Style : Yaoi, espionnage

Inspiré de : Alex rider

Couple : Alex rider X Yassen Gregorovich

Childrens are not eternals

Cette histoire se déroule après mes deux premières fics, « Moscou Blues » et « We feed the world », que je vous conseille de lire avant de vous attaquer à celle-ci. Bonne lecture !


Je vous annonçe l'ouverture d'un chtit forum dédié à Alex Rider, qui n'attend plus que les fics, les fanarts et les post . J'y mettrais notamment mes fics et les fanarts que je rackette à une copine dessinatrice : Vous trouverez l'adresse dans mon profil (cliquez sur mon pseudo pour y accéder)

Venez nombreux(ses) !


Le bal de promo était très réussi : tous les lycéens présents semblaient avoir oublié l'imminence des examens de fin d'année. Naturellement, Vladimir avait ramené de la vodka sous le manteau, au nez et à la barbe des professeurs. Dans un recoin de la salle, il servait des verres à ceux qui voulaient, et avec force de sourire lorsqu'il s'agissait d'une jolie fille.

« Regarde-moi cet imbécile…il va se faire coincer et ce sera zéro pointé pour ces examens de fin d'année. » Soupira Arky en s'appuyant contre une des grandes colonnes de la salle des fêtes. Le garçon qui l'accompagnait, un jeune homme blond au visage mince et raffiné, aux grands cils de fille, haussa les épaules :

« Laisse-le faire…Ca le regarde. Et ne parle pas des examens, on est tous là pour oublier ça… »

Arky le poussa du coude avec un clin d'œil :

« Qu'est-ce qui t'arrives, Yassen ? Tu angoisses ? Avec tes résultats ? »

« On angoisse tous. »

« Mais toi tu n'as aucune raison…Si tu continues comme ça, tu sortiras premier de la promo et tu pourras rentrer dans une grande université, peut-être postuler au parti, Gregorovich ! »

« Hé, hé, du calme ! » L'arrêta Yassen « Je verrais la question de mon avenir dès demain…et moins vite que toi. Mais ce soir, j'ai autre chose en vue. Inviter une fille à danser. »

« Tu en as une à l'esprit ? »

« Pas particulièrement…celle qui veut bien, je suis d'accord… »

« Moi, je veux bien. »

Les deux garçons tournèrent la tête vers une fille – presque une femme- portant une jolie robe rouge qui rehaussait son teint pâle…et un décolleté qui ne laissait rien deviner mais voir. Yassen toussota et Arky tritura son nœud papillon pour se donner une contenance alors que la lycéenne se mettait à rire.

« Vous avez le regard qui flanche ? »

« Natalia, par pitié, nous allume pas si c'est pour nous laisser seuls ensuite. »

« Ooooh, Je suis désolée, Arky. Mais Yassen avait l'air d'avoir envie de danser et je n'ai pas de cavalier. »

« Toi, tu ne trouves pas de cavalier ? » S'étonna Gregorovich, sincèrement surpris, en la dévisageant. Elle lui sourit :

« Aucun qui me parle gentiment et qui me demande galamment. »

« Alors tu veux que je te demande dans les règles ? »

Natalia hocha vigoureusement la tête, ses longs cheveux noirs ondulant sur ses épaules. Yassen mit un genou à terre et lui prit la main :

« Natalia Petrova Nounchkin, m'accorderais-tu cette danse ? »

Les trois adolescents éclatèrent de rire en cœur.

« Allez, emmène-moi danser…Arky, tu prends la suite ? » Fit Natalia en prenant le bras de Yassen.

« Sans problème. »

Alors qu'ils avançaient sur la piste, ils entendirent un groupe de lycéens qui discutaient à grands renforts de cris enthousiastes sur « le métier qu'ils voulaient faire ».

« Tu as une idée, toi, Yassen ? » S'enquit Natalia en entourant le cou du jeune homme de ses bras.

« Pas vraiment…mon père dit toujours qu'il ne faut pas se demander ce qu'on veut faire, mais ce qu'on ne veut surtout pas faire…et peu à peu on trouve sa voie. »

Lentement, il compta le nombre de pas, et ils commencèrent à danser, la longue robe de Natalia tournoyant autour d'elle sous les lueurs de la salle, alors que quelques garçons la suivaient des yeux, le regard trouble.

« Ton père te conseille déjà sur ton métier ? »

« Non, c'est ce qu'il m'a répondu quand j'ai posé la même question que toi. » Sourit Yassen.

« Et qu'est-ce que tu ne pourras jamais faire, Yassen Gregorovich ? »

Tout en continuant à faire délicatement tourner sa partenaire entre ses bras, le jeune homme réfléchit quelques secondes, puis sourit à nouveau :

« Tuer, je pense. Même pour la gloire de Russie, je ne crois pas que je pourrais. » Plaisanta-t-il.

Natalia se remit à rire.


Quelques plaintes étouffées tirèrent Yassen de sa contemplation silencieuse. Accoudée à la fenêtre, il observait, sans vraiment les voir, les maisons londoniennes. Dès qu'il avait fait ses quatre heures de sommeil, il restait ainsi, laissant vagabonder le regard en attendant que l'adolescent qui dormait avec lui se réveille.

Ou ne soit malade.

Gregorovich prit le gant sur le chevet et l'humecta au moyen de la bouteille d'eau, avant de tamponner le front d'Alex, qui ouvrit les yeux.

« Yassen… »

« Encore un cauchemar ? » S'enquit le Russe, s'asseyant sur le lit.

« Oui… » Gémit Alex en clignant des yeux.

Depuis leur retour du Japon, le garçon avait eu des crises de manque régulières, dues à la drogue qu'on lui avait injectée là-bas. Si sa santé s'était améliorée ces dernières semaines, il était en revanche en proie à des cauchemars qui pouvaient le maintenir éveillé des heures.

Gregorovich laissa le linge humide sur le front en sueur.

« Tu veux en parler ? »

Alex inspira profondément et s'assit sur son lit, les bras encore tremblants. Yassen comprit le message muet et l'attira doucement à lui. Cela suffisait à l'apaiser. Savoir que le Russe était près de lui calmait ses crises, ses cauchemars, ses angoisses. Jack, quant à elle, avait veillé à ce que le MI6 ne se manifeste plus…Peu à peu, Alex retrouvait le sourire. Il était retourné au lycée depuis quelques jours, cela semblait lui faire du bien.

Mais pas autant que la présence de Gregorovich.

Le Russe joua avec une mèche de cheveux quelques secondes, puis fit descendre ses doigts le long de la joue, délicatement, suivant l'arrondi, jusqu'à la gorge. Avec un sourire plus sensuel, il se pencha vers Alex, soufflant près de ses lèvres :

« Tu veux autre chose, alors ? »

Alex rougit. Jack s'était absentée quelques jours pour rendre visite à ses parents aux Etats-Unis. Gregorovich s'occupant d'Alex, il lui avait proposé d'en profiter pour faire le voyage. La jeune femme étais très tendue et inquiète depuis leur retour du Japon, elle avait autant besoin de vacances qu'eux.

Cela leur laissait le champ libre dans la maison. Yassen n'était pas spécialement insistant, mais il savait sentir le bon moment pour le proposer à Alex.

Comme maintenant.

« Mmmh… »

Gregorovich l'embrassait en le rallongeant sur le lit. D'une main, il déboutonna le pyjama d'Alex, caressant son torse avec douceur.

« Ty nastopko jepateney… »

« Yassen…tu m'avais dit que tu m'apprendrais le russe… » Se plaignit Alex. Gregorovich se mit à rire.

« Le moment est bien choisi, selon toi ? »

Alex rougit davantage.

« Et puis…cette phrase, tu sais très bien ce qu'elle veut dire… » Murmura le Russe à son oreille, suivant le lobe de sa langue.

Une petite sonnerie déplaisante interrompit alors ses caresses…elle sortait de la valise de Gregorovich.

« Qu'est-ce que c'est ? » S'enquit Alex en se mordillant la lèvre, voyant s'assombrir l'expression de son amant.

« Mon portable. »

Ils savaient tous les deux ce que cela voulait dire…Ce portable, Yassen l'utilisait pour être contacté par ses clients…Il le laissait allumé en permanence.

« Excuse-moi. »

Le ton n'avait plus rien de tendre ou de sensuel. Il avait retrouvé toute sa froideur, son indifférence. C'était quasiment mécanique chez le Russe…et c'était probablement ce qu'Alex détestait le plus : son amant redevenait l'assassin de son oncle.

Posément, Gregorovich se releva et prit le portable dans la poche avant de sa valise. Il regarda le numéro et décrocha, parlant en espagnol. Après avoir échangé quelques paroles, son expression s'assombrit davantage, son visage devint de marbre, et il raccrocha.

« Il y a un problème ? » S'enquit Alex en se levant, conscient que leur moment d'intimité venait de prendre fin.

« Rien de grave. »

« C'est pas visible. »

Yassen soupira et s'avança vers Alex avant de lui ébouriffer les cheveux, le regardant dans les yeux.

« Ce n'était pas un contrat. Rassuré ? »

« Pourquoi on t'a appelé au milieu de la nuit, dans ce cas ? »

« Tu ne va pas renoncer, n'est-ce pas ? »

« Pourquoi ? »

Le Russe soupira de nouveau, puis capitula :

« Ma résidence à Cuba a été vandalisée. Je dois aller me rendre compte sur place. »

« Pour un cambriolage ? »

Alex haussa un sourcil. Il détestait qu'on lui mente par omission, un exercice que Yassen semblait pratiquer couramment.

« Il y a autre chose. »

Il ne cessait de suivre Gregorovich du regard alors que ce dernier se rhabillait.

« Dis-moi. »

« Mon visiteur m'a laissé un message : « Cosaque de malheur ». »

« Et ? »

Yassen termina de boutonner sa chemise. Son regard dégageait quelque chose d'infiniment malsain à cette seconde, quelque chose qui fit frissonner Alex des pieds à la tête.

« Il n'y a qu'une seule personne en vie qui connaisse mes origines cosaques. »

« Qui ? »

« Toi, depuis moins de cinq secondes. »


Sophie Rostova s'éventa le visage au moyen de son livre…Pour elle, la température cubaine était intolérable. Elle avait revêtu une robe courte et des sandalettes, hideuses selon elle, mais adaptées au lieu et à l'endroit.

« C'est fait, madame. »

Elle sourit à l'homme qui s'approchait d'elle. Le soudoyer n'avait pas été difficile…dans un pays aussi miséreux que Cuba, on n'avait guère besoin de faire monter les enchères pour obtenir ce qu'on voulait.

« Parfait, monsieur…monsieur ? »

« Palomos, madame. Votre serviteur à partir de maintenant. »

Sophie avait également compris que faire monter les enchères garantissait une fidélité que seuls pouvaient avoir les crève-la-faim. Elle appliquait une politique selon laquelle seuls ceux qui avaient tout à gagner ne risquaient pas de la poignarder dans le dos.

« Il vous a dit qu'il allait venir ? »

« Oui, Madame. Mais ça semblait guère le déranger de savoir sa maison sans dessus dessous. »

« Peu de choses le dérangent. Mon message l'ennuiera beaucoup plus…Ce salopard de cosaque. »

« Vous allez le tuer, Madame ? »

Sophie cessa de s'éventer et reposa posément son livre sur l'accoudoir de son siège, avant de ramener une mèche de cheveux blonds en arrière : elle les avait très raides, mi-long, mais d'apparence souple, comme un mannequin.

« Si je comptais effectivement le tuer, Palomos…est-ce que cela vous poserait un quelconque problème ? N'hésitez pas à répondre franchement, je ne me formaliserais pas. »

Elle sourit. Bien que très belle, Sophie Rostova ne faisait pas artificielle ou vulgaire. C'était une femme sûre de sa beauté et de son intelligence, à juste titre.

« Non, madame. Aucun. »

« Cesseriez-vous de travailler pour moi si je le faisais ? »

« Non, madame. »

Le sourire de Sophie devint plus cruel.

« Mais je commencerais alors à vous faire peur, n'est-ce pas ? »

Palomos hésita, se balançant d'un pied sur l'autre. A dire vrai, cette femme lui faisait déjà peur : il ne comprenait pas qu'une telle beauté, disposant apparemment de beaucoup d'argent ait eu envie de se perdre dans la jungle cubaine pour saccager et tagguer une petite maison vide.

« Sans doute, Madame. »

Sophie se leva et tapota l'épaule du cubain.

« Je vous rassure, tout de suite, vous n'avez aucune raison d'avoir peur de moi. Le seul qui doive, c'est le propriétaire de cette maison, je n'ai pas l'intention de faire du mal à qui que ce soit d'autre. »

Palomos se remit à sourire, rassuré par le sourire de la jeune femme. Lorsqu'elle retourna dans son fauteuil, il ne remarqua cependant pas qu'elle s'essuyait soigneusement la main avec laquelle elle l'avait touché.


« Tu es pénible, tu sais. »

« Je sais, oui. »

Gregorovich poussa un nouveau soupir mais renonça à poursuivre. Le mal était de toute manière déjà fait : Alex l'accompagnait à Cuba. Le Russe savait pertinemment qu'il ne parviendrait sans doute pas à laisser le garçon à Londres, mais il caressait l'espoir qu'il accepterait au moins de rejoindre sa gouvernante aux USA.

Mais rien à faire.

Ils s'étaient engueulés deux heures avant le départ, au moment du départ, en montant dans l'avion, les paroles acides d'Alex percutant les mots glacials et tranchants de Gregorovich sous le regard éberlué de l'hôtesse, qui avait tenté un timide :

« Votre fils a un problème ? »

« Vous voulez dire qu'un psychiatre ne puisse résoudre ? » Avait rétorqué Yassen, apparemment excédé. L'hôtesse n'avait pas insisté et les avait laissés s'expliquer.

« Combien de temps avant qu'on se pose à Cuba ? »

« En parachute ? »

Alex pâlit et le Russe eut un mince sourire :

« Tu y as cru ? Pourtant, cette fois tu as ton passeport, ce me semble. »

« Très drôle. Je me roule par terre. »

« Ca, tu l'as fait avant que nous ne partions. »

« Ce n'était pas un caprice ! Je ne suis plus à l'âge où je tape du pied, Yassen ! »

« Exact. » Répondit Gregorovich en sortant son ordinateur portable de son sac « Tu te contentes de taper sur les nerfs. Maintenant, regarde un peu par ici, toi qui es observateur. »

Il alluma la machine. Au lieu du classique écran d'affichage de Windows et les petites icônes colorées, des lignes de couleur verte commencèrent à défiler. Gregorovich apposa son pouce sur ce qu'Alex avait prit pour le contrôleur de la souris et les lignes cessèrent de défiler, laissant place à un menu, toujours sur fond noir.

« Qu'est-ce que c'est comme ordinateur ? »

« Le genre qui saute à la figure d'un utilisateur mal intentionné. Il est muni d'un scanner, d'une connexion Internet deux fois plus puissante que la normale et d'une petite imprimante interne. Modèle 87X.V breveté par l'armée des USA. »

« Tu l'as volé ? »

« On me l'a fourni. »

Du doigt, Yassen désigna une petite trace argentée sur le coin de l'écran, en forme de scorpion.

« Mon cadeau de départ, en quelque sorte…je t'expliquerais plus tard. Pour l'heure… »

Il pressa sur une touche et une photo s'afficha alors sur l'écran…Celle d'un salon dévasté.

« Comment as-tu pu l'obtenir si vite ? »

« J'ai fait appel à un contact à Cuba qui est allé faire un premier contrôle et prendre quelques photos. »

Outre les fauteuils renversés et les taches sur le sol, quelqu'un avait taggué le mur. Gregorovich grimaça. Sans lire le russe, Alex comprit qu'il s'agissait du message laissé par le visiteur.

« Tu sais si quelque chose a été volé ? »

« Non. De toute manière, il n'y avait rien à prendre. Je ne laisse jamais rien derrière moi. De plus, jamais des cambrioleurs ne se seraient donnés la peine de traverser la forêt pour rejoindre la maison. Il y a des résidences bien plus cossues à la Havane. Mon visiteur n'était pas venu chercher quelque chose. »

« Peut-être que si. C'était peut-être toi qu'il cherchait. »

« Pourquoi me serais-je trouvé à Cuba plutôt qu'ailleurs ? Ca sent davantage la provocation… » Fit Yassen, les yeux rivés sur les lettres fluos qui défiguraient le salon. Alex se tut quelques secondes, puis demanda :

« Dis-moi Yassen, tu ne m'as pas expliqué ce que c'est qu'un cosaque… »

Le Russe hocha la tête et réduisit l'image avant de se tourner vers Alex :

« Une peuplade de paysans russes connus pour leur caractère sanguinaire et impitoyable…et aussi pour leur haine de la Russie moderne. Ils ont toujours été fidèles au Tsarisme…et quand celui-ci s'est effondré, ils se sont tournés vers les nazis et ont combattu à leurs côtés durant la seconde guerre mondiale. Le nazisme tombé lui aussi, ils ont proposé leur aide à l'Occident pour combattre le communisme…Notamment à la Grande Bretagne. »

« Et ? »

Gregorovich ne souriait plus et poursuivit, froidement :

« Leur aide a été refusée et ils ont été renvoyés en Union Soviétique…droit dans les Goulags, naturellement. Leur persécution a pris fin avec l'effondrement du bloc communiste, aux alentours des années 90. »

« Quel rapport avec toi ? »

« Mes grands-parents et mes parents étaient des cosaques, surtout mon père. Il m'a apprit la haine du communisme, la haine du capitalisme…Je ne devais faire confiance à personne. J'ai été envoyé dans un lycée plein de sympathisants cosaques à ton âge. Je te laisse imaginer la violence refoulée qui peut s'entretenir dans ce genre d'endroit. C'était un excellent lycée, très côté…mais contestataire. Une véritable poudrière. L'occident avait les communistes, les communistes avaient les cosaques. »

« Mais…tu étais violent ? »

« En grandissant, j'ai été en contact avec des gens un peu plus mesurés. Je voulais réussir ma vie, et j'avais plus ou moins compris que je ne pourrais pas y arriver en entretenant de vieilles querelles qui ne me concernaient pas. A 16 ans, on ne change pas le monde, Alex…Tout au plus, certains arrivent à le sauver. » Ajouta Yassen avec un léger sourire. « J'ai clairement dit à mon père que je ne voulais pas me mêler de politique. »

« Mais alors…pourquoi ce nom de code ? »

Gregorovich resta silencieux quelques secondes. L'avion fut alors pris d'une légère secousse.

« Mesdames, Messieurs, nous amorçons notre défense vers La Havane. Veuillez regagner vos sièges et attacher vos ceintures… » Annonça ensuite la voix de l'hôtesse alors que l'appareil commençait à s'incliner.


« Ne perds pas ton temps à ranger. » Signala Yassen à Alex « Nous ne sommes pas là pour ça. Attends-moi ici, je vais m'assurer que rien n'a été volé, même si je suis presque sûr de la réponse. »

Alex hocha la tête et riva son regard sur la peinture du mur. Elle était sèche depuis un bon moment, mais l'odeur régnait encore dans le salon, très forte…Donc le visiteur n'avait pas du terminé son travail « décoratif » depuis très longtemps. Il redressa un des fauteuils pour s'asseoir.

Quelque chose le tracassait, mais il n'arrivait pas à mettre le doigt dessus…un détail qui ne collait pas, un détail qui devait lui donner une information importante. Mais il avait beau tout retourner dans sa tête, rien ne lui venait.

« Comme je m'en doutais, rien n'a disparu. » Annonça Gregorovich en posant un bras sur le dos du fauteuil, silencieux comme un fantôme. « Tu as repéré quelque chose d'autre ? »

« Ca sent encore la peinture. Celui qui a fait ce tag a du terminer il y a moins de deux jours, je pense. »

« Belle déduction. On m'a donc prévenu assez rapidement. »

« Qui t'a prévenu, d'ailleurs ? »

Yassen s'approcha du mur et suivit le tracé des lettres du bout des doigts, tout en répondant :

« Palomos, un paysan cubain qui habite à côté. Je le connais un peu, c'est un fouineur. Ca ne me surprend pas qu'il s'en soit aperçu. Dès qu'il voit de la lumière, il vient ici pour me demander si je n'ai besoin de rien et me grappiller quelques billets. »

« Il aurait pu tenter de te voler ? »

Gregorovich se caressa le menton :

« Peu probable. Si on le tente, il volerait sans scrupule, mais un acte réfléchi, prémédité…Et puis regarde ce message. Palomos ne doit même pas savoir ce que c'est qu'un cosaque… »

Alex se raidit :

« C'est ça ! »

« Ca quoi ? »

« Depuis le début, quelque chose me gêne, maintenant je sais ce que c'est ! Palomos t'a lu le message sur le mur au téléphone, c'est bien ça ? »

« En effet. »

« En Espagnol ? »

« Oui. »

Alex désigna le tag.

« C'est bien, pour un paysan cubain illettré de déchiffrer aussi facilement du russe, tu ne trouves pas ? »

Gregorovich sourit :

« Ton sens de l'observation force mon admiration, Alex…Mais je suis au regret de t'apprendre que j'ai appris l'alphabet russe à Palomos. Je ne maîtrisais pas l'espagnol à la perfection lorsque je me suis installé ici, j'ai donc jugé utile de lui fournir quelques notions en russe. »

« Pourquoi pas en anglais ? »

« En cas d'espionnage, on trouve moins facilement des traducteurs de russe que des traducteurs d'anglais. »

Ca tombait sous le sens. Pourtant, Alex n'était pas convaincu :

« Et il a lu cette phrase facilement ? Le coup de téléphone n'a pas duré longtemps. »

« Je suppose qu'il aura prit le temps de la déchiffrer avant de m'appeler. Je lui ai toujours imposé de ne pas buter sur ses mots quand il me parle…les interlocuteurs qui bafouillent me donnent toujours l'impression de mentir. »

« Yassen, tu as beau dire, je trouve pas ça net. »

« Veux-tu que je le fasse venir ? Si ça peut te rassurer… »

« Je ne parle pas espagnol. Ton contact a scanné les lieux ? »

« Oui. De fond en comble. Rien. Alex, me prendrais-tu pour un débutant ? Tu as effectivement tendance à me distraire, mais pas au point de me faire commettre des erreurs aussi basiques. » S'amusa le Russe. Alex rougit :

« On dirait que ça te fait rire, tout à coup. »

« C'est ton énergie qui me fait sourire. Tu me fais penser à John : tant que tous les éléments n'étaient pas parfaitement assemblés, clairs, évidents, il était comme fou…il s'agitait, marchait de long en large…comme tu le fais maintenant. »

Alex fit la moue et examina le mur encore une fois, suivant les traits de peinture des yeux.

« Justement, je trouve ça un peu trop « réglé » pour être honnête. »

« Entrer par effraction chez quelqu'un, dévaster sa maison et barbouiller son mur d'insultes n'est pas quelque chose qu'on puisse qualifier d' « honnête », Alex. »

« Il y a une épaisseur. »

« Je te demande pardon ? »

« Ce n'est pas visible de loin mais…c'est comme si la couche de peinture faisait une épaisseur supplémentaire sur le mur. »

Il n'avait pas fini sa phrase que Yassen l'attirait violemment à lui.

Quelques secondes plus tard le mur fut éventré par un trait de feu alors que la maison vibrait sous la force de l'explosion.

A SUIVRE…