Marielle savait profiter des choses simples, observant la beauté que la nature offrait au monde, elle ne s'était jamais lassé de l'émerveillement sans fin dont elle savait profiter et puis un jour, ce plaisir lui a été arraché, juste comme ça, du jour au lendemain, il faisait nuit noire permanente.

L'obscurité avait envahit son monde.

Pendant des mois, elle avait l'habitude de se frotter les yeux en pensant bêtement que peut-être lorsqu'elle allait les rouvrir, elle verrait de nouveau, mais bien sur, ce n'était pas aussi simple, alors elle avait fini par se résigner, plus jamais elle ne pourrait admirer ce monde comme elle aimait tant le faire, voir les vagues cognées contre les rochers ou attaquer le sable, voir la beauté d'un paysage, le vent soufflant dans les branches d'un arbre, les milles et une couleurs des fleurs, les visages des gens, la beauté des étoiles dansant dans un océan d'obscurité...

Il n'y avait plus que le noir depuis trois ans maintenant et ce jour ou ce sombre néant s'était imposé à elle fut également le jour ou ses parents lui furent arrachés.

Bien sur, elle avait voulu garder espoir... au début, malgré l'avis des médecins qui étaient catégoriques, elle avait ensuite voulu mourir, mais on ne l'y avait pas autorisé, se permettant à sa place de décider si elle pourrait supporter cette vie.

Voir... voir était si naturel, tout comme respirer. Bien sur, ce n'était pas vital, mais en perdant ce privilège, elle avait découvert l'importance et la chance de pouvoir utiliser ses yeux

Elle soupirait en jouant un air reflétant son état d'esprit, elle était triste, si triste, elle n'attendait plus rien de la vie, tout ou presque lui avait été arraché, ses proches et son avenir, avant ce jour tragique, Marielle avait été destiné à une vie d'artiste, elle aimait par dessus tout dessiner et peindre, heureusement, il lui restait le piano lui permettant d'extérioriser sa peine, mais son seul rêve aujourd'hui été de mourir, en finir avec cette prison obscure...

A présent, elle ne voulait plus rien d'autre que se fondre dans le néant, celui-là même dans lequel ses yeux étaient à présent prisonnier.

- Marielle? Appela sa tante

- J'arrive, soupira Marielle en se levant à contre cœur

Pourquoi devrais-je aller visiter ce stupide château? Se demanda t-elle en haussant les épaules, je n'y vois rien!

Marielle n'avait pratiquement plus de famille, elle avait été une fille unique et malheureusement, ses parents avaient péris dans l'accident qui l'avait conduite à cette enfer, était-ce là la punition pour avoir survécut? Aurai-je dû mourir? Se demandait-elle régulièrement

C'est sa tante, la sœur de son père qui l'avait prit en charge, elle aurait voulu vivre seule, elle avait vingt ans maintenant, mais Caroline pensait qu'elle serait incapable de se débrouiller et au fond Marielle savait qu'elle avait raison.

Caroline n'avait pas vraiment envi de s'occuper de sa nièce, mais elle avait accepté un peu avant sa naissance d'être sa marraine, évidemment, la plupart du temps, lorsque des parents proposent une telle chose, c'est surtout une preuve de confiance et une sorte de rituel, jamais elle ne ce serait imaginé qu'elle devrait un jour assumer cette décision... elle avait souvent regretté d'avoir dit oui, cependant Caroline tentait de ne rien faire transparaitre de ses vraies émotions, elle avait élevé deux enfants et aujourd'hui, elle aurait simplement voulu profité de sa liberté, mais cela lui avait été volé, tout comme les yeux de Marielle.

Alors dans un dernier espoir, Caroline avait emmené sa nièce en Italie pour rendre visite à sa grand mère, elle espérait que le climat, le lieu, pourrait peut-être convaincre Marielle d'y rester, évidemment, Caroline avait fait passer ce déplacement pour une simple visite, Marielle ne se doutait de rien.

Caroline faisait tout pour gagner un peu de liberté, aujourd'hui, elle avait organisé cette visite au château de Voltera pour sa nièce et la vieille dame vivant dans la maison voisine de sa mère.

Marguerite était donc venu chercher Marielle, elle vivait depuis plus de dix ans en Italie, mais n'avais jamais eu l'occasion d'aller à Voltera, elle était donc ravi de trouver quelqu'un pour l'y accompagner.

- Je suis ravis de te rencontrer, murmura Marguerite en prenant le bras de Marielle pour l'aider à monter en voiture

- Moi aussi Marguerite, répondit-elle à contre cœur

Marielle n'avait rien contre la voisine de sa grand mère, mais elle n'avait vraiment aucune envie de visiter un château dont elle ne verrait rien, à quoi bon?

Elle savait pourquoi Caroline s'évertuait à aller contre sa volonté et c'est pour ça qu'elle finissait toujours par dire oui, elle s'en voulait d'être un tel poids, alors si avoir la paix quelques heures pouvait aider.

Marguerite arrêta la voiture et Marielle l'entendit soupirer légèrement.

- Et bien, je suppose que nous allons devoir marcher un peu, expliqua t-elle en sortant du véhicule

Marielle ouvrit la portière et tenta de s'extirper d'elle même de la voiture, elle savait que Marguerite avait un certain age et elle ne voulait pas être un poids pour elle non plus, même pour quelques heures.

Il fallut marcher plus de vingt minutes, Marielle se sentait horriblement désorienté, il y avait beaucoup de bruit dans la rue, beaucoup de gens qui criaient un peu comme sur un marché, mais elle ne comprenait pas un traitre mot de ce qu'ils disaient. Elle sentit Marguerite ralentir et l'entendis ouvrir un porte qui d'après le son, devait être assez lourde et très grande, puis elle reprirent la marche à l'intérieur du château, heureuse de pouvoir à présent décomposer les sons, les bruits des pas résonnant autour d'elle lui disant que la salle devait être immense, l'odeur lui indiquait qu'il devait y avoir de nombreuses vieilleries dans le château, elle sentait également un léger courant d'air lui caressant le visage, mais surtout, elle ressentait quelque chose d'étrange qu'elle ne parvenait cependant pas à cerner.

Marguerite murmura quelque chose et puis soudainement, elle entendit des gens parler en Italiens, elle se concentrait sur les voix essayant du mieux qu'elle pu de comprendre un mot ou deux, mais sans succès, elle se tourna vers la droite, là où devait se trouver Marguerite qui lui avait lâché la main il y a à peine deux ou trois minutes mais elle se rendit compte que son parfum avait disparut, elle levait légèrement la tête pour humer l'air, cherchant le lilas qui caractérisé la vieille femme, mais rien...

C'est alors qu'elle sentit une main agrippant son bras sans ménagement

- Je crois que je me suis perdu, soupira Marielle à la personne qui la tenait, pourriez-vous m'aider?

Aucune réponse, Marielle tenta de dégager son bras, mais la personne resserra sa prise en faisant un son qu'elle n'avait encore jamais entendu, une sorte de grognement qui ressemblait à celui d'un animal

- Qui êtes-vous? Demanda t-elle un peu plus fort, est-ce que vous parler anglais?

- Tais-toi, humaine! Siffla une femme dans un anglais parfait tout en l'entrainant dans une pièce

Elle fut poussé sans ménagement et entendit la porte se refermer et être verrouillé derrière elle. Marielle commença sérieusement à paniquer, avait-elle été enlevé? Où était Marguerite? Pourquoi l'avait-on appelé humaine? A qui appartenait cette voix dont le timbre sonnait si clair et mélodieux qu'il lui rappelait la perfection d'un instrument de musique, une belle voix féminine qui pourtant était pleine de menace et de haine...

- Et bien, je savais que ce serait une mauvaise journée, murmura t-elle pour elle même en se demandant si elle n'avait pas été enlevé par un réseau de proxénètes ou une secte

Mourir ne lui faisait pas peur en soit, elle ne rêvait que de ça, en revanche, être torturé ou violé ne lui disait absolument rien, consciente de son impuissance, elle se laissa glisser contre le mur, la tête entre les mains, tentant de ne pas se mettre à pleurer.

Aro tentait de calmer sa colère, ces nomades étaient parfois si énervant! Il avait dû partir à la hâte, se privant de son repas pour régler rapidement le problème. Parfois il n'arrivait vraiment pas à les comprendre. La famille royal n'imposait que très peu de lois, en comparaison avec celles des humains, ce n'est vraiment pas une grosse affaire de s'efforcer de les suivre, mais certains immortels semblaient s'évertuer à pousser les limites de sa patience...

Il retournait dans ses quartiers pressé d'étancher sa soif, Jane avait eu la délicatesse de penser à son roi et de lui garder un mets de choix lui garantissant qu'elle n'avait jamais sentis un fumet si appétissant.

Et bien, il s'en léchait les lèvres en prévision à l'idée de la goutter.

Il passa la porte, faisant fi des salutations de ses gardes et fut littéralement transporté par la merveilleuse odeur lui chatouillant les narines, étrangement, celle-ci ne semblait pas activer la flamme au fond de sa gorge, non, elle était juste incroyable à respirer, comme un beau tableau qu'on se contente d'admirer sans y toucher.

Il balaya la salle des yeux et vis la petite chose recroquevillé par terre contre le mur, il sourit, la flamme n'était peut-être pas là, mais il se ferait de toute façon un plaisir de la déguster, mettant l'étrangeté de la situation dans un coin de sa tête pour y réfléchir plus tard.

Il s'avança vers la jeune fille qui leva la tête, malgré sa discrétion, elle l'avait entendu. Il ne prit pas la peine de la détailler scrutant immédiatement son cou avec intérêt.

- Pourquoi m'avoir enfermé ici? Demanda t-elle en fermant les yeux

- Et bien, piccolo fiore, il semble que tu sois mon nouveau repas, répondit Aro en toute honnêteté

A quoi bon mentir à quelqu'un qui va mourir?

- D'accord, souffla la jeune fille étrangement soulagé

- D'accord? Répéta le roi étonné par tant de désinvolture

Elle lui sourit et enfin, il balada son regard qui était resté planté sur sa jugulaire jusqu'à son visage, elle était incroyablement attirante pour une humaine, ses cheveux noirs bouclés encadrer délicatement son visage, son nez était petit et droit, elle avait les lèvres charnus d'un rose à vous ouvrir toute sortes d'appétits, mais ce sont ses yeux qui attirèrent l'attention du roi, ils étaient d'un vert incroyablement clair, presque transparent...

- J'ai eu peur de tomber sur une bande de proxénètes ou quelque chose dans ces eaux, si je dois mourir, je préférais ne pas être torturé avant que cela arrive, pouvez-vous faire ça pour moi? Murmura t-elle en souriant doucement

- Veux-tu mourir piccolo fiore? S'étonna de nouveaux Aro quelque peu amusé

- Oui, monsieur, je ne savais pas que ça arriverait lorsque je suis venu ici, mais si vous pouvez le faire, je ne pourrais qu'en être ravi

Il se baissa devant la jeune fille, fermant les yeux un instant pour humer l'air et fut surprit de sentir deux petites mains chaudes se glisser sur ses joues, lui provoquant un frisson qui le traversa de part en part, personne si ce n'est les femmes qui partageaient son lit ne pouvait le toucher de la sorte et encore, il devait d'abord leur donner la permission.

Elle baladait doucement ses doigts sur les traits du visage du rois, s'attardant sur les plis, ses lèvres, l'ovale de son visage. Aro fut si surpris par son geste qu'il se statufia littéralement, mais lorsqu'elle baissa les mains, il sortit de la léthargie dans laquelle il était tombé pour profiter de la sensation et ressentit un vide étrange.

- Désolé, murmura t-elle, je voulais savoir à quoi ressemble celui qui va me libérer

- Tu es aveugle, marmonna Aro étrangement triste à cette idée, est-ce pour cela que tu veux mourir?

- Est-ce que c'est vraiment important? Je ne sais pas qui ou ce que vous êtes, mais je sais que vous pouvez faire ça pour moi, vous semblez avoir eu une vie si longue et pleine, j'imagine que de nourrir quelqu'un avec une si grande histoire devrais être une sorte d'honneur, expliqua t-elle légèrement tremblante

Encore une fois, le roi resta coit, comment pouvait-elle savoir ça, une aveugle de surcroit?

- Comment? Commença Aro

- Je ne sais pas, répondit-elle en haussant les épaules, je serais tenté de vous dire qu'il s'agit là d'une sorte de sixième sens que j'aurai développé depuis que la cécité m'a frappé, mais je sais à présent que j'ai toujours eu ça, disons que devenir aveugle m'a juste permit de voir certaines choses plus clairement, ironique! Elle secoua la tête en murmurant le dernier mot pour elle même

Aro se sentait étrange de discuter avec un repas, par ce que oui, les humains de sont guère plus que des repas, mais il trouvait cette jeune fille fascinante, tant par sa beauté que par sa personnalité. Il leva la main vers elle pour lui prendre la sienne, il voulait la comprendre, il voulait savoir ce qui lui était arrivé, mais à son grand étonnement, il ne vit rien, rien du tout, la roi sourit, Miss Swan n'était pas aussi unique que ça, mais le silence de l'esprit de la jeune fille le frustrait considérablement.

- Que dirais-tu si je te disais que je ne vais pas te manger aujourd'hui? Lui dit-il sur un ton enjoué

- Pourquoi? Se plaignit-elle

- A vrai dire, je ne sais pas vraiment, je crois que tu es... intéressante...

- Non, je ne le suis pas, rétorqua t-elle avec véhémence, vous voulez me garder pour faire quoi au juste?

- Parler? Répondit-il pas très sur de lui

- Parler? Répéta t-elle intrigué, allez-vous me parler de votre longue existence?

- Si ça t'intéresse, oui, mais cela risque d'être effrayant...

- Croyez-moi, il n'y a rien de plus effrayant que d'être constamment enfermé dans le noir, murmura t-elle dans un sanglot

- Pas sur...

- Voulez-vous tester ma théorie? Le provoqua t-elle d'un ton morne

- Comment ça?

Marielle leva de nouveau les mains cherchant le contact avec le visage du roi, lorsque le bout de ses doigts trouvèrent les yeux du vampire, elle les plaqua dessus en souriant tristement

- Ça tout le temps, toujours, tous les jours, pour toujours, murmura-t-elle avant de lever les mains pour libérer les yeux du roi

Aro ressentit une tristesse qu'il ne connaissait pas, en fait Aro n'avait pas ressentit de tristesse depuis si longtemps qu'il eut d'abord du mal à identifier l'émotion, oui, s'il était contraint de vivre éternellement dans le noir, lui aussi finirait par avoir envi de mourir.

Il secoua la tête, se giflant mentalement, le roi du monde vampirique ne pouvait pas se permettre de ressentir des émotions aussi faibles. Il se redressa en entrainant la jeune fille avec lui, si elle était aussi insensible aux dons de ses gardes, peut-être qu'elle pourrait être aussi puissante que miss Swan, peut-être pourrait-il lui rendre la vue en la transformant, elle en souffrait tellement que la libérer de cette prison lui assurerait sa loyauté.

- Vous savez, soupira la jeune fille, vous allez vite vous ennuyer, je ne suis plus capable de grand chose dans cet état...

- Parler, c'est très bien

- Bien, pouvez-vous me dire où est la dame qui était avec moi?

- Je pense que tu le sais déjà, marmonna Aro dans un soupir

- Morte...

- Mes gardes doivent se nourrir, expliqua-t-il simplement en haussant les épaules

- Je suis triste pour elle, mais je comprends

Aro fronça les sourcils, elle comprenait?

- N'es-tu pas en colère? Qui était-elle pour toi?

- La voisine de ma grand mère et non, je ne suis pas en colère, j'ai appris à mes dépends que nulle ne peut se battre contre la mort lorsqu'elle vient à vous, je ne peux qu'espérer qu'elle n'ait pas trop souffert et que bientôt vous me ferez ce plaisir, maintenant que je vous ait trouvé, je pense que tout va s'arranger

- Nous allons parler d'abord, grommela Aro pas ravit du tout de constater que la jeune fille souhaitait réellement mourir, j'aimerai connaître ton nom

- Marielle et vous?

- Aro, je suis le roi Aro Volturi, rectifia t-il

Elle était peut-être humaine, mais sans comprendre pourquoi, Aro ne voulait pas lui mentir, ce n'était pas comme si elle avait une chance de partir de son château librement un jour. Aro n'avait jamais été à ce point intrigué par qui que ce soit, humaine de surcroit, peut-être Isabella, mais surtout à cause de sa capacité à bloquer les dons. Cette humaine devant lui semblait si étrange, non seulement elle était une beauté à admirer, mais en plus, son histoire semblait tout à fait passionnante, du moins, sa personnalité, sans oublier son merveilleux parfum, ses étranges capacités...

Bref, elle était un mystère dont il comptait bien soulever le voile...

- Roi? S'interrogea t-elle, rien à voir avec un roi humain, lorsque vous m'avez touché, j'ai de suite remarqué votre peau, elle est lisse, douce et glaciale, puis-je?

- Quoi dont?

Elle leva les mains devant elle, voulant faire comprendre qu'elle désirait de nouveau pouvoir le toucher, il hésita, tentant de comprendre son désir, oui, il voulait qu'elle le touche encore, ne serait-ce que pour avoir la chance de frissonner encore une fois, personne n'avait jamais fait frissonner Aro et il se demandait s'il ne s'agissait pas d'un don... peut-être était-elle capable d'attirer l'intérêt? Si c'était ça, il serait facile de vérifier, les autres devraient réagir de la même façon que lui.

Après plus d'une minute de réflexion, il attrapa délicatement les poignées de la jeune fille et attira ses mains jusqu'à lui, elle les fit de nouveau glisser sur sa peau glacé, plus lentement cette fois, traçant un doigt autour du visage pour en deviner la forme, le passant sur son front pour le faire glisser lentement sur son nez droit et terminer sur ses lèvres. Aro ne comprenait pas, comment son touché pouvait-il susciter autant de plaisir, ses yeux étaient clos, il suivait les mouvements sur son visage avec ravissement espérant même qu'elle ne s'arrêterait pas.

- Si tu pouvais réaliser un souhait, parla soudainement Aro en gardant les yeux clos, quel serait-il?

- Voir, bien sur, se pressa de répondre la jeune femme, depuis que je suis enfermé ici, ricana t-elle doucement, il y a tant de choses que je ne peux plus faire, peindre, admirer un paysage, faire de l'escalade, conduire, regarder les traits d'un visage ou simplement me promener sans avoir peur de tomber sur les fesses, la seule chose qui ne m'a pas été enlevé, c'est la musique, je peux toujours jouer du piano

- Tu joue, malgré ta cécité? S'étonna Aro en rouvrant les yeux

- Oui, mon niveau me l'a permit, répondit-elle en laissant retomber ses mains, vous semblez très beau, sourit-elle sans la moindre gêne, mais je n'entends pas votre cœur battre, ni le sang faire vibrer vos veines, vous êtes gelé et d'après ce que j'ai ressentis votre histoire est incroyablement longue, malgré cela, votre visage ne semble pas marqué par le temps, j'imagine que vous ne vieillissez pas, vous voulez vous nourrir de moi... mangez-vous la chaire humaine?

Elle fit une légère grimace en posant cette question, n'ayant aucune envie d'imaginer une telle chose, mais elle était curieuse, elle voulait comprendre

- Non, murmura le roi surprit par cette question

- Alors les vampires existent vraiment, souffla Marielle surprise par ses propres paroles

- Tu es incroyablement perspicace! S'étonna Aro

- Logique plutôt...

- Et tu n'as pas peur? Lui demanda t-il en la conduisant jusqu'au fauteuil près de son bureau

- Il faudrait que j'ai peur de mourir pour avoir peur de vous, rétorqua t-elle en haussant les épaules

- Mais n'as-tu pas des croyances... je veux dire, tu ne semble pas vraiment surprise

- Bien sur que je le suis, mais pas d'une mauvaise façon, il y a beaucoup de choses surprenantes en ce monde, choquantes même, mais je suis trop intrigué pour me laisser envahir par la peur ou par la surprise

Aro s'adossa contre son bureau devant l'humaine, les bras croisés sur son torse

- Qu'est-ce qui te surprend dans ce cas? Demanda Aro de plus en plus subjugué

- Hum... qu'il est fallut pas loin de cinq milliard d'année pour créer la vie sur Terre et seulement cent ans aux hommes pour détraquer ce monde de façon irréversible? Proposa t-elle. Ça, je trouve que c'est incroyablement surprenant... choquant, scandaleux et monstrueux

Aro écoutait la jeune femme avec intérêt, elle était jeune et pourtant si réaliste, plus il la regarder et moins il ne pouvait envisager sa mort, elle était trop belle, trop douce, trop intelligente et semblait jouir de tant de bon sens.

- Tu semble étonnante, murmura Aro, je vais te faire conduire à tes quartiers, tu pourras te détendre en prenant un bain, ensuite l'un de mes gardes s'occupera de toi, tu dinera à ma table ce soir et si tu le veux bien, j'aimerai que tu joue pour moi

- Très bien, mais... heu... vous êtes sur de ne pas vouloir me tuer maintenant, par ce que... heu... vous savez. Elle baissa la tête gêné, mal à l'aise. Les gens comme moi ne peuvent pas faire grand chose sans assistance, reprit-elle timidement,surtout dans un lieu qu'elle ne connait pas, je...

- Non! Grogna Aro, tu ne mourras pas... pour le moment, rajouta t-il à contre cœur

- Bien, mais qui va se charger du fardeau?

- Tu n'es pas un fardeau...

- Bien sur que si, contra la jeune fille en pensant à sa tante, je ne peux pratiquement rien faire moi même, j'ai toujours refusé d'apprendre... même à lire le braille, j'ai toujours pensé que ce serait une façon d'accepter la situation, de m'y résigner...

- N'est pas d'inquiétude à ce sujet, Jane va se charger de t'aider

- Jane, la jeune fille avec la voix si délicate, elle n'est pas seule n'est-ce pas?

- Comment ça? Demanda Aro en fronçant les sourcils

- La personne qui m'a emmené ici semblait... comme incomplète, comme si il lui manquer une partie d'elle même...

- Jane à un jumeau, est-ce à cela que tu fais allusion?

- Certainement, répondit Marielle pas très sur d'elle même, il faudrait les mettre dans la même pièce afin que je puisse savoir si le manque à disparut en présence de son frère

Aro était émerveillé, il voulait savoir si l'humaine pouvait sentir tout cela à cause de sa cécité ou si elle était simplement très intuitive, il s'éloigna un instant pour demander au garde devant sa porte d'aller chercher les jumeaux. Moins d'une minutes plus tard, ils frappaient à la porte, le roi les fit entrer et il remarqua immédiatement l'attitude de la jeune fille qui tourna la tête vers eux...

- Oui... le manque est comblé, murmura t-elle en souriant

Le roi sourit à cette déclaration, elle était vraiment incroyable, ils se tourna vers ses deux gardes qui affichaient une expression similaire, ils étaient tout deux étonnés par le comportement de leur roi.

- Emmenez cette jeune femme et installez là dans la chambre disponible près de mes quartiers, qu'aucun mal ne lui soit fait, prenez soin d'elle et assurez-vous qu'elle obtienne tout ce dont elle pourrait avoir besoin, ordonna t-il

- Bien maitre, répondit-ils en même temps

Aro prit la main de la jeune fille pour la conduire jusqu'à Jane

- N'hésite pas à demander ce dont tu as besoin, Jane va te trouver des vêtements ainsi que tout ce que tu souhaite, il suffit d'aller avec elle, aucun mal ne te sera fait, ils vont tous les deux veiller sur toi...

- Très bien, si c'est ce que vous voulez, rétorqua la jeune fille en prenant la main de Jane

Aro la regarda quitter la pièce en silence, il voulait parler à Marcus, comprendre pourquoi cette jeune fille était capable de lui faire ressentir tant d'émotions, il avait besoin de comprendre, Aro n'était pas du genre à errer dans l'ignorance, cela avait même tendance à l'agacer grandement.

Il se dirigea immédiatement vers les quartiers de son frère et ouvrit la porte de la salle le découvrant une fois de plus vautré dans sa tristesse, depuis la mort de Didyme, celui-ci n'était plus que l'ombre de lui-même, l'ennuie le rongeait de l'intérieur...

- Mon frère, j'ai besoin de tes services, annonça Aro en s'installant près de lui

- Que puis-je faire?

- On m'a amené une humaine qui semble tout à fait étonnante, j'aimerai que tu la rencontre, se contenta d'expliquer Aro qui ne voulait pas avouer sa faiblesse

- Ainsi soit-il, soupira Marcus

- Bien, dans ce cas, rencontre moi dans la salle de réunion dans trois heures mon frère, j'enverrai quelqu'un pour te chercher

Marcus hocha la tête et soupira de nouveau, le roi savait qu'il devait envoyer quelqu'un, Marcus était bien capable d'oublier le rendez-vous, peut-être même cette discutions, la dépression avait un effet désastreux sur les vampires. Aro se sentait impuissant face à la peine de son frère, la perte d'un compagnon n'étant malheureusement pas réparable, il devait se contenter de faire le nécessaire pour le garder en vie...