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Histoires d'éternités
Chapitre 1 : Je vais t'appeler Jack
Publié le 9 mai 2018
Note : Salut chères lectrices (et chers lecteurs?)
Contente de vous retrouver pour la suite d'Histoire d'éternités et pour ce qui sera très probablement ma dernière fanfiction autour de Torchwood. Plus qu'à espérer que ce soit une fin en beauté !
Bonne lecture !
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Galaxie Bêta, espace galactique de la planète Caucela
51e siècle
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Mais quel bordel !
Il allait s'écraser !
Vous connaissez cette sensation que l'accident se profile, inévitable ? Les mains qui se figent sur les commandes, les entrailles qui se tordent, la sueur froide dans le dos ?
Jusque là, il était tranquille, en train d'errer quelque part au fin fond de la Galaxie Bêta. Il pestait contre lui-même pour avoir réussi à perdre l'ambulance Chula qu'il était si fier d'avoir piquée. Et tout à coup, une ridicule planète s'était mise à se rapprocher dangereusement.
Jax avait eu beau tenter de redresser le vaisseau par tous les moyens possibles, rien n'y avait fait.
Le crash était imminent.
Non mais franchement, quelle déveine !
Il ne lui suffisait pas de s'être réveillé un beau matin avec un trou de mémoire de deux ans, probablement infligé par ses propres employeurs. D'être en fuite, sans boulot, sans foyer, sans plus savoir qui étaient ses ennemis ou ses alliés. Il fallait en plus qu'il aille s'écraser quelque part en bordure de Bêta ? Sérieusement ?
Quand il estima que tout espoir de redresser la situation était perdu, il ne restait que trente secondes avant l'impact. Il se décida à activer son module de secours. Il était un peu tard pour cela : ce module ne serait pas plus efficace pour lutter contre la gravité de cette fichue planète que ne l'était son vaisseau. Mais il y avait bien plus de chance de sortir vivant des débris d'un module de secours de deux m² que de ceux d'un énorme vaisseau Chula qui en faisait bien deux cent.
Il effectua donc la manœuvre pour détacher le module, ferma les yeux et attendit l'impact.
Qui ne vint pas.
Allons bon, l'univers n'avait pas bientôt fini de se payer sa tête ?!
Les instruments sommaires du module de secours lui indiquaient qu'il était en sécurité sur une surface plane mais qu'il était encore en train de naviguer dans l'espace.
Ces trucs-là étaient donc eux aussi devenus cinglés.
Vu qu'il pouvait difficilement envisager de rester là-dedans ad vitam ad eternam, Jax tenta prudemment une sortie.
Et ce qu'il vit lui coupa la chique pour de bon.
Il était en effectivement sur une surface plane. Mais il n'était pas... dehors.
Il avait atterri à l'intérieur d'un gigantesque vaisseau qui semblait organisé au tour d'une énorme colonne centrale.
Alors que Jax faisait un pas timide et incrédule hors du module de secours, un homme en costard noir et cheveux grisonnant s'avança vers lui, tout sourire.
-Hello ! lança-t-il gaiement. Je suis le Docteur.
-Euh, Jax.
Le prétendu Docteur eut un haussement de sourcils ostentatoire et lui tendit la main.
-Je vais plutôt t'appeler Jack, décréta-t-il.
Jax en eut un coup au coeur. Son père le surnommait ainsi quand il était enfant. Cela faisait deux décennies qu'il n'avait plus entendu ce diminutif.
Troublé, il haussa les épaules.
-Je suis un Seigneur du temps, dit le Docteur. Tu es dans mon TARDIS.
Jax dut faire un gros effort pour ne pas en rester bouche-bée.
Un Seigneur du temps. Sans blague?
A l'Agence du Temps, on leur rabattait souvent les oreilles avec des histoires de Seigneurs du temps. Ces êtres soi-disant légendaires, qui se baladaient à leur guise dans le temps et dans l'espace et se croyaient en droit de régir l'univers.
Il n'en avait jamais rencontré. N'avait d'ailleurs jamais ne serait-ce qu'envisagé d'en rencontrer un. Non pas qu'il ne croyait pas en leur existence. Il s'estimait juste bien trop insignifiant, pas le genre de personne qui pouvait tomber sur un être légendaire au coin d'une rue.
Et maintenant, voilà qu'il avait atterri dans le vaisseau de l'un d'eux et il ne pourrait même pas courir s'en vanter à l'Agence.
La vie était vraiment trop cruelle.
-C'est un peu ma faute si ton vaisseau s'est crashé, lui dit le Seigneur du temps avec un air bonhomme. Je ne suis pas totalement innocent non plus dans la perte de l'ambulance Chula. Mais bon, vu ce que tu comptais en faire ...
Personne à l'Agence n'avait donc songé à dire à Jax que ces foutus Seigneurs du temps lisaient dans les pensées ?!
-Tout même, j'estime que je dois me faire pardonner pour ton vaisseau, poursuivit le Docteur. Alors je t'accorde un voyage. Où et quand tu souhaites. N'importe où dans le temps et dans l'espace. Je te laisse choisir.
Par-delà sa stupéfaction grandissante, ces mots firent leur chemin dans la tête de Jax.
Balayant ses soucis actuels, tous ses doutes et ses craintes, un prénom s'imposa à son esprit comme s'il y clignotait en lettres rouges majuscules :
GRAY
Où il voulait dans le temps et dans l'espace, hein ? Pour y faire ce qu'il voulait ? Pas d'« interdiction d'intervenir dans votre histoire personnelle, bla bla bla » ?
Alors, allons sauver Gray ! Bon sang, cela faisait vingt ans qu'il priait pour une occasion pareille !
Le Docteur attendait qu'il se prononce, une sorte de faux sourire poli accroché aux lèvres.
-Je sais très précisément à quelle époque je voudrais aller, dit lentement Jax. Mais je ne sais pas exactement où.
-C'est un début, concéda le Seigneur du temps avec patience. Dis m'en plus.
-J'ai grandis sur la péninsule de Boeshane, souffla Jax.
Cela faisait des années et des années qu'il n'avait pas prononcé ce mot. Il sonnait étrangement à ses oreilles.
-C'est en bordure de la galaxie Alpha.
Le Docteur hocha la tête et l'invita à poursuivre d'un geste silencieux de la main.
-Lorsque j'avais 15 ans, nous avons été envahi par ... Par des créatures. Je suis incapable de vous les décrire parce que je ne les jamais vu. Entendu, seulement. Ils étaient précédés par leurs cris. Des cris à vous glacer le sang. Ils ont tué beaucoup de monde ce jour-là. Mon père. Des amis. Des voisins. Mais c'est seulement quelques heures après qu'ils soient partis qu'on a compris... Il n'y avait aucun cadavre d'enfant en dessous de dix ans. Et il manquait... Il en manquait sept. Dont mon petit frère. Gray. Il avait sept ans. Et je ne l'ai jamais revu malgré... Enfin, j'ai tout essayé, avoua-t-il les épaules tombantes et le regard fixé sur un levier de commande.
C'était la première fois qu'il prononçait volontairement le nom de Gray depuis son départ de Boeshane. Toutes ses connaissances savaient qu'il était un infatigable voyageur. Mais jamais personne n'avait su que derrière la soif de découverte et l'esprit aventureux de Jax se cachait une blessure profonde, une quête désespérée dans laquelle il s'acharnait depuis vingt ans, sans bruit, sans larme, inlassable. Comment aurait-il pu jamais cesser de chercher alors que c'était lui qui avait lâché la main de Gray et l'avait abandonné à son sort?
Les yeux du Docteur s'étaient chargés d'une profonde compassion. Il avait écouté ce récit décousu sans l'interrompre et quand il prit une inspiration pour parler, Jax lui coupa la parole.
-Je sais qu'on ne peut pas les empêcher d'attaquer et d'enlever les gamins, dit-il. Je connais très bien le désastre que je causerais si je traversais ma propre ligne temporelle.
Il brandit son bras gauche, pour que le Docteur puisse voir le manipulateur de vortex qu'il portait au poignet. En tant qu'agent du temps, Jax avait depuis des années la possibilité matérielle de remonter sa propre ligne temporelle mais ne l'avait jamais fait. L'Agence l'aurait découpé en petits morceaux pour cela. Mais s'il n'utilisait pas le manipulateur, il pouvait bien faire ce qu'il voulait, non ?
-La seule piste que j'ai, c'est qu'ils sont venus sur la péninsule de Boeshane, en ce jour précis. Je n'ai jamais réussi à en savoir plus. J'ai remué ciel et terre. Alors si on pouvait les suivre...
Le Docteur hocha la tête.
-D'accord, Jack, dit-il en lui tournant le dos et en commençant à actionner les commandes de son vaisseau. Faisons cela. Mais il y a une condition.
Il se retourna et planta un regard dur et sévère dans celui toujours un peu méfiant de Jax :
-Quand nous aurons trouvé où ces créatures ont emmené ton jeune frère, il faudra que tu me laisses m'occuper d'eux. Qu'importe ce qu'on découvrira : ce qu'ils sont, ce qu'ils font. Tu pourras prendre l'enfant mais tu me laisseras m'occuper des kidnappeurs. Est-ce qu'on est d'accord ?
Son regard bleu vif dans celui de Jax donna à ce dernier l'impression d'être passé au crible.
L'agent du temps hocha lentement la tête. Le Docteur reprit alors un air satisfait et lui sourit.
Jax murmura une date et le Seigneur du temps abaissa brutalement une manette. Il y eut comme un battement de tambour, un chuintement métallique et ils étaient en route.
Alors, Jack réussira-t-il à sauver Gray ? Le Docteur et lui finiront-ils par s'entretuer ? Quelles seront les conséquences de ce renversement dans la vie de Jack ? C'est sur ce suspense insoutenable que je vous laisse, jusqu'à mercredi prochain !
PS : Vous vous demandez peut-être d'où vient ce prénom « Jax » qui est ici le prénom de naissance de Jack. Il y a quelques années, quand j'avais commencé à écrire cette histoire, j'avais lu dans un article que c'est ainsi que Russel T. Davies (ancien scénariste en chef de Doctor Who) voulait appeler Jack au départ. J'ai trouvé que c'était rigolo, je l'ai repris. Malheureusement, je n'ai pas retrouvé cet article mais si je remet la main dessus, je mettrais le lien sur mon tumblr des bonus.
N'hésitez pas à me faire un retour !