Fanfiction que j'ai écrite en février 2015, j'ai l'ai retravaillé.


PDV Maura

Elle se sentit terriblement coupable, mais particulièrement inutile. Elle avait essayé de réagir de manière rationnelle, bien que des idées noires prennent part à ses spéculations. Elle ressentait tellement de choses en elle, dans son esprit qui était en plein effusion, qu'elle n'arrivait pas à différencier le sentiment qui prédominait les autres.

L'inquiétude ?
La peur ?
La colère ?
L'impuissance ?
Tout à la fois ?

Elle regrettait de ne pas avoir retenu sa meilleure amie, de l'attraper à corps perdu et avec la résistance d'une lionne dans ses bras, elle souffrait de ne pas l'avoir empêché avec son propre corps de sauter de ce pont, de l'avoir laissée agir de manière impulsive comme à son habitude. Pourquoi ne l'avait-elle pas rejointe dans sa chute… mais elle n'aurait pas pu appeler les secours si elle l'avait fait. Et puis surtout, elle était une piètre nageuse…elle aurait été un fardeau…

Elle ne devait pourtant pas être aussi étonnée, elle connaissait parfaitement le caractère bien trempé de l'Italienne. C'était dans la nature de Jane de se sacrifier ainsi pour les autres. Mais cela ne rendit pas pour autant la situation plus confortable. Le travail de Jane, c'était sa vie, et celui de Maura c'était la mort.

Quelle belle comparaison de la reine des morts !

Non, elle ne devait pas penser de la sorte. Son amie n'était pas morte, elle était suicidaire et irréfléchie, si l'on devait trouver un terme adéquat.

Isles avait pris l'habitude depuis son enfance, de mettre dans des compartiments bien distincts ses sentiments, ainsi elle ne serait pas touchée par ceux-ci, c'était moins douloureux. L'absence de ses parents adoptifs, le manque d'amour, la jalousie de ses camarades de classe, la solitude de sa vie en général. Mais c'était avant qu'elle ne côtoie quotidiennement la vie brune. Elle lui avait apporté tellement d'émotions divergeant et inconnus. Tendresse, confiance, amitié, amour.

La scientifique observa impuissante en dessous d'elle, elle ne voyait pas la moindre présence physique dans les environs, un mouvement quelconque d'eau qui prouvait qu'il y avait quelqu'un qui se battait pour survivre. Et il faisait tellement sombre que c'était peu rassurant pour la suite des recherches.

Mais que faisaient les secours ? Cela faisait plus d'une dizaine de minutes qu'elle les attendait. La protagoniste les avait bien eus au téléphone, elle avait été claire sur les circonstances de l'accident ainsi que le lieu à se rendre. Toutefois, l'attente fut interminable et cela la força à ressasser en boucle les moments avec Jane.

La légiste se retourna en arrière pour voir s'il y aurait de l'aide, mais son regard, et esprit étaient irrémédiablement aimantés vers le lac. Elle continua malgré tout de scander le nom de l'Italienne, au cas où celle-ci s'était dépêtrée de cette fâcheuse situation. Néanmoins, sa voix commença à perdre en vigueur, que ce soit par l'effort qu'elle avait fourni pour l'appeler pendant des minutes entières, et les hoquètements irréguliers qui entravaient ses cordes vocales. Elle n'allait pas abandonner, il était hors de question, jamais sa meilleure amie ne ferait un tel parjure !

« Merde ! Mais qu'est-ce qu'ils font bon sang ? » Aboya-t-elle les larmes aux yeux. Elle ne fit même pas attention à son langage qui ne lui correspondait en rien à sa nature polie et calme.


À son plus grand soulagement, la légiste entendit le moteur d'une voiture, et elle se retourna. Elle vit deux voitures de police et les secours. Sorti d'un des véhicules, Frankie fut accompagné de Korsak, ils rejoignirent rapidement la légiste qui fut soulagée de leur présence. Enfin une bonne nouvelle, elle ne se retrouverait pas seule à se morfondre de son impuissance. Mais elle avait espéré ardemment du fond de son âme, une autre présence pour la rassurer totalement de ses démons intérieurs, celle qui était la plus importante à ses yeux et à son cœur meurtri.

« Maura. Que s'est-il passé ? » Ce fut Frankie qui prit l'initiative d'interroger sa collègue de travail sur les circonstances de l'incident. Il était inquiet pour sa sœur, comme tout le monde en cet instant.

« C'est arrivé tellement vite, vous connaissez Jane, elle est si déterminée quand elle a quelque chose en tête, elle n'abandonne jamais. Elle a dit à Paul qu'elle le croyait innocent du meurtre de sa petite amie. Elle a passé par-dessus la rambarde pour essayer de le raisonner afin qu'il ne fasse pas une bêtise en se suicidant. Je suppose qu'elle voulait prendre un quelconque contact avec lui, il avait cédé à ses paroles de confiance, malheureusement, il a glissé, et Jane a sauté juste quelques secondes, afin de le sauver. Je n'ai rien pu faire pour la retenir, elle a juste sauté dans l'eau, et j'ai tenté de l'appeler, mais elle ne m'a jamais répondu. Alors, j'ai surveillé depuis, pour voir si elle était remontée à la surface. J'aurai dû l'arrêter, j'aurai dû… mais je n'ai pas pu, j'ai été incapable de le faire… et je n'ai pu la rejoindre dans l'eau… je suis une lâche… j'étais comme tétanisée… je n'ai rien pu faire d'autre que regarder… » Détaillait prise de panique Isles alors que Korsak chercha à la calmer en lui tenant par fermement par les épaules, mais elle ne cessait de convulsionner que ce soit par le froid et la crainte.

« Maura, Maura, écoute-moi. Je sais que ce n'est pas ta faute, tu ne pouvais rien faire et sauter auprès de Jane aurait été une grave erreur. J'ai été le partenaire de Jane pendant de nombreuses années, je n'ai jamais côtoyé une pareille tête de mule. Elle est si obstinée. Personne n'aurait pu l'arrêter de son devoir, de ce qu'elle pense être juste. Personne. Nous devons nous montrer positifs afin de la retrouver. C'est une battante, elle est capable de grande chose, tu le sais aussi bien que moi. Nous ne pouvons pas penser à ce qui aurait pu se passer si l'on avait ceci ou cela, mais à ce qu'on peut faire maintenant. » Tenta de rassurer Vince, lui aussi était dans un état de nerfs, il avait déjà perdu un précieux collègue : Frost. Alors, imaginer passer par cette même douloureuse épreuve avec Jane, c'était insupportable. Toutefois, il savait que dans de pareilles circonstances, il ne fallait pas s'en vouloir et trouver un coupable, car il n'y en avait pas. Voilà ce qu'était la vie d'une personne qui était proche d'un policier tel que sa collègue. Et ce ne serait pas la première fois ni la dernière fois, que ses proches endureraient un tel fardeau.

« On ne peut pas la laisser ainsi toute la nuit dehors ! À une température aussi basse, elle pourrait… elle pourrait… » Frankie souhaitait serrer dans ses bras la légiste, mais celle-ci évita vivement l'embrassade en se décalant sur le côté, elle mit sa main de l'avant, pour l'arrêter. Une seule personne pouvait la réconforter quand elle était dans un tel état de trouble, et malheureusement, celle-ci n'était pas présente.

« Je suis désolée Frankie, ce n'est pas contre toi, mais je n'aime pas qu'on me serre dans les bras quand je suis aussi préoccupée. Je... je ne peux pas... C'est ma faute. Je l'ai abandonnée… » La légiste continua sans démordre alors qu'elle vit des plongeurs ainsi que des gardes-côtes sillonner les alentours.

« Maura, tu sais très bien que ce n'est pas le cas. Et on va la retrouver. C'est d'une Rizzoli que nous parlons, et pas n'importe laquelle. La plus insupportable d'entre nous. » Mais la légiste ne préféra entendre ces paroles rassurantes qu'on la forçait à entendre, elle se dirigea vers les secouristes, elle devait savoir tout ce qui se passait, si elle pouvait aider par ses petits moyens, elle devait bouger, réagir. Et voyant comme se présentaient les recherches, c'était mal parti. Elle entendit dire que la nuit était un obstacle de poids, que les sauveteurs n'arrivaient pas à sillonner les environs, que les lumières ne réfléchissaient pas assez bien l'eau.

« Je t'en supplie Jane, s'il te plait... survie, je ne pourrais pas le faire sans ma meilleure amie… comment vais-je vivre sans toi ? Je n'arrive même pas à l'imaginer. » Isles hoqueta en essuyant une larme solitaire qui s'échappait le long de sa joue.