Note : J'ai atteint le niveau supérieur de la procrastination. Je procrastine d'écrire en écrivant. Haha. Un jour j'updaterai mes fics, un jouuuur.

Note 2 : Like always, Geôlier de FR n'attend que vouuus, et le lien se trouve sur mon profil.

J'espère que ça vous plaira, et bonne lecture !


« Comment tu t'appelles ? »

La question l'avait pris au dépourvu. Il aurait dû s'y attendre, c'est vrai, mais elle l'avait pris au dépourvu. Il s'était simplement replongé dans la contemplation rassurante de ses doigts. Ils étaient sales, parce qu'il avait dessiné sur le banc.

Il avait répondu à mi-voix.

« Vanitas.

— Vanitas. »

La voix de l'autre avait une note de légèreté et il souriait peut-être ; il aurait pu vérifier, il lui suffisait simplement de tourner un peu la tête, mais il ne voulait pas, il n'osait pas, il ne savait pas, il avait oublié.

Les autres enfants parlent si facilement et se lient comme on va au marché. Il n'avait jamais compris pourquoi ; plus encore, il n'avait jamais compris comment. Ça avait l'air si simple, pourtant, si évident.

Mais pas pour lui.

« Qu'est-ce que tu dessines ? »

S'il le savait lui-même, peut-être lui aurait-il répondu, mais ce n'était rien de plus que de vagues formes noires, des spirales de minéraux qui s'effaceraient pour laisser place à d'autres. On pouvait y voir, parfois, une vague forme humaine ou animale, un monstre peut-être, quelque chose de vivant. Mais il n'y pensait pas, lui ; il grattait juste la mine de son crayon sur le banc en espérant que le temps passe plus vite, que l'école se termine, qu'il puisse enfin retrouver le confort familier de son lit ou de son canapé.

Pourtant, l'autre s'en fichait, l'autre ne savait pas, alors il avait écarté son bras sans rien demander et avait observé les dessins avec une bouche arrondie par l'étonnement – ça devait en être, mais Vanitas n'était pas très doué pour décrypter les émotions humaines à travers un visage inconnu.

« C'est joli. On dirait un chat. Et ça, tiens, on dirait une glace. »

Ça ne ressemblait pas du tout à un chat ni à une glace. Ça ne ressemblait à rien, ce n'était rien, juste des volutes de fumées, des marques sur une surface plane pour passer le temps et oublier le bruit et les rires qui lui faisaient mal aux oreilles et mal au fond de la poitrine.

L'autre n'avait pas l'air de mentir.

« Moi je m'appelle Ventus, mais appelle-moi Ven, tout le monde le fait. Et puis ça sonne mieux, non ? »

Peut-être, pas spécialement, il n'avait pas d'avis. C'était la même chose, Ven ou Ventus, c'était un prénom qui disparaîtrait une fois la nuit tombée, qui l'oublierait dès demain au réveil. Alors Ventus ou Ven, quelle importance ?

« C'est marrant, hein ? Ça commence par la même lettre. Ça veut dire qu'on doit être amis. C'est le destin, c'est comme ça ! Pas le choix. Hein, Vanitas ? On a qu'à devenir les meilleurs amis. »

Et il avait attrapé son plumier pour y écrire son nom en grosses lettres bleues. Ventus.

« Et voilà ! Maintenant on est officiellement super copains. Tant que ce sera écrit dessus, ça ne finira jamais. Parce que les meilleurs amis, c'est pour tout le temps, tu sais ? »

xxxxx

Le plumier trône toujours sur sa table de chevet. Sa mère a failli le jeter, une fois. Il est vieux et sale, il est plein de dessins et de marques, et il est troué sur le bout. Il ne sert plus à rien, il est laid, alors quel intérêt de le garder comme ça à la vue de tout le monde ?

Mais tout le monde ne vient pas dans sa chambre, heureusement, et il a refusé tout net de s'en séparer. Ce plumier n'est rien pour elle, il n'est rien pour personne. Il ne peut pas s'en séparer. Il faut qu'il le voie, il faut qu'il sache, qu'il se rassure, qu'il caresse du bout du doigt les lettres tracées là par hasard des années plus tôt.

Ventus.

Son meilleur ami.

Il ne s'étaient plus quittés, après ça. Jamais. Ils étaient restés ensemble comme il l'avait prédit.

Ça fait parfois sourire Ven, quand il vient jusqu'ici, de voir que le plumier est toujours à sa place. Il n'a pas posé de question, il n'a jamais fait de remarques ; il pose les yeux dessus, juste, et ses lèvres s'étirent légèrement au souvenir de ce jour-là. Leur première rencontre.

C'est peut-être pour ça qu'il le garde à la vue de tout le monde.

Ven est assis par terre, le dos contre le pied du lit, les yeux rivés sur l'écran de son téléphone portable. Il sourit inconsciemment, écrit quelque chose, laisse échapper un souffle qui ressemble presque à un soupir de contentement.

Vanitas appuie sur les touches de sa manette avec nervosité.

Quelques secondes encore, et il a perdu.

« C'est rare. »

Juste une remarque comme ça, et il est reparti pianoter sur son portable. Vanitas laisse tomber la manette à côté de lui.

« Tu me stresses, c'est tout.

— Qu'est-ce qui te stresse ?

— Le bruit du clavier.

— Ah. Désolé. »

Il dit qu'il est désolé mais c'est un sourire qui orne à nouveau ses lèvres. Il finit d'écrire puis range l'objet dans sa poche et s'étire.

« À qui tu parlais ?

— Demyx. Il veut qu'on aille à la piscine, comme c'est encore les vacances.

— La piscine ?

— Tu sais comment il est. Il a un abonnement là-bas, je crois.

— Et tu vas y aller ?

— Sans doute, oui. Tu veux venir ?

— Non. »

Plutôt mourir.

Ven a l'air de comprendre et hausse simplement les épaules comme si ça n'avait aucune importance.

Ça n'en a aucune, pour lui.

« Bon, je vais pas tarder à y aller.

— Ok.

— On se voit demain, hein ? Chez moi à midi. T'avais dit oui, la dernière fois. »

Vanitas acquiesce en silence. Évidemment qu'il viendra. Ils se voient chaque jour ou presque depuis le début des vacances.

« Parfait, alors ! À demain. »

Il lui adresse un grand sourire et sort de la chambre avec un signe de la main.

Un signe de la main, c'est tout.

Vanitas ramasse la manette et reprend sa partie.

xxxxx

Il ne sonne même pas avant d'entrer. Les parents de Ven sont absents, il le sait. Il grimpe à l'étage. Des voix lui parviennent de la chambre de son meilleur ami.

Son cœur martèle furieusement contre sa poitrine. Il serre les dents. Prends une inspiration.

Puis il entre dans la chambre comme si tout allait bien.

« Vanitas ! »

Ce n'est pas Ven qui l'accueille. À vrai dire, Ven n'est même pas là.

Demyx se jette sur lui et lui tape lourdement sur le dos. Lea, affalé sur le lit, lui adresse un sourire carnassier.

« Tiens, Vani ! Ça fait un bail. »

Les yeux du rouquin brillent d'une lueur sournoise. Ça fait un bail, en effet. Pour une bonne raison. Vanitas lui répond par un sourire faussement jovial.

« Quelle joie de te voir, Lea. Toujours aussi moche, à ce que je vois.

— Et toi toujours aussi con. Tu ne m'avais pas manqué.

— Je te rassure, toi non plus. Quand je pense que je vais encore devoir passer des mois à essayer d'oublier ton visage cauchemardesque. »

Lea applaudit avec un sourire qui dévoile toutes ses dents. Vanitas ne bouge pas. Il faut qu'il se contienne. L'image de ses dents éclatées répandues sur le sol lui traverse l'esprit. Ah. La colère.

Il avait presque oublié à quel point il hait ce garçon.

« T'as pas l'air dans ton assiette, Van' ! Tu veux qu'on en parle ? Je suis là pour toi, tu sais. »

Il n'arrive pas à croire que Ven ait eu l'audace d'inviter ce connard.

« Trouve un moyen de réduire les dégâts produits par ton odeur corporelle, si tu veux m'aider. J'en ai le nez tout irrité, c'est franchement désagréable.

— Dis donc, t'as mangé du clown ! T'es mignon, tu sais ?

— Plus que toi, c'est sûr. Mais c'est difficile de faire pire.

— Arrêtez de vous battre, les gars ! Allez, faites pas les gamins. »

Demyx a toujours le mot pour rire.

Vanitas s'apprête à lui répondre quand la porte s'ouvre. Le visage de Ven se teinte d'étonnement.

« Déjà là ?

— T'avais dit midi.

— J'avais oublié. »

Il se passe une main à l'arrière de la tête. Il fait souvent ça, quand il est gêné.

Le sourire de Lea s'est agrandi. Vanitas l'ignore. Il ne réagit même pas.

« Alors, on fait quoi ? demande le roux en se levant pour passer un bras autour des épaules de Ven. Pas que j'aime pas ta baraque, hein, comprends-moi bien. Mais je suis sûr qu'on a tout un tas de trucs cool à faire dehors.

— Clair, pour une fois qu'il fait beau, intervient Demyx.

— Au pire, on sort et on verra sur le moment. Non ? »

Ven a posé la question en regardant Lea.

Ça fait mal, d'une certaine façon. Pas physiquement, mais ça fait mal. Vanitas connaît bien ce sentiment.

Regarde-moi. Regarde-moi.

Ven se tourne vers lui avec un sourire et peut-être un regard un peu désolé. Il sait très bien que Vanitas n'aime pas ses amis. Il sait qu'il aurait dû le prévenir de la venue des deux autres, mais il a oublié, c'est aussi simple que ça. Ça lui arrive souvent. Tête en l'air, hein. Comme toujours.

Ses amis quittent la pièce en blaguant mais Ven traîne le pied pour rester en arrière.

« Excuse-moi, j'aurais dû te le dire. Ils m'ont demandé s'ils pouvaient venir hier, et j'ai accepté. J'espère que ça ne te dérange pas. »

Vanitas hausse les épaules.

« Vanitas... »

Pourquoi faut-il toujours qu'il prononce son nom avec cette touche de supplication ?

« Enfin, bon... c'est comme tu veux, tu sais. Si tu veux pas venir... on peut se voir ce soir, ou demain. Enfin non, pas demain, j'ai déjà prévu de...

— C'est bon, je viens.

— T'es sûr ? Je sais que tu t'entends pas trop bien avec Lea et Demyx...

— C'est bon, je te dis. Fais pas chier. »

Ven a l'air soulagé.

« Merci. Tu viens ? »

Il est déjà en train de descendre les escaliers. Vanitas le suit sans se presser. Il ne peut rien lui refuser. Après tout, c'est son meilleur ami.

Ils marchent sans but à travers les rues calmes de la ville. Il n'y a pas beaucoup de passants, aujourd'hui, mais ce n'est pas un endroit très fréquenté en général.

Ven est à l'avant et rit avec Demyx de quelque chose que Vanitas n'entend pas. Son cœur s'est serré. Ses poings aussi. Il n'a aucune raison d'être en colère, aucune raison de lui en vouloir, mais il ne peut pas arrêter l'acide qui s'écoule de son cœur à son ventre et prend lentement possession de ses veines.

Demyx ébouriffe gaiement les cheveux de Ven et l'attrape par la nuque avec un grand sourire idiot.

Il devrait arrêter de les regarder, il le sait. Mais il ne peut pas. Plus le temps passe et plus le chaos reprend possession de son esprit.

Ce n'est pas la première fois. Ce genre de pensées revient si souvent à la charge qu'il les considère presque comme de vieilles amies. Un être invisible qui se pose chaque jour sur son épaule pour lui poser les mêmes questions. Lui donner les mêmes réponses.

Pourquoi rit-il comme ça ? Pourquoi avec lui et pas avec moi ? Regarde-moi. Je ne te suffis pas, c'est ça ? Qu'est-ce que tu leur trouves ? Qu'est-ce qu'ils ont de plus que moi ? Je suis ton meilleur ami, non ? Est-ce que tu les préfères à moi ?

Il cherche à me remplacer. Qu'est-ce que j'ai fait ? Il ne rit pas comme ça avec moi. Peut-être qu'il me déteste. Il est trop gentil pour oser me le dire en face, alors il essaie de me le faire comprendre autrement. On n'est déjà plus amis ? On avait dit que ça durerait toujours.

Ça fait mal.

Une main se pose sur son épaule et il se dégage d'un mouvement rageur.

« Oulah, faut pas te faire chier aujourd'hui. T'as tes règles ?

— Ta gueule.

— Charmant, simple et efficace. J'applaudis. »

Lea ne perd pas le sourire suffisant qui étire ses lèvres depuis qu'il l'a vu entrer dans la chambre de Ven. Sans se préoccuper de sa mauvaise humeur, il passe un bras autour de ses épaules et l'attire à lui pour lui parler à voix basse.

« Qu'est-ce qu'il y a, Vani ? T'as peur qu'on te vole ton petit copain ?

— Ta gueule, putain.

— Reste zen. C'est pas mon kiff, de toute façon. Allez, dis-moi la vérité. T'es jaloux, c'est ça ? T'as peur qu'il se fasse de nouveaux amis ? »

C'est exactement pour cette raison que Vanitas le hait tant. Il essaye de se dégager, en vain.

« Tu vas pas pouvoir le garder rien que pour toi, tu sais. Il a le droit d'avoir une vie. »

Il le sait, mais l'acide continue de lui ronger lentement la chair.

Une vie ? Pourquoi ? Il n'en a pas besoin. Tant que je suis là, où est le problème ? Les autres ne servent à rien. Ils le veulent tous pour lui, mais ils ne le connaissent pas.

Ventus est à moi.

Ventus est à moi.

Ventus...

« Pathétique.

— Ferme-la. Casse-toi.

— Il le sait, au moins ?

— Il sait quoi ? »

Le sourire de Lea s'agrandit et sa voix baisse encore quand il répond :

« Allez, fais pas l'innocent. Tu sais bien de quoi je parle. »

Il va le tuer. S'il ne se tait pas, il va le tuer. Il y a des limites au contrôle qu'il peut avoir sur lui-même.

« Je veux dire, soyons honnêtes. Il sait que tu te touches chaque putain de soir en pensant à lui ? Parce que ça... »

Il n'a pas le temps de terminer sa phrase. Un poing a déjà volé vers son visage, et il n'a pas le temps de l'éviter.

« Tu vas la fermer, oui ! »

Lea s'écarte pour ne pas écoper d'une nouvelle blessure. Il ne rigole plus du tout.

Ven et Demyx accourent vers eux, catastrophés.

« Mais qu'est-ce qui vous prend ? Ça va pas, ou quoi ? »

Vanitas ne répond pas. Son meilleur ami a l'air en colère. Pourquoi ? Parce que je l'ai blessé ? C'est pour lui, tout ça ?

« Vanitas ! »

Il l'attrape par le bras pendant que Demyx mesure l'ampleur des dégâts. Pas grand chose, évidemment. Il aurait dû y aller plus fort. Sans un mot de plus, il tourne les talons. Les accompagner était une mauvaise idée.

Ven s'apprête à le suivre mais Lea le retient.

« Laisse tomber. Il a qu'à péter son câble tout seul. Il en vaut pas la peine. Pourquoi t'es ami avec lui, déjà ? J'ai jamais compris.

— Il...

— Il est complètement dingue, t'as bien vu. Il pense qu'à sa gueule, et en plus il se barre comme un lâche. Tu ferais mieux de le laisser tomber, crois-moi. J'en ai vu des masses, des gens comme lui.

— C'est mon meilleur ami.

— Ah ouais ? Excuse-moi, mais j'ai du mal à y croire. »

Ven soupire.

« Je ne te demande pas de comprendre. Oublie ça, d'accord ? J'irai lui parler.

— Sérieux ? Tu vas lui parler ?

— Bah, oui. Je vois mal ce que je pourrais faire d'autre.

— Le laisser macérer dans sa merde jusqu'à ce qu'il calme ses putains de nerfs, par exemple. Mais ce n'est qu'une simple suggestion. »

Ven le fixe pendant quelques secondes, une lueur indéfinissable dans le regard. Puis il fronce légèrement les sourcils.

« Je suis désolé qu'il ait décidé de te refaire le visage, mais c'est mon ami et je ne te laisserai pas l'insulter devant moi. »

Il a l'air mortellement sérieux. Lea touche précautionneusement son nez.

« OK, je dis plus rien. Vas-y si ça te chante. Je te le dis juste en tant que pote : t'as rien à faire avec quelqu'un comme lui. Faut pas que tu te sentes obligé, quoi. C'est ça que j'essaie de te faire comprendre.

— Merci pour ta sollicitude, mais ça ira.

— Ouais, bon. Je crois que je vais rentrer, moi. Pas envie de me taper un nez gros comme mon poing demain. Putain... Demyx, si tu veux bien m'accompagner. »

Ce dernier jette un bref regard à Ven avant d'acquiescer et de se mettre en route. Celui-ci les regarde partir sans un mot.

Il passe les mains sur son visage dès qu'ils sont hors de vue.

Merde.

Lentement, il revient sur ses pas et retourne chez lui.

xxxxx

Le plumier tourne entre ses doigts. Doucement, il suit d'un geste le prénom qui y est encore inscrit.

Ventus.

Son estomac se contracte. Son cœur bat plus vite. Ventus.

Il se demande ce qu'il fait, maintenant. La voix invisible a tôt fait de répondre à cette question.

Il a sûrement décidé de me laisser tomber. Il soigne peut-être Lea. Il rit avec eux. Ça ne fait aucun doute. Il me hait.

D'un geste furieux, il envoie le plumier à travers la fenêtre ouverte. Il n'en a plus besoin, puisque Ven n'a plus besoin de lui.

Il enfonce le visage dans son oreiller. Il voudrait arrêter de respirer. Il regrette. Il regrette déjà. Il déteste cette émotion qui lui broie les organes à chaque fois. Il veut que Ven vienne le voir, qu'il le rassure, qu'il lui murmure qu'il ne regardera plus jamais ailleurs, qu'il ne verra plus que lui. Il veut l'avoir pour lui seul, sans partage, le garder tout entier, son amitié, sa voix, son sourire, son corps, il veut l'enfermer dans ses bras et ne plus jamais le laisser partir, il veut l'entendre dire qu'il sont toujours amis, que les autres ne comptent pas, que...

Il veut juste qu'il le regarde. Qu'il l'embrasse sur la joue comme il le faisait quand ils étaient petits.

Il a arrêté, un jour, juste comme ça. Et ça a fait mal.

Ça fait toujours mal.

Il serre son oreiller contre lui. Il a envie de pleurer, mais il ne le fera pas. Ça n'en vaut pas la peine.

xxxxx

Quelqu'un frappe à la porte de sa chambre. Deux coups sans la moindre force. Vanitas les reconnaîtrait entre mille. C'est Ventus.

Il s'assied sur son lit et attend.

La porte s'ouvre.

« Mh, salut. »

Vanitas ne répond pas. Il ose à peine le regarder dans les yeux. Ven l'a remarqué, il le sait. Il referme doucement la porte et s'approche du lit.

« Je te dérange ? Tu veux que je parte ? »

Surtout pas.

Il hausse les épaules et Ven prend ça pour un non. Il grimpe sur le lit et s'assied face à lui. Il ne dit rien. Il le fixe, juste.

Il y a quelque chose dans ses yeux, quelque chose de triste. Puis il tend quelque chose devant lui. Vanitas n'a même remarqué qu'il l'avait en main.

« J'ai trouvé ça dehors. »

Le plumier sur la couverture entre eux deux. Un prénom qui les nargue, une promesse faite il y a longtemps. Brisée, peut-être.

« Pourquoi t'as fait ça, Vanitas ? »

Pourquoi il a fait quoi ? Pourquoi il a balancé le plumier dehors, ou pourquoi il a frappé ce connard de Lea au milieu du visage ? Les deux, peut-être.

« J'en sais rien. »

Il ne peut pas dire la vérité. Ven ne pourrait pas comprendre – Ven le détesterait – et c'est la dernière chose qu'il veut. S'il ne le hait pas déjà.

« Écoute... je sais que tu ne les aimes pas, mais... enfin, c'était pas la chose à faire. Tu devrais t'excuser auprès de lui. Bon, je crois qu'il s'en fiche, mais c'est important pour moi. »

Voilà. C'est clair, maintenant. Lea est important. Lea est...

Une main se glisse dans la sienne.

« Fais-le pour moi, d'accord ? »

La main resserre son étreinte. Elle aurait tout aussi bien pu être serrée sur son cœur. Ça fait mal.

Pourquoi il fait ça ? Pourquoi ? Je croyais qu'il avait trouvé de nouveaux amis. Je croyais...

« Quelque chose ne va pas, hein ? J'avais remarqué, tu sais. Mais j'attendais que tu m'en parles. J'espérais que tu aurais suffisamment confiance en moi pour dire quelque chose. Si tu te sens mal... si quelque chose s'est passé, n'importe quoi... on est meilleurs amis, non ? On devrait tout se dire. Je ne sais pas. »

Ils sont meilleurs amis ? Encore maintenant ?

« J'en sais rien... je sais pas.

— Je suis là pour toi. Je suis toujours là.Tu le sais, n'est-ce pas ? »

Non. Non, il ne sait pas. Il ne sait rien du tout.

Ven lâche sa main pour examiner le plumier. Un léger sourire traverse son visage.

« Tu l'as gardé tout ce temps. C'est bête, mais ça me faisait plaisir. Tu m'en veux, hein ? C'est pour ça que tu l'as jeté ?

— Non.

— Alors pourquoi ? »

Il ne peut pas le dire. Il ne peut pas. La jalousie est la plus méprisable de toutes les émotions. Ven ne peut pas savoir. Il le haïrait.

« J'avais peur que tu me détestes. »

Ce n'est pas totalement faux, ce n'est pas totalement vrai.

« Je ne te déteste pas. Je ne te détesterai jamais. Je te l'ai déjà dit. Je serai là, toujours. Alors... garde-le, s'il te plaît. Garde-le. »

Il accepte le plumier qu'on lui tend. L'observe un moment. Puis, lentement, se retourne pour le poser sur sa table de chevet.

« Qu'est-ce qu'il a dit ? Lea.

— Oh... rien. Il était en colère contre toi.

— Vous avez été où ?

— Après ça ? Nulle part. Il sont partis de leur côté, et je suis rentré chez moi. J'ai voulu venir ici tout de suite, mais... enfin, je me suis dit que t'avais peut-être besoin de temps pour toi.

— Ah... ouais.

— Voilà... tu veux faire quelque chose ? Vu qu'on est tous les deux, maintenant... »

Il n'a pas l'air en colère. Il n'a même pas l'air déçu. Pour peu, ça ressemblerait à une après-midi tout ce qu'il y a de plus ordinaire.

Vanitas allume la console, Vanitas manipule la manette, Vanitas gagne. Ven la lui arrache presque des mains pour prendre sa revanche. Il perd trop souvent.

Ça ressemble à une après-midi ordinaire, mais quelque chose a changé. C'est ridicule, presque imperceptible, mais Vanitas le sait, quelque chose a changé.

Ven est assis plus près de lui que d'habitude. Pas beaucoup. Suffisamment pour que Vanitas le sente. Suffisamment pour que leurs bras se frôlent lors de mouvements un peu trop brusques.

Ou peut-être que Ven le fait exprès. Mais ça n'a aucun sens. Aucun.

« Gagné », dit-il avec un sourire.

Vanitas se sent faible. Il tend la main pour récupérer la manette, mais se sont des doigts qui viennent trouver sa paume, rien d'autre. Une brève caresse. Rien à voir avec le hasard, cette fois.

« J'ai une idée. »

Ven se lève soudain et fouille dans les tiroirs du bureau comme s'il était dans sa chambre à lui. Il revient avec un marqueur indélébile noir, s'assied en tailleur et reprend la main de son meilleur ami.

« Tu fais quoi ?

— Ne bouge pas. »

Il tient le bouchon entre ses dents tandis qu'il trace les lettres sur la paume de Vanitas avec une lenteur exagérée.

« C'est mieux qu'un plumier, non ? Comme ça, on restera ensemble. Si tu veux bien de moi, bien sûr. »

Il referme le marqueur avec un sourire, puis baisse la tête jusqu'à ce que ses lèvres rejoignent son nom.

« Pour être sûr que tu n'oublies pas », murmure-t-il en relevant les yeux vers son meilleur ami.

C'est comme un courant électrique qui parcourt chacune de ses veines. Vanitas pense bien qu'il a cessé de respirer.

Il contemple la marque pendant de longues secondes. L'embrasse à son tour. Sourit.

« Je ne l'oublierai pas. »


C'est Vanitas qui veut Ven pour lui tout seul, mais c'est Ven qui écrit son nom partout pour marquer sa propriété, hein, je dis ça je dis rien mais tsss prenez une chambre.

Bon bon bon j'écris du VanVen pour lutter contre mes SoRoku feels. Il ne faut pas que je cède.

N'hésitez pas à publier une review, ça fait toujours plaisir, c'est même le plus grand des bonheurs. Adios, love sur vous.