Il faut que j'avoue que je me lance dans cette petite aventure totalement à l'aveuglette —si cette histoire sera un OS long/court ou une fiction, je n'en sais rien pour l'instant, tout dépend de mon imagination.

À noter que l'histoire est un UA.

J'espère que cela vous plaira, je vous retrouve en bas, bonne lecture !

[DISCLAIMER : les personnages et l'esprit appartiennent entièrement à notre chère J.K. Rowling, le reste sort droit de mon imagination.]

Hermione faisait rouler entre ses doigts le bout de ses longs cheveux bouclés, et était plongée dans la lecture de son roman. Des frissons d'impatience la traversait à chaque nouvelle page tournée ; au moment où le héros, un sorcier d'une quinzaine d'année, s'apprêtait à jeter un sort mortel à son ennemi, la porte dans son dos claqua brutalement, la faisant sursauter.

—Hermi', à table, lui informa Ginny, une ravissante rousse dont les joues parsemées de taches de rousseur étaient creusées d'une fossette coquine.

—J'arrive, souffla-t-elle, exaspérée d'avoir été interrompue.

Elle referma son livre avec une pointe d'amertume, se leva et noua ses longues boucles châtain en un chignon fouillis. Elle éteignit la lampe et après avoir fermé la porte derrière elle, dégringola les escaliers de la maison de la famille de sa meilleure amie, plus communément appelée Le Terrier.

Cela faisait presque trois jours qu'elle y était, et ce n'était pas la première fois : depuis qu'elle était devenue amie avec Ginny, la cadette de la famille, voilà maintenant six ans, elle y allait tous les étés. Elles s'étaient rencontrées dans le lycée d'une ville de la banlieue londonienne, alors que le professeur d'anglais de Ginny avait sollicité l'aide d'Hermione pour qu'elle donne des cours de soutien à la rouquine, qui était dans la classe inférieure à celle d'Hermione.

S'en était suivi une amitié profonde, et elles étaient inséparables depuis ; c'était donc le sixième été de suite qu'Hermione se retrouvait au Terrier, et ce pour deux semaines, entourée de la famille nombreuse, bruyante et incroyablement attachante qu'était la famille Weasley, ce qui, elle devait l'avouer, la changeait de l'ambiance sérieuse et presque froide de sa propre famille, dont elle était l'unique enfant. Ses parents, deux dentistes de renom, n'avaient pas compris le choix de leur fille de se tourner vers les langues, et s'étaient peu à peu éloignés au fil des années. Hermione s'apprêtait à intégrer un master de traduction prestigieux à Londres, ce qui, pensait-elle, l'éloignerait définitivement de ses parents.

C'est pourquoi ces deux semaines au Terrier étaient pour elle une bouffée d'air après la semaine obligatoire de voyage en famille. Celui de cette année, organisé au Viêt-Nam, avait été particulièrement tendu, et c'est presque en pleurant de joie, et surtout de soulagement, qu'Hermione était tombée dans les bras de sa meilleure amie il y a trois jours.

Les Weasley avaient un train de vie très modeste comparé à celui d'Hermione et sa famille. Monsieur Weasley travaillait dur en tant qu'employé bancaire pour essayer d'élever correctement ses sept enfants, dont cinq d'entre eux étaient encore chez leur mère. Les deux aînés, Charlie et Bill étaient en effet partis du cocon familial pour vivre leur vie, l'un aux Etats-Unis, l'autre en Suisse, mais revenaient au Terrier quelques jours en été, souvent quand Hermione était là.

Madame Weasley, quant à elle, se démenait comme elle le pouvait pour continuer de nourrir et cocooner les autres : Percy d'abord, âgé de 23 ans, était en passe d'accéder à un poste au sein du Ministère de l'Intérieur, mais, n'ayant pas trouvé d'appartement, avait décidé de rester pendant un an chez lui, le temps qu'il prenne ses marques.

Venaient ensuite les jumeaux Fred et George, tous deux âgés de 21 ans, farceurs dans l'âme, oscillant entre chômage prématuré —n'ayant jamais vraiment terminé d'études— et petits jobs tous plus improbables les uns que les autres, ne faisaient jamais grand-chose et par-dessus tout, épuisaient leur mère.

Ronald était la cinquième tête de la famille ; il avait le même âge qu'Hermione -20 ans, et venait d'intégrer une école d'ingénieur. Ron et Hermione avaient eu une romance un an après qu'elle avait rencontré Ginny, mais elle avait été brève, et surtout douloureuse pour Hermione, qui avait rompu après avoir découvert que Ron la trompait dans son dos.

Ginny venait clore la jolie famille, et avait suivi Hermione au King's College de Londres.

La caractéristique la plus amusante qui unissait et rendait la famille Weasley encore plus originale, était leur couleur de cheveux : ils étaient tous, sans exception, roux.

En bref, une famille hétéroclite, ouverte d'esprit, heureuse de vivre, accueillante et généreuse, surtout la mère de famille, Molly, qui accueillait constamment des amis de ses enfants chez elle. Et durant ces deux semaines, c'était non seulement Hermione qu'elle avait chez elle en plus de ses enfants, mais aussi Harry Potter, le meilleur ami de Ron, et la petite amie de Fred, Angelina Johnson.

C'était donc une immense tablée de douze personnes qu'Hermione retrouva en arrivant au salon. Le bruit emplissait la pièce, les rires se cognaient joyeusement entre les murs, et un sourire vint chasser le peu d'aigreur qui lui restait de s'être arrachée à sa lecture. Elle s'installa entre Ginny et Harry qui lui sourirent entre deux blagues des jumeaux. Elle se servit largement du ragoût qu'avait préparé Molly, et se mit à écouter chacune des conversations, lançait un rictus par-ci, pouffait par-là, mais surtout, savourait la vraie vie de famille.

Les jumeaux s'étaient lancés dans une imitation assez hilarante de Donald Trump, mais George, trop enflammé, avait glissé et renversé de la sauce de son assiette sur le journal que Percy lisait de façon exagérément concentrée.

—Bordel ! jura ce-dernier. Il secoua le papier nerveusement au-dessus de l'assiette désormais à moitié vide du jumeau, se lança dans une série de jurons et hurla presque : tu peux pas faire attention Fred, c'est épuisant ta manie à toujours être aussi maladroit !

Percy avait une tendance très déplorable à tout prendre trop au sérieux et ne se laissait dérider que très rarement : ses sourcils étaient toujours froncés, et il ne cessait de repousser frénétiquement une mèche de cheveux roux cuivre qui lui barrait le front. Ses yeux d'un marron très foncé n'acceptaient aucune lueur d'amusement, ses lèvres ne s'étiraient que pour lancer des rictus désagréables et moqueurs.

—C'est pas moi, se défendit Fred, à moitié mort de rire, c'est George !

—C'est pareil, rétorqua froidement Percy.

Un silence glacé s'était installé au-dessus du repas qui commençait pourtant si bien. Hermione pinçait les lèvres, gênée, puis, constatant que personne ne cherchait à détendre l'atmosphère électrique, elle desserra les dents et tenta d'une voix faible :

—Ils parlent de quoi dans La Gazette aujourd'hui, Percy ?

Sa voix était légèrement enrouée.

L'interpellé planta un regard agréablement surpris dans les yeux ambrés d'Hermione et sembla la remercier mille fois de s'intéresser aux sujets sérieux plutôt que de défendre les jumeaux.

—C'est à propos des migrants de Calais, répondit-il, Dieu merci le gouvernement ne les laissera jamais passer.

Hermione tiqua.

—Comment ça, Dieu merci ? Tu ne penses pas qu'on devrait les accueillir ? s'enquit-elle d'une voix méfiante.

—Bien sûr que non ! On n'a déjà assez de problème avec l'immigration régulière et légale, si on se rajoute des milliers de migrants, on va encore se retrouver avec des problèmes jusqu'au cou.

—Donc tu fais partie de ces personnes qui rejettent tous les problèmes d'un pays sur les immigrés ? Quelle mentalité, fit-elle, la colère rampant sourdement entre ses cordes vocales.

Percy leva les yeux au ciel, et répondit :

—Absolument pas, Hermione. Je pense juste que l'intégration de certains immigrés est déjà assez compliqué pour qu'on s'encombre avec le reste de la misère mondiale.

—Ces gens-là fuient la guerre, la faim et les massacres, Percy ! éclata la jeune femme.

—Je sais bien, mais ce n'est pas une raison pour qu'on leur offre sur un plateau doré les habitations et les emplois des anglais, dit Percy d'une voix à la fois calme et hautaine.

Le débat avait empiré la situation, et Madame Weasley se creusait les méninges pour tenter de trouver une issue avant que les effusions ne deviennent trop violentes.

—Mais c'est pas possible, répliqua Hermione, c'est quoi cette mentalité ? Si il n'y a plus d'emplois au Royaume-Uni, ce n'est pas à cause de ceux qui arrivent, mais à cause de ceux qui sont déjà là ! Tu aurais dit quoi à ma famille quand on est arrivé en 1940, d'aller nous faire foutre, parce que nous étions juifs et qu'on piquerait tout l'argent de l'Etat ? C'est ridicule !

Les larmes commençaient à border les paupières d'Hermione. Elle se leva de table et s'enfuit dans sa chambre, tremblante de rage.

Dans la salle à manger, toutes les bouches étaient fermées, et les regards effrayés échangés en disaient long. Percy, scandalisé, fit un tour d'yeux de la tablée.

—Elle n'a rien compris à ce que je disais, sérieusem…

—Percy chéri, tu n'as pas été des plus délicats et des plus diplomate, tenta Molly.

—Enfin Maman, elle raisonne avec sa tête d'habitude, qu'est-ce qui lui prend de dire des conneries pareilles ?

—Tais toi Percy, siffla Ginny. Ce n'est pas parce que ce ne sont pas tes idées que ce sont des conneries.

Percy se leva brusquement en faisant grincer sa chaise violemment, souffla dédaigneusement et quitta lui aussi le repas. Ginny quitta aussi la pièce à la suite de son frère aîné pour rejoindre Hermione dans sa chambre. Les jumeaux, sidérés d'avoir créé un tel conflit, oscillaient comme à leur habitude entre rire et gêne ; Molly Weasley poussait des soupirs désespérés et son mari fixait son assiette de manière embarrassée, Angelina était bouche bée, ce qui ne changeait pas vraiment de d'habitude, et Ron et Harry raclaient le fond de leur assiette en se contenant de rire.

Et c'est Ron qui craqua le premier. Ce fut d'abord un léger mouvement d'épaule, puis le coin de sa bouche qui se mit à frémir. Un regard vers son meilleur ami qui lui apprit qu'ils étaient tous deux sur le point d'exploser, lui suffit pour éclater franchement de rire, suivi de près par Harry. Leur hilarité était telle qu'elle semblait ne pas pouvoir s'arrêter, ce qui était relativement absurde étant donné la situation —rien qui ne puisse déclencher un tel fou rire. Molly s'exaspéra un temps « Ronald, enfin, un peu de tenue ! » mais finit très vite par abandonner, car les jumeaux ne tardèrent pas à rejoindre les deux meilleurs amis, suivi d'Angelina (mais ce n'était pas vraiment parce qu'elle comprenait la situation), et son mari semblait aussi en faire partie, bien qu'il tentait de le cacher derrière sa serviette. Les sujets de conversation plus légers reprirent doucement, jusqu'à ce que la pièce soit de nouveau emplie du bruit de la vie.

Hermione faisait défiler les pages sur l'écran tactile de son smartphone, ne faisant en aucun cas attention à ce qui passait sous ses yeux, préférant fulminer intérieurement et ruminer les arguments qu'elle aurait pu sortir à Percy au cours du repas. Puis, quand le calme eut repris ses droits dans sa tête et que le sang eût terminé de faire palpiter ses tempes, elle commença à regretter. Après le regret, vint la culpabilité, ce sentiment sournois qui l'habitait depuis son plus jeune âge.

Ce n'est quand même pas de ma faute si Hermione se fait victimiser à l'école !

Les mots de sa mère résonnaient sombrement sous sa crinière ; ces mots si froids, si détachés, si peu compatissants envers cette petite princesse d'à peine huit ans, plus intelligente que la moyenne, qui récoltaient les moqueries, voire les coups de certains de ses camarades parce qu'elle savait toujours tout. Ces mots qui en faisaient naître d'autre, dans sa petite tête

c'est de ma faute si les autres ne m'aiment pas et me maltraitent ; c'est parce que je suis trop moche et trop méchante ; c'est à cause de moi que maman ne m'aime pas, et que papa ne me regarde même pas

Ces pensées, si injustes, si fausses…

À ces souvenirs, les larmes avaient colonisé les cils de notre héroïne, et elle eut à peine le temps de les sécher avant que Ginny ne rentre dans la pièce et ne l'enlace tendrement pour la consoler.

—Je suis désolée… murmura-t-elle.

—Ce n'est pas de ta faute. Il est jaloux parce qu'il a enfin quelqu'un de la même envergure intellectuelle que lui qui lui tient tête, et ça le rend fou. Et je sais bien que tu es sensible sur certains sujets, n'y fais pas attention, la rassura Ginny.

Après quelques minutes de câlins tendres, les deux amies décidèrent d'aller faire un tour autour du Terrier, pour s'aérer les esprits.

C'est en descendant les escaliers de la maison qu'elles croisèrent Harry et Ron, et que ce dernier, sans un mot mais avec un regard intense, lui effleura la main, furtivement, si furtivement, qu'elle croyait avoir rêvé, bien que son coeur lui fit mal tellement il voulait s'échapper de sa poitrine pour se noyer dans les lèvres de son ancien amant…

Les gentilles reviews sont appréciées, même si c'est pour déglinguer toute cette première partie, tant que vous êtes gentils d'amour.

Je ne sais pas dans quoi je me lance, mais j'ai envie de m'y lancer.