La
seule chose qui me venait à l'esprit en ce moment c'était qu'on se
faisait vraiment chier ici.
Je m'étais retrouvé
je-ne-sais-comment invité à l'anniversaire d'une amie de classe. Et
là, nous étions tous les 10 assis en rond au milieu de la chambre,
fixant méchamment une... bouteille située au milieu dudit
rond.
Oui, vous avez bien compris. Nous nous apprêtons à jouer
joyeusement à la
bouteille.
C'est
pour cette raison que je disais que je me faisais chier.
Voyez-vous,
je pense qu'à 17ans on a plus trop l'âge de jouer à ce jeu
stupide. Et puis moi je suis maudit. Je vais encore devoir embrasser
la fille la plus moche.
Il y a 5 filles et 5 garçons. Et Chloé,
que je déteste cordialement à partir de maintenant tout de suite
pour avoir eu l'idée de jouer à ça, a décidé que chacun d'entre
nous devrait embrasser au moins DEUX filles assises en face.
Or,
sans vouloir être méchant, sur les 5 présentes, seule une est à
peu près potable (en ce qui me concerne) et c'est ma meilleure amie.
Je ne veux pas l'embrasser ! Je ne veux embrasser personne. Je veux
rentrer chez moi et aller me coucher au fond de mon lit. Je l'entend,
il m'appelle. Il hurle mon prénom. Vous n'entendez pas ?
"Chriiiiiiiiiiiiis Chriiiiiiiiiiiiiis !!" Oui c'est mon
lit. Putain je suis crevé là.
J'entend mon nom, mais quelque
chose me dis qu'il ne s'agit pas de mon lit. Je suis peut-être
extrêmement fatigué mais j'ai des limites.
En effet, c'est Julia
qui agite sa main devant moi.
-Hé
ho Chris. C'est à toi.
Je
soupire bien fort et bien énervé, histoire de faire bien bien
comprendre à tout le monde à quel point ça me plombe de faire ça,
et tourne sa putain de bouteille en priant le ciel pour ne pas avoir
à embrasser Julia, justement.
Cette fille est absolument géniale,
gentille, intelligente, tout. Mais elle sincèrement hideuse. Il y à
embrasser une fille moche et il y à embrasser Julia. Dans le premier
cas on est dégoûté mais bon on oublie vite, dans le deuxième on
cours vider le tube de dentifrice neuf et on prend rendez-vous chez
le dentiste.
Bref.
Et là, l'affreuse chose (je parle de la
bouteille) s'arrête sur...
Nathan.
Tout le monde rigole. Je
m'apprête donc à la refaire tourner, histoire de cette fois tomber
sur une fille, quand même, mais Chloé m'en empêche.
-Hééé
triches paaaas !
Je
manque de m'étouffer.
-Pardon
?
-La Bouteille a décidé. Tu dois embrasser Nathan.
Ah
non. Ah non non. Je préfèrerai encore embrasser Julia.
Quoique.
Non peut-être pas.
Mais putain c'est un garçon !
-On
était pas censé embrasser une fille ?
Chloé
secoua la tête affirmativement.
-Si.
Mais ça peut être marrant.
Oh
oui, très marrant.
Il n'y a vraiment que les filles pour trouver ça marrant.
Elles sont toutes pareilles, sérieux. Je levai un sourcil et
regardai Nathan. Il était impassible.
-Et
toi, tu dis rien ?
Il
haussa les épaules et contempla la bouteille d'un air vide.
-Barf,
c'est qu'un jeu de toute façon.
Oui
c'est vrai ça, il n'a pas tord. Ce n'est qu'un jeu. Les filles
seront contentes, les garçons vont se marrer dix minutes et on en
parlera plus.
Tout à coup je me senti très nul. Tout le monde me
regardait. Je suis censé faire quoi au juste maintenant ? Lui sauter
dessus et l'embrasser à pleine bouche ?
Non désolé j'en suis
incapable.
Je soupirai de résignation.
-Bon.
ai-je le choix de toutes façon ?
Leurs
têtes répondirent à ma question. Non je ne l'avais pas.
Je me
levai et vint m'asseoir à coté de Nathan, puisqu'il ne semblait pas
disposé à bouger.
Il me fit un sourire et souffla doucement
:
-Hé,
détresse.
Je
me senti encore plus nul et encore plus con. Je me répétai que tout
cela n'était qu'un jeu.
Come on come on let's play !
Il
posa doucement ses lèvres sur les miennes. Elles avaient un goût
légèrement sucré, sûrement dû à la quantité de bonbons qu'il
avait avalé avant.
Il me lécha doucement les lèvres. Un frisson
me parcouru. Je priai pour que personne, et surtout pas lui, ne s'en
soit aperçu. J'entendais les autres, morts de rire autour de
nous.
Et tout d'un coup la langue de Nathan dans ma bouche. Sa
main sur ma joue. C'était étrange. J'essayais de m'imaginer que
c'était exactement pareil que si j'embrassai une fille mais je n'y
arrivai pas. Je le laissai m'embrasser. Ce n'étais pas si affreux
que ça, après tout. C'était même plutôt bon. Oui, je devais
avouer que j'aimais l'embrasser, au final.
J'eu cette impression
que notre baiser dura un peu plus longtemps qu'il n'aurait dû. Mais
peut-être n'était-ce qu'une impression.
Doucement, nous nous
séparâmes. Je regardai autour de moi, légèrement déboussolé. Je
me fabriquais un air blasé.
-Bon
voila vous êtes contents ?
-Woua, c'était hot,
lâcha Gwen.
Je cru percevoir de l'ironie dans la voix de ma
meilleure amie. Pourquoi elle disait ça comme ça ? J'embrasse si
mal que ça ? Quoique, réflexion faite, elle ne peux pas le savoir,
je ne l'ai (Dieu merci) jamais embrassée.
Le jeu continua encore
un peu, jusqu'à ce que tout le monde aie embrassé au moins deux
personnes. Et je n'eu pas à embrasser Julia, mais Chloé.
Ce qui
ne me dérangea pas particulièrement étant donné que c'est mon
ex.
Elle, ça l'à un peu plus dérangée, je crois. Je crois
aussi qu'elle a un nouveau copain, donc ça s'explique.
Mais
n'empêche que ce jeu, c'est vraiment minable.
Vers 3h du
matin, je décidai de rentrer. Je n'avais pas le droit de passer la
nuit chez Chloé, étant donné que c'est une fille. Mes parents me
l'ont strictement interdit.
Je me dirigeai vers la station de
métro, me demandant si les métros passaient encore à cette
heure-là et, dans le cas contraire, à quelle heure passaient les
premiers, lorsque quelqu'un posa sa main sur mon épaule.
-Hé,
attends-moi. Je rentre aussi. Tu vas où?
C'était
Nathan.
Pourquoi me sentis-je aussi gêné à ce moment ?
Je
rougis et bafouillai un truc qui ressemblai à "je vais vers
porte de Clignancourt".
Il eu l'air super heureux.
-Ah
moi aussi je prend la ligne 4 dans ce sens là !
En
même temps à cette station il n'y a que la ligne 4 qui passe. Mais
bon.
Je n'arrivais pas à savoir si j'étais content où pas de
faire le chemin avec lui.
Nous nous installâmes sur les bancs,
dans le métro. la station était évidement vide.
-Tu
sais, je crois qu'il n'y a pas de métro avant 5h,
dit-il doucement.
Je regardai mon téléphone.
-Putain
il est à peine trois heures et demi !
Il
se rapprocha de moi.
-Pas
grave, on se fait moins chier à deux.
Je
m'étouffai. J'avais pas envie de lui parler, moi.
Surtout pas
après lui avoir roulé une énorme pelle comme j'ai dû le faire une
heure et demi auparavant. Je choisi donc de ne pas lui répondre et
haussai les épaules dans le vide.
Un long, très
long silence
s'ensuivit. Je n'étais pas super à l'aise, il fait le dire.
Je
repensai à ce baiser. C'était si... étrange.
Mais pourquoi se
prendre la tête avec ça ? Ce n'est qu'un jeu après tout.
Il
toussota.
-Chris
?
-Hm ?
-Tu embrasses bien, tu sais ?
Je
le regardai, à moitié choqué. Et puis il avait dit ça d'un ton si
naturel. Comme si c'était normal.
-Ah
? Euh... merci...
On
ne fait pas plus stupide.
Il laissa échapper un petit rire.
-Tu
n'avais jamais embrassé de garçon avant?
-Ben non !
Il
en avait de bonnes, lui.
Non
mais attendez... qu'est-ce que ça voulait dire ça ?
-Pourquoi
? Toi oui ?
Il
me regarda comme si je n'étais qu'un ectoplasme sans cerveau.
-Bah,
évidemment.
Je
le regardai, carrément choqué. Ma mâchoire voulait apparemment
tenter de toucher le plastique rouge du siège.
Il éclata de rire
et posa son doigt sur mon menton pour me refermer la bouche.
-Non
mais d'où tu sors, toi ?
Je
restai sans voix. Je n'en revenais pas. S'agissait-il du même Nathan
que celui que je connaissais depuis bientôt un an ? Le dragueur
coureur de jupon ? Celui-là même qui se vantait d'être sorti avec
plus de filles que tous les mecs de terminale du lycée réunis ? Ce
Nathan là ?
Toujours mort de rire, il se pencha et posa ses
lèvres sur les miennes, de nouveau.
Je reculai.
-Hé
!
Il me lança
un drôle de regard et se pencha plus encore vers moi.
-Arrêtes
Chris... avoue que tu as kiffé tout à l'heure....
Je
rougis. Il s'en aperçu.
-Ah,
j'avais raison.
Il
sourit, saisit les pans de ma veste et m'attira vers lui.
J'étais
maintenant presque dans ses bras.
Je me sentais trop mal. Je ne
savais pas quoi dire, quoi faire.
Il me lança un sourire de
séducteur et m'embrassa carrément.
Je me laissai faire. De toute
façon je ne pouvais pas faire grand-chose d'autre, vu la position
dans laquelle je me trouvais, c'est-à-dire à moitié assis sur ses
genoux, dans ses bras.
Il avait glissé une de ses mains sous ma
veste et me caressai doucement le dos. Son autre main était enfouie
dans mes cheveux.
Du reste, je ne comprenais pas vraiment ce qu'il
voulait.
Je m'écartai un peu. Mais en restant dans ses bras.
J'avoue que j'y étais bien.
-Mais
on fais quoi là ?
-On continue de jouer... souffla-t-il
en me faisant un clin d'oeil pervers avant d'ajouter :
-Maintenant
j'adoooore jouer avec toi... Tu joues très bien Chris...
Il
me faisait presque peur. Mais en même temps, j'aimais bien moi
aussi, jouer avec lui comme ça. Je lui rendis son clin d'oeil
pervers :
-Alors
jouons.
Il
m'embrassa encore. D'un vrai baiser. Plus profond. Plus
langoureux.
Sans réfléchir, je me relevai et passai une de mes
jambes par dessus lui. J'étais maintenant carrément assis sur ses
genoux, face à lui. Il avait noué ses bras autour de ma taille et
me serrai contre lui.
Mais je n'étais quand même pas très
rassuré. Où est-ce que ça allais nous mener, tout ça ? Qu'est-ce
qu'il voulait de moi exactement ?
-Nathan...
ça reste un jeu, hein ?
Il
hocha la tête.
-Évidemment.
Ça ne peut rien n'être d'autre qu'un jeu.
Puis
nous entendîmes le bruit d'un métro. Je bondis sur mes pieds et
regardai mon téléphone. Il affichait 5h05. Cela faisait donc une
heure et demi environ que nous étions en train de nous embrasser. Je
montai dans la rame, suivit de Nathan. Elle était presque vide. Je
m'assit sur un strapontin. La flemme d'aller chercher une banquette
pour deux stations. Nathan s'assit sur le siège près du mien et me
saisit discrètement la main.
Je ne dis rien. Cela faisait partie
du jeu.
-Tu
descends où ?
Demandai-je.
La vérité était que je voyais venir le moment où
nous allions nous quitter arriver et que je n'en avais vraiment pas
envie.
Il avait les mains douces. J'aimais bien cette façon qu'il
avait de me caresser doucement le bout des doigts.
Il haussa les
épaules.
-Je
te suis.
Je
rougis de plus belle. Mais qu'est-ce qu'il attendait de moi vraiment
?
-Ça aussi
ça fait partie du jeu ?
-Bien sûr. C'est comme les labyrinthes.
Faut trouver la sortie.
-Et
comment on la trouve ?
Il
haussa les épaules.
-Je
ne sais pas. Tu cherches avec moi ?
Il
me fit un clin d'oeil pervers et je ne pus m'empêcher de lui
répondre
-Oh
mais avec plaisir...
Avant
de l'entraîner hors du métro, puisque nous étions arrivés.
Une
fois chez moi, je posai un doigt sur ses lèvres.
-Aucun
bruit. Mes parents dorment, vois-tu.
Il
esquissa un drôle de sourire et me suivit jusqu'à ma
chambre.
Honnêtement, j'étais mort de trouille. Je savais ce qui
allait arriver. Mais je ne savais pas si j'en avais vraiment envie ou
pas.
Mais à l'instant où ma porte se referma et où Nathan me
prit dans ses bras pour m'embrasser plus que passionnément, je
sus.
Mais je ne pu m'empêcher de demander :
-Et
le jeu, il va continuer après ou pas ? Ou c'est c'est ça la sortie
du labyrinthe ?
Il
secoua la tête.
-Je
ne crois pas, non. La sortie elle se cache bien. Il faut jouer
longtemps pour la trouver.
Doucement,
il enleva mes vêtements un par un.
-Et
puis moi j'ai envie de jouer trèèès longtemps avec toi...
Je
me senti rougir. Je baissai les yeux.
-Tu
m'apprends les règles ? Je ne sais pas jouer...
Il
me sourit tendrement et m'embrassa l'épaule.
-Tu
vas voir, c'est très simple... Tu vas a-do-rer.
Oh
ça, je n'en doutais plus.
Il allait m'enlever ma ceinture lorsque
je l'arrêtai, une lueur lubrique dans le regard.
-Laisses-moi
jouer aussi...
Je
le débarrassai rapidement de tous ses habits. Je ne savais plus
vraiment ce que je faisais. Je n'étais plus en état de réfléchir.
Parce qu'il me regardai, que j'adorais ce regard et la façon dont il
soupirait dès que mes doigts le frôlaient.
Il me poussa sur le
lit.
J'avais le coeur qui battait atrocement vite, mais j'aimais
ça. Et puis il ne cessait de me regarder. Je pouvais lire le désir
dans ses yeux. Savoir à quel point il avait envie de moi m'excitai
encore plus. Moi aussi j'allais jouer. J'ai toujours eu une tendance
à aimer le jeu. Alors là, j'étais bien décidé à jouer jusqu'à
gagner la partie.
Et cette partie promettait d'être riche en émotions....
