Ca n'aurait pas dû l'étonner, vraiment pas. Depuis le temps qu'il connaissait Kisuke, il savait qu'il y avait beaucoup de choses qu'il devait accepter de la part du scientifique, des choses qui ne changeraient jamais, ou du moins vraiment, vraiment lentement. Il avait accepté sans broncher le matériel qui s'entassait dans la chambre, les bonbons qui traînaient partout (à la grande joie de Mashiro), les conversations qui branchaient sans aucune explication vers une nouvelle idée incompréhensible pour les profanes... Mais là...non. Non, non, non, ce n'était pas possible...

Shinji se releva doucement en ne quittant pas Kisuke des yeux, et étouffa son envie de rire tellement il était incrédule.

- Tu t'fous de moi? Nan mais sérieux...!

Kisuke ne pouvait pas s'empêcher de grogner doucement et rouvrit les yeux. Ses cheveux étaient complètement en bataille, étalés sur l'oreiller, sa peau d'un rose profond sous l'effet des caresses. Shinji remarquait même d'une façon toute détachée que les lèvres du scientifique étaient beaucoup plus rouges qu'en temps normal à force de donner et de recevoir des baisers, mais même cette vision délicieuse ne parvint pas à le faire oublier ce pour quoi il s'était arrêté.

- Kisuke, bon sang...!

- Quelque chose ne va pas?

-...Rappelle-moi c'qu'on fait, et pourquoi ça n'pourrait, en effet, ne pas aller...

Encore ce regard qui voulait tout dire: non, Kisuke n'avait pas la moindre idée de ce qu'il venait de faire, ou du moins dire, pour que Shinji s'arrête en pleine caresse particulièrement prometteuse.

C'était la première fois qu le scientifique s'était laissé approcher d'aussi près; Shinji avait été aussi patient qu'il avait pu être, sachant bien que les relations amoureuses n'étaient certainement pas le point fort de son là, Kisuke avait simplement souri, un de ses sourires sincères, ouverts, qu'il ne montrait absolument pas à tout le monde.

Shinji avait été ravi d'avoir enfin la chance de faire un peu plus que de voler des baisers ou de laisser trainer ses mains. Il s'était attendu à des petites gênes occasionnelles, une première fois n'était jamais parfaite, surtout quand un des partenaires était tellement flippé de nature que tout pouvait finir par l'effrayer...

- Hirako-san?

- 'Tain Kisuke! C'est ça dont j'parlais, enfin! Tu peux pas arrêter?

- Arrêter quoi?

- D'être si poli, bordel! J'sais pas si t'as remarqué, mais on couche ensemble, là! Alors pour commencer, je m'appelle Shinji! Shinji! Tu crois qu'tu y arriveras un jour? Dans c'genre de situation un peu particulière, par exemple?

- Je peux essayer, Hirako-san.

Le regard désespéré que lui lança Shinji ne passa pas inaperçu, et Kisuke se releva à son tour pour passer la main autour des épaules du Vizard et de l'embrasser langoureusement.

- Je peux essayer... Shinji-san...

Entendre Kisuke l'appeler enfin par son prénom, et de cette façon aussi suave et désireuse... Shinji retrouva une vigueur certaine et coinça le scientifique contre les draps de nouveau, son sourire revenu, triomphant.

Et même s'il redevint "Hirako-san" entre deux soupirs délicieux, il n'avait pas le cœur de le recorriger. Pas cette fois, en tout cas.