Bonjour à toutes et à tous. Je commence là ma toute première vraie fanfic épisodique, et si j'ai déjà une vague idée de ce vers quoi je voudrais la mener, tous les commentaires sont les bienvenus pour m'aider à peaufiner cette histoire. J'aimerais avertir en amont que, si mon intention première est d'écrire une aventure fantasy, je souhaite également aborder des thématiques qui peuvent être jugées dures, difficiles, parfois taboues mais jamais gratuites. Je peux vous garantir que vous pouvez lire la fic sans corde ni tabouret, j'ai bien prévu de grands moments de légèreté ou d'aventure, reste qu'il y a des sujets qui me tiennent à cœur et qui peuvent être estimées éprouvants pour les lecteurs et lectrices les plus sensibles.
J'ai l'intention de respecter au mieux le lore du jeu, mais je compte également tordre quelques détails à mon bon plaisir. Cela dit, il n'y aura rien qui puisse faire paniquer les puristes (j'espère) :)
Et enfin, même si je n'ai pas prévu dans l'immédiat de faire de cette fic une romance, je n'exclus pas pour autant d'écrire quelques trucs salés, et sans doute entre personnes du même sexe (ou pas, qui sait vers où l'aventure nous mènera ?).
Si ces avertissements ne vous ont laissé aucune sueur froide, je vous souhaite dans ce cas une bien bonne lecture :)
~ Laibach – No History
« Hic libertas requiescat, victima a metu mortis. »
Le Monarque lisait à haute voix cette inscription griffée à même l'accoudoir du trône, effleurant du doigt sa graphie sacrilège. Impassible, il reprit :
« Je vois que ton solheimien n'a guère progressé, Regis... »
À peine le Roi Mors bascula-t-il des épaules pour se retourner que son gant bardé de fer s'écrasa sur la joue du jeune prince, le faisant basculer en arrière et atterrir sur le palier inférieur devant une cour trop habituée à garder le silence. Nul ne pouvait pourtant ignorer le craquement qui se fit entendre lorsque le jeune homme percuta le sol. Était-ce un os ? Ou la dalle de marbre, peut-être ? En tout cas, ce ne pouvait être la dignité du prince. Celle-ci était rompue depuis déjà bien longtemps.
Mors Lucis Caelum, 112ème Roi du Lucis, s'assied sur le trône drapé de son exaspération tandis que Regis se redressait, la joue écarlate, feignant l'indifférence.
« … Mais je ne t'ai pas fait venir pour te servir quelque remontrance. »
À cela, son fils ne put contenir une grimace à la seule évocation de cette hypocrisie.
« En fait, j'ai besoin de toi... »
Les yeux de glace du Roi perçaient les ombres qui couvraient son visage, jaugeant du moindre rictus qui pourrait servir de réaction du prince. Il prit un instant pour trouver les mots adéquats :
« Comme tu le sais, la guerre contre le Niflheim ne fait qu'empirer. Voilà des années maintenant qu'il cherche à percer le Mur par tous les moyens. Le Lucis est à l'abri, les Six soient loués, mais les forces de l'Empire mettent mon énergie et notre armée à rude épreuve. »
D'un geste de la main, le Souverain appela trois silhouettes à se détacher des ombres de la salle du trône.
« Et comme si cela ne suffisait pas, nous avons observé une recrudescence du nombre de daemons dans la région. Leur comportement est devenu étrange et erratique, ils semblent se faire plus agités et plus aventureux qu'à l'accoutumée. Nous ne pouvons pas prendre le risque qu'ils s'en prennent encore davantage à la population, aussi ai-je réclamé une enquête à cet égard ; Les rapports indiquent différents points du Lucis où se concentrent les daemons, des antres d'où ils semblent provenir. J'ai besoin que tu te rendes sur place et que tu mettes fin à ces invasions, d'une manière ou d'une autre. »
Regis tiqua et lança d'un ton provocateur :
« Et pourquoi ce serait à moi d'y aller ? Pourquoi tu peux pas envoyer tes laquais au casse-pipe ?
— Parce que seul un Héritier du Cristal peut définitivement repousser les ténèbres et les empêcher de se propager, toute autre tentative ne serait que mesure temporaire ! »
Le prince jeta un regard noir sur la silhouette qui s'était avancée pour prendre la parole. Ses cheveux blonds en bataille n'étaient pas assez long pour dissimuler l'or de ses yeux et le respect quasi-militaire qui l'habitait se sachant au cœur de la salle du trône. La cascade crème de ses vêtements élancés aurait pu éblouir la cour tant celle-ci était habituée à l'ébène, le bistre et le jais. Pour autant, la cicatrice qui connectait quasiment ses cernes entre elles en traversant son nez fin ne laissait guère de doute quant à son goût pour l'administratif. Regis, déstabilisé mais intrigué, pensa trop fort :
« Cette tenue…
— C'est l'uniforme des Magelames de Tenebrae, fit le Roi. Je te présente Fye Ater Chalybs, spécialiste en magie des arcanes et portant de grandes connaissances sur les daemons. Fye a longuement étudié ces engeances et pense pouvoir condamner les brèches d'où s'infiltrent ces créatures grâce à notre lien particulier avec les Dieux et le Cristal.
— Ce… Ce n'est encore qu'une théorie, Votre Majesté...
— … Mais je suis sûr que vous allez y arriver. » asséna Mors, comme pour signifier qu'il ne permettait l'esquisse d'aucun doute.
Sentant leur moment arriver, les deux autres silhouettes s'approchèrent sans dire un mot.
« Et voici Cor Leonis. Il est un peu plus jeune que toi mais ne te fie pas à sa petite taille, ce garçon a été formé par le Kingsglaive et est parvenu à faire ployer le genou de mon Bouclier. C'est lui qui assurera ta sécurité pendant ton voyage. »
Clarus était un vieil ami de Regis. Tandis que le prince rechignait à intégrer les protocoles diplomatiques et l'éducation nécessaire en vue de la succession au trône, Clarus avait à cœur de fidèlement représenter les valeurs de la famille Amicitia. Il avait intégré les Lames Royales à l'âge de 17 ans et était le seul de sa promotion à avoir atteint le rang S. Ce n'était qu'assez récemment qu'il fut apte à remplacer son père comme Bouclier du Roi. Regis avait même pu assister à la cérémonie durant laquelle la mère de Clarus lui tatoua l'Enkidu sur le corps, une cérémonie d'ordinaire exclusivement réservée à la famille Amicitia.
Imaginer que ce garçon d'à peine 16-17 ans, aux allures de loubard, au visage fermé et au regard d'acier, ait pu terrasser Clarus lui paraissait impossible. Mais Regis connaissait suffisamment son père pour savoir qu'en dépit de tous ses vices, il n'était pas un menteur. Il déglutit avant de tourner la tête vers un visage plus familier, qui redessina un maigre sourire sur son visage crispé :
« Nul besoin de te présenter Weskham Armaugh, et son rôle ne changera pas. Comme au palais, il veillera à ce que tes compagnons et toi ne manquiez de rien. Je lui ai donné la liste des différentes zones de concentration des daemons, tâchez de trouver une solution pour endiguer cette invasion. Et si possible, essayez de découvrir la cause de leur changement de comportement.
— Tu ne m'as toujours pas dit pourquoi c'était à moi d'y aller. Tu peux pas l'faire ? Toi aussi, tu es Héritier du Cristal, que je sache…
— Regis ! asséna le Roi en frappant du poing sur sa colère. Le Niflheim est à nos portes, je ne peux pas à la fois diriger le pays, commander l'armée, maintenir le Mur autour du Lucis et me charger de quelques daemons ! Si tu n'es pas capable de faire ça, de quoi es-tu capable ? N'es-tu donc qu'un tire-au-flan ? »
Regis savait qu'il n'avait que trop provoqué son père, reste que cette pique lui était plus douloureuse qu'il ne l'aurait voulu. D'aussi loin qu'il pouvait se souvenir, Mors maintenait toujours une certaine distance à son égard, une froideur que le prince n'était jamais parvenu à comprendre. Il avait passé ses jeunes années à tout faire pour essayer de percevoir ne serait-ce qu'une lueur de fierté dans les yeux de son père, s'enquérant de la moindre occasion pour susciter son attention. Mais au fil des années et des échecs, Regis avait fini par conclure que le problème venait de lui et avait basculé dans l'extrême inverse, un détachement progressif et quasi-total vis-à-vis de sa famille. Errant et indiscipliné, il alimentait les diatribes de son père sur ce qu'était un bon souverain, par opposition aux oisifs, aux fainéants et aux rebuts de la société. Le prince n'avait guère besoin de davantage de munitions pour tuer l'estime qu'il avait du Roi, et sans doute aussi de lui-même.
Mors rompit le silence de cathédrale en reprenant, mû par une fragilité à peine perceptible dans la voix :
« Je ne te demande pas grand-chose. Je ne te l'aurais pas demandé si je ne t'en sentais pas capable…
— D'accord, d'accord... » répondit Regis en soupirant lourdement. Voulant mettre fin rapidement à cet échange, il jaugea furtivement ses comparses et reprit : « Fye Ater Chalybs, Cor Leonis, Weskham Armaugh, êtes-vous prêts ? Alors on y va. »
Le prince esquissa une piètre révérence en direction du trône et tourna les talons, se dirigeant vers la sortie et sa lumière salvatrice. Ses nouveaux compagnons se confondirent en salutations protocolaires et lui emboîtèrent le pas.
« Regis ! poussa Mors, animé par une dernière fébrilité.
— Oui, Père ?
— Regis… Fais attention à toi, d'accord ?
— Oui, oui… répondit-il en balançant des yeux.
— Et tant qu'à faire, voudrais-tu bien passer à l'hôpital, avant de partir ? Ta mère… Je pense que ça ferait plaisir à ta mère de te voir une dernière fois avant… Enfin, avant ton voyage.
— On va faire ça. » conclut Regis en gigotant la main en guise d'ultime salutation.
Weskham termina de charger la Regalia des bagages, du matériel et des provisions nécessaires, même si au final l'essentiel du coffre était surtout comblé par ses propres affaires, les trois autres semblant plus prompts à voyager léger. Regis lui lança les clés de la voiture, qu'il intercepta en lui demandant :
« Direction l'hôpital, donc ?
— Non, répondit sèchement le prince. Emmène-nous le plus loin possible d'Insomnia. »
La mine de Cor se ferma plus encore, si c'eut été possible, tandis que Fye dissimula une brève moue. Weskham acquiesça en silence et la Regalia traça ses lignes au-delà des murs du palais.
