When the night was full of terror
And your eyes were filled with tears
When you had not touched me yet
Oh take me back to the night we met
The night we met – Lord Huron

« C'est qui, ça ? Demanda James Potter à Rémus Lupin en faisant un signe de tête vers la jeune femme qui venait de pénétrer dans le repaire de l'Ordre du Phénix au bras de Benjy Fenwick. »

Cette année, ils avaient décidé de réunir tous les membres et leurs conjoints(es) pour une petite fête de fin d'année tous ensemble car ils étaient de moins en moins sûrs qu'ils seraient toujours au complet l'année suivante.

La guerre prenait des proportions gigantesques et personne ne s'y était attendu. L'on avait pensé que Voldemort disparaîtrait aussi vite qu'il était apparu, et beaucoup avaient misé sur Dumbledore pour lui donner un petit coup de pied vers la sortie car tous savaient ce qu'il avait accompli contre Grindelwald, mais aussi grand fut-il, le directeur de Poudlard n'avait pas réussi à mettre hors d'état de nuire le mage noir qui semait la terreur dans toute l'Angleterre.

Les nés moldus disparaissaient mystérieusement sous de faux prétextes (fuites de gaz, accidents de voiture, malaises cardiaques...) et ceux que Voldemort appelaient traîtres à leur sang subissaient des tortures inimaginables. Les journaux magiques qui n'avaient pas été embrigadés par ce dernier leur conseillaient à tous de s'enfuir, de trouver quelqu'un pour les héberger et les cacher, et appelaient à l'entraide et à l'unité. Londres était devenu un véritable chaos.

« C'est Lily Evans. Elle était avec nous à Poudlard, tu ne t'en souviens pas ? »

James fronça les sourcils et secoua vigoureusement la tête. Le nom lui disait vaguement quelque chose, mais il était persuadé de ne l'avoir jamais vue de sa vie. Il n'avait pas pu. Il s'en serait souvenu. Elle était... Merlin, il aurait voulu dire « belle », mais le mot, beaucoup trop insignifiant, sonna comme un insulte alors que ses yeux continuaient à la suivre méticuleusement pendant qu'elle arpentait la pièce au bras de Fenwick.

« Mais si. Elle traînait avec Severus Rogue. Tu l'as bousculée dans les couloirs un jour en deuxième année, et elle a jeté un sort à une armure pour qu'elle te poursuive dans tous les couloirs, tu as mis des heures à réussir à t'en débarrasser, lui rappela Rémus.
- C'était elle ?! S'exclama James assez fort pour qu'une partie des membres de l'Ordre se retourne vers lui avec un air interrogateur. »

Lily Evans, elle, ne se retourna pas. Elle était en train de saluer Dumbledore. Le vieil homme avait l'air ravi de la retrouver. Il souriait à s'en décrocher la mâchoire, et elle aussi, d'ailleurs. Ils semblaient partager une certaine complicité et James devina qu'ils étaient probablement amis lorsqu'elle plongea le bras tout entier dans un sac minuscule pour en retirer un énorme grimoire qui n'y aurait pas tenu sans un puissant sortilège d'extension, et qu'elle le lui tendit en le remerciant chaleureusement.

« Tu t'en souviens maintenant ? L'interrogea Rémus.
- Je me souviens de l'armure, répondit simplement James sans quitter des yeux la jeune femme. »

C'était curieux, vraiment curieux qu'il ne se rappelle pas d'un tel visage. Il n'avait jamais vu des traits d'une telle pureté. Enfin, selon Rémus, il avait dû les voir un jour, mais Merlin, cet idiot était totalement passé à côté. A Poudlard, il ne faisait pas dans le détail. Il avait parfois regretté son comportement négligent avec les autres élèves, en particulier envers les filles, mais jamais à ce point là.

« Wow wow wow, qu'est-ce que Benjy nous a ramené, là ? C'est qui celle là ? Demanda Sirius Black en apparaissant derrière Rémus.
- Lily Evans, répondit machinalement James, les yeux toujours rivés sur elle.
- Lily qui ?
- Lily Evans, répéta Peter en s'ajoutant au groupe. Elle était à Poudlard avec nous. Tu sais, rousse, s'habillait comme une moldue, passait son temps soit avec Rogue, soit à la bibliothèque, et...
- Avec Rogue ? C'est impossible. Rogue n'a jamais eu de copine. Et encore moins de copine canon, répliqua t-il, faisant lever les yeux au ciel à Rémus.
- Evans n'était pas aussi jolie avant, expliqua Peter en rougissant un peu lorsque Sirius lança un « aussi jolie ?! » plein de sous entendu.
- Ce que Peter veut dire, c'est que Lily était du genre passe-partout. Ce n'est pas très étonnant que vous ne l'ayez pas remarquée avant, ajouta Rémus. Elle n'a jamais vraiment eu les mêmes centres d'intérêt que nous, et nous n'avions quasiment aucun cours en commun après les BUSE. »

James hocha mécaniquement la tête. Il n'avait écouté que la moitié de la conversation. Benjy Fenwick commençait à s'approcher d'eux, et par conséquent, Lily Evans aussi. Alice Londubat la serra dans ses bras, et Mary McDonald aussi. Pourquoi tout le monde semblait la connaître, sauf lui ?

Même Frank l'étreignit. Depuis quand Alice supportait-il qu'il soit ami avec une autre fille qu'elle ? Peut-être qu'il avait raté quelque chose, en étant absent à leur mariage. Peut-être que les liens s'étaient tissés là bas. Rémus, qui fut témoin de l'expression curieuse de son ami, intervint encore une fois.

« Elle était demoiselle d'honneur au mariage. Tu ne t'en souviens sûrement pas, mais quand Mary McDonald s'est faite agresser par Mulciber et Avery à Poudlard, Lily et Alice étaient là. Elles ont tout vu. C'est grâce à elles qu'ils ont pu être punis. Depuis ce jour là, les filles ne se sont plus quittées.
- Mary ne m'a jamais dit qu'elle était amie avec elle.
- Pourquoi l'aurait-elle fait ? L'interrogea Rémus en arquant un sourcil. Tu ne te balades pas en hurlant à tout va que nous sommes amis, si ?
- Non, mais ce n'est pas comme si Mary était une étrangère. Je veux dire, nous avons traîné dans les bars avec elle, nous avons fait des soirées chez elle, et...
- Et tu n'es jamais resté très longtemps à chaque fois parce qu'il y a eu Emmeline, Dorcas, Marlène, et j'en passe, le coupa t-il un peu amusé. »

James ne trouva rien à redire à cela. Son ami n'avait pas totalement tort. Les soirées chez Mary McDonald n'avaient jamais été rien d'autre pour lui qu'une occasion en or de ramener une de ses copines. Et il en avait ramené une. Plusieurs, en fait. Trop, d'ailleurs, mais aucune qui ne lui avait fait ressentir ce qu'il cherchait désespérément.

Tout le monde savait que James et Sirius étaient comme deux frères, mais peu comprenaient à quel point ils étaient opposés. Quand Sirius prenait son pied avec une fille différente chaque soir juste pour s'amuser, juste pour passer le temps, juste pour se distraire de la noirceur du dehors et de l'horreur de la guerre, James, lui, cherchait une raison de vivre.

Il voulait connaître ce que son père avait connu. Il voulait savoir ce que cela faisait d'avoir la respiration coupée. Il n'avait jamais rencontré quelqu'un qui valait le coup, quelqu'un susceptible de se hisser à sa hauteur, quelqu'un capable de le toucher profondément, quelqu'un capable de le comprendre.

Et Merlin savait qu'il n'était pas simple à déchiffrer. Rémus, Peter, et Sirius étaient probablement les seules personnes sur cette terre à le connaître vraiment. Exubérant et orgueilleux en apparence, l'on disait souvent de lui qu'il était à la limite de la condescendance. Parfois, il était pourtant bien au delà.

A l'intérieur, il était autre chose. Il était beaucoup d'autres choses. Il était prêt à tout pour sauver le monde, prêt à tout pour venir en aide à quiconque se trouverait sur son chemin, mais ce n'était pas de cette façon qu'on le connaissait. Pour la communauté magique, il était le talentueux et charismatique fils des Potters, et pour ceux qui avaient été à l'école avec lui, il représentait l'élite.

Capitaine de Quidditch, majeur de sa promotion, populaire auprès des filles comme auprès des garçons, il semblait avoir la vie rêvée. Il l'avait cru, pendant un moment. Il avait pensé qu'il l'avait vraiment, mais tout s'était effondré quand il avait appris la maladie de ses parents. Tout s'était effondré lorsqu'ils avaient tous les deux succombé à la dragoncelle.

Si les gens le regardaient encore comme s'il était le héro de leurs années d'étude, lui ne se voyait plus que comme un orphelin. Une solitude profonde lui prenait les entrailles et ne le lâchait jamais. Aucune de ses conquête n'avait pu la combler. Pas une seule ne l'avait fait sentir moins seul. Pas une seule ne l'avait rendu heureux comme avant, et l'horrible nostalgie de son bonheur le hantait sans jamais vouloir le quitter.

« James Potter, déclara Lily Evans lorsqu'elle se retrouva plantée devant lui après que Benjy Fenwick lui ait vigoureusement serré la main. »

Elle le regardait comme personne ne l'avait regardé avant, avec une espèce d'indifférence froide qui attira violemment l'attention de James. Il n'était pas habitué à cela. Il était habitué aux rougissements, aux gloussements, aux silences embarrassés et embarrassants, mais pas à l'antipathie.

Ce qui le désarçonna le plus fut le fait qu'elle lui tende la main malgré tout, en le fixant droit dans les yeux comme si elle lui accordait un geste qu'il n'avait pas mérité. Il oublia ses bonnes manières en se perdant dans son regard vert, mais il ne s'en aperçut que lorsqu'elle fronça les sourcils. Il bégaya une excuse et s'empressa de lui serrer la main, ce qui, à sa grande surprise, déclencha un sourire un peu troublé à Lily.

« Des excuses ? Wow. Je vais les accepter immédiatement en hommage à toutes les fois où il n'y en a pas eues, lâcha t-elle. »

Quelque chose le frappa à ce moment là. Lily Evans n'était pas comme les autres. Elle n'avait pas cette discipline et ces bonnes manières que quiconque avait lorsqu'il saluait quelqu'un qu'il n'avait pas vu depuis longtemps. Elle était franche et insoumise, à la limite du révoltée, mais elle accomplissait l'exploit d'accompagner cette touche de rébellion d'un soupçon d'amusement, et cela changeait tout.

« Il y en a eu tant que cela ? L'interrogea t-il en resserrant son emprise sur sa main.
- Et plus encore, répondit-elle en serrant d'avantage. »

La lueur de défi dans ses yeux ne trompa pas James. Elle voulait lui briser les os de la main. Clairement. Et il devait admettre qu'il ne s'attendait pas à une telle force venant d'un si frêle personnage. Elle ne cessa son manège que lorsque Fenwick se racla la gorge à côté d'eux, jugeant probablement que le contact était devenu étrangement long.

« C'est... Hum... Lily Evans, intervint-il. Tu te souviens ?
- A peine, répondit James avec toute l'arrogance dont il était capable, sans quitter les yeux verts qui le toisaient avec mépris.
- Merlin, Benjy, ne pose pas ce genre de question ! Potter ne se souvient probablement que de ses prouesses de Quidditch et du nombre de fois où il s'est admiré dans un miroir, riposta t-elle en passant devant lui pour aller saluer Rémus. »

Sirius ricana et tapota l'épaule de James qui était tout bonnement incapable de détourner ses yeux de Lily Evans. Elle n'était en rien le type de femme qu'il aurait pu ramener chez elle. Elle n'était pas très féminine, avec son jean noir, ses baskets blanches, et son t-shirt gris clair, mais il avait l'impression que plus les secondes passaient, plus il comprenait à quel point il s'était trompé tout ce temps.

Si aucune n'avait tant attiré son attention avant, c'était peut-être parce qu'il ne savait pas lui-même ce qu'il voulait, parce qu'il avait pris les mauvaises décisions. Plus il la regardait parler avec les autres sans lui accorder la moindre attention, plus son intérêt grandissait, et le fait que Benjy Fenwick garde perpétuellement la main posée sur son épaule pour montrer à tout le monde qu'elle était à lui ne faisait que l'accroître.

Il connaissait ce gars là depuis longtemps. Assez longtemps pour savoir comment il agissait lorsqu'il était en couple. Il était possessif. James ne pouvait pas vraiment l'en blâmer à ce moment là, mais il songea que si Lily Evans savait ce qu'il se passait dans la tête de son petit-ami à ce moment là, le pauvre garçon n'aurait plus que ses yeux pour pleurer.

Elle avait l'air d'être indépendante, de ne vouloir appartenir à personne. James pouvait le déduire rien qu'en la regardant. Cette fougue dans ses yeux, cette spontanéité dans ses sourires, cette façon qu'elle avait de se déplacer dans la pièce majoritairement peuplée de gens qu'elle ne connaissaient pas comme si elle ne redoutait rien ni personne... James savait déjà que Lily Evans allait être une recrue importante pour l'Ordre.

« Mes chers amis, le dîner va pouvoir débuter, annonça le professeur Dumbledore. »

James détourna les yeux vers lui juste pour le voir lever les bras, et une multitude d'elfes de maison se hâtèrent d'apporter des plats sur la table. Les conversations avaient cessé, chacun s'était rapproché d'une chaise, et le jeune homme se hâta de passer devant Rémus pour occuper celle qui se trouvait en face de Lily Evans.

La jeune femme ne remarqua pas tout de suite sa présence, occupée à rire à une plaisanterie de son petit-ami qui lui tenait la main comme s'il avait peur qu'elle s'envole. Cela amusa un peu James qui esquissa un sourire en coin.

« Tu comptes t'aventurer en territoire conquis ? Lui chuchota Sirius qui s'était assis à sa droite.
- Conquis ? Laisse moi rire, lui répondit-il en faisant rouler sa fourchette sur la table sans quitter Evans des yeux. »

Sirius lâcha un soupir amusé, puis tendit son assiette à Marlène McKinnon qui proposait de le servir. En tendant l'oreille, James put entendre la conversation de Maugrey Fol Oeil et Dedalus Diggle. Ils mentionnaient les dernières attaques et la façon dont Bellatrix Black leur avait filé entre les doigts.

« Aly, Aly, Aly... Ne sais-tu donc pas comment faire la fête ? L'interrompit James, attirant toute l'attention sur lui. »

Il était l'un des seuls, avec Sirius, à oser donner des surnoms ridicules à Alastor Maugrey, mais ce n'était pas tant pour lui manquer de respect que pour s'amuser de la réaction des autres, choqués et admiratifs qu'il puisse s'autoriser ce genre de fantaisie avec l'un des aurors les plus respectés du monde sorcier.

Les yeux verts de Lily Evans se posèrent d'ailleurs sur lui, et il se félicita d'avoir réussi à attirer son attention, même si la jeune femme semblait simplement scandalisée qu'il se comporte de cette façon en la présence de tant de personnalités.

« Potter, si tu n'étais pas le sorcier le plus courageux à cette table, je te botterais le derrière, intervint Dedalus.
- Courageux ou imprudent ? Marmonna Maugrey.
- Ah, je savais que la jalousie allait ressortir, Aly. Tu as perdu le pari, c'est tout.
- Quel pari ? Le questionna Emmeline Vance.
- Potter avait parié qu'il capturerait plus de mangemorts que moi cette année... Répondit Alastor avant de boire une longue gorgée de whisky-pur-feu. Je l'ai laissé gagner parce qu'il aurait pleuré s'il avait perdu. »

James éclata de rire et avança son verre vers celui du célèbre auror pour trinquer avec lui. Dumbledore souriait au bout de la table et tout le monde se réjouissait de la bonne ambiance qui régnait malgré cette guerre qui était loin et pourtant si proche, tout le monde, sauf Lily qui observait James comme s'il était une énigme.

« La seule raison pour laquelle j'ai gagné, c'est parce que tu vieillis et que tu ne bouges pas plus vite que ma défunte grand-mère... Et ça fait un moment qu'elle est enterrée ! Lui lança James après avoir avalé cul-sec son verre, faisant glousser toute la tablée exceptée Lily.
- J'espère pour toi que si, parce qu'à force de courir droit sur le champs de bataille sans réfléchir, tu finiras par te faire tuer si je ne suis pas là pour te sauver.
- Vigilance constante ! Hurla soudainement Sirius, faisant sursauter l'assemblée.
- Je n'ai pas besoin d'être sauvé, trancha James très sérieusement.
- Tu es une demoiselle en détresse, se moqua Fol Oeil.
- Et puis quoi, Potter ? Reprit Dedalus. Tu crois qu'on peut se permettre de perdre notre membre le plus talentueux en métamorphose ?
- Fais attention, Diggle. Avec tous ces compliments, je vais finir par croire que tu veux m'épouser. »

Encore une fois, les rires retentirent autour de la table. James avait marqué son territoire. Il était la star ici, comme il l'avait été à Poudlard, et s'il essayait d'impressionner Lily Evans, il se rendit rapidement compte que c'était raté. Elle le dévisageait en arquant un sourcil et le jeune homme entendit ses pensées aussi clairement que si elle les lui avait confiées. « Tu n'as pas changé, Potter. »

Il aurait pu se réjouir, mais il ne le fit pas, parce qu'il savait après avoir brièvement discuté avec elle que celui qu'il était à Poudlard l'indifférait au mieux, et l'insupportait au pire. Dedalus s'apprêtait à lui répondre lorsqu'une violente explosion fit éclater les vitres du repaire de l'Ordre. Le premier réflexe de James fut d'utiliser son bras comme une protection, le deuxième fut de vérifier si tous ses collègues étaient sains et saufs.

Il entendit à peine le hurlement de Marlène McKinnon, mais il vit l'énorme morceau de verre planté dans son abdomen, et son sang se répandre sur le parquet. Dumbledore s'était levé et précipité vers les fenêtres, baguette à la main, accompagné par Alastor Maugrey. Des sorts fusaient et les frôlaient. James hésita un instant entre Marlène et les mangemorts, mais Lily Evans facilita son choix lorsqu'elle se précipita sur McKinnon en tentant de calmer l'hémorragie.

Un certain nombre d'entre eux avaient été sonné par l'explosion, ils étaient presque tous à terre, si bien que Sirius, James, Rémus, Dumbledore et Maugrey furent les seuls à être en capacité de repousser les mangemorts qui les attaquaient du dehors. Ils n'avaient pas le temps de faire face au choc de la soudaineté de l'attaque, ils n'avaient pas le temps d'avoir peur, il fallait simplement qu'ils agissent, et ils avaient été entraînés pour cela.

« Patmol, par derrière ! Hurla James. »

Sirius acquiesça et suivit son meilleur ami à toute allure dans la bâtisse. Tous les deux baguette à la main, ils atteignirent sans encombre la porte qui menait vers un petit jardinet. Personne ne les attendait là, cela rassura James. Si Voldemort avait trouvé leur quartier général, les membres de l'Ordre pouvaient tout de même se féliciter d'avoir su garder secret les plans de la maison.

Les deux maraudeurs parvinrent à en faire le tour sans problème de manière à encercler les mangemorts qui ne s'attendaient pas à se retrouver pris au piège lors d'une attaque aussi imprévisible que celle-ci, mais comme Maugrey Fol Oeil le répétait constamment : « Vigilance constante ». Les membres de l'Ordre avaient fini par imprimer sa maxime.

James esquiva plusieurs sorts avant de se faire propulser sur plusieurs mètres et de retomber salement sur le sol. Il s'apprêtait à répliquer lorsque les mangemorts transplanèrent d'un seul et même mouvement, probablement effrayés par le tournant qu'avait pris l'assaut qu'ils avaient lancé. Dumbledore et Maugrey en avaient touché plus d'un, mais les autres les emportèrent avec eux en transplanage d'escorte.

Quand James parvint à se relever et qu'il atteignit l'endroit où tous étaient en train de partager le dîner quelques instants plus tôt, il constata à quel point l'ambiance avait radicalement basculée. Tout n'était que chaos. La pièce était sans dessus dessous. Des bouts de verre et de la nourriture jonchaient le sol, et certains de ses camarades étaient toujours inconscients.

« Il faut appeler la brigade d'aurors ! S'exclama Sirius qui rentrait derrière lui.
- Marlène... Souffla James. »

Son regard était tombé sur la jeune femme. Lily la tenait dans ses bras, et tout ce que James put voir fut l'immense mare de sang dans laquelle elle était assise, et les larmes qui perlaient dans ses yeux clairs.

« Elle est morte. Marlène est morte, murmura t-elle. »


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James sentit les doigts de Lily bouger légèrement dans sa main. Surpris, il releva la tête vers elle juste pour voir une larme s'échouer sur sa joue pâle. C'était la première fois, la première fois depuis des jours et des jours qu'elle montrait qu'elle était toujours là, qu'elle n'était pas morte, qu'ils ne l'avaient pas réduit à un corps inerte sur un lit d'hôpital.

« Lily ? Lily ? Appela t-il. S'il vous plaît ! J'ai besoin de quelqu'un ! Elle reprend conscience ! Hurla t-il vers la porte. »

Quelques secondes plus tard, un médicomage suivit de plusieurs infirmières s'affairèrent dans la chambre d'hôpital dans laquelle James avait passé le plus clair de son temps depuis une semaine. Il dut s'écarter pendant quelques minutes qui lui parurent être des heures pendant que le personnel de Sainte-Mangouste examinait la jeune femme, et quand enfin ils se tournèrent vers lui, il sut rien qu'à leurs visages qu'ils n'avaient pas de bonne nouvelle pour lui.

« Je suis désolé M. Potter, il n'y a aucun changement à l'état de Mlle Evans.
- Elle a bougé ses doigts, elle... Elle a réagi, protesta t-il.
- Ce n'était probablement qu'un réflexe. »

Personne n'aurait pu tuer ses espoirs à ce moment précis, alors quand le personnel quitta la pièce, James se rua de nouveau au chevet de Lily et reprit sa main dans la sienne. Il sentait le regard pesant de Benjy Fenwick dans son dos, mais il n'en avait plus rien à faire. Plus rien n'importait, maintenant.

« Vous êtes sûrs qu'elle a réagi, M. Potter ? L'interrogea une infirmière qui était restée dans la pièce. »

Il acquiesça silencieusement, les yeux rivés sur Lily, sur la trace presque invisible que l'unique larme qu'elle avait versée avait laissé sur sa joue, se demandant comment ils avaient pu en arriver là et comment il avait pu la laisser. Il ne pourrait jamais se le pardonner.

« Etiez-vous en train de lui parler ?
- Je lui racontais une histoire, répondit-il platement.
- Vous devriez continuer, M. Potter, elle vous entend peut-être, l'encouragea t-elle en posant une main compatissante sur son épaule. »

Il ne réagit pas. Il se contenta de reprendre la main de Lily dans la sienne et de repenser à tout ce qui avait suivi cette soirée, tout ce qui avait fait qu'il était là, à son chevet, à sentir un vide incomparable dans sa poitrine, là où son cœur aurait dû se trouver.