c'est un acteur incroyable. Faire croire à Ancel qu'il était amoureux d'Arthur était brillant. J'y ai presque cru. Et je n'aurai jamais imaginé qu'il pouvait faire de la magie. »

« C'est un sale sorcier, » énonça Lord Elsren. « Il ferait n'importe quoi pour sauver sa propre peau. Il a surement comploté contre Camelot depuis des années et aujourd'hui, il a eu la chance parfaite pour nous détruire. »

« Merlin est un sorcier. » La voix d'Arthur était pâteuse à cause du choc. Le Roi avait ramené ses genoux contre son torse et fermé les yeux. Sa tête était baissée. « Merlin est un sorcier, et il m'a embrassé. »

Gauvain ne put retenir la tristesse qui l'envahit en le voyant ainsi. Leur Roi normalement fort et posé avait l'air si perdu, comme si les fondations sur lesquelles il avait construit sa vie s'étaient effondrées sous lui.

« Oui, Sir, » répondit doucement Gauvain, « mais je pense qu'il essaie d'aider. »


Le temps passa, et Merlin ne revenait pas. Les prisonniers étaient assis en silence, chacun perdu dans ses propres pensées. Le soleil commençait à se coucher, et le peu de lumière qui passait par la maigre ouverture dans le mur s'étendit sur le sol avant de disparaître.

Il n'y avait rien d'autre à faire que d'attendre. Ils n'avaient aucun plan viable, aucun moyen de se libérer. Ils ne pouvaient qu'attendre et espérer que Merlin ne les avait pas trahis.

Gauvain passa son temps à ressasser ce qu'il savait à propos de Merlin, et à espérer avoir quelque chose à boire. Quelque chose de fort.

Merlin était le meilleur homme qu'il n'ait jamais connu. Il était courageux, et gentil et honorable. Il était férocement protectif avec ceux qu'il aimait, têtu comme une mule, et avait le cœur le plus grand que Gauvain n'ait jamais rencontré. Si Merlin était réellement amoureux d'Arthur, alors il était un homme encore meilleur que ce que Gauvain avait d'abord cru.

Gauvain en savait un peu à propos de la sorcellerie, même si ce genre de savoir était interdit à Camelot. Soigner une blessure comme la sienne n'était pas commun, ça demandait beaucoup de savoir et de pouvoir pour accomplir quelque chose comme ça. Le chevalier essayait d'imaginer ce que ça faisait, d'avoir autant de pouvoir et pourtant de travailler comme un servant, d'être si proche de l'homme que l'on aimait tous les jours mais de savoir qu'il ne vous aimera jamais en retour. Gauvain essaya d'imaginer une vie pareille, et décida qu'il ne pourrait pas blâmer Merlin s'il avait finalement décidé de les trahir.


Malgré ses pensées dérangeantes et sa position inconfortable, Gauvain réussit à sombrer dans le sommeil. Il fut réveillé par le bruit de pas pressés s'approchant du cachot, puis la porte s'ouvrit avec un grincement sonore.

Gauvain se tendit, attendant quel prochain coup le destin leur avait prévu, puis il soupira de soulagement quand Merlin entra, jonglant étrangement entre une torche et ses bras pleins d'armes.

« Merlin ! T'as pris ton temps. » Merlin grimaça avec reconnaissance et déposa les épées au milieu du cachot.

« Désolé, » répondit-il, « j'ai dû attendre qu'ils aillent au lit avant de pouvoir m'échapper. J'ai lancé à Ancel et sa cour un sort de sommeil mais il ne durera que quelques heures. J'ai déjà détruit les documents qu'il voulait qu'Arthur signe. » Il se déplaçait rapidement dans la pièce, libérant les chevaliers de leurs menottes avec un contact et un mot. Lord Elsren se recula lorsqu'il arriva mais Merlin ne fit que rouler des yeux avant de le libérer.

« Quelle sorte de piège est-ce là, sorcier ? » demanda le seigneur suspicieux.

« Mon nom est Merlin, et ce n'est pas un piège, c'est une échappatoire. »

« Pourquoi devrions-nous te croire ? »

Les yeux de Merlin scintillèrent dangereusement. « Parce que vous n'avez pas de meilleure option. » Lord Elsren prit lentement une épée sur le tas mais ses yeux ne quittèrent pas le sorcier.

Merlin s'agenouilla en face de son Roi, qui refusait de croiser son regard.

« Arthur ? » demanda doucement Merlin, presque apeuré. « Vous savez que je ne pensais pas que ce je disais, n'est-ce pas ? »

Arthur releva vivement la tête et regarda Merlin avec tant de véhémence que même Gauvain faillit faire un pas en arrière.

« N'ose pas me mentir, sorcier, tu pensais chacun de tes mots. » lança le Roi à son serviteur, et Merlin vacilla.

« Non, c'est faux. Je ne pourrais jamais vous blesser. Jamais. » Les yeux de Merlin capturèrent ceux d'Arthur, le priant silencieusement de le croire alors qu'il atteignait et ouvrait les menottes avec un simple contact. Arthur baissa les bras mais resta assis par terre.

« Tu l'as déjà fait, » murmura-t-il, et Gauvain vit Merlin retenir ses larmes alors qu'il se détournait de son Roi et marchait vers la porte.

« Ok, » Elyan brisa le silence, « quel est le plan, Merlin ? »

Merlin les guida en passant près des gardes endormis jusqu'en-dehors des écuries.

La plupart des gardes qu'ils passèrent étaient négligemment appuyés contre des murs ou allongés sur le sol, s'étant endormis trop rapidement. Le groupe de Camelot marcha entre eux aussi silencieusement qu'il pouvait et trouva la plupart de ses possessions dans les écuries. Ils sellèrent rapidement leurs chevaux et partirent par le grand portail, que Merlin ouvrit grâce à sa magie. Gauvain regarda plusieurs fois derrière eux mais personne ne les poursuivait.


Ils galopèrent toute la nuit et le jour suivant, mangeant en selle et ne s'arrêtant que lorsqu'ils franchirent la frontière de Camelot. Ils s'arrêtèrent finalement pour se reposer dans un petit village qui possédait un hôtel.

Arthur n'avait pas parlé ou même regardé Merlin depuis qu'ils avaient quitté le château.

L'hôtel était petit, avec seulement deux lits de libres. Arthur et Lord Elsren en prirent un chacun, laissant Merlin et les chevaliers dormirent par terre.

Gauvain était si fatigué que l'inconfort du sol ne le dérangeait pas, tant que ses mains n'étaient pas enchaînées et qu'il avait une couverture.

Arthur était directement tombé dans son lit et s'était endormi, complètement vidé par les évènements des derniers jours, et probablement désireux de les oublier.

Gauvain pouvait voir Merlin allongé sur le sol près de lui, mais toujours éveillé. Le serviteur semblait hagard et épuisé, mais il regardait distraitement le plafond et ne fermait pas les yeux.

« Merlin, » l'appela Gauvain avec fatigue, « tu devrais dormir, les choses auront un meilleur aspect demain matin. Arthur te pardonnera. »

« Merci Gauvain, » chuchota Merlin, « mais je ne suis pas sûr qu'il le fera. Je lui ai menti pendant tellement longtemps que j'en oublie parfois la vérité. »

« Tu sais ce que tu dois faire, c'est la seule vérité dont il a besoin. Il passera au-dessus éventuellement. »

« J'espère, » dit faiblement Merlin, « mais tant qu'il ne le fera pas je ne peux pas revenir à Camelot. »

« Quoi ? Tu ne penses quand même pas qu'Arthur t'exécuterait ! » Gauvain essaya et ne réussit pas à chuchoter.

« Je ne peux pas jouer sur ça, je ne peux pas le mettre dans cette position. » la voix de Merlin hoqueta. « Je ne pourrais pas le supporter s'il… s'il me détestait autant. Je ne peux juste pas… » Merlin ne put finir.

« D'accord, » déclara Gauvain en s'asseyant, « alors nous irons autre part. »

Merlin eut un sourire triste. « Tu es mon meilleur ami Gauvain, mais je ne peux pas te laisser faire ça, tu as une vie à Camelot maintenant. » Gauvain vit une larme rouler sur la joue de Merlin. « En plus, j'ai besoin que tu protèges Arthur, il peut être un imbécile si aveugle, il a besoin de quelqu'un qui le surveille, et si je ne peux pas être là au moins tu pourras m'appeler si quelque chose de magique attaque Camelot. »

Gauvain eut un peu l'impression d'étouffer. Il ne supportait pas de voir Merlin si brisé. « Je promets, » répondit-il solennellement, « je promets de le protéger. » Gauvain soupira. « Il ne te mérite pas, tu sais. Moi non plus. »

Ceci provoqua un sourire léger mais sincère à Merlin. « Je sais, » murmura-t-il. Il s'assit et commença à rassembler ses affaires. « Ne t'inquiète pas, » chuchota-t-il, « je serais de retour dans une minute pour dire au revoir, je dois juste faire quelque chose d'abord. »

Gauvain se laissa retomber et essaya de ne pas s'endormir, même si son corps entier le faisait souffrir et que ses paupières étaient aussi lourdes que des enclumes.

Merlin revint un peu plus tard avec rien d'autre qu'une lettre dans sa main. Gauvain regarda alors qu'il marchait jusqu'au lit d'Arthur et plaçait la lettre près de son oreiller. Merlin hésita, puis il écarta doucement les cheveux du Roi de son front et se pencha pour déposer un baiser dessus, puis sur ses lèvres. Le premier baiser de Merlin dans le cachot avait été vicieux et dominant, prenant le plaisir sans rien donner en retour. Son deuxième baiser était prudent, tendre et donnant tout sans rien prendre. Arthur soupira dans son sommeil, mais ne se réveilla pas. « Au revoir, imbécile, » murmura Merlin, puis il se détourna et marcha jusqu'à la porte, passant devant Léon. Il regarda en arrière pour voir Gauvain et lui sourit tristement, ses yeux brillants de larmes contenues.

« Au revoir, Gauvain. Tu vas me manquer, » murmura-t-il. « Si vous avez un jour besoin de moi, je serais à Ealdor. Prend soin de lui. » Gauvain acquiesça, ses yeux le piquant, puis Merlin franchit la porte sans un regard en arrière.

Même aussi fatigué qu'il était, le sommeil fuit le chevalier au cœur endoloris.

Arthur pensait que la confession amoureuse de Merlin avait été fausse, juste un dernier mensonge pour convaincre Ancel que Merlin désirait réellement faire du mal à son Roi. Après tout, l'amour et la haine étaient juste les deux faces d'une même pièce. Mais Gauvain savait.

Les meilleurs mensonges contiennent une part de vérité.

Merlin aimait Arthur d'une manière que Gauvain ne pouvait presque pas imaginer. C'était une sorte d'amour infini, silencieux et inconditionnel qui faisait souffrir le cœur du chevalier. Qu'est-ce que ce serait d'être aimé aussi profondément ? Est-ce qu'Arthur pourrait vraiment supporter de laisser Merlin partir si facilement ? Gauvain savait qu'Arthur réaliserait bientôt ce qu'il avait perdu.

Le chevalier se tourna, essayant de trouver un peu de confort sur le sol, et se frotta la jambe qui hier encore était blessée. Qu'importe ce que demain apporterait, il était certain que Camelot reverrait Merlin.

Gauvain sourit, finalement confortable, et s'endormit.


J'adoooore ce texte T-T

N'hésitez pas à laisser des commentaires :)

A bientôt !